Révolution mexicaine : causes, date, résumé de la révolte
La révolution mexicaine a commencé en 1910. D'abord considérée comme un soulèvement, l'insurrection de Pancho Villa et Zapata s'acheva en guerre civile sept ans plus tard.
Résumé de la révolution mexicaine - Les premières tensions débutent en 1910, lorsque le président mexicain Porfirio Diaz est réélu à la suite d'élections truquées, son principal adversaire politique, Francisco Madero, ayant été emprisonné. Présent à la tête du pays depuis 30 ans, il est à l'origine de fortes inégalités dans la répartition des richesses, de conditions de vie et de travail déplorables… Sa volonté de rester au pouvoir enflamme la société. Le 20 novembre 1910 est considéré comme la date qui marque le début de la révolution mexicaine qui a tout d'abord des allures de guérilla. Le 6 novembre 1911, Madero est finalement élu président. Toutefois, il ne répond pas aux demandes des révolutionnaires. De nombreux affrontements, dirigés par Pancho Villa, Emiliano Zapata et Pascual Orozco se déroulent durant deux ans. Lorsque Madero est tué, en février 1913, le pouvoir est confié à Victoriano Huerta. Deux groupes se mettent en place : les Constitutionnalistes et les Conventionnels. Cette lutte sanglante s'achève en 1917 par l'adoption de la Constitution mexicaine.
Quelles sont les causes de la révolution mexicaine ?
La présidence de Porfirio Diaz est marquée par une forte injustice. Les terres sont détenues par quelques grands propriétaires, les ouvriers travaillant dur pour des salaires de misère. La société veut changer et le fait que Diaz veuille se représenter aux élections, plus de 30 ans après son accession au pouvoir (après un coup d'Etat), met le feu aux poudres. Des groupuscules se créent pour lutter contre ce gouvernement jugé totalitaire et injuste. Ils veulent mettre fin au "Porfiriat", connu pour la forte augmentation de la pauvreté, une disette alimentaire, une forte inflation, une mainmise sur les richesses locales, la vente de sociétés mexicaines à des étrangers et un nationalisme grandissant.
La restitution des terres est le principal sujet mis en avant lors de cette révolution, surtout dans le centre du pays. Mais c'est également une lutte pour le pouvoir et une lutte contre les entraves économiques et politiques, mises au premier plan par les habitants du nord.
Comment s'est déroulée la révolution mexicaine ?
La révolution mexicaine a connu plusieurs phases émaillées de violence. Les morts sont nombreux, dont les chefs d'Etat successifs : F. Madero, P. Villa, P. Orozco, E. Zapata, A. Obregón et V. Carranza. Soulèvements et coups d'Etat sont omniprésents.
La révolte voit le jour dans le nord du pays. Francisco Madero réclame des élections libres par le "plan de San Luis de Potosí" (texte où il liste ses revendications et ses ambitions). 25 000 guerreros s'associent à ce plan et réussissent à chasser Diaz du pouvoir. Madero est alors élu, mais il laisse toutes les décisions de son prédécesseur en place. Le 22 février 1913, après 16 mois de "règne", il est renversé et assassiné par le général Victoriano Huerta qui remet en place le totalitarisme de Diaz et poursuit la dictature. Des troupes se mettent en place pour lutter contre cet héritier du Porfiriat. C'est ce qu'on appelle la décade tragique (decena tragica). Au nord du pays, elles sont menées par Carranza et Obregón et au centre par Zapata. Ils sont soutenus par les travailleurs syndiqués et par une partie du peuple.
Álvaro Obregón lance une attaque contre la capitale Mexico en 1914 et chasse Huerta du pouvoir. Venustiano Carranza (allié d'Obregón) prend la tête du gouvernement. Mais une fois de plus, aucun changement n'est mis en place. Les troupes d'Emiliano Zapata luttent contre les grands propriétaires terriens. Pancho Villa va, quant à lui, prendre de force les haciendas et les donner à ses lieutenants. Obregón et Carranza sont plus anticléricaux. Ces différents mouvements vont finir par s'opposer. Dès 1914, les zapatistes s'associent aux hommes de Villa pour prendre Mexico. Les Constitutionnalistes dirigés par Carranza les chassent. Ce dernier reprend une nouvelle fois le pouvoir. En 1919, Zapata est assassiné lors d'un guet-apens tendu par Carranza. Villa se retire quant à lui dans une hacienda. En 1920, Carranza est abattu à son tour, puis Villa en 1923. En assassinant Carranza, Álvaro Obregón signe le dernier coup d'Etat de la révolution mexicaine et devient à son tour président.
Quelles sont les conséquences de la révolution mexicaine ?
Réunis à l'occasion de la convention d'Aguascalientes, en 1914, les révolutionnaires n'arrivent pas à se mettre d'accord. La révolution mexicaine prend fin avec l'adoption d'une nouvelle constitution en 1917. Mis en place par l'assemblée constituante, le texte est rédigé en grande partie par Francisco Múgica, un nationaliste plutôt progressiste. La constitution promulgue des principes plus sociaux avec, entre autres, une protection sociale et des garanties pour les travailleurs, mais aussi une meilleure répartition agraire. Elle supprime également les avantages de l'Eglise et le droit de préemption des autres pays sur les richesses du sous-sol mexicain. Même si elle séduit, cette constitution n'est que très peu appliquée par le gouvernement. Après avoir repris illégalement le pouvoir, Carranza est assassiné en 1920. Obregón devient le président du Mexique.
On compte entre 1 et 1,5 million de morts durant cette révolution. D'autres épisodes émaillent son histoire. Par exemple, la guerre des Cristeros qui eut lieu de 1926 à 1929, lors des "années sonoriennes". C'est durant cette période que vont se construire le nationalisme mexicain et le Parti national révolutionnaire. Un troisième épisode révolutionnaire se déroule de 1934 à 1940 avec le gouvernement de Lazaro Cardenas, qui met en avant le dialogue. La révolution est terminée en 1938, lorsque les projets d'intégration nationale, de construction de l'Etat, sans oublier la mise en place d'un capitalisme national, sont achevés.
Qui sont les leaders de la révolution mexicaine ?
Plusieurs figures majeures ont marqué de leur empreinte la révolution mexicaine.
- Victoriano Huerta est né en 1850. Ce général mexicain fait très tôt allégeance à Madero, mais complote contre lui et prend le pouvoir (1913). Les révoltes se multiplient. Il renonce à la présidence le 15 juillet 1914 et s'exile avant de mourir en 1916.
- Venustiano Carranza est né en 1859. Il entre en politique jeune et s'associe à Madero. Après l'assassinat de celui-ci, il prend la tête du gouvernement de 1915 à 1920. Chassé par l'armée, il est assassiné le 21 mai 1920.
- Francisco Madero est né en 1873 dans une riche famille de propriétaires terriens. Il est élu président en 1911, entamant une présidence considérée comme catastrophique. Celle-ci s'achève en 1913 par son assassinat.
- Pancho Villa, ou José Doroteo Arango Arámbula de son vrai nom, est né en 1878. A 16 ans, il assassine l'homme qui a violé sa sœur et s'enfuit. Il devient Pancho Villa et rejoint Madero. Après la chute de ce dernier, Villa est recherché et assassiné le 20 juillet 1920.
- Emiliano Zapata est né en 1879. Il débute sa carrière politique en 1910, lorsqu'il défend les paysans contre les propriétaires terriens. Un an plus tard, il est approché par Pancho Villa et lutte contre le gouvernement de Carranza. En 1919, il est assassiné par les troupes de celui-ci.
- Álvaro Obregón est né en 1880. Il commence sa carrière politique en 1911 et rejoint le camp de Carranza. Elu président le 26 octobre 1920, son mandat est marqué par des réformes agraires et des tensions avec Adolfo de la Huerta. Il est assassiné en 1928 par un opposant catholique.
Qui sont les femmes de la révolution mexicaine ?
Lorsque l'on parle de la révolution mexicaine, on parle beaucoup des hommes, mais certaines femmes ont su se faire remarquer. Beaucoup se sont engagés aux côtés des révolutionnaires, en toute discrétion. On en entend parler pour la première fois avec l'ouvrage de Rosario Acosta Nieva et Eric Taladoire, Adelitas. L'ouvrage regroupe 432 noms. Ces femmes se sont battues pour la reconnaissance des classes les plus défavorisées.
Ces dames sont alors les forces de l'ombre des mouvements révolutionnaires. Dolores Jimenez y Muro s'est fait connaître pendant la Révolution mexicaine en tant qu'activiste et soutien du général Emiliano Zapata. Des femmes du peuple s'engagent également. Maria Belén Gutiérrez de Mendoza lutte de façon exemplaire pour faire reconnaître le droit des minorités. On peut aussi citer de nombreuses femmes qui se déguisaient en hommes pour participer aux combats, comme Petra Herrera. Elle joue un rôle actif dans la révolution en rejoignant les troupes de Pancho Villa en se faisant passer pour un homme, puis en formant son propre bataillon de femmes soldates. Enfin, une certaine Amelia Robles Ávila obtient le grade de colonel vivant comme un homme.
Les dates clés de la révolution mexicaine
- 28 novembre 1876 — Porfirio Díaz s’octroie la présidence mexicaine
- Après avoir renversé Sebastián Lerdo de Tejada (révolte d’Oaxaca), le général d’origine métisse Porfirio Díaz (1830-1915) accède à la présidence de la République mexicaine, pouvoir qu’il occupa jusqu’en 1911. Si dépositaire d’une gouvernance forte, appelée "porfiriat", il contribua néanmoins à mettre un terme à la longue période d’anarchie qui ravagea le pays et s’attela au développement de l’économie, via les investissements étrangers. Renversé à son tour par la Révolution de 1911, il passa les dernières années de sa vie à Paris.
- 20 novembre 1910 — Début de la Révolution mexicaine
- Depuis 1876, Porfirio Diaz gouverne le Mexique d’une façon arbitraire, au dépens des paysans. En 1908, Francisco Madero, jeune propriétaire terrien, s’oppose à Diaz et prend la tête de l’insurrection qui se développe dans tout le pays. En avril 1910, il se présente comme candidat aux élections, mais sera emprisonné par Diaz, lequel sera élu président pour la septième fois. Libéré peu de temps après, le 20 novembre 1910, Francisco Madero lance un appel à la révolte contre le gouvernement. Pancho Villa et Emiliano Zapata se joignent à lui pour conduire la révolution.
- 1 septembre 1911 — Francisco Madero élu président du Mexique
- Francisco Madero est élu président du Mexique en septembre 1911. Pour autant, il ne parvient pas à faire cesser la guerre civile dans son pays. Emiliano Zapata et Pancho Villa, qui ont fait la révolution à ses côtés, font partie de ses opposants. Même les adeptes de Francisco Madero sont partagés ; lorsqu’il installe son parti constitutionnel progressiste, la situation s’envenime. Paysans, ouvriers et classe moyenne : pour diverses raisons, chacun désapprouve sa politique. Le nouveau président est incapable de tenir ses engagements en matière de politique agricole. Il est assassiné le 22 février 1913.
- 25 novembre 1911 — Zapata publie le "Plan de Ayala"
- Dans l’Etat de Morelos, au Mexique, le révolutionnaire Emiliano Zapata propose un projet de réforme agraire qu’il intitule le "Plan de Ayala". Le texte réclame la restitution aux populations indiennes d’un tiers des territoires communaux spoliés par les propriétaires terriens. Ce plan révolutionnaire est le premier au monde à évoquer l’idée d’une réforme agraire et d’une meilleure distribution des terres et des richesses. Les Indiens du Mexique en bénéficieront de manière partielle, malgré l’assassinat de Zapata, mais ils seront définitivement écartés du pouvoir par les riches créoles.
- 14 avril 1914 — Combat de Topolobampo
- En pleine révolution mexicaine, le port de Topolobampo, au Mexique, est le théâtre d’un combat aéronaval, l’un des premiers de l’histoire. Le général Alvaro Obregón, important officier constitutionnaliste, est pris au piège dans le port à bord du navire Tampico. En face, un navire de l’armée fédérale, le Guerrero, commandé par le capitaine Ignacio Arenas. Alors que le Tampico est en mauvaise posture, il est secouru par le biplan Sonora, du capitaine Gustavo Salinas qui bombarde le Guerrero, pas équipé pour un combat aérien, et l’oblige à fuir.
- 2 juillet 1915 — Décès de Porfirio Diaz
- Né le 15 septembre 1830 à Oaxaca, au Mexique, Porfirio Diaz était un militaire et homme politique mexicain. Il a présidé le pays entre 1876 et 1880, puis de 1884 à 1910. Président totalitaire, il a changé les lois pour pouvoir se succéder indéfiniment à lui-même. La fraude flagrante des élections de 1910 aura sa perte et déclenchera la révolution mexicaine. Exilé en Europe pour éviter la guerre civile, il meurt le 2 juillet 1915 à Paris.
- 9 mars 1916 — Pancho Villa mène un raid contre le village américain de Colombus
- Pancho Villa, de son vrai nom José Doroteo Arango Arámbula, mène un raid contre le village de Colombus (Nouveau-Mexique). Il guidera dans cette optique 1 500 hommes dont 400 cavaliers, jusqu’au territoire américain, afin d’y lancer une offensive à laquelle il ne participera pas personnellement. L’attaque fera près de 17 morts du côté américain contre une centaine de victimes du côté des forces mexicaines. Plusieurs bâtiments seront également incendiés dont la poste et un hôtel.
- 10 avril 1919 — Assassinat de Zapata
- Le révolutionnaire mexicain Emiliano Zapata est victime d’un piège tendu par les hommes du dictateur Carranza près de la ville de Cuernavaca. Surnommé "l’Attila du Sud", Zapata avait combattu les propriétaires terriens créoles dans le Sud du pays, pendant que l’insurrection au Nord était conduite par son ami Pancho Villa. En élaborant, en 1911, le "Plan de Ayala", qui réclame la restitution des terres aux paysans indiens, Zapata est le premier Mexicain à défendre une réforme agraire.
- 20 juillet 1923 — Assassinat de Pancho Villa
- Le 20 juillet 1923, Pancho Villa, de son vrai nom José Doroteo Arango Arámbula et de son pseudonyme Francisco Villa, est assassiné à Parral, dans l’Etat du Chihuahua au Mexique. Celui qui alterna banditisme et vie rangée est aujourd’hui encore célèbre pour avoir signé avec une compagnie de cinéma l’autorisation de filmer ses combats. Au cours de la révolution mexicaine, Pancho Villa a endossé le rôle de général de l’armée fédérale. Défait par Alvaro Obregón en 1920, Pancho Villa se retire à Chihuahua quand trois ans plus tard, Alvaro Obregón, qui craignait un retour du hors-la-loi, le fait assassiner.