Enrico Macias : chansons, films, liens avec l'Algérie... Biographie du chanteur
BIOGRAPHIE DE ENRICO MACIAS. Chanteur franco-algérien, Enrico Macias est également musicien, compositeur et acteur. Retour sur sa vie.
Né d'une famille de musiciens le 11 décembre 1938 à Constantine, en Algérie, Enrico Macias est un chanteur de variété française. Dès son enfance, il est orienté rapidement vers une carrière dans la musique. Fortement influencé à ses débuts par la musique berbère, il adopte ensuite un style plus européen. Arrivé en France au début des années 60, il devient connu grâce à la chanson "Adieu mon pays".
La biographie d'Enrico Macias est d'autant plus intéressante qu'il est un artiste polyvalent. Il est à la fois chanteur, compositeur, acteur et il est engagé politiquement. Enrico Macias est une icône internationale, il possède une reconnaissance et une popularité à travers l'Hexagone, mais également dans des pays méditerranéens comme la Grèce et la Turquie.
La jeunesse d'Enrico Macias
De son vrai nom Gaston Ghrenassia, il est originaire d'une famille juive d'Algérie de musiciens de maalouf. Son père est effectivement violoniste dans l'orchestre de Raymond Leyris dit Cheikh Raymond. Enfant, il apprend la guitare avec son cousin et ses amis gitans. Ces derniers lui donnent d'ailleurs le surnom de "petit enrico". En 1956, il est instituteur et rejoint l'orchestre de son futur beau-père Cheikh Raymond. Le 29 juillet 1961, en compagnie de sa famille, il quitte l'Algérie. C'est lors de la traversée de la Méditerranée qu'il compose à la guitare "J'ai quitté mon pays, j'ai quitté ma maison". A leur arrivée en France, ils s'installent à Argenteuil.
Son parcours musical
A Paris, Enrico Macias fait des petits boulots et se produit en cabaret. Il se fait enfin repérer et se produit en première partie d'un concert du chanteur Gilbert Becaud. En 1962, il apparaît dans l'émission "Cinq colonnes à la une" pour illustrer un reportage sur les rapatriés d'Algérie. C'est son premier passage à la télévision. C'est grâce à sa chanson "Adieu mon pays" qu'il devient célèbre et prend ainsi le pseudonyme d'Enrico Macias. "Macias" vient d'une erreur de la secrétaire de la maison de disques qui a mal compris lorsqu'il a prononcé "Nassia".
Pathé-Marconi sort son premier album en 1963, intitulé "Enfants de tous les pays". Il a fait et a participé au total à plus de 25 albums. Il a également produit des albums en direct, en particulier à l'Olympia et des compilations. Son style musical a évolué au fil du temps. D'abord musique arabo-andalouse, arrivé en France, il change le oud pour la guitare. Le chanteur choisit une structure et une harmonie occidentales pour ses chansons, et un rythme de type valse et bossa mais garde tout de même une part de son ancien univers musical.
L'une des reconnaissances majeures de sa carrière arrive en 1980, avec le titre de "Chanteur de la paix", décerné par l'Organisation des Nations Unies et remis par Kurt Waldheim. Cependant, Enrico Macias connait des problèmes financiers. Il avait investi une somme de 20 millions d'euros en hypothéquant sa villa à Saint-Tropez. En 2008, il les perd et est ruiné à la suite de la faillite de la banque Landsbanki, lors de la crise financière islandaise. En 2014, le tribunal de Luxembourg le condamne à payer 30 millions d'euros à la filiale luxembourgeoise de cette banque. Le chanteur porte plainte pour escroquerie. L'ouverture du procès se fait en mai 2017, et il le perd en août 2017.
"Adieu mon pays" & "Les gens du nord"
Parmi les chansons emblématiques d'Enrico Macias, on retrouve la chanson "Adieu mon pays", datant de 1962. Il la chante pour la première fois lors de l'émission "Cinq colonnes à la une" qui fait un reportage sur les rapatriés d'Algérie. Muni de sa guitare, il chante sans haine et avec émotion son déracinement. Grâce à ce passage à la télévision, il devient célèbre, la chanson devenant en même temps le symbole de l'exil des Pieds-noirs.
Une autre de ses chansons de son répertoire est devenue célèbre : "Les gens du Nord" de 1967. C'est lors du milieu des années 60 qu'Enrico Macias assiste à une fête de la bière à Cambrai, avec son auteur de l'époque Jacques Demarny. Cette petite fête dans le Nord de la France les inspire, et c'est ainsi que naît la chanson. Toujours populaire, elle est devenue importante aux yeux des nordistes et est souvent reprise.
Enrico Macias au cinéma
A partir de 1965, Enrico Macias commence une carrière cinématographique avec le film "Déclic et des claques" de Philippe Clair, puis "Mamma Rosa ou La farce du destin" par Raoul Sangla en 1978. Sa présence est particulièrement remarqué lors du film "La Vérité si je mens ! 2" en 2002 et participe ainsi à sa suite "La Vérité si je mens ! 3" en 2012. Il apparaît également dans le film " Bienvenue à bord " en 2011, puis aussi à la télévision dans le téléfilm "Le Parapluie des vedettes" en 1967 et la série Netflix "Family Business" en 2019, où il joue son propre rôle. En 2003, il participe au documentaire "Guerre d'Algérie : la mémoire retrouvée ?".
Ses engagements et l'Algérie
Lors des élections présidentielles de 1981 et 1988, il soutient François Mitterrand. Il est candidat sur la liste Energie Sud, menée par Bernard Tapie, pour les élections régionales en Provence Alpes- Côte d'azur en mars 1992. Par la suite, il soutient les candidatures de Nicolas Sarkozy en 2007 et en 2012. Mais il se dit ni de droite ni de gauche. Il souhaitait accompagner le président Sarkozy en décembre 2007 en Algérie, mais les autorités algériennes s'y sont opposés, notamment le premier ministre Abdelaziz Belkhadem et le ministre des Anciens Combattants Cherif Abbas. En réalité, il n'est pas autorisé à retourner en Algérie depuis 1961. Pourtant, malgré les interdictions de se produire dans son pays d'origine, Enrico Macias l'aime et le fait savoir dans un livre "Mon Algérie" en 2001, aux éditions Plon. Il est aussi membre du comité de soutien à la candidature d'Anne Hidalgo à la mairie de Paris en 2014.
Sa femme Suzy Leyris
En 1962, Enrico Macias épouse Suzy Leyris, la fille de Raymond Leyris. Ce dernier, Cheikh Raymond est un symbole de l'échange entre les communautés d'Algérie. Cependant, il est assassiné en juin 1961, ce qui pousse Enrico et sa famille à partir pour la France. Le couple a deux enfants : Jocya (1964) et Jean-Claude (1969) et cinq petits-enfants : Symon, Elyot, Julia, Ethel et Jérémie. Sa femme décède le 23 décembre 2008, d'une longue pathologie cardiaque qu'elle a eu toute sa vie et qui lui a fait subir quatre opérations à cœur ouvert.
Distinctions d'Enrico Macias
En 1985, il reçoit la Croix de chevalier de la Légion d'honneur par Laurent Fabius et obtient le grade d'officier par Jacques Chirac en avril 2007. En 2006, il fait Commandeur des Arts et des Lettres pour l'ensemble de sa carrière par le ministre de la culture de l'époque, Renaud Donnedieu de Vabres. La même année, il reçoit une médaille du ministère de la défense d'Israël. En 1965, il gagne le prix Vincent Sotto, puis son album "Mélisa" est disque d'or en 1976. Il est nommé ambassadeur itinérant pour la paix et la défense des enfants par Kofi Annan, un diplomate ghanéen, en 1997.
Enrico Macias embourbé dans une affaire d'escroquerie
Dix ans. Voilà dix ans qu'Enrico Macias tente de se dépêtrer d'une affaire présumée d'escroquerie. Après une nouvelle plainte déposée par le chanteur en septembre dernier, une enquête a été ouverte du chef de recel d'escroquerie, le 12 octobre 2021, révèle le journal Le Parisien. La plainte vise Martial Benhamou, un ancien médecin généraliste radié de l'Ordre des médecins en 2019, et son gendre, Grégory Senac. L'enquête, confiée à la Brigade de répression de la délinquance astucieuse (BRDA), selon le journal, devra déterminé si Enrico Macias a bien été escroqué par le docteur.
Tout commence en 2011, quand l'artiste, Gaston Ghrenassia de son vrai nom, et l'un de ses amis, auraient investi la somme totale de 800 000 euros dans un projet de centre esthétique appelé "Cosmetic Hospital World Resort", qui devait être spécialisé dans le changement d'apparence physique sans avoir recours à des opération de chirurgie esthétique. Après plusieurs années sans signe de vie, Martial Benhamou et Grégory Senac auraient finalement reconnu leur dette et remboursé 116 200 euros, rapporte Le Parisien, avant d'interrompre les virements. Selon Enrico Macias et son ami, ils n'auraient jamais été mentionnés dans les statuts de la société, ce que démentent les deux accusés.
Enrico Macias n'en est pas à sa première affaire d'escroquerie. Depuis 2008, le chanteur est en plein bras de fer avec la banque islandaise Landsbanki. A l'époque, il était complètement ruiné. Après avoir emprunté 35 millions d'euros en 2007, le chanteur avait perdu 20 millions d'euros après la faillite de la branche luxembourgeoise de la fameuse banque, en raison de la crise financière en Islande l'année suivante. Depuis, il avait dû hypothéquer sa villa à Saint-Tropez pour renflouer ses caisses. En 2019, Enrico Macias avait été contraint de rembourser 30 millions d'euros à la liquidatrice de la banque Landsbanki Luxembourg.