Contagion du Covid : comment il se transmet, comment se protéger
CONTAGION COVID. Le Covid-19 circule en France depuis janvier 2020. Quels sont les endroits à éviter afin de réduire un maximum le risque d'infection ?
Comment échapper à une contamination au Covid-19 ? Quels sont les lieux à éviter pour réduire les risques ? Une étude du Comcor de l'Institut Pasteur, menée entre le 23 mai e le 13 août 2021, dressait la liste des endroits où le risque d'être infecté par le coronavirus était fort – autrement dit, la liste des espaces à éviter pour réduire les risques d'infection. L'étude a été réalisée dans une période de levée de plusieurs restrictions en France, avec la réouverture des terrasses et lieux culturels le 19 mai 2021, celle des restaurants en intérieur et des salles de sport le 9 juin 2021 et celle des boîtes de nuit le 9 juillet 2021. Ce sont plus de 12 000 cas positifs qui ont été suivis, et plus de 5 000 individus témoins, qui ont tous rempli un questionnaire les interrogeant sur les lieux où ils avaient été exposés au coronavirus.
Selon les résultats de l'étude, c'est lors des soirées privées ou en discothèque que le surrisque d'être contaminé au Covid-19 est le plus élevé : +340% de surrisque chez les moins de 40 ans par rapport à une personne n'ayant pas fréquenté ces lieux.
- Quel surrisque de transmission dans les boites de nuit, discothèques et soirées privées ? C'est là où le surrisque (le risque supplémentaire par rapport à une personne n'ayant pas fréquenté ce lieu) est le plus élevé, selon l'étude Comcor. Les personnes de moins de 40 ans fréquentant ces lieux voient leur risque d'être contaminées augmenter de 340% ; celles de plus de 40 ans de 150%. Dans le détail, de mi-juin à mi-juillet 2021 (soit, pendant l'Euro de football, événement sportif ayant occasionné plusieurs rassemblements de supporters), c'est chez les hommes de moins de 40 ans que le risque était maximal en soirée.
- Quel surrisque de contamination dans les bars ? Les bars sont également un haut lieu de transmission du Covid-19, notai l'étude de l'Institut Pasteur, puisque qu'ils présentent un surrisque de contamination de +90% chez les moins de 40 ans.
- Quel surrisque de contamination dans les transports en commun ? Sur ce sujet, petite surprise : contrairement à ce que disait l'étude précédente (menée à l'automne 2020) sur la même question, le métro représente un surrisque de +20%, le train longue distance de +30%, la voiture entre proches ou entre amis de +30% et l'avion de +70%. Ce dernier résultat doit cependant être interprété avec prudence, car "il est possible que les personnes positives aient en réalité été contaminées à l'étranger lors d'un voyage", avant même d'embarquer, notait l'étude. Un surrisque accru de contamination dans les transports en commun ressort donc de cette enquête.
- Autre son de cloche pour le covoiturage, où aucun surrisque n'était identifié par l'étude : l'épidémiologiste à l'Institut Pasteur Antoine Fontanet pointait, comme possible explication, le fait que "les gens portent plus volontiers le masque quand ils ne connaissent pas ceux avec qui ils voyagent ou que des consignes ont été données".
- Quel surrisque de transmission du Covid-19 dans les commerces, cinémas, théâtres, terrasses des restaurants, salons de coiffure, etc. ? Les lieux culturels, commerces et salons de coiffure n'observent aucun surrisque démontré en leur sein. "Sans doute car on n'y reste pas forcément très longtemps, ou qu'on y respecte bien les gestes barrière. Dans les supermarchés, vous avez souvent beaucoup de hauteur sous le plafond et c'est bien aéré", notait, à cet égard, Mahmoud Zureik, professeur de santé publique et d'épidémiologie à l'université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines. Les terrasses et salles de restaurants n'observaient pas non plus, au moment de l'étude, de surrisque de contamination, du fait du nombre alors limité de clients et de la ventilation efficace .
- Avoir des enfants augmente le risque d'être contaminé. L'étude pointait enfin le surrisque entrainé par le fait de vivre avec des collégiens et des enfants encore moins âgés : selon l'Institut Pasteur, un adulte de moins de 40 ans est 30% plus exposé au risque de contracter le Covid-19 s'il vit avec des 11-14 ans - 90% si les enfants ont moins de trois ans. En cause ? La non-vaccination des moins de 12 ans au moment de l'étude, qui faisait d'eux des vecteurs de transmission du virus.
"Ces résultats soulignent l'importance du respect des gestes barrières, et notamment du port du masque et de l'aération en lieux clos", concluait l'étude.
Comment le Covid-19 se transmet-il ?
Les modalités de transmission du Covid-19 ont soulevé beaucoup d'interrogations depuis le début de la pandémie. Mais selon les dernières conclusions, résumées par le site du gouvernement, le virus se transmet par trois modes. D'abord, par les gouttelettes, des sécrétions respiratoires émises lorsque l'on parle, tousse ou éternue : ces gouttelettes, d'un diamètre moyen de 10 à 20 microns à la sortie de la bouche ou du nez, peuvent être projetées jusqu'à deux mètres de l'individu porteur du virus. La contamination s'opère si ces gouttelettes atteignent, directement ou indirectement, le visage d'une autre personnes. Le virus peut aussi être transmis par aérosols, des particules solides ou liquides encore plus petites que les gouttelettes (de 0,7 et 1,25 microns) qui restent en suspension dans l'air. Ce mode de transmission est plus susceptible d'advenir dans un espace peu aéré. Enfin, on peut attraper le Covid-19 en touchant une surface contaminée avec les mains, puis en portant les mains au visage.
Dans tous les cas, un individu est contaminé lorsque son nez, ses yeux ou sa bouche entrent en contact, directement ou indirectement, avec les sécrétions nasales ou orales d'un autre individu contaminé. Ces différents mode de contamination soulèvent néanmoins de nombreuses questions.
Pendant combien de temps un malade du coronavirus est-il contagieux ?
La durée de contagion d'une personne infectée par le coronavirus est une donnée clé pour la lutte contre les contaminations. Il semble cependant qu'elle varie d'un variant à un autre du Covid-29. Selon l'Organisation mondiale de la Santé, les personnes infectées peuvent transmettre le Covid "juste avant qu'elles développent des symptômes (à savoir deux jours avant l'apparition de symptômes) et au tout début de la maladie". C'est à ce moment là qu'elles sont les plus contagieuses. Selon la forme de la maladie, cette période de contagion peut être plus ou moins longue. L'OMS précise ainsi que "les personnes qui développent une forme grave de la maladie peuvent être contagieuses plus longtemps". Le cas des asymptomatiques est aussi clairement abordé par l'organisation qui assure que "quelqu'un qui ne développe jamais de symptômes peut transmettre le virus à autrui".
Le gouvernement français, pour sa part, indique que "le délai d'incubation", autrement dit "la période entre la contamination et l'apparition des premiers symptômes" est de 3 à 5 jours en général. "Il peut toutefois s'étendre jusqu'à 14 jours", écrit encore le ministère de la Santé. Et c'est bien pendant cette période de 3 à 14 jours qu'un malade peut être contagieux.
Le vaccin est-il efficace sur la transmission ?
Devant la persistance de l'épidémie malgré les campagnes actives de vaccination, de nombreuses figures antivax ont pointé une inefficacité du vaccin à empêcher la transmission du Covid-19. Plusieurs études ont cependant montré qu'en plus de réduire les symptômes en cas d'infection, le vaccin réduisait la transmission. Un rapport de Nature Medicine, publié le 10 juin 2021, notait qu'au sein d'une population, le taux de vaccination des adultes à Pfizer influait sur le taux de contamination des personnes de moins de 16 ans, encore non vaccinées : plus les adultes étaient vaccinés, moins il y avait de contaminations chez les enfants. Une autre étude de Nature Medicine, parue en mars 2021, notait déjà que lorsqu'une personne vaccinée contractait malgré tout le Covid-19, sa charge virale était moindre, réduisant par conséquent le risque qu'elle contamine d'autres personnes.
Comment éviter au maximum de se contaminer dans une voiture ?
Le Covid-19 est donc plus enclin à se propager dans les milieux clos. Cependant, des chercheurs de l'Université du Massachusetts ont trouvé le moyen d'éviter de se contaminer lors d'un trajet en voiture. Cette étude a été publiée dans la revue Science Advances le 4 décembre 2020. Les scientifiques ont utilisé une Toyota Prius roulant à 80 km/h pour les besoins de cette recherche. Les chercheurs ont immédiatement exclu l'utilisation du mode "recirculation de l'air" de la voiture. Ce qui est le plus adapté, c'est l'ouverture des fenêtres. Il est préférable de toutes les ouvrir lors du trajet. Cependant, lorsqu'il fait froid ou qu'il pleut, cela semble compliqué de les maintenir ouvertes. Dans ces scénarios, les chercheurs ont expliqué que le conducteur à gauche devait ouvrir la fenêtre à sa droite. Le passager doit quant à lui être assis en diagonale derrière le conducteur du véhicule, puis ouvrir la fenêtre à sa gauche. L'air peut ainsi continuer de traverser la voiture ! "A notre grande surprise, les simulations ont montré un courant d'air qui agit comme une barrière entre le conducteur et le passager ", ont précisé les scientifiques.
Le Covid-19 peut-il se transmettre par l'air ?
A la suite d'une alerte lancée au début du mois de juillet 2020 dans la revue Clinical Infectious Diseases d'Oxford par 239 scientifiques, l'OMS a reconnu la possibilité d'une transmission par l'air du Covid-19. "Nous reconnaissons que des preuves émergent dans ce domaine et par conséquent nous devons être ouverts à cette possibilité et comprendre ses implications", a déclaré Benedetta Allegranzi, une responsable de l'OMS, lors d'une conférence de presse virtuelle le mardi 7 juillet 2020.
La communauté scientifique s'accorde désormais à dire que le Covid-19 peut se transmettre par aérosols, des particules liquides ou solides tellement légères qu'elles restent en suspension dans l'air. D'où la préconisation d'aérer les espaces clos pour limiter les contaminations. Selon une étude de l'institut de recherche Riken et de l'université de Kobe, menée en 2020, l'humidité de l'air réduirait également la transmission par aérosols. Si plusieurs études ont avancé que les aérosols, plus petits que les gouttelettes, étaient moins dangereux car moins chargés en virus, ils peuvent cependant être projetés bien plus loin par une personne contaminée, donc atteindre potentiellement plus d'individus.
La climatisation influe-t-elle sur la propagation du virus ?
Les lieux clos mal ventilés sont particulièrement propices à la propagation de la maladie infectieuse. Comme l'indique l'OMS, "l'amélioration de la ventilation en intérieur réduit le risque que le virus ne se propage dans les espaces intérieurs." Cependant, les déplacements d'air provoqués par un ventilateur peuvent aussi faire circuler les gouttelettes et les aérosols : "L'utilisation d'un ventilateur dans un espace clos peut augmenter la propagation du virus", confirme l'OMS, qui précise donc qu'il est "important d'ouvrir les fenêtres et les portes lorsque vous utilisez un ventilateur afin de remplacer l'air intérieur par l'air extérieur".
Que sait-on de la transmission du coronavirus par les objets ?
L'Organisation mondiale de la Santé écrit que "les personnes porteuses du virus peuvent laisser des gouttelettes infectieuses lorsqu'elles éternuent, toussent ou touchent des objets ou des surfaces, comme les tables, les poignées de porte et les rampes". Si la transmission par voie cutanée est totalement exclue, on peut néanmoins être infecté par le virus en se touchant les yeux, le nez ou la bouche après avoir touché ces surfaces contaminées et avant de s'être lavé les mains, selon l'OMS. Selon le gouvernement français, le virus pourrait, "dans certaines conditions, rester infectieux jusqu'à quelques heures sur une surface contaminée" ou même "survivre, sous forme de traces, plusieurs jours". "Toutefois, ce n'est pas parce qu'un peu de virus survit que cela est suffisant pour contaminer une personne qui toucherait cette surface", est-il précisé. Selon la page gouvernementale dédiée au coronavirus, "au bout de quelques heures, la grande majorité du virus meurt et n'est probablement plus contagieux".
La question de la contamination par les objets a été posée dès le début de la crise sanitaire. Dans le New England Journal of medecine, à la mi-mars 2020, des chercheurs ont démontré que le Covid-19 perdurait quatre heures sur le cuivre et le métal, 24 heures sur du carton, trois jours sur du plastique, quatre jours sur le bois et l'acier, cinq jours sur du verre. De facto, les poignées de portes, les plans de travail et autres livres peuvent présenter des traces du virus.
Cependant, ces conclusions sont aussi à nuancer. De fait, la charge virale est bien inférieure hors expérience en laboratoire. Selon un article publié dans le Journal of Hospital Infection "en dessous de 10 000 particules, le virus résiste moins de 5 minutes, quelle que soit la surface".
Le Covid-19 peut-il passer par les aliments et par l'eau ?
"Au vu des informations disponibles à ce jour, le passage de la Covid-19 de l'être humain vers une autre espèce animale semble peu probable, et l'éventuelle contamination des denrées alimentaires d'origine animale à partir d'un animal infecté par la Covid-19 est exclue", indique le gouvernement sur son site dédié au coronavirus, alors que la question de la transmission de l'homme à l'animal et de l'animal à l'homme est posée. L'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail) s'est prononcée assez tôt en tout cas sur la question de l'alimentation. Selon l'agence, "la possibilité de transmission directe du virus par un aliment issu d'un animal contaminé a été exclue par les experts". En revanche, "une personne infectée peut contaminer les aliments en les préparant ou en les manipulant". Aussi, l'agence conseillait de cuire la nourriture, a minima, pendant quatre minutes à 63°C et de continuer à respecter les règles d'hygiène habituelles lors de la manipulation et de la préparation des denrées alimentaires.
Concernant une contamination par l'eau, le Centre d'information sur l'eau a certifié que "les différentes étapes de traitement protègent l'eau des virus, dont le coronavirus". Plusieurs méthodes de désinfection "comme la chloration, l'ozonation, ou encore la désinfection par ultraviolets permettent d'éliminer tous les virus, dont le coronavirus". Il est précisé que le "risque lié au Covid-19 en lui-même ne justifie pas de surchlorer". Une étude espagnole a également rassuré les plus inquiets à ce sujet.
Dans les deux cas, se pose la question de la transmission du coronavirus par voie digestive. Mais celle-ci a été rapidement jugée peu probable par les experts. Selon le consensus scientifique, le coronavirus semble être une maladie "à tropisme respiratoire primaire", autrement dit exclusivement transmissible par voie respiratoire. Les troubles gastro-intestinaux, régulièrement constatés chez les malades, seraient des symptômes secondaires, plutôt que la manifestation d'une entrée directe par voie digestive. "Au vu de ces éléments, la voie de transmission du SARS-CoV-2 par voie digestive directe a été écartée" par les experts d'un GECU, un "Groupe d'expertise collective d'urgence" réuni par l'Anses dès mars 2020 sur le sujet.
La transmission du coronavirus par voie sexuelle est-elle possible ?
Des doutes ont été émis sur une possible transmission du coronavirus par voie sexuelle et plus précisément par le sperme. Une étude chinoise, parue début mai 2020 dans le Journal of American Medical Association, évoque cette possibilité. L'expérimentation a été réalisée sur 38 sujets porteurs du Covid-19. Chez 16% des patients, le sperme s'est révélé positif au virus. Cependant, un sperme positif n'induit pas forcément une transmission du virus. Si les études manquent encore à ce sujet, l'OMS rappelle que les coronavirus ne sont habituellement pas sexuellement transmissibles. A ce stade, seule la voie respiratoire est reconnue comme moyen de transmission du coronavirus, aucune autre étude n'ayant confirmé une transmission par voie sexuelle. En revanche, la proximité physique induite par un rapport sexuel peut faciliter les contaminations par voie respiratoire.
La transmission intra-utérine a-t-elle été prouvée ?
Une étude française, publiée dans la revue scientifique Nature Communications en juillet 2020, confirmait la contamination intra-utérine au Covid-19. Pour ce faire, l'équipe de recherche de l'hôpital Antoine-Béclère de Clamart (Hauts-de-Seine) a analysé le cas d'un bébé, de sexe masculin, né en France en mars et souffrant de symptômes neurologiques associés à la maladie. "Nous avons montré que la transmission de la mère au fœtus est possible via le placenta dans les dernières semaines de grossesse", a expliqué à l'AFP le docteur Daniele De Luca, auteur principal de l'étude. Après une batterie d'examens, il s'est avéré que la charge virale la plus importante a été trouvée dans le placenta. "Il est passé de là, à travers le cordon ombilical, vers le bébé, où il s'est développé", a précisé le docteur De Luca. La spécialiste a rappelé : "Le principal message pour les femmes enceintes reste d'éviter l'infection, par le lavage des mains et la distanciation sociale".
Comment éviter une contamination ?
Afin d'éviter de possibles contagions, il faut respecter les gestes barrières en plus des règles d'hygiène traditionnelles. La distance d'un mètre est préconisée depuis le début de l'épidémie pour éviter d'inhaler les gouttelettes éventuellement projetées par un malade. Il en va de même du lavage de mains régulier, pour éviter les contaminations indirectes, par inhalation de particules au moment où on se touche le visage, la bouche, le nez ou les yeux. Il est aussi recommandé de se saluer sans se toucher ou se serrer la main, de se moucher dans un mouchoir à usage unique et, en cas de toux ou d'éternuement, de se couvrir le nez et la bouche avec le pli du coude. Le port du masque couvrant la bouche et le nez est un moyen de protection efficace. La visière en plastique offre une protection limitée, même si elle permet de mieux respirer qu'un masque chirurgical ou en tissu.
Le port du masque n'est pourtant pas à lui seul une garantie contre une contamination. Il peut ne pas suffire si les autres conditions ne sont pas remplies. Le "modèle emmental" a été évoqué par plusieurs experts, dont la Haute autorité de santé (HAS). Cette théorie, inspirée du modèle élaboré en 1990 par James Reason, professeur de l'université de Manchester, pour expliquer les accidents, est assez parlante : chaque barrière (masque, distance, ventilation etc.) pourrait être représentée par une tranche de fromage. Chacune de ces tranches présentant des trous, elle ne peut être efficace à 100% si elle est prise seule. Il est indispensable de les superposer pour éviter la contamination. Les gestes barrières sont donc à respecter. Il en va de même pour le port du masque, qui permet de se protéger face au Covid-19.