Sébastien éliminé de Koh Lanta : "Je n'ai pas été stratège" [INTERVIEW]
Alors qu'il avait un rôle crucial sur le campement rouge, Sébastien a été éliminé de Koh Lanta les 4 Terres. Il revient pour nous sur cette élimination surprise.
Suite à une nouvelle défaite des Rouges à l'épreuve d'immunité, Sébastien a fait les frais du conseil d'élimination. Le trappeur ardéchois, pourtant très actif sur le campement de sa tribu à qui il a apporté beaucoup de nourriture notamment, a paru stratège à certains de ses coéquipiers qui ont préféré le sortir du jeu. Il avait en effet eu le malheur de soumettre l'hypothèse d'éliminer son binôme Fabrice avant de se raviser. Une élimination peut-être injuste que Sébastien, adepte de la valeur mérite, relativise dans l'entretien qu'il nous a accordé.
On vous a vu prendre de l'importance sur le camp rouge au fil des épisodes. Vous étiez à l'aise avec l'aspect survie de Koh Lanta ?
Tout à fait. La survie, c'est ma passion. Je suis un homme des bois donc je passe la plupart de mon temps dans la forêt en compagnie de mes chiens à traquer le sanglier. C'est vrai que la pluie, le froid, la survie, c'est mon quotidien. Le fait de ramasser des crabes et de participer activement à la vie du camp me permettait de m'évader tout en me faisant bien voir des autres aventuriers.
Votre savoir-faire sur le camp était aussi une manière pour vous de vous mettre à l'abri d'une élimination.
Oui. Pour moi, ma forte activité sur le camp était un gage de réussite pour mon aventure. Je m'amusais à leur dire que j'arrivais à mes fins grâce à leur faim. Je pensais aller beaucoup plus loin dans l'aventure.
"Je ne me sentais pas du tout en danger ce soir-là"
Vous répétez régulièrement le mot "mérite" dans l'aventure. D'après vous, vous ne méritiez pas de sortir aussi tôt ?
Pour moi le mérite, c'est une valeur importante. La valeur travail, la valeur humaine sont des choses qu'on m'a inculquées dès l'enfance. Je viens d'une famille de paysans. Avec la terre, tout ce qu'on a c'est à la sueur de notre front. Je vois que ces valeurs se perdent de plus en plus chez les générations qui arrivent. On dirait un vieux qui parle même si j'ai que 38 ans ! Avant toute chose, je regarde les mains des gens parce que, outre le visage, les mains parlent beaucoup sur la volonté des gens et leur vécu. Je ne me sentais pas du tout en danger ce soir-là.
Certains de vos coéquipiers vous qualifient de stratège. Vous êtes d'accord avec ça ?
Je n'ai pas du tout été stratège. Si on m'a qualifié de stratège c'est qu'on a voulu faire croire que je l'étais. Mais ce n'est pas l'image que je veux qu'on ait de moi. C'est le vrai Sébastien, qui a défendu des valeurs simples mais fondamentales comme la survie, l'entraide, la bonne humeur et l'écoute mais en aucun cas je n'ai été stratège. Dès qu'on a perdu l'épreuve d'immunité, il y avait une alliance évidente entre les trois membres de l'équipe de l'Est et Brice. Mes seules options pour pouvoir m'en sortir c'était soit de parler de mérite et de faire voter Marie-France ou bien mentionner la boule noire qui nous faisait défaut depuis un petit moment. Elle truquait le jeu parce qu'on ne savait pas quel était le garçon qui n'allait pas jouer sur certaines épreuves. Ça nous pénalisait parce qu'on était pris au dépourvu car, selon les épreuves, on ne savait pas si c'était BK, Fabrice, Brice ou moi qui allions jouer ou pas, ce qui nous empêchait de mettre en place une stratégie. J'avais envisagé de voter Fabrice pour éviter qu'on se cache derrière cette boule et qu'on prenne nos responsabilités pour que les trois garçons rouges affrontent les trois garçons jaunes. Mais j'ai préféré privilégier la valeur humaine à la stratégie, c'est pour ça que j'ai voté pour Marie-France.
"Il fallait que je sauve ma peau à tout prix"
Avec le recul, suggérer d'éliminer Fabrice a-t-il précipité votre chute ?
Certainement, mais il fallait faire quelque chose. L'équipe de l'Est était très soudée avec Brice qui était très proche de Marie-France. Il fallait que je sauve ma peau à tout prix donc j'ai jeté un pavé dans la mare pour voir ce qui se passerait. Mon champ de possibilités était assez restreint. C'était soit Marie-France, soit Brice et je savais pertinemment que personne ne voterait contre lui.
Cette élimination vous a-t-elle blessé après avoir tant contribué à la survie des Rouges ?
Oui mais il ne faut pas perdre de vue que Koh Lanta est un jeu avant tout. On a eu la chance d'être sélectionnés donc pour moi il n'y a pas un vainqueur à Koh Lanta, il y en a 24. Mais oui on est blessé. Ca faisait douze ans que je postulais à Koh Lanta, c'était ma neuvième candidature. Mais j'espère que j'aurais défendu les valeurs de l'Ardèche qui me correspondent. J'espère que j'aurais donné une bonne image de moi à mes filles, tout d'abord, à l'Ardèche et à la France entière.
"Fabrice ne m'en veut pas du tout"
Votre binôme, Fabrice, a été surpris que vous suggériez de l'éliminer. Vous avez eu l'occasion de vous expliquer ?
Oui, le fait de suggérer de l'éliminer a été maladroit de ma part. C'était une option que j'avais suggérée à Brice qui s'est empressé à la divulguer à tout le monde et ça a pris de l'ampleur parce que tout le monde essayait de sauver sa peau. Fabrice est quelqu'un qui défend les mêmes valeurs que moi. Il est attachant, on a une complicité magnifique dans l'aventure. J'ai préféré aller le voir directement pour lui dire que je ne voterais pas pour lui et qu'il pouvait être serein à ce sujet. Après on a la chance que Fabrice ait une maison secondaire pas très loin de chez moi donc on se côtoie un peu. Il ne m'en veut pas du tout. Koh Lanta est un jeu et il y a plus grave dans la vie.
Que retiendrez-vous de votre aventure dans Koh Lanta ?
C'était une aventure magnifique. C'était un élément de ma pyramide de Maslow que je voulais réaliser à tout prix. J'aurais découvert plein de choses. Avant Koh Lanta, je n'avais jamais pris le TGV, j'étais toujours resté dans mon Ardèche parce que je ne recherche nullement la notoriété. Moi je suis bien avec mes chiens et mes saucissons en Ardèche. J'avais jamais pris le train donc Koh Lanta m'aura fait découvrir des voyages. J'étais pas allé plus loin que ma boîte aux lettres ! J'aurais découvert des choses qui me sont chères comme des écosystèmes différents, de la biodiversité, des amis, des camarades, des aventuriers et des valeurs qui, déjà, m'étaient chères mais qui ont été décuplées sur cette île.
En parlant de notoriété, la diffusion de la saison a-t-elle changé quelque chose pour vous ?
Du tout. Je suis quelqu'un d'assez rationnel, j'ai les pieds sur terre. Je ne suis pas fan de followers ! Je ne suis pas anti-réseaux sociaux mais je m'en sers pour expliquer ma passion dans un premier temps et faire découvrir ma belle région. Aujourd'hui, j'ai la chance d'habiter dans un petit village rural de l'Ardèche. Donc la seule notoriété que j'ai c'est à la sortie de l'école quand les petits garçons et les petites filles viennent me demander des autographes et des selfies. C'est génial ! Je préfère cent fois faire un selfie dans mon village que passer sur Instagram ou Facebook avec des followers !