Géraldine finaliste de Koh Lanta : "J'ai accepté mes doutes" [INTERVIEW]
D'ordinaire, les doyens sont les premiers à quitter l'aventure Koh Lanta. Cette année, Géraldine est arrivée en finale de l'émission. Avant de participer à l'épreuve des poteaux, elle nous a raconté son aventure.
Les téléspectateurs et les aventuriers de Koh Lanta, le totem maudit on appris à l'appeler affectueusement "Gégé", Géraldine est la doyenne de cette saison 2022. A 47 ans, cette marchande de biens à Vannes a décidé de se lancer dans l'aventure Koh Lanta pour rendre fiers ses deux fils. Au-delà de ses propres espérances, Géraldine s'est qualifiée jusqu'en finale de l'émission et participe à la mythique épreuve des poteaux après avoir fini deuxième de la course d'orientation. On a pu le voir dans Koh Lanta et on le ressent également dans cette interview, Géraldine n'en croit toujours pas ses yeux. Elle revient pour nous sur sa folle aventure dans le jeu de survie de TF1.
Pourquoi avoir choisi de participer à l'émission ?
Pour plusieurs choses. Déjà parce que je regardais l'émission depuis plusieurs années avec mes enfants le vendredi soir. C'est une aventure qui m'a toujours parlé. Je me posais toujours la question de savoir si j'arriverais à faire quelque chose dans cette aventure-là et qui je deviendrais dans ces conditions-là. Est-ce que j'arriverais à les tenir, à m'adapter pour pouvoir avancer. Je voulais savoir comment j'arriverais à m'adapter au niveau du groupe, de la faim, de la fatigue... J'avais fait plusieurs aventures avant de faire Koh Lanta mais ces conditions-là n'existent que dans Koh Lanta. Je voulais savoir qui j'allais être dans cette situation.
Qu'est-ce qui a été le plus dur pour vous ?
Clairement le plus dur ça a été les nuits mouillées. Il a beaucoup plu, on était en fin de mousson. Il y a eu beaucoup de nuits arrosées à la belle étoile. Forcément, on dort mouillés et, même quand il ne pleut pas, il y a tellement de rosée due à la forêt qui est derrière que toutes les affaires sont mouillées. On dort en permanence mouillés. C'est très difficile parce qu'on dort peu et on a froid. Progressivement, comme les feuilles du toit pourrissent, quand il pleut c'est la pourriture qui nous tombe dessus. Ça on ne le voit pas à l'écran mais on le vit par contre et c'est difficile !
Vous faites 39 jours d'aventure et arrivez sur les poteaux de Koh Lanta. Quel est le souvenir que vous garderez le plus ?
J'ai des frissons rien que d'en entendre parler. S'il ne devait en rester qu'un, c'est clairement quand je trouve ce poignard de l'orientation. C'est un symbole et puis c'était inespéré que je puisse vivre cette émotion-là. Je la voyais à travers l'écran quand j'étais dans mon canapé. Je voyais l'émotion que les aventuriers avaient quand ils trouvaient ce poignard-là. De la vivre, ça a été un bonheur immense pour moi. Je me suis sentie complètement transportée. J'ai tout lâché. Ça a été quelque chose d'incroyable. Je me suis retrouvée à courir sur la plage vers Denis, je volais. J'avais des enjambées qui devenaient super légères. C'était incroyable.
Souvent les doyens de l'émission sont les premiers éliminés. Vous vous attendiez à aller si loin ?
Non, je ne m'y attendais pas. Je suis arrivée en me disant "le seul truc que je voudrais c'est ne pas être éliminée en premier". Je voulais avoir le temps de faire ma place socialement et qu'on apprenne à me connaître un peu. A partir de là, une fois que j'aurais fait ma place ça serait plus facile mais il me faut toujours un peu de temps, je suis un petit diesel ! (rires) Après, il fallait être pas trop mauvais dans les épreuves. Socialement, dans le groupe, je voulais avoir le temps de prendre ma place. Après, j'ai avancé petit à petit, j'ai vu la réunification arriver et, progressivement, les conseils où j'étais parfois en danger mais sauvée par les copains, parfois où je n'étais pas en danger. Tout ça, ça nous fait avancer. Et puis l'orientation pointe le bout de son nez et je me dis "c'est pas possible, j'en arrive là !" C'est des sentiments incroyables.
Quel était votre état d'esprit avant de participer à l'épreuve des poteaux ?
Je me disais "Gégé, t'as tout gagné déjà. T'as été au-delà de ce que tu voulais." J'ai fait tout ça en me respectant parce que je voulais aussi avancer en gardant mon cap. Et ce n'est pas rien dans Koh Lanta. Les choix sont tellement difficiles que, parfois, aucun n'est bon. Réussir en tout cas à être raccord avec ses choix, c'était important pour moi. Faire tout ce chemin en étant en accord avec mes choix m'a permis d'avancer sereinement. La veille des poteaux, je me dis "t'arrives en finale, tu n'as rien à perdre".
Dans Koh Lanta, on réfléchit beaucoup aussi. Vous aviez fait des calculs au sujet de vos chances face au jury final suivant vos adversaires sur les poteaux ?
Pour le jury final, je n'ai rien calculé du tout. Je me voyais surtout faire l'épreuve. Pour réfléchir au jury final, ça veut dire qu'il faut y être. C'était pas encore dans ma tête. J'y allais vraiment étape après étape. Après l'orientation, je pense aux poteaux mais pas à l'après.
En admettant que vous gagniez les 100 000€, qu'aimeriez-vous en faire ?
J'aimerais faire un voyage avec ma famille et puis j'aimerais aider une association dans l'aide au logement pour les gens qui ont du mal à se loger et pour qui c'est difficile.
Vous avez participé à Koh Lanta pour rendre vos fils fiers de vous. Comment avez-vous vécu votre aventure à travers leurs yeux ?
Il y a eu toute une première partie où on ne m'a pas beaucoup vue. J'étais assez frustrée parce que je voulais partager ça avec mes proches et mes enfants et puis on ne voyait pas trop mon aventure. Je savais pourquoi mais c'était quand même difficile de le vivre. Et, progressivement, je suis arrivée dans la partie ! (rires) J'ai vu au fur et à mesure les yeux de mes enfants s'écarquiller. On avait fait des pronostics, ils pensaient que je serais en 6e ou 7e position donc juste avant l'orientation. Ils avaient déjà vu loin quand même ! Depuis deux ou trois épisodes, ils ont les yeux qui s'écarquillent de plus en plus et le visage qui s'ouvre et qui sourit énormément. Discrètement, ils viennent me voir et ils me disent "Maman, on est tellement fiers de toi". C'est dingue. C'est super de pouvoir partager ça.
L'aventure vous a-t-elle permis d'apprendre des choses sur vous-même ?
Je savais que j'avais une capacité d'adaptation. J'étais venue la chercher, pour savoir ce que j'avais de force en moi et je pense que je l'ai trouvé. Quand je trouve le poignard et que je dis que mon rêve est réalisé, c'est ça. J'ai touché ce qu'il y avait de force au plus profond de moi. Ce sentiment-là était incroyable. J'ai aussi accepté qu'avoir des doutes n'est pas forcément un frein. J'en ai eu pendant toute l'aventure. Je suis comme ça. J'ai des doutes sur moi, sur mes capacités, sur ce que je suis capable de faire. Ça me pousse à sortir encore plus de ma zone de confort pour essayer de les dépasser. Ça m'aide.
Avec le recul, quel regard portez-vous sur votre parcours dans Koh Lanta ?
Je me dis que j'ai eu une chance incroyable de vivre cette aventure-là. C'est quelque chose que je voulais vivre à fond. C'est indicible parce que cette aventure recoupe tellement d'éléments. Humainement, psychologiquement, physiquement... ça touche à tout. On est dans le puisage d'énergie et de force dans tous ces domaines. Je suis content d'avoir vécu une aventure qui a permis de solliciter tout ça.
Durant l'épisode des destins liés, vous et Fouzi avez été en ballotage face à Louana et Maxime. Ambre et François choisissent finalement que vous resterez. Rétrospectivement, c'est un moment clé de votre aventure. Comment l'avez-vous vécu ?
Encore une fois, Koh Lanta ce n'est pas que le physique, les épreuves gagnées ou la performance. C'est aussi les amitiés, le social, les liens. Et nos liens entre François, Ambre et Fouzi et moi étaient vraiment sincères. On l'a vu à ce moment-là. Je me dis qu'ils ont choisi de se protéger au détriment d'une alliance de départ mais qu'ils ont suivi leur cœur. Je me dis que c'est chouette d'avancer avec le cœur. Je trouve que c'est une belle valeur.
Vous souhaiteriez reparticiper à Koh Lanta si on vous en donnait l'occasion ?
Là, pour l'instant, je profite de tout ce qui se passe. J'imagine pas le deuxième Koh Lanta, je profite du premier. J'ai envie de le vivre à 200%. C'est une grande aventure qui se termine et qui continuera à vivre dans la tête. Je ne pense pas à une autre aventure ou à un autre grand projet. Je le vis pleinement et j'en profite parce que c'est des sensations énormes.
Quels sont vos projets pour la suite ?
Pour l'instant, je vais profiter jusqu'à la fin de cette aventure. Après, je ne sais pas, je n'ai rien programmé encore. Je veux profiter à fond et les opportunités viendront. Professionnellement, je vais continuer ce que je fais et puis on verra. Je ne suis jamais à court de projets et d'envies. Il faut le temps qu'une aventure se termine et bien clore la page avant de rêver à autre chose.