Jean Echenoz : biographie courte, dates, citations
Biographie courte de Jean Echenoz - Né à Orange en 1947, Jean Echenoz a très jeune le goût de l'écriture. Jeune homme, il suit des études de sociologie et de génie civil. A 32 ans, il envoie le manuscrit du "Méridien de Greenwich" à de nombreux éditeurs. Ce ne sont que des lettres de refus qui l'attendent dans sa boîte postale. Par défi et pour compléter sa collection de missives, il adresse ses pages aux Editions de Minuit, maison qu'il tenait le plus en admiration et dont il n'avait osé franchir la porte. Ce fut une surprise et une véritable rencontre avec l'éditeur Jérôme Lindon, qui marqua le début d'une riche carrière littéraire.
Romans de genre
Quatre ans plus tard, "Cherokee" reçoit le prix Médicis. Cet ouvrage flirte du côté du roman policier et lui vaut une fameuse lettre de Manchette, qualifiant le roman de "ramas de déchets", par ailleurs "passionnant et drôle" et même "épatant". En 1986 paraît "L'équipée malaise", avec lequel Jean Echenoz affute son écriture à l'exercice du roman d'aventure. Son quatrième roman "L'occupation des sols" clôt une première période dans l'oeuvre de l'auteur qui considère qu'il est alors temps de se donner entière liberté après ces travaux d'apprentissage au métier de maître-écrivain. Jean Echenoz s'est "passé des commandes" selon son propre mot : un roman policier, un roman d'aventure... jusqu'à "Lac", en 1989 qui explore le roman d'espionnage. "Nous trois", paru en 1992, voit pour la première fois le "je" apparaître dans le texte. C'est toutefois un "je" très bref, une digression unique mais assez exceptionnelle pour être remarquée.
Comme un morceau de jazz
Le travail de l'écriture est de première importance pour Jean Echenoz. Sa recherche du mot juste, de l'agencement nécessaire, est d'une grande précision. Elle a pour conséquence que chaque livre est le résultat filtré de quantités de notes et d'un travail massif en amont. Il a su inventer son ryhtme personnel, avec échappées, citations et montages alternés. Ce rythme s'inspire directement du jazz, composé d'un phrasé, de reprises, de coupures. L'écriture de Jean Echenoz est rythme, mais aussi art de l'hésitation, du tremblement. Le plaisir est dans la mise en danger d'un style qui pourrait devenir trop fluide et trop maîtrisé, dans l'irruption d'incohérences et de maladresses utilisées à bon escient. Jean Echenoz peut aussi inventer ses mots, et joue de la conjugaison comme d'une boîte de vitesse.
Voyages
En 1995 "Les grandes blondes" reçoit le prix Décembre. Ce livre affirme la tendance naturelle de Jean Echenoz à s'épanouir dans une écriture géographique. Paris, la Normandie, Madras, Sydney : l'auteur est un amoureux inconditionnel du mouvement, attiré malgré lui vers les départs. "Les grandes blondes" s'attache à centrer son récit sur un personnage principal féminin, défi supplémentaire que se lance Jean Echenoz, pour mieux risquer d'échouer : seulement risquer. C'est aussi dans ce roman que la préoccupation du social se fait plus évidente, pour être traîtée plus à fond encore dans "Un an", où l'héroïne devient SDF.
Objets
Si l'auteur évite comme la peste tout psychologisme, c'est par les détails du monde matériel qu'il cerne un personnage. L'environnement et les objets qui le composent accaparent sa précision, dans une prise directe avec les matières, les formes, les couleurs, les odeurs, la manufacture, l'usure, la marque, la date.
En 1999, Jean Echenoz reçoit le Goncourt pour son roman "Je m'en vais". Le héros Félix Ferrer quitte Paris pour le Grand Nord canadien. Jean Echenoz pense ses livres comme une géographie, pense chaque ouvrage en écho, en réponse, en suite ou en contradiction avec un autre.
2001 est une année de deuil, car son éditeur et ami Jérôme Lindon décède. Cette année, l'ouvrage qui paraît portera son nom.
Pas si classique
En 2003 paraît "Au piano", salué une fois de plus par la critique, et dont la première page contient : "il va mourir violemment dans vingt-deux jours". En 2006, le piano continue à intéresser Jean Echenoz ; l'échéance est plus large : ce n'est plus 22 jours, mais 10 ans que couvre "Ravel". Le personnage a existé, c'est Maurice Ravel, compositeur célèbre pour le "Boléro". L'auteur à nouveau brise les systèmes sans oublier ses propres systèmes, et détourne les conventions d'une biographie dont il s'est, peut-être, passé commande.