Roman Polanski : accusations, affaire, films, femmes...
ROMAN POLANSKI. Roman Polanski est un réalisateur franco-polonais connu pour plusieurs films (Le pianiste, Rosemary's Baby), mais aussi accusé par plusieurs femmes de violences sexuelles.
Biographie de Roman Polanski- Né en 1933 à Paris, Roman Polanski se passionne très tôt pour le théâtre et intègre une troupe. Diplômé de l’École nationale de cinéma de Lódz, il réalise dans les années 1950 toute une série de courts-métrages lui apportant ses premières récompenses. C’est en 1962 que Roman réalise son premier film, Le Couteau dans l’eau, nommé à l’Oscar du Meilleur film étranger. Après avoir déménagé en Angleterre, Roman réalise son deuxième film, un thriller mettant en scène Catherine Deneuve, Répulsion, mais ce sont ses deux films suivants, Cul-de-sac et Le Bal des Vampires qui vont asseoir sa notoriété et lui faire gagner de nombreuses récompenses. En 1968, un producteur américain lui confie la réalisation d’un film fantastique mettant en scène Mia Farrow et John Cassavetes, Rosemary’s Baby, qui remporte à sa sortie un immense succès et devient un film culte. Le film sera nommé deux fois aux Oscars. En 1969, son épouse Sharon Tate est assassinée par des membres de la secte de Charles Manson à son domicile de Los Angeles. Le réalisateur était en repérage pour un tournage à Londres. L'actrice américaine était enceinte de huit mois.
Après ce drame, Roman Polanski sombre dans la dépression. Il travaille alors d'arrache-pied. Il enchaîne les films, dont Chinatown, Tess ou encore Quoi. En 1977, Roman Polanski est condamné à 90 jours de prison pour "rapports sexuels illégaux avec un mineur". Samantha Geimer, âgée de 13 ans au moment des faits, accusé à l'époque le cinéaste de l'avoir droguée et violée. Il sortira 42 jours plus tard pour bonne conduite, le 29 janvier 1978. Mais alors que le juge décide de condamner à nouveau le réalisateur, ce dernier décide de quitter les Etats-Unis pour s'installer en France.
Malgré cette affaire qui le rattrape régulièrement, Roman Polanski continue les projets. Il présente Carnage en compétition de la Mostra de Venise en 2011 et remportera le César de la meilleure adaptation. En 2014, il remporte de nouveau le César du meilleur réalisateur grâce à La Vénus à la fourrure. Il se lance ensuite dans son projet de long-métrage sur J'accuse, une transposition au cinéma de l'affaire Dreyfus à la fin de l'année 2018. Le film sort sur grand écran le 13 novembre 2019, sous fond de polémique : une sixième femme accuse le cinéaste de viol.
Roman Polanski et Sharon Tate
Roman Polanski s'est marié à trois reprises. Il épouse en 1959 l'actrice polonaise Barbara Lass, avant de divorcer en 1962. Il épouse en 1968 l'actrice américaine Sharon Tate qu'il a rencontré sur le tournage du Bal des Vampires. Mais alors que le réalisateur est en tournage à Londres, son épouse est assassinée avec quatre de ses amis par des membres de la secte dirigée par Charles Manson le 9 août 1969. Sharon Tate était enceinte de huit mois et demi. Ce meurtre sera la plus grande "tragédie" de Roman Polanski.
Qui est la femme de Roman Polanski ?
En 1985, Roman Polanski fait la rencontre d'Emmanuelle Seigner grâce à l'agent et producteur français Dominique Besnehard. Le couple se marie en 1989 et aura deux enfants. Auparavant, Roman Polanski a été marié à Barbara Lass de 1959 à 1962 puis à l'actrice Sharon Tate en 1968. Elle est assassinée par la secte de Charles Manson en 1969.
L'affaire Roman Polanski
"L'affaire Polanski" remonte au 10 mars 1977. Alors âgé de 44 ans, le cinéaste va photographier Samantha Gailey, aujourd'hui appelée Samantha Geimer, âgée de 13 ans au moment des faits. La jeune fille accuse le cinéaste de l'avoir drogué et de la contraindre à des rapports sexuels non consentis. Le lendemain, Roman Polanski est arrêté et inculpé. Six chefs d'accusations sont retenus contre lui : viol sur mineure, sodomie, fourniture d'une substance prohibée à une mineure, actes licencieux et débauche, relations sexuelles illicites et perversion. Après des négociations avec les différentes parties, le réalisateur de Rosemary's Baby plaide coupable pour "rapports sexuels illégaux avec un mineur", les autres charges sont abandonnées. Il est condamné en septembre 1977 à 90 jours de prison. Il sortira 42 jours plus tard pour bonne conduite, le 29 janvier 1978.
L'affaire judiciaire connaît un rebondissement à la sortie de prison de Roman Polanski. Le juge annonce finalement qu'il veut condamner à nouveau le cinéaste à une peine indéterminée. Il déclare aux différentes parties qu'officieusement, le réalisateur serait relâché après 48 jours s'il quitte les Etats-Unis. Cependant, Roman Polanski apprend qu'un emprisonnement d'une durée indéterminée permet de prolonger la peine jusqu'à 50 ans. Il quitte les Etats-Unis et s'installe en France en 1978. En parallèle, les différentes parties de l'affaire dénoncent le comportement du juge. Il est déchargé du dossier en février 1978 pour "irrégularité". En 1997, Samantha Geimer déclare publiquement à la télévision avoir pardonné à Roman Polanski.
Plusieurs procédures pour clore l'affaire Polanski
Au cours des vingt dernières années, plusieurs procédures judiciaires ont été lancées par les avocats de Roman Polanski pour demander l'abandon des charges à l'encontre de leur client. Ils dénoncent à chaque fois la procédure pénale à l'oeuvre en 1977. A chaque fois, la victime Samantha Geimer se joint aux avocats du cinéaste et demande la clôture de l'affaire. Une première tentative a été lancée en 2008, une autre en 2014 puis en 2017. Aucune n'aboutira, les charges contre le cinéaste dans l'affaire Samantha Geimer pèsent encore contre le réalisateur du Pianiste à ce jour.
Le 3 février 1978, les Etats-Unis ouvrent un dossier d'extradition. Cependant, aucune des demandes d'extradition du cinéaste formulées par les Etats-Unis n'a abouti. En 2009, coup de théâtre : Roman Polanski est arrêté à Zurich. Cette arrestation se produit dans le cadre d'un traité d'entraide judiciaire pénale entre la Suisse et les Etats-Unis. Le réalisateur va passer deux mois dans une prison en Suisse. Il sera ensuite assigné à résidence, avec dispositif de surveillance et bracelet électronique. En juillet 2010, la ministre suisse de la Justice finit par refuser l'extradition du cinéaste vers les Etats-Unis. Roman Polanski est libéré. En 2014, les autorités américaines vont tenter une nouvelle fois d'arrêter Roman Polanski, en Pologne, sans succès.
D'autres accusations contre Roman Polanski
L'affaire Polanski va connaître un nouveau rebondissement en mai 2010 : en plein Festival de Cannes, l'actrice britannique Charlotte Lewis accuse Roman Polanski d'avoir abusé d'elle. Le réalisateur l'a fait tourner dans son film, Pirates, sorti en 1986. Elle affirme que le cinéaste l'a forcée à avoir une relation sexuelle avec lui lors d'un casting organisé chez lui en 1983, alors qu'elle avait seulement 16 ans. Roman Polanski, par le biais de ses avocats, dément ces accusations et menace de poursuivre l'actrice en justice. En 2017, alors que la justice américaine examine une nouvelle demande d'abandon des charges contre Polanski, d'autres femmes prendront la parole et accuseront le cinéaste d'avoir abusé d'elles. Le 15 août 2017, l'une d'elle, qui se fait appeler Robin M, accuse le cinéaste de l'avoir sexuellement agressé en 1973, alors qu'elle avait 16 ans. Le cinéaste a dénoncé "une tentative d'influencer le juge Gordon", en charge du dossier. Le 3 octobre 2017, l'actrice allemande Renate Langer dépose plainte en Suisse contre Polanski. Elle l'accuse de l'avoir violée lorsqu'elle avait 15 ans. Quelques jours plus tard, l'artiste américaine Marianne Barnard affirme au Sun avoir été abusée par le cinéaste en 1975 alors qu'elle avait 10 ans. Toutefois, aucune de ces affaires ne sera jugée, les faits étant prescrits. Le cinéaste a de son côté réfuté chacune de ces accusations.
En novembre 2019, quelques jours avant la sortie du dernier long-métrage de Polanski, J'accuse, une nouvelle femme dénonce Roman Polanski. La photographe française Valentine Monnier a accusé le cinéaste de l'avoir violé en 1975. Elle était âgée de 18 ans. Les faits se seraient déroulés dans le chalet du réalisateur, à Gstaad (Suisse). Dans les colonnes du Parisien, elle déclare que "ce fut d'une extrême violence [...] Il me frappa, me roua de coups jusqu'à ma reddition puis me viola en me faisant subir toutes les vicissitudes". Une nouvelle fois, le réalisateur s'est exprimé par le biais de ses avocats : il "conteste avec la plus grande fermeté" ces déclarations et serait en train de réfléchir "aux suites judiciaires" à apporter. Les faits sont aujourd'hui prescrits, et la victime présumée n'a jamais porté plainte. Suite à ces nouvelles accusations, la promotion autour du film a été annulée.
Dans un entretien accordé à Paris Match fin 2019, Roman Polanski s'exprime publiquement sur toutes ces accusations : "Depuis des années, on essaie de faire de moi un monstre. Je me suis habitué à la calomnie, ma peau s'est épaissie, endurcie comme une carapace. Mais pour mes enfants, pour Emmanuelle, c'est épouvantable. C'est pour eux que je parle ; pour moi, je n'espère même plus changer le cours des choses". Roman Polanski a également accusé les médias : "Les médias se sont jetés sur moi avec une violence inouïe. Ils s'emparent de chaque nouvelle fausse accusation, même absurde et sans substance, car elle leur permet de ranimer cette histoire. C'est comme une malédiction qui revient et je ne peux rien y faire…"
Roman Polanski et J'accuse
La sortie du film J'accuse de Roman Polanski a fait débat en France. En 2019, plusieurs associations féministes ont appelé au boycott de cette reconstitution de l'Affaire Dreyfus, sorti quelques jours après un nouveau témoignage accusant le cinéaste de viol. Avec la sortie de J'accuse, un débat très clivant agite le cinéma français : peut-on dissocier l'oeuvre de son artiste ? Non, pour le collectif Osez le féminisme, qui a accusé le cinéaste de dresser un parallèle entre la situation vécue par le capitaine Dreyfus et la sienne.
Malgré la polémique et ces appels au boycott, J'accuse de Roman Polanski fait un joli démarrage au box-office français : le cinéaste a réalisé le troisième meilleur démarrage à Paris pour un film français le 13 novembre 2019. J'accuse fait également la course en tête des nominations aux César 2020. Le long-métrage est nommé à 12 reprises, avec une citation pour Roman Polanski dans la catégorie Meilleur réalisateur. Ces nominations suscitent la polémique.