Nicolas éliminé de Koh Lanta : "J'ai marqué la saison" [INTERVIEW]
L'aventure se termine pour le stratège Nicolas dans Koh Lanta, le totem maudit. Ce gérant de magasin de sport dans le Gard a marqué la saison par son double-jeu mais aussi par son caractère plein d'entrain sur le camp. Rencontre.
A bientôt 40 ans, Nicolas souhaitait participer à Koh Lanta, émission d'aventure qui l'a toujours fait rêver mais qu'il avait aussi utiliser comme objectif dans sa bataille contre la maladie. Frappé par une infection après avoir été soigné au genou, Nicolas courait le risque de perdre l'usage de son bras droit. Avoir en tête ce défi de participer à Koh Lanta l'a aidé à s'en sortir. Intégré à l'équipe verte puis jaune, Nicolas a passé l'étape de la réunification avec brio. Si les téléspectateurs l'ont apprécié pour ses vannes sur le camp, ils l'ont aussi pointé du doigt pour sa stratégie avec le groupe des anciens Verts qui a mené à l'élimination de bon nombre de ses ex-compagnons Jaunes. Bien conscient qu'il a marqué, en positif comme en négatif, cette saison de Koh Lanta, le totem maudit, Nicolas nous a accordé une interview après son élimination dans l'épisode 14 de cette saison 2022.
Pourquoi avoir choisi de participer à l'émission ?
Koh Lanta ça a 21 ans à peu près. Moi, j'ai toujours regardé l'émission. Je ne peux pas vous dire que j'ai regardé toutes les saisons non plus mais c'est un truc qui m'a toujours plus, en étant sportif. Le dépassement de soi, l'aventure, le côté humain. Il y a beaucoup de personnes en France qui aimeraient faire Koh Lanta. C'est un rêve depuis tout jeune. Et puis, il y a deux-trois ans, j'ai un problème après une injection dans mon genou. J'ai fait une infection où on m'a annoncé que j'allais sûrement perdre l'usage de mon bras droit, du bout de mes doigts jusqu'à l'arrière de mon omoplate. C'est là que j'ai ouvert les yeux. Je me suis dit "on va se battre, on va essayer de s'en sortir parce qu'hier on te disait que t'étais au top et aujourd'hui on te dit que tu vas perdre un membre. La vie ne tient qu'à un fil donc il ne faut pas repousser ses rêves." Je me suis battu. J'ai pris sur moi, mentalement, physiquement. J'ai fait de la rééducation pour revenir à 100% de mes capacités. Je me rappelle que quand j'étais amoché, j'étais passé chez mes parents et ils regardaient Koh Lanta. Je leur avais dit "un jour, j'irai à Koh Lanta" et ma mère m'avait dit "bah écoute, dans tous les cas, c'est ce que je te souhaite." Je me suis fixé comme objectif d'arriver dans Koh Lanta pour pouvoir m'en sortir par rapport à mon bras.
Dans quel état d'esprit avez-vous débuté l'aventure en voyant vos partenaires et adversaires ?
Je suis arrivé remonté comme une pendule. On était 24 donc mon premier ressenti c'est qu'on était nombreux. Des fois, il y a des Koh Lanta avec entre 16 et 20 candidats. Les saisons à 24 sont assez rares. Je crois que "les quatre terres" avait 24 candidats. Ca fait quand même des tours de plus pour sortir ces personnes. Je me suis dit "on va partir dans un Koh Lanta difficile. En plus aux Philippines avec les insectes et le mauvais temps... Ca va être compliqué." Mais bon, j'étais remonté comme une pendule, prêt à en découdre.
Qu'est-ce qui a été le plus dur pour vous ?
C'est le combo de tout. Moi, je ne crains pas le froid à la base, je peux être en t-shirt l'hiver. Mais là-bas, il pleuvait beaucoup donc il y avait beaucoup d'humidité et les nuits étaient très longues sans feu. Il faisait nuit pendant douze heures. Il pleuvait toutes les nuits, donc ça tape sur le moral, les articulations et le physique... En plus, on ne mangeait pas. On a bu que de l'eau pendant neuf jours avec les Verts au début de la saison. C'est le combo de ne pas manger et de la pluie qui fait que c'est difficile. Pour moi, c'est le manger qui était très difficile. D'autres diront que c'était le froid. Mais le combo des deux fait que ça a été très difficile pour moi.
Quel est le souvenir que vous garderez le plus ?
C'est déjà d'être arrivé 7e sur 24, ça a été un chemin très difficile où il a fallu naviguer en eaux troubles. Si j'ai une image à retenir c'est quand j'étais chez les Jaunes et que j'ai trouvé le collier. C'était une joie intense. Je n'ai pas pu hurler sur l'île non plus mais franchement, c'était quelque chose. Un Koh Lanta en ayant trouvé un collier, ça reste un Koh Lanta sympa parce que je m'étais toujours dit que les gens quand ils te parlent de Koh Lanta ils te parlent du collier. Moi j'en ai trouvé un et ça a été un moment où j'ai vraiment pris sur moi pour ne pas hurler. C'était un super moment.
Vous vous attendiez à rester aussi longtemps dans l'aventure ?
J'étais là pour gagner, je le dis d'entrée dans mon portrait. On voit que je n'ai pas dit de bêtises parce que quand on est dans les 7 derniers candidats, on a passé beaucoup de choses et on n'est pas loin d'aller jusqu'au bout à l'orientation. C'était ça mon objectif. Je suis content d'avoir fait 34 jours. Il y a des Koh Lanta qui se sont terminés au bout de 34 jours donc ça prouve ma résistance physique. Je suis satisfait de mon Koh Lanta. Après, sortir comme ça c'est aussi sortir avec les honneurs parce que je sors avec 4 voix contre 3 dont une voix double en face. Ca fait toujours plus plaisir de se faire sortir comme ça que de partir avec 6 à 0 ou 8 à 0 en se disant "bon, je crois qu'ils voulaient plus de moi sur l'île".
Comment avez-vous vécu votre ultime conseil avant l'élimination ?
Il n'y a pas un conseil où je me suis senti en sécurité. Tu trembles toujours. Je me suis toujours dit dans Koh Lanta : "Nico, tu rentres dedans. Tu donnes le meilleur. Essaie d'aller au bout. Mets-toi comme objectif d'aller à la réunification, tu auras déjà fait un très beau parcours." C'est ça que je m'étais fixé et après c'est du bonus. J'estime qu'après la réunification, il y a aussi une part de chance qui fait que ce n'est pas évident d'aller jusqu'au bout. Avec 34 jours et une 7e place, c'est déjà un très beau parcours. On ne m'oubliera pas, en positif ou en négatif, donc j'aurai quand même marqué cette saison. Après, il faut savoir perdre aussi. Quand ce conseil est arrivé, je m'attendais pas à partir non plus. Quand j'ai vu les quatre voix contre moi, j'étais un peu déçu et je me languissais de savoir qui avait voté contre moi parce que je ne voyais pas Bastien, François ou Ambre voter contre moi. Je m'aperçois que c'était Géraldine, ce qui était logique, Jean-Charles qui avait trouvé un collier, ça je m'y attendais. Et le seul truc que je ne pouvais pas savoir c'est qu'Olga avait un double vote. Je ne pouvais pas imaginer que l'île de la malédiction se transforme presque en île au trésor. On peut être le plus fin des stratèges, on ne peut pas l'imaginer. Je préfère sortir comme ça, sur un fait de jeu. Je me dis toujours "si j'étais pas sorti sur ce coup-là, j'aurais au moins pu aller à l'orientation" parce qu'on était en supériorité avec François, Ambre et Bastien. Il a fallu qu'arrive ce coup du sort. Il faut l'accepter, ça fait partie du jeu.
Certains spectateurs et candidats ont critiqué chez vous un "double-jeu" entre les ex-Jaunes et ex-Rouges. Que leur répondez-vous ?
Quand tu sors de l'aventure, il y a deux solutions : soit tu sors comme moi et tu prends du recul, soit tu restes encore bloqué dans l'aventure et tu te dis "mais pourquoi lui il a voté comme ça ?". Tout ça reste un jeu, chacun avance avec ses propres moyens et sa propre stratégie. Tous ceux qui sont sortis avant moi, leur stratégie a été moins bonne que la mienne. Ceux qui sont sortis après moi, ils ont mieux joué que moi. Il faut savoir l'admettre aussi. Maintenant, au sujet de ceux qui me critiquent et disent que j'ai fait un double-jeu. Quand on était avec les Verts, on était sur une île très difficile qui a aussi été celle de la réunification. Ils ont pu le voir qu'elle était dure et hostile cette île. Il y avait moins de choses que les autres îles, c'est clair et net. De là, on a eu le froid et la pluie, comme les autres, mais aussi rien à manger. Et on a aussi eu un départ avec Franck qui a abandonné, ça nous a marqués, ça nous a unis, ça nous a soudés. Que ce soit des gens comme Pauline, Lily, François, Ambre, Louana et Jean-Philippe... Cette équipe verte, on voulait l'emmener le plus loin possible. On peut me critiquer mais, au contraire, je suis un mec de parole parce que j'ai tout fait pour protéger les Verts et aller jusqu'au maximum. La preuve à la fin du conseil de l'épisode 14 où Denis nous demande si on peut dire qu'il y avait un pacte entre nous. Même là, je dis qu'il n'y a pas de pacte parce que je ne veux pas casser l'aventure des ex-Verts, Ambre et François, qui restaient, pour pas risquer de les mettre en danger. Même si les autres ne m'ont pas cru, ça leur a peut être mis le doute. En principe, les candidats qui sortent sont plutôt énervés à dire toutes les stratégies. Je ne l'ai pas fait donc je suis allé jusqu'au bout de mon engagement avec les Verts. J'avais créé des gros liens avec eux, comme j'avait créé de gros liens avec certains Jaunes, Setha, Bastien et tout ça. Bastien, je l'ai aussi amené aussi loin que possible avec moi. C'est comme dans la vie, on crée des liens plus ou moins forts avec certains candidats. Les ex-Verts sont des candidats qui m'ont tenu à cœur avec qui j'ai essayé d'aller loin. Des ex-Jaunes, il y en avait très bien aussi. Mais les affinités font que j'ai voulu avancer avec des personnes qui me tenaient plus à cœur que d'autres.
Vous avez sans doute redécouvert votre aventure à travers les yeux de votre fils. Quelles ont été ses réactions en voyant son père dans Koh Lanta ?
Mon fils est petit, il va avoir 7 ans donc il comprend moins tout l'aspect stratégique qu'un adulte, c'est sûr et certain. Lui, qu'est-ce qu'il voit ? Comme tous les enfants, leur maman et leur papa c'est les plus forts du monde. Mais en plus, je suis dans Koh Lanta tous les mardis à la télé depuis février, donc vous imaginez le bonheur que c'est pour lui de voir son père à la télévision. Il a les yeux qui brillent ! Donc, de papa le plus fort du monde, je suis devenu le papa le plus fort de l'univers. Il ne comprend pas forcément l'aspect stratégique mais, en tout cas, il voit son papa et il est content ! (rires)
Comment avez-vous vécu les réactions sur les réseaux sociaux lors de la diffusion ?
Dans la vie, j'ai eu des moments douloureux. J'ai failli perdre mon bras, donc j'ai du recul sur la vie. Il y a plus important. Ca reste un jeu télévisé, il faut que les gens le réalisent. Moi, les critiques, franchement, je ne les écoute pas. Je garde le côté positif. Si sur 500 messages, il y en a 50 de mauvais, ça reste 10%. Il faut parler de tous ceux qui me disent "Nico, t'es l'aventurier de la saison !", "Nico, les vannes que tu as fait !", "T'es souriant, t'es franc !" J'ai envoyé du lourd, j'ai fait des vannes, j'ai fait rire les gens. J'ai marqué l'aventure, en positif ou en négatif pour certains. Au début, je les faisais rire donc tout le monde était pour moi. Après, ils se sont pris d'attaches pour d'autres candidats et j'en ai fait partir quelques-uns donc, on ne peut pas plaire à tout le monde. Mais j'aurais quand même marqué la saison par rapport à l'aspect stratégique, ce côté James Bond, agent double. Et c'est comme ça, on essaie d'avancer le plus loin possible. J'ai terminé 7e donc j'ai eu une stratégie qui a été meilleure certains, il faut arriver à l'admettre. J'aurai marqué la saison, on se souviendra de moi en bien, en mauvais ou les deux. C'est l'essentiel. Après, les détracteurs, que voulez-vous que je réponde ? Je ne rentre pas dans les débats. Le seul truc que je peux dire c'est "les gars, moi j'ai été comme vous, pendant 20 saisons j'ai regardé sur mon canapé les pieds sur la table. Et c'est pas la même chose là-bas que sur son canapé ! La critique est beaucoup plus facile !" Il y a 400 aventuriers qui sont passés dans Koh Lanta, respect aux 400 même à ceux qui sont sortis les premiers jours. C'est des guerriers, c'est très difficile et il faut le vivre pour voir ce qui se passe vraiment là-bas.
Quel regard portez-vous sur votre parcours ?
Si on m'avait dit "Nico, tu rentres dans Koh Lanta, tu passes la réunification et les destins liés. Tu signes ou pas ?" J'aurais signé parce que sincèrement c'est tellement dur d'aller jusque-là avec tout ce qu'on a vécu que ça restera une superbe expérience que je conseille à tous les gens qui veulent s'inscrire. Il faut y croire, toujours, ne jamais rien lâcher comme moi. Après, c'est sûr que quand on finit 7e, on a le demi-regret de se dire "si j'avais pas eu ce double vote, je serais sûrement allé jusqu'à l'orientation !" Mais avec des si, on refait un monde ! Avec des si, Alexandra aurait eu la boule blanche face à Setha et aux ambassadeurs, Colin se serait pas posé la question, il m'aurait sorti et je ne serais même pas allé à la réunification ! Vous voyez, avec des si on refait un monde. En tout cas mon parcours est honorable. 34 jours dans Koh Lanta, aux Philippines vu dans l'état que c'était, je peux vous dire que je suis fier de mon parcours.