Camille Claudel : la sculpture, Rodin, sa folie... Biographie courte
CAMILLE CLAUDEL - Célèbre sculptrice, Camille Claudel est connue pour ses sculptures L'Age mûr ou Clotho. Elle fut également la muse et l'amante de Rodin. Une relation dramatique voire toxique pour l'artiste qui finira internée...
Biographie courte. Sculptrice, figure incontournable de l'Histoire de l'art moderne en France, Camille Claudel a souvent été réduite dans l'imaginaire collectif à son image d'élève, de muse et d'amante d'Auguste Rodin. Elle fera pourtant preuve durant son parcours d'une impressionnante détermination qui l'a poussée à briser continuellement les moules du genre et à créer, même face à l'adversité. Née le 8 décembre 1864 à Fère-en-Tardenoise, quelques années avant son frère, le poète Paul Claudel, Camille Claudel se passionne très tôt pour la sculpture. Elle a commencé à expérimenter l'argile dès son enfance. À l'âge de 12 ans, son père organise une visite du sculpteur Alfred Boucher, qui prend conscience de l'essor de Claudel et lui conseille de s'installer à Paris pour étudier l'art. S'inscrivant à l'Académie Colarossi, Claudel va y perfectionner son style avant de rencontrer, en 1882, l'ami de Boucher, Auguste Rodin, sculpteur de renom.
Quel type de relation Camille Claudel et Auguste Rodin entretenaient-ils ?
Camille Claudel rencontre Auguste Rodin pour la première fois lors d'un cours de sculpture grâce à Boucher. Elle intègre son atelier en 1884 et participe comme les autres élèves du maître à ses sculptures les plus imposantes, en découvrant sa méthode d'observation des profils et l'importance de capturer les expressions. Très vite, une complicité s'installe entre les deux artistes et Camille inspire à Rodin certaines œuvres. Malgré leur différence d'âge et le fait que Rodin soit déjà engagé auprès d'une autre femme, Rose Beuret, les deux amants vivent une passion amoureuse durant plusieurs années. Pourtant, la relation est tumultueuse. Camille Claudel souhaite que Rodin s'engage, mais il refuse le mariage. D'après certaines sources, le couple aurait eu au moins deux enfants et Camille Claudel aurait subit plusieurs avortements, dont un dernier en 1892.
Artistiquement, Camille Claudel restera longtemps cantonnée à la position d'"élève" et, malgré un talent remarquable, demeurera dans l'ombre de son mentor. On l'accuse de le copier et sa relation amoureuse avec l'artiste n'arrange en rien sa réputation. La jeune femme va pourtant se battre pour réaliser son propre cheminement artistique. Camille produit alors beaucoup, mais scandalise le milieu en sculptant des nus très librement.
Les sculptures de Camille Claudel ont aussi eu un impact sur Rodin. Par exemple, sa pièce de 1886, "Jeune fille à la gerbe", est largement considérée comme ayant inspiré "Galatea" de Rodin, achevé quelques années plus tard. Claudel et Rodin travailleront aussi de concert, donnant naissance à des sculptures révélatrices, "Persée et la Gorgone" ou encore la célèbre statue du "Baiser". La première présente un autoportrait de Claudel dans le rôle de la Gorgone Méduse et a souvent été interprétée comme une contemplation de la bataille difficile pour la reconnaissance à laquelle elle a dû faire face dans sa carrière artistique. Les deux pièces coïncident avec la fin de leur relation, en 1893.
"L'Âge mûr", œuvre majeure de la sculpture
Après la rupture du couple, la critique ne reconnaît toujours pas le talent de Camille Claudel, malgré toutes ses productions de qualité ("La Valse" en 1893, "Clotho" en 1893). En 1899, elle cherche toujours à s'affranchir de Rodin. Elle sculpte "L'Âge mûr" et réalise là l'une de ses œuvres majeures. "L'Âge mûr" illustre parfaitement la dégradation de son amour pour l'artiste. Leur relation est devenue laborieuse, Rodin refuse de se séparer de Rose Beuret pour sa maîtresse. Ainsi, cette sculpture la symbolise, le suppliant, tandis que lui se détache d'elle pour rejoindre l'autre femme.
Internée avant sa mort
Après sa séparation d'avec Rodin, Camille Claudel sombre peu à peu dans la folie, allant jusqu'à détruire de rage certaine de ses œuvres. Dans l'isolement et la misère, elle souffre également de l'éloignement de son frère, l'écrivain Paul Claudel, parti aux Etats-Unis. Un frère très croyant qui vise une carrière de diplomate et qui la rejette pour son art et ses mœurs, autant qu'il s’apitoie sur son sort. Camille Claudel sculpte encore et expose ses œuvres en 1905 à la galerie Blot. Mais elle semble de plus en plus gagnée par la paranoïa et le sentiment de persécution. Le 2 mars 1913, elle perd son père, Louis-Prosper Claudel. Il était l'un des derniers dans sa famille à soutenir sa fille et aurait sans doute beaucoup souffert de la voir internée. Au lendemain de sa mort, sa femme, la mère de Camille Claudel, décide pourtant de l'interner de force et signe le certificat de l'hôpital psychiatrique de Ville-Evrard. Camille Claudel sera ensuite transférée à l'asile de Montdevergues et passera le reste de sa vie en hôpital psychiatrique.
Camille Claudel demandera par écrit à sa mère de pouvoir regagner une maison familiale, en vain. Elle n'aura d'ailleurs aucune visite de cette dernière et seulement une dizaine de son frère, en 30 années d'internement. Elle meurt le 19 octobre 1943 à Montdevergues, près de Villeneuve-lès-Avignon, à l'âge de 79 ans des suites de malnutrition. Elle ne possédait plus d'effets personnels au moment de son décès. Un film sorti en 1998, Camille Claudel, est consacré à l'artiste. Une grande partie de l'œuvre de Claudel réside au Musée Camille Claudel à Nogent-sur-Seine, inauguré en 2017.