Elsa Triolet : biographie courte de l'écrivaine, ses livres
Biographie courte de Elsa Triolet - Elsa Triolet est originaire de Moscou, où elle naît en 1896 sous le nom d'Ella Kagan. Elle grandit dans une famille aisée d'intellectuels juifs russes. Ses parents l'initient aux langues vivantes de sorte qu'à l'adolescence elle maîtrise le français et l'allemand. Après le lycée, elle intègre une école d'architecture. Elle évolue à cette époque dans un cercle d'artistes et d'intellectuels russes : sa sœur aînée, Lili, est la compagne du poète Vladimir Maïakovski, et elle-même est amie avec Victor Chklovski et Roman Jakobson. De ces rencontres naît la passion de la jeune femme pour la poésie. En 1918, Elsa quitte les conditions de vie difficiles de la Russie postrévolutionnaire et épouse l'officier français André Triolet. Leur mariage dure deux ans, mais la jeune femme garde le nom de son premier époux. S'ensuit une période d'errance durant laquelle Elsa Triolet voyage à Londres, Berlin, Moscou, avant de s'installer à Paris en 1924. Elle y fréquente le cercle des écrivains surréalistes.
En 1928, sa rencontre avec Louis Aragon bouleverse son existence. Elsa devient la muse du poète, qui écrit pour elle le célèbre recueil Les yeux d'Elsa. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le couple rejoint la Résistance. C'est au cours de cette période qu'Elsa Triolet compose ses œuvres les plus célèbres. Son roman Le cheval blanc paraît en 1943. En 1945, elle est la première femme à obtenir le prix Goncourt grâce à son recueil de nouvelles Le premier accroc coûte 200 francs. Elle traduit également des écrivains russes et français. En 1953, est publié Le cheval roux, puis Rendez-vous des étrangers en 1956. Dans les années 1960, le couple écrit des œuvres croisées, regroupant leurs lettres ou meilleures pages. En 1961, Elsa Triolet subit une opération, dont elle ne se remet pas complètement. Elle décède d'une crise cardiaque en 1970.
Sa jeunesse en Russie
Ella Yourievna Kagan, connue sous le nom d'Elsa Triolet, naît le 12 septembre 1896 à Moscou. Sa mère, Elena Youlevna Berman, est musicienne de renom tandis que son père, Youri Alexandrovitch Kagan, est un avocat spécialisé dans les contrats d'édition d'artistes et d'écrivains. Elle grandit dans un milieu aisé et privilégié où on la familiarise aux langues, notamment l'allemand et le français, et où elle apprend le piano. Elle réalise de brillantes études et obtient une "médaille d'or" en récompense de son travail au lycée. Elle entreprend des études d'architecture et voyage dans le même temps en Europe avec sa sœur Lili et sa mère qui souhaite les sensibiliser à l'art. Sa sœur se joint aux révolutionnaires russes dont fait partie son futur époux Ossip Brik. Elle l'introduit dans les cercles littéraires russes et Ella fait la rencontre de Boris Pasternak, Victor Chklovski, du linguiste Roman Jakobson ainsi que du poète Vladimir Maïakovski, son premier grand amour. En 1917, elle fait la rencontre d'André Triolet, un officier français en poste à Moscou. Acquise à la cause de la Révolution, mais lasse de ses conséquences (famine, misère et guerre civile), elle quitte la Russie avec lui et l'épouse à Paris en 1919.
Débuts littéraires d'Elsa Triolet
Elsa Triolet séjourne à Tahiti où elle est malheureuse en compagnie de son époux. A cette période, elle compose ses premiers écrits. Elle le quitte en 1921 et commence une vie d'errance en Europe et visite Londres puis Berlin où elle rejoint son ami Victor Chklovski. Souffrant d'une dépression, il l'encourage à écrire. Ce dernier publie leur correspondance sous le titre Zoo, lettres qui ne parlent pas d'amour ou la Troisième Héloïse. Maxime Gorki, fondateur du réalisme socialiste, en fait la lecture et apprécie particulièrement le style d'Elsa. Il l'encourage à se consacrer à l'écriture. Elle s'installe à Paris dans le quartier de Montparnasse où elle vit entourée d'artistes surréalistes. En 1928, la rencontre de Louis Aragon bouleverse son existence. Elle devient sa muse, et leur histoire d'amour inspire de nombreux poèmes et récits. Dans Ouverture (préface aux Œuvres romanesques croisées, 1964), elle écrit : Je ne suis pas rentrée à Moscou. […] Je t'ai rencontré et je suis restée en France. C'était en 1928. Parallèlement à son activité d'écrivaine, Elsa Triolet est traductrice. Elle traduit la poésie de Vladimir Maïakovski ainsi que les textes de Tchékhov vers le français et promeut en France les romanciers et poètes russes. Elle part vivre un an en URSS avec Louis Aragon, puis l'épouse en 1939 à Paris.
Seconde Guerre Mondiale et Prix Goncourt
Elsa Triolet participe à la Résistance en zone libre. Elle contribue à la rédaction et à la diffusion des journaux La Drôme en armes et Les Étoiles. Elle continue à écrire des nouvelles et Le cheval blanc (1943) à Nice. Finalement, ses activités de résistante la poussent à entrer dans la clandestinité. Sa nouvelle Les Amants d'Avignon est publiée aux Éditions de Minuit en octobre 1943 sous le pseudonyme de Laurent Daniel. Ce texte est réuni à trois autres pour former le recueil Le premier accroc coûte deux cents francs. Sous le pseudonyme de Laurent Daniel, elle obtient le prix Goncourt 1944 et devient la première femme à obtenir ce prix littéraire. Bien qu'elle ait beaucoup voyagé dans les pays soviétiques et en URSS, Elsa Triolet demeure ouvertement peu critique du stalinisme jusque dans les années 1950. Elle exprime finalement sa réprobation du régime dans le roman Le Monument (1957), puis intervient en 1963 pour faire traduire et paraître en France le récit d'Alexandre Soljenitsyne Une Journée d'Ivan Denissovitch.
Elsa Triolet et Louis Aragon
A compter des années 1940, les œuvres d'Elsa et Louis se répondent et s'alimentent. Durant une vingtaine d'années, Elsa est le sujet de recueils de Louis Aragon tels que Cantique à Elsa (1941), Elsa (1959) et du Fou d'Elsa (1964). Il s'installent tous deux au Moulin de Villeneuve, à Saint-Arnoult-en-Yvelines. En 1966, Agnès Varda consacre un portrait documentaire au couple où s'entrecroisent photographies, poèmes et dialogues. Elsa Triolet décède le 16 juin 1970 d'un malaise cardiaque. Elle est enterrée selon sa volonté dans le parc de Villeneuve, entre deux hêtres. Louis Aragon est enterré à ses côtés en 1982. Sur leur tombe on peut lire cette phrase d'Elsa : Quand côte à côte nous serons enfin des gisants, l'alliance de nos livres nous réunira pour le meilleur et pour le pire dans cet avenir qui était notre rêve et notre souci majeur, à toi et à moi.
Les livres d'Elsa Triolet
- A Tahiti (1925)
- Le Cheval blanc (1943)
- Les amants d'Avignon (1943)
- Le premier accroc coûte deux cents francs (1944)
- Le Cheval roux (1953)
- Le Monument (1957)
- Roses à crédit (1959)
- L'âge de nylon : L' âme (1962)
- Écoutez-voir (1968)