"J'ai déjà tout gagné", estime Barbara Pravi avant l'Eurovision
La chanteuse Barbara Pravi représentait la France samedi 22 mai 2021 à l'Eurovision, à Rotterdam, avec sa chanson "Voilà". Linternaute.com a pu lui poser quelques questions avant la grande finale.
Barbara Pravi a porté haut les couleurs de la France à l'Eurovision 2021. La jeune chanteuse de 28 ans avait été désignée représentante française au concours européen de chant, qui se déroulait samedi 22 mai 2021 à Rotterdam, aux Pays-Bas. Barbara Piévic, alias Barbara Pravi, est née à Paris le 10 avril 1993. C'est en 2016, dans la comédie musicale Un été 44 que la jeune femme se fait connaître, avant de sortir un premier single, Pas grandir en 2017, un album éponyme en 2018, puis un autre disque, Les Prières en 2021.
Quelques jours avant la grande finale, qui a vu la jeune femme décrocher la seconde place au classement, derrière l'Italie et le groupe Måneskin, Barbara Pravi avait répondu aux questions de Linternaute.com.
Linternaute.com : Comment on se sent à quelques jours de la grande finale de l'Eurovision ?
Barbara Pravi : J'avoue que j'ai quand même très envie de dormir, donc je serais ravie de dormir (rires), mais sinon ça va très bien.
Vous êtes en tête des classements des bookmakers, qu'en pensez-vous ?
Je ne regarde pas du tout. Mais non, ce n'est pas du tout une pression, moi je suis super heureuse ! Ce qui est génial, c'est que les gens, même ceux qui ne parlent pas français, ressentent ce que je dis dans ma chanson j'imagine. C'est ça que je retiens.
Marie Myriam a fait savoir qu'elle croyait en vous, mais hélas pas aux votes des autres pays en faveur de la France, vous en pensez quoi ?
Je n'en pense pas grand-chose, je pense que Marie Myriam est une femme qui a été adorable avec moi et je comprends très bien ce qu'elle dit quand elle dit 'je crois en Barbara, mais je ne suis pas sûre que la chanson soit une chanson Eurovision'. Déjà, je pense qu'il en faut pour tous les goûts. En plus, je pense qu'elle n'a pas tort dans un sens (...) Je comprends qu'on puisse se dire que cette chanson elle n'est pas Eurovision, c'est ça que je crains. Donc je comprends et je suis même presque d'accord avec elle. Mais je m'en fous ! Je ne vais pas faire la gestapo du goût (rires).
La France n'a pas gagné l'Eurovision depuis 1977, c'est une pression supplémentaire ?
Franchement, pas du tout. Si on perd, bah... ça sera tout simplement comme tous les ans. Donc je n'ai pas de pression, si on gagne je serais super heureuse, si on perd, tant pis ! De toute façon, j'ai déjà tout gagné dans le sens où je suis hyper fière de ce que je propose, de ma chanson, je l'ai écrite, je l'ai composée. J'ai l'occasion de chanter une chanson que j'ai fabriquée dans ma cave devant plus de 200 millions de téléspectateurs !
La première chose que vous ferez si vous gagnez ?
Je pense que je vais crier très fort. Genre très fort (rires). Et puis la première chose que je ferai… franchement j'en ai aucune idée, on verra. La fête ? Ça c'est sûr, mais ça sera peut-être la troisième ou quatrième chose parce que j'aurai sûrement des interviews à faire avant. Mais le corps et le mental sont soumis à beaucoup de pression, même si je la gère plutôt bien. Donc quand on aura des résultats, quels qu'ils soient, on ne peut pas prévoir comment le corps va réagir. Je vais peut-être tomber par terre… et faire pipi (rires).
A quoi va ressembler votre prestation à l'Eurovision ? Et la tenue ?
Tout est basé sur mon interprétation. La scénographie, c'est moi en quelque sorte. Donc ça n'est que des jeux de lumière. Et la tenue ? C'est Dior ! Et c'est trop beau (rires). Dior m'a fait une tenue sur mesure : c'est un bustier transparent magnifique. J'ai envie pour cette chanson qu'on voit mes épaules, mes bras… J'ai besoin d'une grande liberté de mouvement. Et un pantalon taille haute. Je suis très sobre comme personne.
Comment on gère cette exposition soudaine, la notoriété ?
Ce n'est pas dur à gérer, ça fait six ans que je fais ça, évidemment c'était à une plus petite échelle avant, mais tout ça, c'est un jeu. Je ne fais pas de distinction entre ma vraie vie et la vie en médias entre guillemets. Donc je ne vis pas de changement particulier (...) je n'ai pas changé. Je n'ai pas la sensation de passer de l'ombre à la lumière. Je le sens, je le vois bien sûr, mais moi je n'ai pas changé (...). Il faut le prendre comme un jeu. J'ai l'impression d'être à moitié dans la Star Academy et la moitié dans Big Brother is watching you, c'est marrant. Il faut le prendre avec beaucoup de recul, parce que c'est quelque chose qui n'arrive qu'une fois dans sa vie. C'est très drôle en fait et puis c'est une chance énorme.
On vous compare souvent à Piaf ou Barbara : vous avez conscience de représenter en chanson, en interprétation et physiquement le cliché glamour de la parisienne ?
Je ne m'en rends pas bien compte, parce que je ne fais rien en conscience moi. Je ne fais pas attention à comment je m'habille, ma devise c'est presque Mc Donald : "Venez comme vous êtes" (rires).
La chanson Voilà est bien loin de tout ce qu'on peut imaginer quand on pense à l'Eurovision...
Ce que je constate, c'est que tous les gens qui ont gagné l'Eurovision, à mon sens, sont des gens qui sont extrêmement sincères dans ce qu'ils sont. Je ne suis pas sûre que Conchita Wurst se soit mise devant un tableau Excel en se demandant quelles cases elle allait cocher. Elle est arrivée avec tout ce qu'elle est et tout ce qu'elle avait à dire, et moi, encore une fois, je viens comme je suis. Donc peut-être qu'on n'est pas dans les codes de l'Eurovision, on est juste en piano-voix avec des violoncelles, alors qu'il y en a plein qui ont des chœurs, des feux d'artifices… Moi, ce n'est pas mon truc, ça ne l'a jamais été et ça ne le sera jamais. Et je ne vais pas à l'Eurovision pour faire l'Eurovision, je vais à l'Eurovision pour faire en sorte que Barbara Pravi ait une visibilité et puisse éclore.
En France, l'Eurovision reste quelque chose de kitsch, ringard, non ?
C'est très français ça ! C'est kitsch, jusqu'à ce qu'on gagne. Et quand on gagnera ça ne sera plus kitsch, que ce soit moi ou quelqu'un d'autre. L'Eurovision, dans tous les autres pays d'Europe, c'est le plus grand concours de chant au monde ! A force de pas gagner, on en a fait un truc un peu ringard.
En France, Stéphane Bern va présenter la soirée ; ça fait pas peur d'imaginer votre chanson commentée par la même personne qui commente les mariages royaux ?
(Rires) Je ne sais pas, j'avais jamais pensé à ça, j'ai pas la télé ! Mais je suis hyper contente que ce soit Stéphane Bern, c'est hyper cool, je l'adore il est très gentil.
Quels sont vos projets pour l'après Eurovision ?
Je travaille sur mon album, qui sortira normalement à la fin de l'été. Juste après l'Eurovision je vais sortir deux clips qui seront la continuité de Voilà et les trois clips formeront ensemble un court métrage.
Vous n'avez pas peur de garder l'étiquette Eurovision toute votre carrière ?
Non, encore une fois, je pense qu'on transforme les choses comme on en a envie.