Luis Mariano : chansons, vie, mort... Biographie du chanteur
LUIS MARIANO. Chanteur espagnol d'origine basque, Luis Mariano est mort le 14 juillet 1970 à Paris, principalement connu pour ses airs d'opérette comme "La Belle de Cadix" et "Le chanteur de Mexico".
Sa voix de ténor roucoulante et ses mélodies ensoleillées ont orchestré, à la sortie de la Seconde Guerre mondiale, le mariage du bel canto espagnol et de l’art de l’opérette à la française. Enfant de deux pays et d’un Pays basque auquel il restera attaché jusqu’à sa mort, Luis Mariano deviendra dans les années 1950 l’une des plus grandes stars de la musique française, dont la renommée aura non seulement dépassé les frontières, mais aussi essaimé partout dans le monde, jusqu’en Amérique latine.
La Belle de Cadix, Mexico, Maman la plus belle du monde… Tous ces tubes indémodables auront accompagné la carrière d’un artiste complet qui aura connu des grandes heures non seulement sur les planches, mais aussi sur les écrans de cinéma. La trajectoire de l’étoile Luis Mariano, c’est également celle d’un artiste qui a su résister à l’explosion du mouvement yéyé avant de s’éteindre trop brutalement.
Biographie courte de Luis Mariano
Luis Mariano naît le 13 août 1914 à Irun, dans le Pays basque espagnol, à deux pas de la frontière française. Le jeune Mariano Eusebio González y García est le fils d’un garagiste et d’une brodeuse installés à Bordeaux, retournés vivre en Espagne à la fin de la Première Guerre mondiale. Dans ses jeunes années, le garçon ne parle cependant pas le français, qu’il n’apprend qu’à l’âge de quatre ans dans l’école catholique qu’il fréquente. Il se découvre très vite une passion pour les arts, particulièrement le dessin et le chant, au grand dam de ses parents, qui aspirent à ce qu’il reprenne le garage familial.
Alors que la famille fuit l’Espagne lorsque se déclenche la guerre civile pour s’installer à Hendaye, Mariano rejoint la troupe vocale Eresoinka, un ensemble chargé de promouvoir la culture basque à travers l’Europe, qui l’amène à faire découvrir sa voix de ténor sur les plus grandes scènes d’Europe, dont l’Opéra de Paris et la salle Pleyel. C’est à cette époque qu’il adopte le nom de scène de Luis Mariano, son nom de famille civil González l’ayant exposé à des moqueries.
Reçu au conservatoire de Bordeaux en 1939, il donne ses premiers récitals de cabaret aux côtés du chef d’orchestre Fred Adison. Ses airs de tango séduisent rapidement le public, et son nom se fait connaître jusqu’à Paris, où il monte en septembre 1942. En parallèle d’apparitions furtives au cinéma, notamment avec Tino Rossi, il se spécialise dans le bel canto après quelques échecs dans l’opéra. En 1945, il rencontre le compositeur Francis Lopez, qui lui propose le premier rôle de l’adaptation d’une opérette inachevée, Mariage à l’essai, qui prendra forme sous le nom de La Belle de Cadix.
Initialement prévue pour six semaines de représentations, la pièce restera à l’affiche plus de cinq ans. Luis Mariano devient immédiatement une star nationale, qui ne quittera plus le haut de l’affiche jusqu’à la fin des années 1950. Ses opérettes font salle comble, à l’image de Fandango, Andalousie, Chevalier du ciel, et bien sûr Le Chanteur de Mexico en 1951. Ses récitals s’exportent dans le monde entier, particulièrement en Amérique, où il est accueilli comme une rock star au Mexique ou en Uruguay. C’est à cette époque que se bâtit la légende de celui que l’on surnomme "le prince de l’opérette".
Luis Mariano en 5 chansons
- La Belle de Cadix : Luis Mariano doit en grande partie son succès à cette "belle aux yeux de velours". Elle marque la première rencontre du chanteur avec le compositeur Francis Lopez, qui mettra en musique presque toutes ses opérettes, et tous ses succès. Adaptée d’une opérette inachevée de Raymond Vincy nommée Mariage à l’essai, la pièce s’appelait à l’origine La Belle de Budapest, avant que Lopez et Mariano, tous les deux basques d’origine, la renomment La Belle de Cadix.
- Mexico : peu de notes résument autant le talent de Mexico que le fameux contre-ut de la chanson phare de l’opérette, Le Chanteur de Mexico. Nous sommes en 1951, et Luis Mariano est alors au sommet de sa popularité, faisant salle comble à chacun de ses spectacles. Aux côtés de l’étoile montante Lilo, Mariano remplit chaque soir le théâtre du Châtelet avant que Le Chanteur de Mexico prenne vie cinq ans plus tard au cinéma. A la tête d’un casting prestigieux aux côtés de Bourvil, Annie Cordy, Pauline Carton ou Fernando Rey, Luis Mariano connaît son plus grand succès au cinéma, le film attirant près de 5 millions de spectateurs en salles.
- Rossignol de mes amours : mais Mexico n’est pas le seul classique du répertoire de Luis Mariano à être issu du succès phénoménal du Chanteur de Mexico. Un autre morceau de l’opérette connaîtra aussi un succès fulgurant : Rossignol de mes amours, une ballade romantique qui inspirera bon nombre de chanteurs parmi ses plus grands admirateurs. De Serge Lama à Enzo Enzo en passant par Roberto Alagna ou Marie Myriam, de nombreuses reprises accompagneront le succès de cet autre "tube" du Chanteur de Mexico.
- L’amour est un bouquet de violettes : à la fin des années 1940, l’un des plus grands succès sur la scène de l’opérette est l’adaptation d’un film de 1942 du nom de Violettes impériales, qui triomphe chaque soir au théâtre Mogador. Du livret d'Henri Varna et de la musique de Vincent Scotto, il en ressort un classique instantané, la chanson phare de la pièce, L’amour est un bouquet de violettes, chantée sur scène par Marcel Merkès. Mais lorsque Violettes impériales devient un film en 1952, c’est à la star de l’époque Luis Mariano que le rôle revient.
- Maman, la plus belle du monde : à l’origine, ce classique du répertoire du chanteur est une chanson italienne, La più bella del mondo, qui connut le succès en Italie en 1957 grâce à Marino Marini. Son texte est alors adapté en français par Fernand Bonifay, parolier spécialisé dans l’adaptation en français de tubes européens (c’est notamment lui qui écrira Souvenirs, souvenirs pour Johnny Hallyday). Il en naîtra deux versions, interprétées par les deux voix les plus iconiques de leur génération : Luis Mariano et Tino Rossi. La première supplantera de peu la deuxième dans la mémoire collective, apparaissant notamment dans la bande-son des films Le Huitième Jour de Jaco van Dormael et J’ai tué ma mère de Xavier Dolan.
De quoi est mort Luis Mariano ?
La fin des années 1950 et le début des années 1960 sont marqués par un bouleversement culturel majeur dans la chanson française, avec le déferlement de la vague yéyé, ces chanteurs rock et pop adaptant et important les plus grands succès venus de Grande-Bretagne ou des Etats-Unis. La concurrence des Johnny Hallyday, Sylvie Vartan et autres Richard Anthony est rude, mais Luis Mariano continue de connaître le succès sur les planches avec des opérettes comme Le Secret de Marco Polo, Visa pour l’amour ou Le Prince de Madrid.
La décennie 1960 est aussi marquée par une série de tournées triomphales en Europe de l’Est, et par une diversification de ses enregistrements en espagnol et en italien. Mais le chanteur se surmène, et sa santé commence à décliner. En décembre 1969, il doit abandonner sa nouvelle opérette La Caravelle d’Or à la suite d’un malaise sur scène, du fait d’une hépatite mal diagnostiquée et non traitée. Très affaibli, il ne s’en remettra jamais : le 14 juillet 1970, il meurt des suites d’une hémorragie cérébrale survenue cinq jours plus tôt à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière dans le 13e arrondissement de Paris. Il n’avait que cinquante-cinq ans.
Où est la tombe de Luis Mariano ?
Conformément à ses dernières volontés, Luis Mariano est enterré dans le cimetière de la commune basque d’Arcangues, où il séjournait régulièrement depuis le début des années 1960. Il y avait fait construire une hacienda traditionnelle, la Marianoko Etxea ("La maison de Mariano" en langue basque), où il élevait un troupeau de vaches nommées en hommage à certaines de ses partenaires de récital et de cinéma, comme Carmen Sevilla, Martine Carol (qui furent aussi ses anciennes compagnes) ou encore Annie Cordy.
La ville d’Arcangues a par ailleurs célébré la mémoire de son ancien citoyen d’honneur en dévoilant en août 1974, à l’entrée du cimetière, un buste en bronze de Luis Mariano, œuvre du célèbre sculpteur Paul Belmondo. Dérobé en 1990 et retrouvé mystérieusement en 2003, le buste est aujourd’hui conservé dans les couloirs de l’office de tourisme de la commune. La tombe de Mariano est encore aujourd’hui régulièrement visitée et fleurie par ses fans, venus de tout le pays.