Frères Goncourt : biographie d'Edmond et Jules de Goncourt
BIOGRAPHIE FRERES GONCOURT - Tous deux écrivains français du XIXe siècle, les frères Goncourt sont les auteurs d'une œuvre appartenant à l'école naturaliste, notamment le Journal et Germinie Lacerteux.
Biographie courte des frères Goncourt - Tous deux nés dans le courant des années 1820, Edmond de Goncourt et son frère Jules sont des écrivains dont l'œuvre est indissociable. Ils composent dès 1850 des ouvrages d'histoire, notamment sur la peinture, comme L'Art du XVIIIème (1859-1875). Peu à peu, le travail collaboratif des deux frères se diversifie et ils se mettent à écrire des romans naturalistes à l'image de Sœur Philomène, en 1861. L'œuvre littéraire majeure du duo reste cependant leur Journal, tenu à deux depuis 1851. Dans cet écrit, repris par Edmond à la mort de Jules en 1870, ils présentent un témoignage détaillé de la vie au siècle dernier. Dans son testament, Edmond demande à ce que soit créée une académie littéraire en mémoire de son frère. Le prix Goncourt est, depuis, devenu le plus prestigieux prix littéraire français.
Jeunesse et éducation littéraire d'Edmond et Jules de Goncourt
Edmond et Jules de Goncourt, connus sous le nom des frères Goncourt, sont respectivement nés le 26 mai 1822 et le 17 décembre 1830. Ils grandissent au sein d'une famille bourgeoise, appartenant depuis peu à la petite aristocratie. Leur enfance est marquée par le décès de leur père ainsi que de leur sœur, emportés par le choléra. Cette épreuve les rapproche et les lie définitivement. Ils effectuent tous deux leur scolarité au lycée Condorcet à Paris et réalisent de brillantes études. Edmond devient comptable à la Caisse centrale du Trésor public, métier qu'il a en horreur. Le décès de leur mère en 1848, les laisse effondrés et les rapproche encore plus. Il leur permet néanmoins de devenir rentier et de se consacrer à la littérature, à l'histoire et aux d'antiquités.
Les frères Goncourt, des compagnons d'écriture au centre de la vie littéraire de leur temps
Dans leur jeunesse, les frères Goncourt entretiennent des liens d'amitié avec de nombreux écrivains : notamment Gustave Flaubert, Alphonse Daudet, Émile Zola, Guy de Maupassant et Théodore de Banville. Les frères Goncourt animent également un salon littéraire chaque dimanche, baptisé le Grenier, et accueillant Maurice Barrès, Alphonse et Léon Daudet, Auguste Rodin ou Émile Zola. Ils prennent une part active au foisonnement culturel des années 1850 à 1870. Leur œuvre la plus connue, le Journal, décrit leur vie sociale et culturelle entre 1851 et 1896. Ils décrivent sévèrement les mœurs littéraires de l'époque ainsi que leurs contemporains, particulièrement Balzac et Mallarmé. Leur vie durant, ils collectionnent objets et œuvres d'art, allant de l'art décoratif du XVIIIe siècle à l'art asiatique. Ils mènent une vie confortable et privilégiée, ponctuée de petits succès littéraires.
Mouvement littéraire des frères Goncourt : le naturalisme
Le grand succès des frères Goncourt est Germinie Lacerteux paru en 1865. Le roman narre la déchéance et la double vie d'une servante. Il est admis que sa préface constitue le point de départ du naturalisme, mouvement littéraire et artistique du XIXe siècle qui visait à reproduire objectivement la réalité, en introduisant les sciences humaines et l'expérimentation. Emile Zola qualifie Germinie Lacerteux de date à laquelle le livre fait entrer le peuple dans le roman. Pour les frères Goncourt, le roman doit tendre à l'analyse les mœurs de leurs contemporains : Le roman actuel se fait avec des documents, racontés ou relevés d'après nature, comme l'histoire se fait d'après des documents écrits.
En un peu moins de dix ans, les deux frères publient conjointement six romans. Chacun d'eux est construit à partir d'un personnage qui leur est familier (Germinie Lacerteux est inspirée d'une vieille servante) ou décrit précautionneusement un milieu comme dans Charles Demailly, dans lequel la société littéraire est dépeinte. Bien que Jules et Edmond de Goncourt souhaitent dépeindre et étudier les mœurs de leur temps, ils n'en demeurent pas moins des êtres jaloux, médisants, réactionnaires, misogynes et antisémites. Il sont décrits par Pierre Ménard comme fiers de leur supériorité sociale et ayant sincèrement peur de la foule. Ils demeurent assez infréquentables tandis que leurs livres sont loin d'être salués par les critiques littéraires.
La fondation de l'Académie Goncourt
Jules de Goncourt meurt prématurément en 1870, à l'âge de 39 ans, des suites d'une paralysie générale progressive, liée à une syphilis contractée au Havre, 20 ans auparavant. Edmond, gravement affecté par le décès de son frère, continue à écrire de lui-même. Il publie notamment Chérie (1884) et Hokusai : L'art japonais au XVIIIe siècle. Bien que Jules ait principalement rédigé le Journal jusqu'à son décès, Edmond reprend sa rédaction jusqu'à son propre décès.
Dans son testament, en date du 16 novembre 1884, Edmond de Goncourt déshérite ses neveux afin de créer l'Académie Goncourt et annonce que les fruits de la vente de leur importante collection d'art la financera. L'Académie Goncourt est officiellement créée le 19 janvier 1903. C'est une société littéraire, composée de dix membres chargés de récompenser le meilleur ouvrage littéraire chaque année (roman, nouvelle ou volume d'imagination en prose). La première académie se réunit le 21 décembre et attribue le Goncourt à John-Antoine Nau pour "La force ennemie".
Aujourd'hui, le prix Goncourt est accompagné d'un chèque symbolique de dix euros. Néanmoins, l'attribution de ce prix à un auteur lui offre une large visibilité et l'assurance de nombreuses ventes. Parmi les lauréats du Goncourt on trouve : Marcel Proust pour A l'ombre des jeunes filles en fleurs en 1919, André Malraux pour La condition humaine en 1933, Simone de Beauvoir pour Les Mandarins en 1954, Romain Gary avec Les racines du Ciel en 1956, puis en 1975 sous le nom d'Emile Ajar pour La vie devant soi, ou encore Marguerite Duras pour L'amant en 1984. Voir la liste des lauréats du prix Goncourt
Livres connus des frères Goncourt
- Charles Demailly (1860)
- Sœur Philomène (1861)
- Germinie Lacerteux (1865)
- Journal des Goncourt (1866)
- Manette Salomon (1867)
- Madame Gervaisais (1869)
- La maison d'un artiste (1880)
- Chérie (1884)
- Hokusai : Temporis (1896)