Bataille de Sadowa : victoire prussienne décisive de 1866
Le 3 juillet 1866 se déroule la bataille de Sadowa (ou Königgrätz), pendant la guerre austro-prussienne. La victoire de la Prusse fait alors l'effet d'une bombe en Europe.
Résumé de la bataille de Sadowa - Dans un contexte de lutte pour le pouvoir menée par le chancelier prussien Otto von Bismarck, la bataille de Sadowa (en Bohême orientale, près de l'Elbe), éclate entre la Prusse et l'Autriche, en juillet 1866. Le chancelier souhaite étendre les terres germaniques pour fonder un Empire doté d'une puissance inégalée. Avec trois fois plus d'effectifs que lors de la bataille d'Austerlitz, cette guerre austro-prussienne cause beaucoup de dégâts humains et matériels dans les deux camps. L'Autriche y est vaincue, grâce notamment à un armement prussien très moderne, et à un plan de bataille millimétré par Bismarck. Toute l'Europe tremble lors de ce conflit, qui n'est pas sans conséquence sur les marchés financiers de Londres ou encore de Paris. Quatre ans plus tard, la Prusse s'attaque à la France, faisant renaître les rancœurs d'anciennes défaites (notamment Iéna). La France perdra d'ailleurs l'Alsace et la Lorraine à l'occasion de la guerre franco-allemande de 1870.
Pourquoi la bataille de Sadowa a-t-elle eu lieu ?
Les querelles entre la Prusse et l'Autriche prennent leur source lors du congrès de Vienne, qui a redessiné la carte de l'Europe en 1815. Au départ alliées contre le Danemark lors de la guerre des Duchés, l'Autriche et la Prusse entrent en conflit quand la Prusse occupe un territoire qui revient à la République tchèque (le Holstein). L'Autriche mobilise une armée, et la Prusse lui déclare officiellement la guerre le 19 juin 1866. C'est le début de la guerre austro-prussienne (juin 1866 - août 1866). Le chancelier prussien, Otto von Bismarck, entend dominer les territoires germaniques et cela au détriment de l'Autriche. Son but : unifier l'Allemagne autour de la Prusse, tout en excluant les terres autrichiennes.
Quelques mois avant la bataille, en octobre 1865, Bismarck rencontre Napoléon III lors de l'entrevue de Biarritz. Après un échange courtois, mais froid, l'empereur partage la prise de position du chancelier sur les questions de l'Autriche et de la Vénétie. A l'issue de plusieurs jours de dialogue, Napoléon III ne prend finalement pas parti, contrairement à l'Angleterre. La discussion ne semble avoir abouti à rien, si ce n'est de l'incompréhension de la part de l'empereur à l'égard de Bismarck. Pourtant, à la fin de la guerre austro-prussienne, lors des pourparlers de Nikolsburg, l'empereur participe et arbitre les négociations. Il est ainsi convenu que l'Autriche remette à la France la Vénétie, pour qu'elle soit ensuite cédée à l'Italie au cours du traité de Vienne du 3 octobre 1866, une cession directe n'étant pas politiquement envisageable.
Comment s'est déroulée la bataille de Sadowa ?
Le 3 juillet 1866, près de Königgrätz (Bohême), les hommes du général prussien Helmuth von Moltke affrontent ceux de Ludwig von Benedek, le général autrichien. Au départ, les Prussiens sont en sous-effectif, car l'armée du prince n'est avertie que tardivement, et la pression est importante dans les rangs. Le plan de von Moltke consiste à positionner ses troupes en arc de cercle le long du chemin de fer prussien. Son objectif est d'encercler son ennemi. Ce matin du 3 juillet 1866, une première attaque prussienne a lieu dans les bois de Swiepwald, avant de prendre le village de Sadowa. En fin de matinée, les troupes prussiennes qui manquaient à l'appel arrivent en renfort. Vers 13 h, c'est le coup de grâce sur l'armée autrichienne, avec la prise de Chulm, où ce qu'il reste de la troupe se trouve en grande difficulté. Le général von Benedek ne change pas pour autant ses plans, et le prince de Saxe lance une dernière attaque, mais c'est un nouvel échec. Aux alentours de 15 h, Benedek donne enfin l'ordre de retraite générale à son armée.
Qui a gagné la bataille de Sadowa ?
Même si la rapidité de rassemblement de l'armée autrichienne a grandement surpris les Prussiens, ce sont bien les troupes du général von Moltke qui sortent victorieuses de cette bataille de Sadowa. L'armement et la stratégie de guerre sont en pleine évolution. La tactique d'attaque en cercle de Moltke brise les codes habituels de la technique de la ligne, qui consiste à avancer en lignes qui forment un carré ou un rectangle. Les capitaines et lieutenants peuvent prendre plus de décisions dans les cas où une réaction urgente est attendue. L'arme à feu relègue la baïonnette au rang d'accessoire. La cadence de feu des armes prussiennes, qui fait défaut sur les fusils à piston autrichiens, ne leur laisse aucune chance. Les hommes de Moltke sont équipés de fusils Dreyse à aiguille, qui se rechargent par la culasse (en restant allongé) et permettent de tirer 6 à 8 coups à la minute. La Prusse doit sa victoire à sa technique d'encerclement de l'ennemi, à l'arrivée de la seconde armée, et surtout à une artillerie d'une nouvelle génération.
Combien de morts a fait la bataille de Sadowa ?
Avec un effectif de départ de 221 000 soldats prussiens et 206 000 du côté des Autrichiens, on dénombre quasiment 8 000 morts dans cette bataille, dont un quart seulement du côté prussien. Alors que le camp autrichien était renforcé par des hommes du comté de Saxe, on recense lors du bilan :
- presque 7 000 blessés prussiens contre 8 500 blessés autrichiens ;
- 276 disparus contre un peu plus de 7 800 du côté de l'Autriche ;
- la perte de 940 chevaux venus de Prusse contre 6 000 Autrichiens.
Sans oublier la destruction de 116 canons du côté des vaincus, et la capture de plus de 22 000 prisonniers.
Quelles sont les conséquences de la bataille de Sadowa ?
La lutte de pouvoir entre l'Autriche et la Prusse prend fin après la bataille de Sadowa. Otto von Bismarck, ministre-président prussien, refuse même d'humilier l'Autriche, et n'exige aucune cession de territoire. Il craint une revanche de la part des Autrichiens en alliance avec la France. La Confédération germanique cède sa place à la Confédération de l'Allemagne du Nord lors du traité de Prague du 23 août 1866, à l'initiative de Bismarck. L'Autriche en est exclue, mais le royaume de Saxe est préservé et indépendant. Une alliance militaire est constituée à travers la confédération, et comprend 22 Etats, dont les terres saxonnes. Le maréchal autrichien, Ludwig von Benedek, porte la responsabilité de l'échec de cette guerre avec la défaite de Sadowa. Le conseil de guerre qui devait décider de son sort a été suspendu sur décision de l'empereur, et on demande au maréchal de garder le silence sur la bataille jusqu'à sa mort. Le territoire autrichien perd la Vénétie, qui est cédée à l'Italie.
Pourquoi la bataille de Sadowa est-elle une menace pour la France ?
Economiquement, l'année 1866 est une catastrophe, et la guerre provoque une crise financière. Les conséquences en France sont considérables, avec les faillites d'importants agents de change et la chute du marché obligataire. Soixante ans plus tôt, en octobre 1806, la bataille d'Iéna a opposé la France à la Prusse dans le cadre de la campagne de Prusse et de Pologne. Les Prussiens étaient alors dirigés par le général de Hohenlohe, et les Français par Napoléon Ier. Cette défaite a laissé un goût amer aux Prussiens, dont la soif de conquête n'est pas étanchée. Le ton monte entre la France et le royaume de Prusse. L'Empire français déclare la guerre le 19 juillet 1870, avec un effectif militaire moindre et peu préparé. Ce conflit franco-allemand se solde avec une défaite à Sedan en septembre et un armistice signé le 26 janvier 1871. Ce dernier inclut l'annexion de l'Alsace et de la Lorraine par l'Empire allemand.