Guerre du Mali : la conséquence de la chute de Kadhafi
La guerre du Mali est un conflit armé commencé en 2012 où la France est engagée militairement dès janvier 2013. Résumé de cette guerre où Touaregs, Djihadistes et Maliens s'affrontent.
Résumé de la guerre au Mali - La guerre du Mali est la conséquence d'un engrenage lié à la guerre du Sahel visant à s'opposer à la République malienne. Les tensions au Mali commencent dès 1990 avec de multiples rébellions qui éclatent au nord du pays. En 2011, la guerre libyenne ranime indirectement les tensions dans la région : la chute du président libyen Kadhafi jette de nombreux Touaregs engagés dans l'armée libyenne (entre 2 000 et 4 000 soldats) dans les bras de la rébellion, animés par la haine contre la France qui a été un acteur majeur dans la déstabilisation du régime libyen. Le Mali devient également le terreau de mouvements djihadistes. Près de 6 500 hommes composent différents groupes armés djihadistes qui souhaitent profiter de l'instabilité de la région pour instaurer un Etat islamique au Mali régi par la Charia. En janvier 2013, la France intervient militairement sur le terrain malien avec un mandat de l'ONU pour garantir la stabilité de la région. Elle s'en retirera en 2022 après la chute du président malien Keïta.
Quelles sont les causes de la guerre du Mali ?
La guerre du Mali éclate en raison de plusieurs facteurs. Le pays était déjà sous tension dès les années 1990 et le début de la guerre du Sahel. L'insurrection islamiste dans la région du Sahel (Mali, Niger, Mauritanie…) par l'influence d'Al-Qaïda et de l'Etat islamique fragilise le nord du pays. La légitimité de l'Etat malien est contestée pour ses rapports avec la France dont le passé colonial est vivement réprouvé par une frange non négligeable de la population arabe et malienne. La guerre civile libyenne et la chute de Kadhafi dès 2011 embrasent la situation : de nombreux matériels et arsenaux militaires sont pillés par les Touaregs pour armer les différents groupes insurrectionnels maliens et djihadistes. Une grande partie des militaires du régime libyen déchu viennent gonfler les rangs des insurgés et gagnent les rangs du MNLA (mouvement national de libération de l'Azawad) ou des réseaux djihadistes dans la région. En 2012, les rébellions touarègues déstabilisent le nord du Mali par l'attaque de plusieurs camps militaires maliens, le MNLA réclamant l'autodétermination et l'indépendance de l'Azawad (territoire nord-malien revendiqué par les Touaregs).
Comment s'est déroulée la guerre du Mali ?
La guerre du Mali commence dans la région de l'Azawad le 17 janvier 2012 par l'attaque simultanée de plusieurs camps militaires maliens par le mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA). Ces derniers sont également soutenus par différents groupes djihadistes, comme l'AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamiste). La ville de Ménaka tombe aux mains du MNLA et des djihadistes dès fin janvier. Au cours des semaines suivantes, d'autres villes tombent à leur tour, comme Tessalit ou Aguel'hoc. Plusieurs centaines de prisonniers de l'armée loyaliste sont exécutés, ce qui inquiète les différentes organisations internationales. L'expansion de l'insurrection ne cesse de s'accroître : entre autres, les villes capturées par les insurgés sont en proie à de véritables guérillas entre partisans du MNLA — groupuscules islamistes — et la milice loyaliste, tandis que des civils soupçonnés de loyalisme sont sauvagement exécutés. Le conflit s'envenime avec le coup d'Etat militaire de la nuit du 21 au 22 mars 2012, renversant le président malien Amadou Toumani Touré et la constitution de la République du Mali.
Le 6 avril 2012, le MNLA annonce la fin de son offensive et proclame l'indépendance de l'Azawad. Néanmoins, les divergences idéologiques entre les indépendantistes et les djihadistes mettent fin à leur alliance. De nouvelles scènes de guérillas éclatent au nord du Mali entre MNLA et djihadistes. En janvier 2013, les différents groupes djihadistes parviennent à chasser le MNLA de Gao, Tombouctou, Kidal et Ménaka. Ils proclament alors la Charia. L'ONU, craignant que l'instabilité ne soit profitable au développement des groupes djihadistes en Afrique, mandate la France pour intervenir militairement avec l'aide de plusieurs pays africains. L'opération Serval débute : en quelques jours seulement, les djihadistes sont écrasés et repoussés. La France restera au Mali jusqu'en 2022 pour garantir la stabilité du pays. Mais le départ français amène le nouvel Etat malien à se tourner vers les Russes pour garantir la stabilité du pays. La Russie envoie un groupe de mercenaires, le Groupe Wagner, dont les exactions sont encore à ce jour dénoncées par différentes organisations internationales.
Pourquoi la France a-t-elle envahi le Mali ?
La France intervient militairement au Mali en janvier 2013. Elle déclenche l'opération Serval qui est la première opération visant à libérer les villes maliennes occupées par les djihadistes d'Al-Qaïda. Ses différents objectifs visent principalement à restaurer la stabilité dans la région nord du Mali et à empêcher le développement des groupuscules terroristes djihadistes liés à Al-Qaïda. Parmi ses missions confiées par l'ONU, elle doit également sécuriser près de 6 000 ressortissants français (diplomates, civils, journalistes…) et protéger ses intérêts économiques dans la région. Le 1er août 2014, l'opération Barkhane est lancée après l'attentat kamikaze contre une patrouille blindée française et l'expansion de réseaux djihadistes dans l'ensemble des pays de la région du Sahel : cette opération prévoit le déploiement de 3 000 soldats dans l'ensemble du Sahel et du Sahara à des fins de lutte contre le terrorisme. Face aux pressions de la population et du gouvernement maliens, ainsi que l'arrivée du Groupe Wagner, la France décide de quitter le Mali le 15 août 2022.
Quelles forces s'opposent au Mali ?
Différents camps s'affrontent durant la guerre du Mali. D'abord, la guerre oppose la République du Mali aux différentes forces insurrectionnelles, comme le MNLA, le MAA (mouvement arabe de l'Azawad), ou encore le MSA (mouvement pour le salut de l'Azawad). Ces derniers seront rejoints par de nombreux groupes terroristes djihadistes comme Ansar Dine, l'AQMI, les forces de Boko Haram ou encore l'Etat islamique dans le Grand Sahara. Dès janvier 2013, la République du Mali est soutenue par l'ONU et les Casques bleus ainsi que la France, mais aussi par différentes puissances africaines ayant rejoint la MISMA (mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine) : entre autres, le Burkina Faso, le Cap-Vert, la Guinée, le Niger ou encore le Sénégal et le Tchad. En 2018, suite à des accords entre la France et la Grande-Bretagne, le Royaume-Uni apporte un soutien militaire avec 240 soldats pour former l'armée malienne et épauler l'armée française. En 2022, les Russes interviennent à leur tour avec le Groupe Wagner, dont les positions restent encore à déterminer.
Qui est le vainqueur de la guerre du Mali ?
A ce jour, il n'y a pas de vainqueur de la guerre du Mali. Le conflit est encore en cours, même si l'influence des groupes djihadistes s'est drastiquement réduite dans la région du Sahel et au Mali. En 2013, un premier accord est signé entre les groupes armés rebelles du MNLA et la République du Mali pour négocier la paix : c'est l'accord de Ouagadougou. L'accord d'Alger en 2015 a permis un court cessez-le-feu entre les deux belligérants. Le retrait des forces françaises est contraint en raison d'un contexte de fortes tensions entre Bamako et Paris.
En 2023, le Mali est en proie à des tensions croissantes marquées par des attaques djihadistes et des raids menés par le Groupe Wagner. Le pays est également témoin de combats entre groupes djihadistes rivaux. Le gouvernement demande le retrait de la mission de l'ONU au milieu d'accusations contre les forces armées maliennes. La situation demeure tendue et complexe dans le pays.
Combien de morts a fait la guerre du Mali ?
La guerre au Mali a causé de nombreuses morts civiles et militaires. Près de 6 000 soldats sont morts, dont 64 du côté français. Le Mali est le pays qui paie le plus lourd tribut en termes de pertes : environ 2 000 morts militaires. Entre 4 000 et 5 000 djihadistes sont également tombés durant le conflit. Côté civil, on dénombre au moins 4 000 morts, dont l'écrasante majorité est le fait des exactions des groupes terroristes inféodés à l'Etat islamique, et des guérillas entre loyalistes et insurgés.
Quelles sont les conséquences de la guerre du Mali ?
La guerre du Mali a eu de nombreuses conséquences à l'échelle africaine et européenne. De nombreux réfugiés ont dû fuir leur pays en guerre. De nombreux crimes de guerre ont également été perpétrés et ont causé près de 4 000 pertes civiles : application de la Charia, prisonniers de guerre, enfants soldats, exécutions barbares… La junte militaire est désormais au pouvoir au Mali et a instauré une politique martiale dans le pays, aidée des mercenaires du Groupe Wagner tristement célèbre pour ses nombreuses exactions.