Bataille de Friedland : victoire de Napoléon en 1807
Le 14 juin 1807, la bataille de Friedland éclate entre les armées russes et celles de Napoléon Ier. La victoire française met fin à la guerre de la Quatrième Coalition.
Résumé de la bataille de Friedland - Depuis la Révolution française et la décapitation de la reine Marie-Antoinette (tante de l'empereur d'Autriche), la France est en guerre contre les principales puissances monarchistes européennes, qui voient d'un mauvais œil les aspirations révolutionnaires du pays. Napoléon Bonaparte, sacré empereur en 1804, mène depuis plusieurs années les armées impériales françaises contre les envahisseurs européens, et en profite pour étendre son empire. Entre 1806 et 1807, la guerre de la Quatrième Coalition voit s'affronter la France contre les puissances coalisées (Royaume-Uni, Prusse et Russie). Après de multiples victoires écrasantes de l'armée française, ce sont finalement la campagne d'hiver et la bataille de Friedland, opposant la Russie à la France, qui mettront un terme à cette énième guerre. La bataille permet d'obtenir un traité de paix et de renforcer la stature de Napoléon Ier. La paix ne sera cependant que de courte durée, puisque la guerre de la Cinquième Coalition éclatera moins de deux ans après.
Pourquoi la bataille de Friedland a-t-elle lieu ?
La bataille de Friedland succède à une série de batailles ayant eu lieu durant la guerre de la Quatrième Coalition. L'empire napoléonien s'est étendu, et a humilié les autres puissances européennes au cours des trois précédentes guerres. La Prusse, souhaitant retrouver sa puissance continentale après les multiples revers infligés au cours des dernières années, s'allie avec le Royaume-Uni et la Russie pour tenter de défaire Napoléon. Le casus belli est simple : la France refuse de retirer ses troupes du Rhin, qui fait office de frontière naturelle en territoire prussien. En 1806, Napoléon a entamé sa campagne de Prusse et de Pologne, et repoussé les armées des deux monarchies européennes. Après s'être emparées de Berlin, les armées impériales ont poursuivi vers l'est durant la campagne d'hiver. Plusieurs batailles ont opposé les Russes et les Français. Les armées russes sont repoussées et se replient à Friedland, qui sera la bataille décisive mettant un terme à cette quatrième guerre, qui durera moins d'un an, du 9 octobre 1806 au 9 juillet 1807.
Qui participe à la bataille de Friedland ?
La bataille de Friedland oppose deux grandes puissances : l'empire russe et l'empire français. La Russie est alors dirigée par le tsar Alexandre Ier, tandis que la France est dirigée par Napoléon Ier, devenu empereur des Français depuis moins de trois ans. Napoléon confie le commandement de son armée à l'un de ses plus fidèles commandants, Jean Lannes, réputé pour ses connaissances des tactiques russes. Les armées russes sont quant à elles divisées en deux contingents sous différents commandements : l'un est sous les ordres de Levin August von Bennigsen, un commandant expérimenté ; l'autre est commandé par Piotr Ivanovich Bagration. La France est en infériorité numérique, avec 66 000 hommes environ. La Russie quant à elle compte près de 84 000 soldats. Malgré cette infériorité numérique, la France bénéficie des prisonniers de guerre capturés lors de la campagne de Pologne, qui facilitent l'entretien des armées et fournissent de la main-d'œuvre pour les manœuvres tactiques.
Comment s'est déroulée la bataille de Friedland ?
La bataille de Friedland débute le 14 juin 1807 à Friedland. Connue aujourd'hui sous le nom de Pravdinsk, la ville est située dans l'oblast de Kaliningrad, un territoire russe actuellement enclavé entre la Lituanie et la Pologne. La veille, les armées napoléoniennes, sous les ordres de Jean Lannes, avaient établi différents avant-postes autour des plaines pour guetter une potentielle attaque des armées russes et les empêcher d'atteindre Friedland. Le but des Français était de ralentir le plus possible l'arrivée des Russes afin de permettre aux renforts placés sous les ordres de Napoléon de venir gonfler leurs rangs. Cependant, la disposition du terrain, avec des routes sinueuses et des reliefs, invisibilise l'avancée des Russes qui atteignent la ville et établissent avant-postes.
Napoléon et son armée, venus en renfort, arrivent dans la nuit du 14 juin par la rive gauche de l'Alle. La cavalerie est mobilisée par les deux armées belligérantes pour harceler les positions ennemies et les empêcher d'établir des campements. La bataille débute dans l'après-midi, les deux armées se faisant face. Les Français lancent l'offensive en envoyant directement des troupes entrer dans Friedland. Ils optent pour une attaque sur le flanc gauche, plus vulnérable en raison de l'environnement. L'armée française entre dans Friedland sans résistance, tandis que l'armée russe est rapidement encerclée par le reste des troupes françaises. La victoire est en grande partie due à l'efficacité des dragons (cavalerie lourde), qui permettent de briser les lignes russes à distance.
Qui a gagné la bataille de Friedland ?
La France sort victorieuse de la bataille de Friedland, pour deux raisons qui conduisent les Russes à signer leur reddition. La première est la prise de Friedland : les armées russes ne devaient pas laisser les Français pénétrer dans la ville, car elle offrait un avantage tactique majeur en matière de défense et de renforcement. La seconde était l'encerclement des armées russes, désormais en infériorité numérique. Contraints de se replier, les Russes déposent les armes dans la nuit du 15 juin.
Combien de morts a fait la bataille de Friedland ?
Le bilan de la bataille de Friedland est particulièrement lourd du côté russe, et reste assez peu conséquent du côté français lorsqu'on ramène les chiffres au nombre de soldats engagés. Chez les Russes, on dénombre près de 12 000 morts et blessés, auxquels viennent s'ajouter 10 000 prisonniers. Cela représente plus d'un cinquième des troupes russes. Chez les Français, on compte moins de 1 700 morts, et environ 8 000 blessés. Les 2 426 prisonniers français durant la bataille seront libérés après la victoire des Français.
Quelles sont les conséquences de la bataille de Friedland ?
Les conséquences de la victoire des armées napoléoniennes sur les forces du tsar Alexandre Ier sont nombreuses. Deux accords entre la Russie et la France sont signés dès juillet 1807, mettant fin à la guerre de la Quatrième Coalition : ces deux accords sont regroupés dans le traité de Tilsit. Plus de la moitié des territoires prussiens sont cédés au profit d'Etats sous tutelle française, dont l'Alsace et la Lorraine. Le duché de Varsovie est créé par Napoléon, mettant fin à l'influence prussienne en Europe de l'Est. Le traité établit également une alliance franco-russe : la Russie s'engage à établir un embargo économique avec le Royaume-Uni et à lui déclarer la guerre si le pays refuse les différentes médiations établies au cours du traité. La France s'empare également de certains territoires, dont les îles Ioniennes en Grèce, qui étaient alors une possession de la Couronne de Russie. Enfin, la victoire des Français permet d'établir près de deux années de paix entre la France et les monarchies européennes particulièrement affaiblies.
Quels tableaux traitent de la bataille de Friedland ?
La victoire de Napoléon durant la bataille de Friedland fut retentissante en France. La propagande napoléonienne présente de nombreuses illustrations de cette bataille, de manière plus ou moins romancée. La plus célèbre d'entre elles est sans doute celle d'Horace Vernet, représentant Napoléon Ier sur son cheval blanc. La disposition du tableau a tous les atours de la propagande de l'époque : les jeux de lumière qui mettent en valeur l'empereur lui confèrent une dimension sacrée et le montrent comme un guide grâce à qui la victoire est possible. Ernest Meissonier peindra quant à lui la scène de la charge des cuirassés, scène racontée par Adolphe Thiers. Une fois encore, la disposition du tableau met en valeur le courage des troupes napoléoniennes qui chargent sur leurs chevaux les ennemis russes aux cris de "vive l'empereur". La scène revêt des accents épiques par les nombreux effets de mouvement et la présence en surplomb de l'empereur vers qui tous les regards sont tournés. Une fois de plus, et malgré le fait que Napoléon soit placé au dernier plan, c'est avant tout l'image de l'empereur qui est valorisée. La peinture met en scène des milliers de cavaliers cuirassés partant combattre pour lui. Edouard Detaille reproduit quant à lui peu ou prou la même scène en occultant la présence de l'empereur. Il s'agit du seul tableau réalisé en fin de siècle, la propagande napoléonienne n'existant alors plus. Cette fois-ci, l'artiste choisit de représenter exclusivement les armées napoléoniennes et de symboliser leur courage par les différents effets de mouvement suscités par la posture des soldats et des chevaux. Les symboles de l'empire sont absents pour ne saluer que le courage des soldats de la République.