Chat, chien et coronavirus : transmettent-ils le Covid ? Ce que l'on sait

Chat, chien et coronavirus : transmettent-ils le Covid ? Ce que l'on sait Un chat est décédé en Espagne au mois de mai 2020. Son autopsie a démontré qu'il était atteint par le coronavirus. Quels sont les risques de transmission du Covid-19 des animaux à l'homme ? Et inversement ?

S'il y a bien une question qui subsiste chez les propriétaires d'animaux de compagnie, c'est bien de savoir si ces derniers peuvent être contaminés par le coronavirus. La réponse est malheureusement oui, en particulier chez les chats. Selon une étude publiée le 1er septembre 2020 dans la revue Emerging Microbes & Infections, des chercheurs chinois ont découvert que ces félins sont plus sensibles à la maladie que d'autres animaux. Lors de ces recherches, des échantillons ont été prélevés sur 102 chats qui sont issus de la ville de Wuhan en Chine, le berceau de la pandémie. Quinze d'entre eux présentaient des anticorps, preuve qu'ils avaient été contaminés par le coronavirus. Cependant, tous les chats de l'étude ne laissaient pas transparaître de symptômes.

A l'heure actuelle, la transmission du Covid-19 du chat à l'homme n'est pas démontrée. Le contraire par contre, semble possible. Cette idée repose sur des recherches menées sur Negrito, un chat âgé de quatre ans, publiées dans le journal Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) le 18 septembre 2020. Alors qu'il avait développé de sévères troubles respiratoires, il a été emmené dans un hôpital vétérinaire à Badalona, près de Barcelone en Espagne. La gravité de son état a mené à son euthanasie en mai 2020. Le félin avait pour propriétaire un homme atteint par le coronavirus, décédé de la maladie. Suite à cette situation, les chercheurs ont effectué des recherches antemortem et postmortem qui ont démontré que le chat était victime d'une cardiomyopathie hypertrophique féline et du Covid-19. Un autre chat qui vivait dans le même foyer, appelé Whisky, a été suivi par les scientifiques. Ils ont découvert que ce dernier avait développé des anticorps tout comme Negrito, mais qu'il ne présentait pas de signes du coronavirus. Julia Blanco, chercheuse à l'IrsiCaixa, un institut de recherche sur le VIH, a expliqué que "c'est important car cela montre que le système immunitaire des chats peut combattre le SARS-CoV-2 et, dans ces cas spécifiques, les protéger de l'apparition de symptômes". Les cas de transmission de la maladie de l'homme à l'animal restent tout de mêmes rares.

Des études qui vont toutes dans le même sens

L'unité mixte de virologie EnvA-Anses-Inrae a étudié la transmission du Covid-19 chez le chat. L'équipe de recherche a réalisé des prélèvements rectaux et nasopharyngés sur une dizaine d'animaux. "Un chat a été testé positif par qRT-PCR sur prélèvement rectal", a rapporté l'EnvA dans un communiqué. Le félin, probablement contaminé par ses propriétaires, "présentait des signes cliniques respiratoires et digestifs." Sophie Le Poder, professeure de virologie à l'EnvA, co-auteure de la publication a commenté : "Il n'est pas forcément étonnant de retrouver un chat porteur de ce virus puisque cela a déjà été décrit, à Hong Kong (un cas), en Belgique (un cas) et à New York (deux cas)." Toutefois, elle a assuré que "cela reste un phénomène rare puisque même en cherchant de manière pro-active, dans une région où le SARS-CoV-2 circule de manière importante, nous n'avons pour le moment détecté qu'un seul animal positif." 

Auparavant, l'Institut Pasteur en collaboration avec des équipes de l'École Nationale Vétérinaire d'Alfort a étudié la transmission du virus chez l'animal. Pour ce faire, ils ont testé 9 chats et 12 chiens en contact "très étroit avec leurs propriétaires" malades du Covid-19. Dans un communiqué l'Institut Pasteur a rapporté que "bien que quelques animaux de compagnie aient présenté quelques signes cliniques compatibles avec une infection au coronavirus, aucun animal n'a été testé positif pour le SARS-CoV-2, par méthode PCR et aucun anticorps contre le SARS-CoV-2 n'a été détecté dans leur sang à l'aide d'un test sérologique." L'équipe de recherche a conclu que "ces données suggèrent que les animaux domestiques (chiens et chats) ne sont pas aisément infectés par le virus SARS-CoV-2 même en contact avec des propriétaires infectés."

Ces données de l'Institut Pasteur confortent l'avis rendu, le 15 avril 2020, par l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES). À la lumière des nouvelles connaissances scientifiques l'établissement a conclu "qu'il n'existe actuellement aucune preuve que les animaux domestiques (animaux d'élevage et de compagnie) jouent un rôle épidémiologique dans la diffusion du SARS-CoV-2. De plus, aucun cas de contamination de l'Homme par un animal de compagnie n'a été à ce jour rapporté." 

Cette conclusion repose notamment sur une étude chinoise publiée début avril. Il en est ressorti que chez les chiens, les porcs, les poulets et les canards le nouveau coronavirus se "reproduit mal". En revanche, "les jeunes chats sont réceptifs au virus". L'essai clinique a permis d'identifier "des lésions au niveau de l'appareil respiratoire" du félin. Les furets et les hamsters sont également sensibles au virus. 

Appliquer les "gestes barrières"

Au regard de ces données, l'ANSES a rappelé "la nécessité de préserver les animaux de compagnie d'un contact étroit avec les personnes malades et d'appliquer les mesures d'hygiène de base lors du contact avec un animal domestique en se lavant les mains avant et après l'avoir caressé, après le changement de sa litière, et d'appliquer les 'gestes barrières' dans toute situation."

Par ailleurs, dans un rapport du 11 mars 2020, les experts de l'ANSES ont exclu "la possibilité de transmission directe du virus par un aliment issu d'un animal contaminé." Si contamination alimentaire il y a, elle est d'origine humaine. "Une personne infectée peut contaminer les aliments en les préparant ou en les manipulant avec des mains souillées, ou en les exposant à des gouttelettes infectieuses lors de toux et d'éternuements." Afin de pallier une contamination éventuelle, l'ANSES recommande un "traitement thermique à 63°C pendant 4 min". 

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