Maria Callas : œuvre, vie privée… Biographie de la chanteuse grecque
MARIA CALLAS. Maria Callas est une chanteuse grecque et cantatrice du XXe siècle. Sa carrière hors normes et sa vie privée mouvementée nourrissent une biographie dense digne d'un grand film.
Peu d’artistes ont eu une telle influence sur leur art que leur seul nom est porteur de leur légende. Et pourtant Maria Callas y est parvenue à un tel point qu’il suffit aujourd’hui de l’appeler "La Callas". Celle que le grand chef d’orchestre Leonard Bernstein qualifiait de "Bible de l’opéra" imposa sur scène une voix hors du commun, un phrasé unique et valorisa plus que quiconque l’importance du jeu d’acteur dans sa discipline.
La Callas, c’est une voix en or et une œuvre pléthorique, mais c’était aussi une personnalité hors normes, une diva dans tous les sens du terme, dont la vie amoureuse et intime fut jalonnée de scandales et de péripéties dignes des personnages de tragédie qu’elle incarnait sur scène. Disparue à l’âge de cinquante-trois ans en 1977, Maria Callas reste l’une des plus grandes chanteuses du XXe siècle, toutes disciplines confondues.
Biographie courte de Maria Callas
Maria Callas voit le jour le 2 décembre 1923 au Flower Hospital de New York, en plein Manhattan. Née Sophia Cecelia Kaloyeropoulos, elle est la fille d’un pharmacien, Georges Kaloyeropoulos et d’une fille de colonel, Evangelia Dimitriadou. Fraîchement débarqué aux Etats-Unis alors que cette dernière est enceinte de cinq mois, le couple subit de plein fouet le krach boursier de 1929, qui oblige Georges à voyager souvent loin de sa famille. La jeune Sophia, dont le nom a été raccourci en Kalos pour mieux s’intégrer en Amérique, grandit entre une mère tyrannique et un père absent et se découvre une passion pour la musique pour soigner ses complexes.
Dès l’âge de huit ans, elle prend ses premiers cours de chant à l’école de musique de Washington Heights et donne ses premiers récitals à dix ans. Mais en 1936, les parents de Maria se séparent et la jeune fille rentre en Grèce avec sa mère et sa sœur. Elle entre alors au Conservatoire national grec, puis à celui d’Athènes, avant de débuter sur les planches en 1941. Mais après la Libération, le désir de retourner dans son pays natal l’emporte : c’est à cette époque qu’elle prend le nom de scène de Mary Callas, qui devient Maria Callas sur son passeport à son arrivée.
Ses débuts américains sont difficiles (elle refuse de chanter en anglais notamment) et c’est à Vérone qu’elle décroche en 1947 son premier grand premier rôle dans La Gioconda de Ponchielli. C’est le début de la gloire pour cette soprano dont la voix révolutionne les interprétations des opéras qu’elle porte : Macbeth, La Walkyrie, Les Puritains, Norma ou encore Aida. Remettant au goût du jour l’art suranné du bel canto, elle devient une star mondiale, ainsi que la proie des ragots des gazettes. La célébrité lui pèse, surtout lorsqu’elle fait la rencontre en 1958 du richissime armateur Aristote Onassis.
Leur relation adultère et tumultueuse fera la une des tabloïds jusqu’à ce qu’Onassis épouse Jackie Kennedy en 1968. Chanteuse flamboyante, tragédienne dans l’âme qui réaffirma le jeu d’acteur dans l’opéra et diva personnifiée (elle fait scandale le 2 janvier 1958 à Rome en coupant net une représentation de Norma à Rome après une soirée de la Saint-Sylvestre trop arrosée), Maria Callas aura donné en tout 590 concerts entre 1947 et 1965 dans le monde entier.
Maria Callas en 5 chansons célèbres
- Casta Diva : s’il est peut-être un rôle qui colle le plus à la peau de la Callas, c’est probablement celui de Norma, l’héroïne de l’opéra éponyme de Vincenzo Bellini. Aria-cavatine, réputé pour sa difficulté, Casta Diva est un des airs les plus emblématiques du bel canto que Maria Callas remit au goût du jour. Terrain de jeu de l’incroyable flexibilité vocale de la cantatrice, Casta Diva avait une valeur particulière pour la chanteuse qui en disait : "Bellini a composé Norma pour moi."
- Ave Maria : en 1964, Maria Callas interprète une compilation des plus grands arias composés par Giuseppe Verdi sous la direction du grand chef d’orchestre italo-américain Nicola Rescigno, qui l’avait notamment dirigé dans ses débuts américains dans Norma. Le plus célèbre de ces arias, l’Ave Maria d’Otello, reste aujourd’hui l’un des plus fameux exemples des prouesses vocales et techniques de La Callas.
- L’amour est un oiseau rebelle : Carmen est un des rôles d’opéra les plus connus au monde, et il était impossible de ne pas y voir Callas s’y frotter. En 1964, sur les planches de la salle Wagram à Paris, elle devient donc la Carmen de Bizet et illumine ce rôle flamboyant de bourreau des cœurs, qui semble à l’époque parfaitement se fondre dans l’image qu’elle renvoie d’elle auprès du public.
- La Mamma Morta : au faîte de sa gloire en 1955, Maria Callas triomphe à la Scala de Milan dans Andrea Chénier, un opéra d’Umberto Giordano dont elle porte malicieusement l’émotion de son aira principal La Mamma Morta. Trente-huit ans plus tard, La Mamma Morta sera immortalisée dans une scène déchirante de Tom Hanks dans Philadelphia de Jonathan Demme.
- Vissi d’Arte : "J’ai vécu pour l’art, j’ai vécu pour l’amour." Les premiers mots de l’aria Vissi d’Arte de la Tosca de Puccini semblent décrire mieux que quiconque la vie passionnée et tumultueuse de la Callas. Tosca est à la fois l’un des premiers rôles de La Callas en 1942 et celui avec lequel elle fit ses adieux à la scène à Londres en 1965. Sa captation la plus célèbre date de l’année précédente, devant la caméra du grand réalisateur Franco Zeffirelli.
Giovanni Battista Meneghini, le mari de Maria Callas
Quand la jeune Maria Callas quitte l’Amérique pour l’Italie en 1947, elle fait la rencontre de Giovanni Battista Meneghini à Vérone. De vingt-sept ans son aîné, Meneghini a fait fortune avec sa briqueterie et est par ailleurs passionné d’opéra. Tombant immédiatement sous le charme de Maria et de sa voix, il la prend sous son aile et l’aide à décrocher ses premiers rôles à Vérone, notamment dans La Gioconda. Leur relation étant mal vue par la société catholique italienne et par leurs familles respectives, le couple se marie grâce à une dispense exceptionnelle accordée par le Vatican (il est catholique et elle orthodoxe) le 21 avril 1949.
Meneghini abandonne alors la gestion de l’entreprise familiale et devient l’agent de Maria Callas, négociant pour elle ses cachets faramineux qui montèrent à 10 millions de lires en 1950. Mais en 1959, le couple divorce lorsque Meneghini découvre que Maria s’est éprise d’Aristote Onassis. Meneghini meurt le 21 janvier 1981 à l’âge de 85 ans.
La mort de Maria Callas
Fatiguée par la scène et les scandales, et désireuse de mener sa vie de femme auprès d’Onassis, Maria Callas se retire peu à peu de la vie musicale à partir de 1965. Ses rôles extrêmes ont définitivement abîmé sa voix et La Callas a perdu plus de trente kilos au cours de sa carrière. Elle donne des cours à Juilliard School de New York et tourne au cinéma dans Médée de Pasolini, mais elle se fait de plus en plus rare. Désormais installée à Paris dans un appartement de la rue Georges Mandel, elle vit en recluse alors que sa santé décline.
La mort d’Onassis, qu’elle aura accompagné dans ses derniers instants, le 15 mars 1975, sera le coup de grâce. En proie à la solitude, elle multiplie les addictions médicamenteuses pour lutter contre ses problèmes de santé et de tension. Le 16 septembre 1977, Maria Callas s’éteint chez elle, emportée par une embolie pulmonaire probablement consécutive à une surdose d’un hypnotique retrouvé sur sa table de chevet. La Callas n’avait que cinquante-trois ans.
Où est la tombe de Maria Callas ?
Une cérémonie funéraire est tenue à l’Eglise orthodoxe grecque Saint-Stéphane, rue George-Bizet à Paris, le 20 septembre 1977. Dans l’assistance, les princesses Grace et Caroline de Monaco ou le producteur Franco Rossellini viennent lui rendre un dernier hommage. Après la cérémonie, la cantatrice est incinérée au cimetière du Père-Lachaise, où une plaque disposée dans le columbarium est encore visible de nos jours.
Au lendemain de son incinération, l’urne contenant ses cendres disparut sans explications, mais fut heureusement retrouvée deux jours plus tard. Si l’urne funéraire repose donc toujours au cimetière du Père-Lachaise à Paris, les cendres de la Callas, elles, furent répandues conformément à la volonté de la chanteuse au large des côtes grecques, quelque part en mer Egée.