Robert Doisneau : biographie du photographe de l'enfance
Biographie courte de Robert Doisneau - Né en 1912 près de Paris, Robert Doisneau suit une formation de graveur-lithographe à l'école Estienne jusqu'en 1929. Il travaille ensuite en tant que calligraphe dans un atelier parisien. Il y rencontre le photographe Lucien Chauffard qui l'initie à la photographie. A partir de 1931, il suit les enseignements d'André Vigneau et devient son assistant. Pour ses premières photographies, Doisneau s'inspire du courant réaliste de la Nouvelle Objectivité, qui prône une représentation de la réalité sans artifice. Il épouse vers 1934 son amie d'enfance Pierrette Chaumaison, qui partage sa vie jusqu'à sa mort. A la même époque, il est engagé par le fabricant de voitures Renault, mais est renvoyé en 1939 pour son manque d'assiduité. Il commence une collaboration avec la revue Le Point, créée en 1936 par son ami Pierre Bretz. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Doisneau poursuit son activité de photographe indépendant et, grâce à ses talents en calligraphie, fabrique de faux-papiers pour les résistants français sous l'occupation allemande.
Une fois la guerre terminée, Robert Doisneau multiplie les reportages photo sur des sujets variés : la vie parisienne, les banlieues, les enfants, l'école... Il intègre le Groupe des XV, une association créée en 1946 faisant la promotion de l'art photographique, qui compte d'autres photographes célèbres tels que Jean-Philippe Charbonnier, Thérèse le Prat ou Willy Ronis. Il réalise près de 450 000 clichés tout le long de sa vie, qui sont parfois publiés dans des magazines réputés comme Le Point, mais aussi Vogue. Il est possible par exemple de citer La Voiture Fondue (1944), Le Baiser de l'hôtel de ville (1950) et L'Information scolaire (1956) parmi les plus célèbres. Il acquiert une renommée internationale dans la période d'après-guerre. Plusieurs photographies sont achetées par des revues étrangères comme le géant américain Life. Il organise en 1960 une exposition au MCA (Musée d'art contemporain) de Chicago. Il reçoit de nombreuses récompenses : le prix Kodak de 1947, le prix Niepce de 1956 et enfin le Grand Prix national de la photographie en 1983. Il s'éteint en 1994 à l'âge de 81 ans.
Les représentations de l'enfance et de l'école chez Robert Doisneau
Aujourd'hui, Robert Doisneau est principalement reconnu pour ses nombreuses photographies en noir et blanc d'enfants et d'écoliers. Les plus connues ont pour la plupart été prises pendant les Trente Glorieuses. L'une des raisons de leur popularité est sans doute que Robert Doisneau a immortalisé des enfants dans leur vie quotidienne ce qui parlent à chacun d'entre nous. L'école est un lieu privilégié par l'artiste, par exemple pour L'Information scolaire (1956) et Le cadran solaire (parfois appelé La pendule), ce qui permet au spectateur de s'identifier aux jeunes sujets. Certaines situations provoquent l'amusement, par exemple avec les élèves alignés devant les urinoirs dans Pipi Pigeon (1964). Tandis que d'autres nous font éprouver de la nostalgie pour une époque pleine d'insouciance et de souvenirs. Les photographies de Robert Doisneau véhiculent également des messages différents selon la sensibilité. En effet, là où certains voient des enfants en train de s'amuser sur les restes d'une automobile détruite par des obus dans La voiture fondue (1944), d'autres peuvent interpréter cette scène comme une critique de la guerre et le souhait que les erreurs du passé ne se reproduisent pas. Mettre en avant le milieu scolaire est enfin un moyen pour Doisneau de montrer l'importance de l'éducation des futures générations, qui vont devenir les acteurs et les citoyens du monde de demain.
L’œuvre photographique de Robert Doisneau
La carrière de photographe de Robert Doisneau a été particulièrement prolifique. Près de 450 000 clichés ont pu être répertoriés. Ayant habité en région parisienne de sa naissance jusqu'à sa mort, une grande partie de ses photographies dépeignent la vie quotidienne dans la capitale française sous toutes ses formes. De l'agriculture au sport en passant par la religion et la gastronomie, il est difficile de nommer un ou plusieurs sujets qui n'ont pas à un moment ou l'autre été capturés par l'appareil photo de l'artiste humaniste. Le Baiser de l'hôtel de ville (1950), où l'on voit un couple s'embrasser en pleine rue de Paris, est probablement l'un des clichés les plus connus de Robert Doisneau. Publié dans le magazine américain Life, il a grandement contribué à la renommée internationale du photographe, à tel point qu'il a fait l'objet de contentieux juridiques plus de quarante ans après.
Robert Doisneau a dans le même temps permis un véritable rayonnement de l'architecture et de la culture française à l'échelle mondiale : la Tour Eiffel, les bistrots parisiens, la mode, l'amour et le romantisme… Il a mis en avant des lieux aujourd'hui encore très fréquentés par les touristes, comme le quartier des Halles. Enfin, et bien qu'étant particulièrement attaché à son pays natal, Robert Doisneau a aussi beaucoup voyagé à l'étranger. Il a rencontré les grands photographes de l'époque comme André Kertész et a immortalisé les paysages d'autres pays que la France : principalement les Etats-Unis et l'Angleterre.
Robert Doisneau : dates clés
- 14 avril 1912 : Naissance de Robert Doisneau
- Robert Doisneau naît le 14 avril 1912 dans le sud de la région parisienne, plus précisément dans le Val-de-Marne à Gentilly. Il est le fils unique de Gaston Doisneau et de Sylvie Duval. Devant le décès prématuré de sa mère alors qu'il n'a que 8 ans, le jeune Robert se renferme sur lui-même. Il est aidé par son grand-père Louis Doisneau, auquel il rend visite à de nombreuses reprises dans le village de Raizeux dans les Yvelines. Il garde une affection particulière pour ce lieu, puisqu'il y habitera pendant un temps avec sa famille. Il y rencontre d'ailleurs Pierrette Chaumaison, avec qui il se marie une vingtaine d'années plus tard.
- 1er avril 1994 : Décès de Robert Doisneau
- Robert Doisneau décède le 1er avril 1994 à Montrouge dans les Hauts-de-Seine, vraisemblablement de vieillesse. Il rejoint sa femme Pierrette, morte quelques mois auparavant et souffrant de troubles comme la maladie d'Alzheimer et de Parkinson. Il laisse derrière lui deux filles, Annette et Francine, nées respectivement en 1942 et 1947. Elles sont à l'origine de la création de l'Atelier Robert Doisneau, une structure répertoriant l'ensemble des photographies de leur père et assurant la pérennité de son œuvre. Il est enterré aux côtés de son épouse à Raizeux, le village qui a le plus marqué son enfance et qu'il considérait comme "le plus beau pays du monde" d'après sa fille Annette.