Stefan Zweig : biographie courte de l'auteur du Monde d'hier
Biographie courte de Stefan Zweig - Né en 1881 dans l'Empire austro-hongrois, le jeune Stefan Zweig est issu d'une famille bourgeoise juive, sans être élevé dans les préceptes de la religion. Après avoir obtenu son diplôme de fin d'études secondaires en 1900, il suit un cursus en philosophie et en histoire de la littérature à l'université de Vienne. En parallèle, il écrit, principalement des poèmes et des récits. Il se rapproche du mouvement Jeune Vienne et de ses membres, comme Hermann Bahr, Arthur Schnitzler et Felix Salten. Par la suite, il voyage, notamment en Allemagne. Il fait la rencontre en 1910 de Romain Rolland, avec qui il noue des liens d'amitié. Tous deux partagent les mêmes idées politiques, la même vision d'une Europe unie et pacifiée. La Première Guerre mondiale influence Stefan Zweig, confronté aux horreurs de cette dernière lorsqu'il se rend en Pologne pour étudier des fonds d'archives. Il se marie en 1920 avec sa compagne de longue date Friderike Maria Burger. Après le conflit, Zweig exprime son souhait de ne plus voir les erreurs du passé se reproduire.
Grâce à ces interventions et sa nouvelle Amok (1922), Stefan Zweig se fait connaître du grand public. Il s'essaye à une grande variété de genres littéraires : romans, nouvelles, biographies, pièces de théâtre, traductions (Baudelaire, Rimbaud, Verlaine, Verhaeren...). En plus de Romain Rolland, il tient une correspondance régulière avec le psychanalyste Sigmund Freud. Il se réfugie à Londres pour échapper aux persécutions du régime nazi du début des années 1930. Comme beaucoup d'auteurs juifs célèbres (Albert Einstein, Bertolt Brecht...), ses ouvrages sont brûlés lors des autodafés de 1933. Au cours de ses voyages, il tombe amoureux du Brésil et s'y installe en 1940. Là-bas, il achève son autobiographie, Le Monde d'hier. Il y exprime ses regrets d'avoir assister à l'âge d'or et à la déchéance progressive des nations européennes. Il se suicide avec sa deuxième épouse en 1942, à l'âge de 60 ans.
Le Monde d'hier. Souvenirs d'un Européen : son récit autobiographique
Commencé lors de son exil en Angleterre et achevé peu de temps avant son suicide, Le Monde d'hier est une autobiographie de Stefan Zweig. Paru en 1943 à titre posthume, elle relate les événements de la vie de l'écrivain autrichien, ainsi que sa vision sur ce qu'il considère comme "l'âge d'or" de la civilisation européenne et son inexorable déclin. Il y exprime ses regrets quant à la montée des régimes nationalistes et fascistes, en partie provoquée par les difficultés économiques de l'après-guerre. Stefan Zweig estime qu'il fait partie d'une génération qui a connu les meilleures années de l'Europe, mais qui paradoxalement a aussi été confronté à ce qui a pu se faire de pire. Il décrit également ses voyages aux quatre coins du monde : de la Russie jusqu'en Inde, en passant par la France, les Etats-Unis et le Brésil. Il fait part des amitiés nouées avec les intellectuels de son époque, que ce soit Romand Rolland, Freud ou encore Émile Verhaeren. Ayant connu les deux guerres mondiales, il exprime son scepticisme face à l'idée qu'une paix durable puisse exister entre les différentes nations européennes et plus largement à l'échelle globale. Ce récit autobiographique de Zweig est encore aujourd'hui très populaire, principalement en raison du caractère très intemporel de ses réflexions, qui peuvent pour la plupart trouver écho dans les sujets d'actualité. Il est vendu chaque année à plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires. Le film Stefan Zweig, adieu l'Europe (2016), réalisé par Maria Schrader, relate une partie des événements de la fin de la vie de l'auteur du Monde d'hier.
L’œuvre littéraire de Stefan Zweig
Les nouvelles et romans de Stefan Zweig
Stefan Zweig a acquis sa renommée grâce à ses romans courts et à ses nouvelles, souvent publiées sous la forme de recueils. Une quarantaine de récits ont été écrits par l'auteur autrichien. Sa première nouvelle, Rêves oubliés (1900), est publiée dans un journal allemand alors qu'il n'a même pas vingt ans. C'est avec le recueil Amok en 1922 qu'il perce dans l'art romanesque. La nouvelle Amok ou le Fou de Malaisie raconte l'histoire d'un médecin rongé par les remords devant son incapacité à venir en aide à une femme souhaitant avorter. Une autre nouvelle du recueil, Lettre d'une inconnue, est centrée sur une histoire d'amour à sens unique entre une jeune fille et un auteur à succès qui éprouve des difficultés à se souvenir de cette dernière. Dans un autre recueil paru en 1927 intitulé La Confusion des sentiments, Zweig décrit dans la nouvelle éponyme les relations ambigües, tantôt amicales tantôt froides, entre un jeune étudiant et son professeur à l'université. Ce recueil contient également la nouvelle Vingt-quatre heures de la vie d'une femme, dans laquelle une jeune épouse quitte son lieu de vacances avec un inconnu. Le narrateur, en prenant sa défense, est épaulé par une vieille dame, qui va lui raconter ses propres aventures amoureuses. Un autre roman court, Le Joueur d'échecs, prend place sur un paquebot où les destins de deux joueurs d'échecs vont se croiser. Publié en 1943, il s'agit de l'une des dernières productions de Stefan Zweig. Deux romans inachevés sont publiés à titre posthume : Ivresse de la métamorphose en 1984 et Clarissa en 1990.
Les biographies de Stefan Zweig
Stefan Zweig a écrit un certain nombre de biographies et d'essais centrés sur la vie de personnages historiques. Il fréquentait les centres d'archives pour ses recherches. Sa capacité à parler et à écrire dans de nombreuses langues (allemand, anglais, français et italien) en plus de l'autrichien lui a certainement facilité la tâche. Le plus connu de ses récits, sur Magellan (1938), raconte la vie et les expéditions de l'explorateur. Zweig n'a jamais caché son intérêt pour l'histoire des grandes monarchies européennes, comme en témoignent deux autres de ses essais biographiques. Le premier, sur Marie-Antoinette (1933), se concentre sur la femme de Louis XVI, guillotinée pendant la Révolution française. Il a également réalisé une biographie de Marie Stuart (1935), dans laquelle il relate le destin tragique de la souveraine d’Écosse et héritière du royaume d'Angleterre. Dans un autre registre, il publie en 1929 la biographie de Joseph Fouché, un personnage politique à la carrière controversée connu sous le Premier Empire comme ministre de la Police. Stefan Zweig est à l'origine d'essais sur des intellectuels et écrivains importants, comme le philosophe Erasme, le romancier Balzac ou encore le poète Verlaine. Il rend aussi hommage à ses amis poètes Émile Verhaeren et Roman Rolland en rédigeant leurs biographies respectives en 1910 et 1929. Enfin, dans son dernier essai intitulé Amerigo (1941), il s'interroge entre autres sur les origines du mot "Amérique" créé à partir du nom de l'explorateur éponyme.
Les autres réalisations de Stefan Zweig : poésie, théâtre...
Stefan Zweig a débuté sa carrière d'écrivain avec la poésie, sans pour autant acquérir la même réputation que ses amis Verhaeren et Rolland. Deux recueils de poèmes ont été publiés : Cordes d'argent (1901) et Les Couronnes précoces (1906). Ses pièces de théâtre ont cependant rencontré un certain succès critique, à défaut d'être considérées comme des chefs-d’œuvre. On peut citer Thersite (1907), Légende d'une vie (1919) et son adaptation de Volpone (1925). Enfin, Zweig a collaboré avec le compositeur allemand Richard Strauss dans le début des années 1930 pour un opéra intitulé La femme silencieuse. La première représentation a lieu en 1935 en Allemagne, mais l'opéra est annulé puisqu'écrit par un juif et donc incompatible avec les valeurs du régime nazi d'Adolf Hitler.
Stefan Zweig : dates clés
- 28 novembre 1881 : Naissance de Stefan Zweig
- Stefan Zweig naît le 28 novembre 1881 à Vienne, capitale de l'Autriche et faisant à l'époque partie de l'Empire austro-hongrois. Il est le fils de Moritz Zweig, juif d'origine tchèque ayant fait fortune dans l'industrie textile, et d'Ida Brettauer. Il a un frère de deux ans son aîné, Alfred. Les deux enfants ont été élevés dans le respect d'une certaine laïcité, et n'ont jamais véritablement suivi les enseignements juifs ; ce qui explique pourquoi Stefan n'appréciait pas qu'on lui applique cette étiquette. Leur mère possédant des origines multiples (allemande, italienne et suisse), les frères Zweig ont très jeunes été habitués à parler des langues étrangères. Stefan est donc dès son plus jeune âge polyglotte en anglais, français et italien.
- 22 février 1942 : Mort de Stefan Zweig
- Stefan Zweig se suicide à son domicile de Petrópolis au Brésil le 22 février 1942. Un an après son divorce avec Friedrike en 1938, il s'installe définitivement en Amérique du Sud jusqu'à la fin de sa vie et épouse Lotte Altmann. Cette dernière met fin à ses jours aux côtés de son époux par le même procédé : un empoisonnement au véronal. Les raisons de son suicide demeurent encore aujourd'hui floues, mais la piste de la dépression semble plausible. Il semble que Zweig, en rejoignant le Brésil et en se coupant du reste du monde, n'ait pas supporté la solitude et la séparation avec ses proches. Il ne laisse derrière lui aucune descendance.