Jean-Charles finaliste de Koh Lanta : "Je dois avoir le record de défaites" [INTERVIEW]
Malgré de nombreuses défaites lors des épreuves, Jean-Charles a remporté celle qui comptait : la course d'orientation. Premier qualifié pour la finale de Koh Lanta 2022, il nous explique comme il a vécu son parcours.
C'est sans doute le grand gentil de la saison Koh Lanta, le totem maudit, Jean-Charles a traversé cette saison 2022 avec le cœur sur la main et une sympathie sans doute responsables de son arrivée aussi loin dans l'aventure. Pour autant, le fustier n'a pas eu la vie toujours facile, notamment frappé par sa certaine inefficacité sur les épreuves. Mais l'heure de la revanche a sonné lors de la course d'orientation puisque "Jeanch" a remporté l'épreuve haut la main en 36 minutes. Il est donc le premier finalistes de Koh Lanta, le totem maudit. Jean-Charles nous a accordé une interview avant la diffusion de la finale pour revenir dans le détail sur son aventure.
Pourquoi avoir choisi de participer à l'émission ?
Moi, c'est plus l'aspect social en raison principale. Je voulais voir un peu les réactions d'un groupe dans des conditions un peu extrêmes et aussi voir mes propres réactions. Je voulais voir ce que sont capables d'endurer le corps et l'esprit dans ces conditions. L'aspect survie aussi : construire des cabanes au milieu de nulle part, ça me parle bien. C'est d'ailleurs un petit rêve secret : recréer une société où il n'y a pas d'autres êtres humains sur une île paumée. Ça serait génial ! J'adorerais ça. Pour l'instant, j'ai fait Koh Lanta et c'est déjà pas mal.
Qu'est-ce qui a été le plus dur pour vous ?
Sans hésitation l'humidité. On parle souvent de la nourriture mais en fait pas du tout parce qu'on s'y prépare, on sait qu'on n'en aura pas. Par contre, je m'attendais pas du tout à être mouillé 24 heures sur 24. Ça, c'est compliqué.
Quel est le plus beau souvenir que vous garderez de votre Koh Lanta ?
C'est quand j'étais en forêt avec un autre aventurier. On discutait, il y avait une équipe de tournage qui nous suivait. Et à un moment donné je vois quelque chose couler le long de sa jambe. J'ai regardé au-dessus de moi en me disant "qu'est-ce qui tombe ?" Et en fait non, il n'avait pas pu se retenir ! Je le vois partir en courant, la main aux fesses en criant "Secret professionnel ! Secret professionnel !" Je crois qu'aujourd'hui, je viens de rompre le secret professionnel. Je crois que c'est ça mon plus beau souvenir.
Je comprends mieux pourquoi vous n'avez pas nommé cet aventurier...
(rires)
Vous vous attendiez à aller aussi loin dans l'aventure ?
Non, pas du tout. C'est tellement aléatoire tout ça. Je pourrais dire que c'est grâce à mes compétences et ce que j'ai mis en œuvre mais il n'y a pas que ça. Il y a aussi tout une part de réussite, même si on peut la créer cette réussite. Il y a tellement de choses, c'est tellement riche... Il y a plein de rebondissements, c'est surprenant. Il y a trop de facteurs à gérer. Comme on est face à de l'humain et qu'on est nombreux, c'est très compliqué d'anticiper les choses et de mener sa barque jusqu'au bout. En fait, je me suis laissé aller. Je ne m'attendais pas à aller aussi loin et j'en suis très content.
Vous avez été plutôt calme durant la saison, jusqu'à ce que vous compreniez être en danger face à l'alliance Ambre-François-Nicolas. Vous vous êtes d'ailleurs expliqué avec Ambre à ce sujet. Les tensions se sont estompées après ?
Il faut bien imaginer qu'on vit une aventure tous ensemble et quelle que soit la personne dans n'importe quelle équipe, même si c'est des personnes qui en dehors n'auraient pas attiré notre attention, on vit tellement des choses fortes ensemble qu'il n'y a jamais aucune animosité. On essaie tous de défendre sa place. C'est vrai que je participais peu aux stratégies et aux discussions parce que, tout simplement, je ne me sentais pas en danger. A partir du moment où j'ai compris que le fait d'être sympa et que les autres m'aiment bien ne suffirait pas, j'ai essayé de prendre les choses en mains. En effet, à ce moment-là on est opposés avec Ambre et, quelque part, il ne reste plus grand monde et on s'aime tous bien. On est obligés d'éliminer du monde. Je crois savoir pourquoi elle me désigne. D'une part parce qu'elle aimerait bien qu'il y en ait d'autres avec qui elle irait jusqu'au bout. Il y a des questions d'affinités, mais aussi parce qu'elle sait que je suis quelqu'un d'assez calme. Je pense qu'au fond d'elle elle se dit que je lui en voudrais pas. Or là, je vois bien que je suis en danger et comme tous les autres je n'ai pas envie de sortir. Donc je fais en sorte de ne pas sortir.
Vous le dites en remportant l'orientation, vous n'aviez rien gagné jusque-là. Gagner cette ultime épreuve, c'est une revanche personnelle pour vous ?
On peut même aller plus loin, non seulement je n'ai rien gagné mais j'ai même quasiment tout perdu. J'ai gagné en équipe quelques épreuves mais très rarement. Je crois que je dois détenir le record de défaites de tous les temps dans Koh Lanta. Quand on subit ça, ça ne fait pas plaisir, même si on a conscience de nos qualités et de nos défauts. Je sais pertinemment que j'allais pas être le meilleur mais j'espérais toujours un peu mieux. Au fur et à mesure, ça donne des coups au moral en terme de confiance en soit. Gagner l'orientation, qui est une épreuve emblématique, c'est quelque chose qui renverse tout. Ça me crée un bien-être indescriptible parce que ça faisait deux mois que je galérais donc c'est quelque chose d'assez énorme à vivre. Je ne m'y attendais pas. Il faut dire qu'à chaque épreuve, on ne dirait pas, mais je tente tout même si je finis dernier. Là, j'ai tout tenté et ça a réussi.
Quel était votre état d'esprit avant de participer à l'épreuve des poteaux ?
C'est sûr que quand on gagne, on se dit que c'est faisable mais après ça n'efface pas toutes les défaites que j'ai eues avant. Ce qui est délicat c'est qu'à chaque fois que je vois l'épreuve, jamais je ne me dis que je n'ai aucune chance. Elles sont tellement variées qu'à chaque fois je me dis que je peux m'en sortir. Là, pour les poteaux, dans ma vie de tous les jours je construis des maisons en rondins et je marche régulièrement sur les rondins. Normalement, je suis censé avoir un peu d'équilibre. Mais depuis le début de la saison, je suis nul sur toutes les épreuves d'équilibre. C'est cette ambivalence qui m'accompagne quand je me dirige vers les poteaux : à la fois une confiance parce que même si je ne me suis pas entraîné je suis censé avoir quelques notions d'équilibre, et à la fois je me dis que comme j'ai été nul à chaque fois je ne vois pas pourquoi je ne le serais pas cette fois là.
Vous aviez fait des calculs sur vos chances au jury final face aux autres candidats sur les poteaux ?
Implicitement, quand on arrive vers la fin, on essaie de voir comment on peut gagner. Après je ne suis pas un grand spécialiste de Koh Lanta donc j'avais un peu du mal à voir comment ça allait se passer. D'une manière générale, je ne sais pas si c'est pour tout le monde pareil, j'ai toujours agi au feeling. Je me suis toujours dit que quoi qu'il arrive sur les poteaux, ça serait la même chose pour moi : tout se ferait au feeling et pas au calcul. Quand on entend ceux qui sortent, ils disent souvent "ils ont eu peur de moi parce que je suis fort sur les épreuves". Je peux pas parler pour les autres mais moi je n'ai jamais eu ça en tête. Mes votes se sont toujours joués au feeling. Je n'ai jamais visé les 100 000€, je dois bien le dire. Peu m'importe. L'idée c'était de donner le meilleur de moi-même et d'aller au bout. Là, pour moi, les poteaux c'est le bout. Je le dis à la fin quand je gagne l'orientation, ça me fait gagner une épreuve et il me manquait ça. Tout le reste, je l'avais : l'aventure humaine, la survie, j'avais tout eu. Il me manquait une victoire en épreuve. Du coup je vais sur les poteaux sans trop de pression parce que pour moi mon Koh Lanta est complet et advienne que pourra.
En admettant que vous gagniez la saison, qu'aimeriez-vous faire des 100 000€ ?
(rires) Instinctivement, j'ai une jeune entreprise où je fais des maisons en rondins donc de l'apport d'argent est toujours le bienvenu pour l'entreprise. Après, j'aime bien la notion de plaisir et de profiter donc ça sera pour créer des moments de vie avec mes proches.
Quel regard portez-vous sur votre aventure Koh Lanta ?
Ça fait un petit moment qu'on est rentré. C'est assez spécial à vivre parce qu'il y a une première aventure et s'il n'y avait eu aucune diffusion, j'aurais été très content aussi. Mais il y a une diffusion et ça s'est très bien passé. C'était super parce qu'on le revit une deuxième fois. En fait, avec le recul, il y a beaucoup plus de positif que de négatif. De mon côté, j'ai profité. Ça m'a permis de faire des soirées en plus, j'aime toujours ça ! J'avais un peu peur que ma vie change, d'être arrêté dans la rue ou autre mais à chaque fois que ça arrive c'est toujours agréable, gentil et sympa donc ça ne me dérange pas. Et puis c'est éphémère. Cet aspect est super important pour moi. J'avoue que ce n'est pas facile à gérer psychologiquement même si c'est agréable. Le fait de savoir que ça se termine bientôt, ça me fait du bien psychologiquement et c'est aussi pour ça que je le prends avec plaisir. Si on m'annonçait que j'étais Johnny Hallyday et que j'allais faire ça toute ma vie, je crois que j'arrêterais tout de suite ma carrière.
Vous aimeriez reparticiper à Koh Lanta si vous en aviez l'opportunité ?
J'étais venu pour l'aspect découverte. Je voulais découvrir l'aventure mais aussi l'aspect diffusion, les caméras, tout ce qu'il y a autour. Je connaissais peu Koh Lanta donc je voulais aussi découvrir les épreuves, tous les mécanismes de l'émission. J'ai eu ce sentiment de découverte pendant les 15 premiers jours. Au bout de 15 jours, on rentre dans une routine et c'est moins intéressant à mes yeux même si c'est toujours super. Le revivre n'aurait que peu d'intérêt pour moi. J'ai adoré l'aspect social parce qu'on arrive et personne nous connaît. On ne sait pas du tout qui sont les uns et les autres. Refaire un Koh Lanta signifierait refaire une aventure avec d'autres personnes qui l'ont déjà faite et donc de connaître ou d'avoir une réputation ou que les autres sachent aussi que je suis gentil, parce que c'est comme ça que je suis présenté. Ça me plairait moins. Je serais moins à fond dans le jeu. J'aime bien faire les choses à fond et pour le coup ça serait plus calculateur si je le refaisais. Je ne sais pas si ça serait une bonne idée.
Vous avez décidé de récolter des fonds pour la fondation Bertrand Kamal avec Colin et Bastien. Pouvez-vous nous en parler ?
Colin et Bastien sont venus sur mon chantier quelques jours parce qu'ils voulaient découvrir ce qu'était la fuste et la construction en rondins. Je les ai tout de suite mis au travail. Réaliser un banc, ça se fait en quelques jours même si on n'a jamais touché de tronçonneuse. En plus, ils étaient assez doués donc ils ont tout de suite trouvé le truc. On a réalisé un banc. Honnêtement, il est super beau ce banc et quand il y a des gens qui passent sur le chantier, il y en a plein qui me disent qu'ils voudraient le même. Comme on avait partagé un moment à trois et qu'on voulait en faire quelque chose. On a trouvé que c'était une super idée de pouvoir le mettre aux enchères et d'en faire profiter l'association de Bertrand Kamal. Moi ça me touche plus particulièrement parce que ma maman est décédée peu avant le début de Koh Lanta. On lui avait détecté un kyste potentiellement cancéreux au pancréas. Du coup elle a été opérée, ça s'est mal passé et elle est décédée de ça. Il y avait un lien à tout ça pour moi. Ça créait quelque chose qui était super. Je pense que c'est une initiative qui ne peut être que bénéfique.
Quels sont vos projets pour la suite ?
Moi, j'adore ma vie et ma vie c'est d'être fustier donc les projets pour la suite c'est de faire de la fuste. C'est de fuster un maximum ! Je vous invite à venir me voir, pour voir ce qu'est une maison en rondins. Après j'adore les petits délires, j'ai toujours fait des aventures dans ma vie. Des aventures, il peut y en avoir de plein de sortes en dehors de la télé et je ne vais pas m'en priver. Vivre à fond, c'est quelque chose qui me plaît beaucoup.