Le BCG : une parade au coronavirus ?
Plusieurs essais cliniques tentent d'établir l'impact du vaccin BCG sur le Covid-19. Le sérum est suspecté de "diminuer l'importance de l'infection" au virus.
[Mis à jour le 06 mai 2020 à 17h15] Le BCG, un célèbre vaccin antituberculeux, pourrait constituer une barrière au Covid-19. Pour affirmer ou infirmer cette observation, un essai clinique sur cinq-cents soignants sud-africains a débuté le lundi 4 mai 2020. Cette expérimentation randomisée, est réalisée dans un hôpital de la région du Cap sous la direction d'Andreas Diacon. "Certaines observations suggèrent que le BCG a des effets sur le système immunitaire que nous ne comprenons pas encore totalement, notamment qu'il le renforce contre les infections respiratoires", a-t-il indiqué à l'AFP.
En France, l'Inserm travaille également sur les effets de cet antituberculeux. L'institut a développé dans un communiqué : "Le BCG pourrait permettre de diminuer l'importance de l'infection au virus SARS-CoV-2 en stimulant la mémoire de l'immunité innée, première immunité à entrer en jeu face à une infection, et en induisant ainsi une 'immunité innée entraînée'."
"Si on est capable de bien entraîner son système immunitaire, on peut faire face aux réponses inflammatoires. Et l'une des problématiques majeures du Covid-19 est bien la réponse inflammatoire de notre propre organisme, que l'on appelle aussi la réponse de l'hôte : c'est précisément celle qui tue", a théorisé, dans L'Express, Laurent Lagrost, directeur de recherche à l'Inserm de Dijon. En pratique, le BCG permettrait de limiter les réponses immunitaires trop fortes et donc les complications. Un autre de ses avantages est "qu'il est très bien connu (plus de 3 milliards de personnes vaccinées dans le monde) ; que beaucoup de données existent et que ses contre-indications (immunodéficience notamment) sont peu nombreuses et bien identifiées. Enfin, il s'agit d'un des vaccins les moins chers au monde."
Toutefois, des réserves demeurent notamment sur la mémoire vaccinale évaluée entre 15 et 20 ans. Les chercheurs restent prudents et ont entamé des essais cliniques similaires à ceux réalisés en Afrique du Sud. Camille Locht, de l'Institut Pasteur de Lille, a ainsi détaillé en conférence de presse : "Nous prenons des patients fortement exposés, comme le personnel soignant, que nous divisons en deux groupes : un qui reçoit le BCG, et l'autre le placebo." Ensuite, "on compte les personnes qui développent le Covid-19, et si on arrive à des valeurs statistiquement indiscutables, nous pourrons alors, et seulement à cet instant, dire que le BCG protège du coronavirus à un certain niveau", a conclu le Dr Locht. Des études sont également en cours en Australie, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Espagne et au Royaume-Uni.