Bataille des champs Catalauniques : Attila contre Aetius
La bataille des champs Catalauniques oppose en 451 après J.-C. les armées composites des Huns sous les ordres d'Attila aux forces coalisées du patricien romain Aetius.
Résumé de la bataille des champs Catalauniques - Au IVe siècle, l'empire hunnique se dirige vers l'ouest, en direction de l'Empire romain. Vers 370, ils parviennent à franchir l'un des plus grands fleuves d'Europe, la Volga. Les Huns envahissent l'Empire romain d'Occident dès le début du Ve siècle. Les pillages, les attaques, ainsi que la conquête de territoires européens affaiblissent l'Empire romain d'Occident. Attila, chef des Huns, impose à ce dernier un lourd tribut pour cesser ses assauts. En 450, l'empereur Marcien refuse de payer. Attila envahit alors la Gaule. L'empereur Marcien forme une large coalition gallo-romaine et germanique pour repousser l'envahisseur. En 451, les deux armées s'affrontent au cours de la bataille des champs Catalauniques, qui oppose les armées d'Attila à celles du patricien romain Aetius. Cette bataille se solde par une victoire à la Pyrrhus pour l'Empire romain. Ce dernier voit son pouvoir se déliter au profit des royaumes barbares voisins.
Pourquoi la bataille des champs Catalauniques a-t-elle eu lieu ?
Pour comprendre les origines de la bataille des champs Catalauniques, il faut remonter au début du Ve siècle, alors que les Huns ont déjà bien entamé leur progression vers l'ouest. A la fin du siècle précédent, ils avaient franchi la Volga, qui était jusqu'à présent une barrière naturelle. Les Huns s'étaient ensuite alliés aux Vandales, une tribu germanique orientale. Durant 25 ans, l'empire hunnique se renforce en pillant et occupant des territoires en Europe centrale, tandis que ses armées avancent toujours vers l'ouest.
Vers 425, les Huns sont aux portes de la Gaule. Attila, chef des Huns, propose un traité de paix à l'empereur romain d'occident Valentinien III. Il s'engage ainsi à ne pas envahir la Gaule en échange d'un lourd tribut. En 450, l'accession au pouvoir de l'empereur d'orient Marcien change la donne : ce dernier refuse le paiement tribut, confiant en ses armées.
Une autre théorie concernant l'origine de l'attaque d'Attila évoque une lettre de Justa Greta Honoria, la sœur de Valentinien III. La jeune femme demande à Attila de venir la sauver d'un mariage arrangé par son frère. Le hun aurait accepté en échange d'un mariage avec elle et la moitié de l'empire comme dot.
Face à la menace, une large coalition dirigée par le patricien Aetius est constituée, dans laquelle s'agrègent les forces romaines, gallo-romaines et germaniques. Un contingent de presque 50 000 hommes se dirige vers la Gaule. Actant la rupture du traité de paix, Attila envahit la Gaule dès 450. Après l'échec du siège de Paris, les Huns se replient et rencontrent en chemin les armées coalisées d'Aetius.
Où et quand s'est déroulée la bataille des champs Catalauniques ?
La bataille des champs Catalauniques s'est probablement déroulée le 20 juin 451. D'autres dates sont évoquées comme les 20 septembre 451. Les historiens et archéologues ne s'accordent pas sur le lieu précis de la bataille. Elle se serait principalement déroulée dans l'actuelle commune de Châlons-en-Champagne, nommée Catalaunum dans la période romaine — d'où le nom de la bataille. En réalité, la bataille s'étant étendue sur plusieurs jours, de nombreux lieux font l'objet d'hypothèses. En effet, les champs Catalauniques désignent plus généralement un large territoire entre Reims et Troyes, les deux villes étant séparées à l'époque par une vaste plaine propice à l'affrontement. Des fouilles archéologiques ont permis de retrouver des artefacts huns et romains près de Reims, mais aussi de Troyes — sans pour autant acter que ces artefacts n'avaient pas été récupérés et déplacés après la bataille comme trophées.
Qui participe à la bataille des champs Catalauniques ?
La bataille des champs Catalauniques a probablement opposé plus de 100 000 hommes toute origine confondue. Du côté de l'empire hunnique, Attila compte une armée légèrement affaiblie après le siège de Paris, composée de près de 50 000 Huns. Face à eux, le patricien Aetius dirige une grande armée coalisée à peu près de taille équivalente et regroupant différents corps : des soldats romains auxquels s'ajoutent des Francs, des Saxons, mais aussi des Alains et des Burgondes. Ce sont en réalité les forces wisigothes aux ordres de Théodoric II qui constituent le gros des troupes. Plus de 100 000 soldats s'affrontent donc lors de la bataille des champs Catalauniques, auxquels viendront s'ajouter des renforts. Certaines sources suggèrent que Ætius aurait pu être retenu en otage par les Huns dans sa jeunesse, et cela aurait pu le mettre en contact avec Attila. Cependant, ces informations sont sujettes à débat parmi les historiens.
Comment s'est déroulée la bataille des champs Catalauniques ?
Le 20 juin 451, les armées coalisées d'Aetius profitent d'un avantage stratégique en s'établissant sur les collines. Les Huns décident d'envoyer directement la cavalerie, mais les armées wisigothes parviennent à repousser la charge et les poursuivent un temps, avant de finalement de laisser partir les Huns lorsque leur roi, Théodoric Ier, meurt durant la poursuite. Cette attaque se poursuit tard dans la nuit. Retranchés dans leur camp, les Huns organisent leur défense, mais les armées d'Aetius refusent de quitter le surplomb stratégique. Avec la mort de Théodoric Ier, les Wisigoths abandonnent la bataille pour assurer la succession de leur roi. Voyant le départ des Wisigoths, Attila croit que l'armée adversaire lui tend un piège. En infériorité numérique et vulnérable en raison de la disposition du terrain, il opte pour un repli stratégique de ses troupes. Aetius le laisse lever le camp et se replier. Il a un intérêt politique à laisser Attila en vie : asseoir son autorité sur Rome en se présentant comme celui qui a mis en déroute la menace du "Fléau de Dieu".
Qui a gagné la bataille des champs Catalauniques ?
Le bilan de la bataille des champs Catalauniques reste sujet à controverse. Les historiens estiment les pertes très lourdes dans les deux camps, sans pour autant parvenir à établir un bilan exact. Les chiffres annoncés vont de 15 000 à 300 000 morts dans les deux camps. Officiellement, l'Empire romain d'Occident est victorieux : les envahisseurs sont contraints de se replier et de quitter la Gaule. Pourtant le bilan est mitigé, les Huns repartent avec un butin considérable, tandis la Gaule, ainsi que Rome ont subi de lourdes pertes.
Cette bataille se solde aussi par la mort du roi wisigoth et la disgrâce d'Aetius. La stratégie militaire du patricien n'est pas payante. Il lui sera reproché de ne pas avoir poursuivi Attila dans son repli. Aetius est assassiné en 454 des mains même de l'empereur. Les peuples que Rome avait réussi à coaliser pour faire face à la menace des Huns se désunissent et se déchirent. Ils font de leur territoire des royaumes conquérants, s'éloignant de la protection de l'Empire romain d'Occident.
Quelles sont les conséquences de la bataille des champs Catalauniques ?
La bataille des champs Catalauniques aura de lourdes conséquences sur le long terme. Les Huns sont contraints de se retirer de la Gaule, et leur prestige en Asie est affaibli. Cette "victoire" de l'Empire romain d'Occident sert à perpétuer le mythe de la victoire chrétienne sur le paganisme. Elle renforce la persécution des païens sur les territoires de l'empire, certains peuples germaniques non christianisés ayant choisi de rejoindre les forces d'Attila lors de la bataille des champs Catalauniques. Le chef de guerre Attila garde une image négative de conquérant sanguinaire et violent. Cette diabolisation perdure encore dans les fictions et les films réalisés sur les Huns, même si, historiquement, cette appréciation du personnage est erronée. Il est surnommé le "Fléau de Dieu".
Après avoir participé à la bataille, Mérovée, roi des Francs saliens, est récompensé par Rome. Il est couronné roi de la Gaule belgique, ce qui représente un premier pas vers l'unification future de la Gaule. A côté, l'Empire romain d'Occident reste particulièrement affaibli, après cette victoire en demi-teinte. Il ne parviendra plus à coaliser les peuples qu'il avait fédérés à son empire. Pire, certains peuples vont constituer des royaumes toujours plus puissants. Rome est à la merci des barbares. La ville est pillée par les Vandales en 455. Les barbares prennent peu à peu le pouvoir et l'empereur n'est plus qu'un marionnette entre leurs mains, menant à la chute de l'Empire romain d'Occident en 476.