Hegel : biographie du philosophe de l'Esthétique
Biographie courte de Hegel - Né en 1770 dans le Saint-Empire romain germanique, Georg Wilhelm Friedrich Hegel s'intéresse dès son plus jeune âge à de nombreuses disciplines : la dramaturgie grecque et latine, les sciences, la psychologie ou encore la théologie. Sa volonté de comprendre le monde qui l'entoure semble déjà sans fin. Après des études en philosophie, il entame une carrière de précepteur à Berne puis à Francfort. Dans le même temps, il poursuit ses travaux de recherche. Il intègre par la suite l'université de Iéna pour y enseigner la philosophie. En 1807, il publie La Phénoménologie de l'Esprit, dans laquelle il expose sa conception de la dialectique, d'où découle l’entièreté de sa pensée philosophique. Obligé d'abandonner Iéna à cause de l'expansion territoriale de l'Empire de Napoléon, il se rend à Nuremberg et écrit La Science de la logique (1812-1816). Il enseigne à Heidelberg, où il publie plusieurs ouvrages comme son Encyclopédie des sciences philosophiques (1817).
Hegel termine sa vie en tant que professeur à l'université de Berlin, laissant derrière lui quelques ouvrages publiés à titre posthume qui consistent en une compilation de ses cours. Influencé par les idées de Platon et des Lumières, fervent défenseur des idées révolutionnaires de 1789, les cours et la pensée de Hegel acquièrent une renommée internationale dès son vivant. Il est, avec Emmanuel Kant et son ami Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling, l'un des plus éminents représentants du courant idéaliste allemand. Ayant pour principal objectif de réunir l’entièreté du réel sous un seul et unique système, la philosophie hégélienne influencera entre autres Mikhaïl Bakounine, Søren Kierkegaard et Karl Marx parmi les plus célèbres. Hegel s'éteint en 1831, à l'âge de 61 ans.
La philosophie de Hegel : le concept de dialectique
Trouvant ses origines chez les penseurs grecs tels que Platon, la dialectique peut au premier abord être considérée comme une méthode philosophique qui s'obtient par la confrontation de différentes opinions, avec pour finalité de tendre le plus possible vers l'idéal de vérité. Pour Hegel, l'ampleur de la dialectique est telle que tout, de la simple situation du quotidien aux concepts les plus abstraits en passant par les sciences ou la religion, est justifiable par cette dernière. Le philosophe allemand considère que la dialectique, et par extension la philosophie, constitue le moteur principal de la pensée. Ce concept est en partie à l'origine du triptyque "thèse - antithèse - synthèse". La première pose l'être, la seconde entraîne une négation de cet être, tandis que la troisième implique un dépassement du concept initial, sans pour autant nier les changements induits par les deux premières étapes. Le réel est de ce fait indissociable des évolutions de la pensée, ceci peu importe l'époque ou l'endroit. Ainsi, Hegel affirme que l'histoire de l'humanité est dialectique, dans la mesure où tout, y compris les guerres et les pires atrocités, peut être justifié par la réfutation, l'annulation des actes passés pour permettre aux civilisations de s'émanciper de leur état originel et de se transcender. Pour citer un exemple, les conquêtes napoléoniennes ont été perçues très négativement par de nombreux États européens, mais dans le même temps ces derniers ont ainsi pu bénéficier de la diffusion des idéaux de la Révolution française de 1789. Pour Hegel, l'histoire n'est moralement ni bonne ni mauvaise, elle est faite de changements perpétuels qu'il convient d'assimiler et de dépasser pour tendre vers un nouvel idéal.
L'Esthétique ou philosophie de l'art chez Hegel
L'Esthétique est l'un des grands sujets d'étude des philosophes idéalistes allemands comme Kant, mais surtout Hegel. Ce dernier a dispensé un certain nombre de cours portant sur la perception du beau dans les disciplines artistiques. Hegel perçoit l'esthétique comme la science permettant de déceler la beauté dans une œuvre d'art. Il considère d'ailleurs ce beau artistique comme supérieur hiérarchiquement à celui de la nature, puisque selon lui toute création de l'esprit humain, qui est issue d'abord de la nature originelle puis de l'esprit, prévaut de ce fait sur le beau naturel. Cet argument s'appuie, comme l'ensemble de la pensée de Hegel, sur la dialectique, l'idée que toute chose progresse dans son être par sa propre négation. Il accorde à l'esthétique des critères bien définis : l'apparence ou encore le message transmis, mais ne souhaite en aucun cas élever l'art au rang de science à part entière.
Hegel distingue trois façons d'appréhender une œuvre d'art. Tout d'abord en tant que production humaine, qui découle de l'esprit et qui permet à l'artiste de rendre compte de sa propre existence. Ensuite, Hegel vient à envisager l'art comme l'expression des sentiments humains, qui aurait pour finalité de satisfaire des désirs. Enfin, il en vient à se demander si le véritable objectif de l'art n'est pas de se suffire à lui-même, avec des intentions diverses, comme une façon d'imiter la nature d'origine. Les nombreuses réflexions posées par Hegel dans ses cours sur l'esthétique ne donnent pas de réponses définitives sur la question artistique. Elles ont néanmoins le mérite d'apporter des pistes sur la manière d'appréhender des disciplines variées, de la peinture au théâtre en passant par la littérature ou la sculpture. C'est en grande partie grâce à Hegel et à d'autres que l'esthétique est aujourd'hui rentrée dans le langage courant et s'applique désormais à de nombreux domaines qui ne tiennent pas forcément compte de considérations artistiques.
Les principaux ouvrages et thèmes abordés par Hegel
Depuis son plus jeune âge, Hegel a toujours été un élève modèle avec la volonté d'apprendre et surtout de comprendre le monde qui l'entoure. Parmi ses réalisations les plus notables, il est possible de citer la Phénoménologie de l'esprit (1807). Le philosophe y expose ses considérations relatives à la conscience et la raison. Il considérait cet ouvrage comme un point d'entrée nécessaire afin de comprendre l'ensemble de sa philosophie et son concept de dialectique. Une bonne partie de ses cours dispensés en université sont regroupés dans un Propédeutique philosophique, où il est notamment question du langage, qu'il considère comme étant le principal reflet de la pensée de l'esprit. Hegel est à l'origine d'une Encyclopédie des sciences philosophiques (1817), où une grande partie de ses idées sont ordonnées en trois parties : "La Science de la logique", "La Philosophie de la nature" et "La Philosophie de l'esprit".
Dans La raison dans l'Histoire (1837), Hegel explicite son rapport à l'histoire de l'humanité en s'appuyant sur son concept de dialectique et où la rationalité du réel supplante l'action des hommes, qui ne sont que des pantins d'une volonté supérieure et n'ont pas véritablement d'impact sur le cours des événements. Cette "ruse de la raison" est explicitée plus en détail dans les Leçons sur le philosophie de l'histoire, où Hegel apporte également son avis sur le rôle et la légitimité d'un État. Enfin, les Principes de la philosophie et du droit (1820) servent de complément aux cours de philosophie du droit dispensés par Hegel, notamment en apportant des éclaircissements sur des concepts tels que les libertés individuelles et l'impact de la société civile sur les décisions étatiques.
Georg Wilhelm Friedrich Hegel : dates clés
- 27 août 1770 : Naissance de Georg Wilhelm Friedrich Hegel
- Hegel naît le 27 août 1770 à Stuttgart dans le duché de Wurtemberg (actuel Land du Bade-Wurtemberg au sud-ouest de l'Allemagne). Il est le fils de Georg Ludwig Hegel, magistrat à la Cour des comptes au service du duc de Wurtemberg, et de Maria Magdalena Louisa Fromm. Il est l'aîné d'une fratrie de trois enfants. Sa sœur Christiane Luise Hegel, née en 1773, entame une carrière de préceptrice comme son grand frère. Ludwig Hegel, le dernier né de la fratrie en 1776, s'engage dans l'armée et succombe au cours de la campagne de Russie de 1812, où la coalition des armées de Napoléon Ier doit abandonner le projet d'invasion de l'Empire russe. Au cours de ses études passées à Tübingen, Hegel se lie d'amitié avec Hölderlin et Schelling. Tous les trois vont devenir des intellectuels importants de leur époque, et comptent parmi les représentants les plus connus de l'idéalisme allemand.
- 1807 : Publication de la Phénoménologie de l'esprit
- Décidé à dépasser l’interdit Kantien de connaître les choses en elles-mêmes, l'en soi, Hegel publie l’ouvrage dialectique "Phénoménologie de l’esprit ". Kant a montré qu’il n’est pas possible d’accéder aux choses mais que l’homme ne pouvait en avoir que des représentations. Hegel cherche à démontrer le contraire en s’appuyant sur la dialectique : chaque connaissance permet de voir naître une autre connaissance qui, sous un aspect contradictoire, est en fait le prolongement de la première. Il prend ainsi la métaphore de la fleur qui est à la fois la négation du bouton et son prolongement, de même pour le fruit vis-à-vis de la fleur.
- 14 novembre 1831 : Décès de Georg Wilhelm Friedrich Hegel
- Hegel décède le 14 novembre 1831 à Berlin. Les causes exactes de sa mort sont sujettes à débat. Certains pensent qu'il a été victime d'une pathologie de l'estomac, par exemple un cancer ou un ulcère gastrique. Mais la piste du choléra semble également plausible, puisque le royaume de Prusse est à cette époque touchée par une violente pandémie. Cette dernière atteint la France en 1832 et fera de nombreuses victimes. Hegel a eu plusieurs enfants avec différentes femmes. Il s'est marié en 1811 avec Marie Helena Susanna von Tucher. Un de ses fils, Karl von Hegel, est devenu un médiéviste reconnu de son époque. Hegel repose dans le cimetière de Dorotheenstadt, aux côtés de ceux de Johann Gottlieb Fichte, un autre philosophe idéaliste allemand.