Michael Lonsdale : Moonraker, Hibernatus... ses plus grands rôles
L'acteur français Michael Lonsdale s'est illustré dans le cinéma français et le théâtre grâce à une immense carrière de près de 60 ans.
Biographie de Michael Lonsdale-C'est le 24 mai 1931 que Michael Lonsdale naît à Paris, accueilli par son père, le soldat britannique Edward Lonsdale-Crouch, et sa mère Simone Béraud. La petite famille déménage régulièrement au début de sa vie et finit par s'installer au Maroc en 1939. En 1946, alors qu'il a l'âge de 15 ans, Lonsdale rentre en France et commence à s'intéresser au théâtre après sa rencontre avec Roger Blin. Trois ans plus tard, il déménage à Paris dans un appartement du centre de la capitale. Il suit des cours de théâtre dispensés par Tania Balachova et fait, peu après, ses débuts sur les planches.
Dans un long entretien avec Première en 2014, Michael Lonsdale se souvient de ses cours comme l'endroit où il a compris qu'il avait trouvé sa vocation d'acteur. Lorsque sa professeure lui annonce qu'elle veut le voir jouer la colère sur la première scène du Misantrhope, le jeune homme d'environ 20 ans est tout simplement terrifié. "Je suis quelqu'un de très doux, la violence me révulse depuis l'enfance. Mais bon je m'exécute parce que c'était une grande pédagogue. Je joue la scène devant elle, et je suis très mauvais. Je la refais une fois, dix fois, quinze fois et je suis systématiquement nul, impossible d'y mettre une quelconque intensité. Elle me menace alors de me renvoyer de son cours si je n'y arrive pas. J'ai le coeur qui bat très fort, les mains mointes, je rejoue à nouveau la scène, je suis dans un état second et là je me mets à hurler, à envoyer valdinguer une chaise au milieu de la scène : ma professeure était ravie. Je suis rentré chez moi, blême, je me suis mis immédiatement au lit, en me disant que je n'étais pas fait pour ce métier. Mais le lendemain, je suis quand même retourné au cours. Il y avait eu un déclic."
Le cinéma lui tend les bras au même moment. Il tourne tour à tour chez Gérard Oury dans La Main chaude (1959) et Le Crime ne paie pas (1961), Yves Robert (Les Copains en 1965) et François Truffaut dans La Mariée était en noir (1967) mais aussi Baisers volés (1968). Mais c'est avec Jean-Pierre Mocky qu'il crée une relation suivi d'acteur à réalisateur. Ensemble, ils tourneront neuf fois tout au long de leur carrière, à commencer par Snobs ! en 1961 puis La Bourse et la Vie en 1965. On le voit également chez Jean-Luc Godard dans British Sounds en 1969 ainsi que Louis Malle dans Le Souffle au cœur en 1971.
La fin des années 60 et les années 1970 marquent un tournant dans la filmographie de Michael Lonsdale qui accepte volontiers des grands films populaires parfois à gros budgets. On le voit notamment dans Hibernatus (1969), une comédie d'Edouard Molinaro avec Louis de Funès en tête d'affiche. Arrive ensuite Moonraker (1979) un épisode de la saga James Bond où il donne ici la réplique à Roger Moore.
Michael Lonsdale est mort le 21 septembre 2020, à l'âge de 89 ans. Dans les colonnes du Parisien en octobre 2016, l'acteur s'était exprimé sur sa propre mort qu'il disait ne pas l'angoisser du tout. "Ca ne m'angoisse pas du tout. Je me fais une raison, c'est la vie". Converti au catholicisme à l'âge de 22 ans, Michael Lonsdale était un fervent croyant. Dans le Parisien, il expliquait notamment que l'idée de devenir prêter l'a "frôlé trois ou quatre fois, mais le sentiment n'était pas assez fort pour que je franchisse le pas". D'après les propres dires du comédien, qui a eu l'occasion de jouer des religieux au cinéma notamment dans Le Nom de la rose et Des Hommes et des Dieux, "Dieu m'a sauvé du néant. Il m'a donné une raison de vivre."
Michael Lonsdale était-il malade ? Michael Lonsdale est décédé le 21 septembre 2020, alors qu'il avait 89 ans. Les causes de son décès n'ont pas été communiquées : on ne lui connaissait pas de maladie avant son décès.
Michael Lonsdale dans Hibernatus
En 1969, Michael Lonsdale est à l'affiche d'Hibernatus d'Edouard Molinaro aux côtés de Louis de Funès, Claude Gensac et Bernard Alane. Il interprète le professeur Édouard Loriebat, qui est notamment un spécialiste de l'hibernation. D'ailleurs, il n'est pas crédité correctement, puisque dans le générique de début est écrit "Michel Lonsdale". Au micro de Première en 2014, il expliquait avoir accepté le rôle car "il faut bien manger". A propos de sa collaboration avec Louis de Funès, il estime avoir "eu de la chance, de Funès m'aimait bien parce que je savais le suivre quand il improvisait".
Michael Lonsdale face à James Bond dans Moonraker
Face à James Bond et au Requin, il était le terrible Hugo Drax. En 1979, Michael Lonsdale figure au casting du onzième film de la saga 007, Moonraker. A l'origine, c'est parce que Michael Lonsdale est un Français qui sait parler anglais qu'il est casté pour le rôle du méchant, ceci afin que la réglementation fiscale française des coproductions avec le pays soit respectée. Finalement, Lonsdale s'est imposé comme un ennemi redoutable de l'agent britannique dans l'esprit des cinéphiles.
Michael Lonsdale abbé dans Le Nom de la Rose
Dans l'adaptation du roman Le Nom de la Rose d'Umberto Eco, Jean-Jacques Annaud propose à Michael Lonsdale de camper l'abbé. S'il s'agit, avec Des Hommes et des Dieux, d'un de ses rôles d'ecclésiastique les plus marquants, c'est loin d'être le premier pour Michael Lonsdale. On l'avait par exemple vu en cardinal dans Galilée ou encore en ecclésiastique dans Le Souffle au coeur (1971). "On m'en propose souvent" confirmait Lonsdale aux Inrockuptibles en 2011. "C'est peut-être lié à ma foi" expliquait-il. "Dans Le Nom de la rose de Jean-Jacques Annaud, je jouais un personnage dont on m'a beaucoup dit qu'il était très dur. Mais c'était simplement un pauvre abbé consterné de voir ses frères se faire tuer tous les jours."
Dans une interview pour L'Express en 2011, Michael Lonsdale revenait sur sa carrière et expliquait qu'il avait "la sensation d'être assez anglais" plutôt que français dans son approche de la comédie. "Pouvoir jouer tous les rôles est une façon d'appréhender la vie dans toutes ses facettes, comme l'ont montré les grands acteurs britanniques tels que Laurence Olivier. La perception française est au fond plus portée vers l'acteur culte, unidimensionnel et indépassable : vous n'imaginez pas Gabin jouer Feydeau, par exemple. Personnellement, je n'ai jamais été aussi heureux que lorsque j'interprétais des rôles inattendus, innovants.
Jamais à court de projets au cinéma comme sur les planches, Michael Lonsdale a toujours enchaîné les rôles, alternant parfois ses participations à des longs-métrages avec des rôles au théâtre. Dans les années 1990, il donne la priorité aux planches mais trouve toujours le temps de jouer dans Les Vestiges du jour (1993) mais aussi dans Nelly et Monsieur Arnaud (1995) ainsi que Mauvais genre en 1997. Les années 2000 sont plus prolifiques au cinéma pour lui. Il joue notamment dans Le Furet en 2003, avant-dernier projet commun avec Jean-Pierre Mocky. Il participe également au Munich de Steven Spielberg en 2005.
Michael Lonsdale dans Des Hommes et des Dieux
En 2010, Michael Lonsdale incarne à nouveau un personnage d'ecclésiastique cette fois devant la caméra de Xavier Beauvois pour Des Hommes et des Dieux, un drame inspiré de l'assassinat des moines du monastère de Tibhirine en 1996. Dans ce film, il donne notamment la réplique à Lambert Wilson. Michael Lonsdale obtient le César du meilleur second rôle masculin en 2011 tandis que le film de Xavier Beauvois obtient le César du meilleur film mais aussi le grand prix du jury au Festival de Cannes 2010.
Dans une interview pour L'Express en 2011, le comédien expliquait que le personnage de Luc était "troublant, pas moi. Il est le magnifique exemple d'une vie donnée pour les autres. Je n'ai pas eu l'impression de jouer, j'ai vécu. Luc était là, tout le temps, il m'a prêté son esprit pour interpréter le rôle. Il guidait mes paroles. Juste avant de tourner la scène dans laquelle la petite Algérienne me pose des questions sur la vie et l'amour, Xavier Beauvois est venu me voir en me disait qu'il n'était pas content de son texte. Il m'a demandé d'improviser. J'ai donc donné libre cours à ma voix, et les mots sont venus tout seuls. J'ai parlé au nom de Luc." Michael Lonsdale avait arrêté de tourner au cinéma en 2015.
Amoureux de Delphine Seyrig, il n'a jamais eu d'épouse
Auteur de nombreux livres, Michael Lonsdale s'est livré dans "Le Dictionnaire de ma vie" en 2016 sur le fait qu'il n'ait jamais eu d'épouse. La raison ? Un chagrin d'amour qu'il n'a jamais surmonté. "J'ai vécu un grand chagrin d'amour et ma vie s'en est trouvée très affectuée. La personne que j'ai aimée n'était pas libre... Je n'ai jamais pu aimer quelqu'un d'autre. C'était elle ou rien et voilà pourquoi, à 85 ans, je suis toujours célibataire ! Elle s'appelait Delphine Seyrig." Décédée en 1990, Delphine Seyrig était une actrice française qu'on a pu voir notamment chez Alain Resnais, François Truffaut ou encore Luis Buñuel.