Joséphine Baker : biographie d'une icône entrée au Panthéon
JOSEPHINE BAKER. Chanteuse, danseuse, Résistante, icône anti-raciste... Joséphine Baker a eu mille vies. Portait.
Biographie courte de Joséphine Baker. La danseuse et chanteuse Joséphine Baker est née le 3 juin 1906 dans le Missouri sous le nom de Freda Josephine McDonald. Sa mère est afro-américaine et son père probablement d'origine espagnole. Passionnée de danse depuis son plus jeune âge, elle fait partie d’un groupe d’artistes de rue dès 1920. Pour elle, l’avenir est ailleurs et elle décide de tenter sa chance en tant que danseuse à New York.
La chance va lui sourire, puisqu’elle rencontre une mondaine, Caroline Dudley Reagan, qui lui propose de partir en France avec elle, convaincue que Joséphine a un potentiel énorme. Et le pressentiment Madame Reagan devient très vite une évidence : dès ses premières représentations, le public parisien est enthousiaste. Joséphine Baker, avec son pagne de bananes et ses danses aux rythmes jamais entendus en France, devient vite une icône parisienne. Les plus grands artistes la voient comme une muse.
J'ai deux amours, le succès de Joséphine Baker
Lorsqu'elle prolonge sa carrière dans la chanson, c'est un nouveau succès, avec le titre inoubliable J'ai deux amours dont les paroles sont restées dans les mémoires : "J'ai deux amours - Mon pays et Paris - Par eux toujours - Mon cœur est ravi". La vie de Joséphine Baker est très mouvementée, et ne s'arrête pas à la danse ou au chant. La chanson, sortie en 1930, dont les paroles ont été écrites par Géo Koger et Henri Varna sur une musique de Vincent Scotto., rencontre un immense succès et reste l'un de ses plus grands morceaux.
Joséphine Baker dans la Résistance
En 1939, Joséphine Baker devient agent du contre-espionnage à Paris pour la Résistance, milite au sein de la Croix-Rouge française, s’engage dans l’armée de l’air… La haute société de Paris l’accueille à bras ouverts, et elle reçoit la Légion d’honneur de la part du Général de Gaulle après la Seconde Guerre mondiale. Très engagée évidemment dans la lutte contre le racisme, elle soutient Martin Luther King en 1963 durant la Marche vers Washington. Joséphine Baker dépense sans compter et arrive vite dans une détresse financière. Des personnalités importantes l’aident alors à remonter la pente, en lui offrant logement ou argent, comme Brigitte Bardot ou la princesse Grace de Monaco. Elle décède le 12 avril 1975 à Paris après une attaque cérébrale, et est enterrée dans le cimetière de Monaco.
Les époux de Joséphine Baker
Joséphine Baker a eu cinq époux et de nombreuses aventures avec des hommes autant qu'avec des femmes. Elle épouse Willie Wells en 1919 alors qu'elle n'a que treize ans. Elle quitte ainsi définitivement l'école qu'elle fréquentait lorsqu'elle ne travaillait pas pour subvenir aux besoins de sa famille. Le mariage ne dure pas longtemps. Le divorce est prononcé en 1920 et Joséphine peut enfin se consacrer à la danse. En 1921, elle rencontre son second mari à Philadelphie lors d'une tournée. Joséphine épouse William Howard Baker qui lui donne son nom de scène. Leur mariage ne survit pas à la volonté de la jeune femme de faire carrière. Ils divorcent en 1923 et Joséphine rejoint Paris en 1925. La danseuse rencontre alors Giuseppe Abatino qui devient son manager. Leur liaison dure une dizaine d'années. Elle épouse ensuite Jean Lion et obtient la nationalité française. Leur divorce est prononcé en 1940. Son quatrième mari est le chef d'orchestre Jo Bouillon. Leur mariage dure de 1947 à 1957, même si leur divorce n'est prononcé qu'en 1961. Ensemble, ils adopteront douze enfants. Le dernier époux de Joséphine Baker est Robert Brady qu'elle épouse en 1973 pour un an, avant de décéder en 1975.
Joséphine Baker et sa famille arc-en-ciel
De sa relation avec le jazzman violoniste Jo Bouillon, Joséphine Baker a l'idée de créer un "petit Unesco privé" en son château des Milandes, dans le Périgord. A partir de 1953, la chanteuse adopte douze enfants de différentes origines, Akio, venu de Corée, Teruya du Japon, Luis de Colombie, Jarry de Finlande, Jean-Claude de Paris, Brian d'Algérie, Koffi de Côte d'Ivoire, mais aussi Janot, Marianne, Noël, Mara et Stellina. Tous ces enfants grandissent aux Milandes, au rythme des visites de leur mère, souvent absente, mais qui revient souvent auprès de sa "tribu arc-en-ciel".
La mort de Joséphine Baker
En mars 1975, Joséphine Baker célèbre ses cinquante ans de carrière et inaugure une rétrospective à son honneur à Bobino, à Paris. Dans la salle, un parterre de stars : Alain de Boissieu, gendre de Charles de Gaulle, Sophia Loren, Mick Jagger, Mireille Darc, Alain Delon, Jeanne Moreau, Tino Rossi, Pierre Balmain ou même la princesse Grace de Monaco. Elle s'y produira jusqu'en avril 1975. Le lendemain de sa quatorzième représentation, le 10 avril 1975, Joséphine Baker est victime d'une hémorragie cérébrale et hospitalisée à la Pitié-Salpêtrière, à Paris. Plongée dans le coma, elle meurt le 12 avril. L'icone avait 68 ans. Après un hommage militaire, des funérailles à la Madeleine à Paris, puis des obsèques à Saint-Charles de Monte-Carlo le 19 avril 1975, Joséphine Baker est enterrée au cimetière de Monaco.
"Son organisme n'a pas résisté à ces émotions et elle était frappée 24 heures plus tard de congestion cérébrale. Elle est morte après avoir obtenu la plus grande récompense de sa carrière : son triomphe pour son gala de rentrée. Elle était au comble de la joie", confie Line Renaud, à ses côtés jusqu'à sa mort, au 19/20 de France 3.
Joséphine Baker au Panthéon
La cérémonie d'entrée au Panthéon de Joséphine Baker a eu lieu ce mardi 30 novembre 2021. L'événement était présidé par Emmanuel Macron, qui a prononcé un discours retraçant l'incroyable vie de l'artiste, mais aussi ses valeurs et ce qu'elle représentait pour la France. "Ma France, c'est Joséphine", a déclaré Emmanuel Macron lors de son discours au Panthéon.
La cérémonie, diffusée sur TF1 et France 2, a rassemblé sur ces deux chaînes près de 3,6 millions de téléspectateurs, sans compter les chaînes tout info BFMTV, Cnews, LCI et franceinfo, qui ont elles aussi bousculé leur grille pour une édition spéciale panthéonisation de Joséphine Baker. De nombreux invités étaient présents à cette panthéonisation, qui débutait à 17h30 et s'est s'achevée vers 19 heures. En plus des politiques, militaires, artistes, l'assemblée comptait aussi plusieurs membres de la famille de Joséphine Baker, comme ses enfants, mais aussi Line Renaud ou Christiane Taubira et des membres du gouvernement comme Roselyne Bachelot ou Jean-Michel Blanquer.
Le corps de Joséphine Baker est resté à Monaco, où la chanteuse a été enterrée à sa mort en 1975. Un cénotaphe est installé au Panthéon à Paris, dans le caveau 13. Chanteuse, militante, résistante, icône antiraciste... Joséphine Baker est ainsi la première femme noire et la première artiste à rejoindre les grandes personnalités qui sont inhumées au Panthéon et seulement la sixième femme à recevoir cet honneur. Ce mardi 30 novembre, Gaîté, la station de métro du quatorzième arrondissement située sur la ligne 13, a été rebaptisée Gaîté-Joséphine Baker.
La cérémonie en vidéo
Comment s'est déroulée la cérémonie ?
Aux grandes femmes la patrie reconnaissante : Joséphine Baker est entrée au Panthéon le mardi 30 novembre 2021. Une cérémonie symbolique, initiée par la famille de l'artiste disparue en 1975 et présidée par le chef de l'Etat Emmanuel Macron, qui a duré de 17h45 à 19 heures. Me revoilà Paris, l'une des plus célèbres chanson de la diva, a ouvert la cérémonie solennelle devant l'édifice parisien, considéré comme "le temple laïc de la République". Le corps de Joséphine Baker restant à Monaco, où la chanteuse repose depuis sa mort en avril 1975, c'est un cercueil vide qui a fait son entrée au Panthéon, porté par six militaires de l'armée de l'air, dont l'artiste était sous-lieutenant.
Les médailles de Joséphine Baker, dont des photos et des vidéos ont été projetées sur la façade de l'édifice, suivaient le cénotaphe, portées par une aviatrice. Ensuite, le choeur de l'armée française a entonné plusieurs morceaux, dont Le chant des partisans et la chanson Dans mon village a été reprise par 60 enfants du chœur de l'Opéra Comique. Cette cérémonie a été clôturée par le discours d'Emmanuel Macron. Il a rendu hommage à une "artiste de renommée mondiale, engagée dans la Résistance, inlassable militante antiraciste", qui "fut de tous les combats qui rassemblent les citoyens de bonne volonté, en France comme de part le monde."
Qui a demandé la panthéonisation de Joséphine Baker ?
Joséphine Baker est donc la première femme noire à rejoindre le mausolée républicain consacré aux personnages ayant marqué l'Histoire de France. "Cette demande de panthéonisation a été faite par la famille Baker depuis 2013", explique à l'AFP l'entrepreneuse Jennifer Guesdon, une des personnalités défendant la panthéonisation. Cette dernière avait été reçue par le président de la République aux ôtés du romancier Pascal Bruckner, du chanteur Laurent Voulzy et des membres de la famille de la chanteuse.
Le corps de Joséphine Baker restera toutefois à Monaco, où elle est enterrée. Une plaque sera érigée au Panthéon. "Ce sera un cénotaphe, avec une plaque, comme pour Aimée Césaire et d'autres personnalités", a-t-il ajouté: "L'important, c'est de marquer sa présence au Panthéon", a précisé à l'AFP un de ses enfants, Jean-Claude Bouillon-Baker.
Joséphine Baker, icône de la liberté
Car qui d'autre, finalement, que Joséphine Baker aurait pu, en 2021, continuer d'incarner la nouveauté ? Joséphine Baker reste à ce jour l'une des plus grandes célébrités du début du siècle dernier. Elle aura eu une vie courte, pourtant jalonnée de nombreux chapitres. Elle a tout juste 20 ans quand elle arrive à Paris. Chanteuse, danseuse, actrice, résistante, militante et plus simplement femme moderne ancrée dans son époque, elle mettra sa vie au service des autres, de l'antiracisme et de la liberté. La célèbre meneuse, révélée dans la "revue Nègre" où sa jupe de bananes fera sensation, deviendra par la suite actrice, icône de mode et des luttes antiracistes.
Pendant la Seconde guerre mondiale, elle espionnera, pour le compte des forces alliées, profitant par exemple de ses tournées internationales pour faire passer des documents secrets, écrit à l'encre invisible sur des partitions. Elle a également transporté des photos secrètes d'installations militaires allemands dans ses sous-vêtements. Ces actes de bravoure lui ont permis d'être la première femme américaine à recevoir la Croix de Guerre française. Elle obtiendra également la Médaille de la Résistance en 1946, puis la Légion d'honneur.