Siège de la Rochelle : le siège de Richelieu en 1627
Le siège de La Rochelle est ordonné par Louis XIII est commandé par Richelieu en 1627. Il s'achève en 1629 par la capitulation de la cité protestante, en dépit des secours envoyés par l'Angleterre.
Résumé du siège de La Rochelle - La Rochelle est la dernière place forte concédée par l’édit de Nantes aux protestants. En 1621, durant la minorité du roi, elle tente de se proclamer "Nouvelle République de La Rochelle", suivant le modèle des Provinces-Unies des Pays-Bas. Richelieu la considère comme une menace. Ordonné par Louis XIII et commandé par Richelieu, le siège de La Rochelle débute le 10 septembre 1627. Il s’achève par la capitulation de la cité protestante le 28 octobre 1628, en dépit des différentes tentatives de secours de l’Angleterre.
Quelles sont les causes du siège de La Rochelle ?
Promulgué en avril 1598 par Henri IV, l’édit de Nantes met fin aux guerres de religion qui agitent le royaume de France depuis 1592. Le texte accorde aux protestants des droits religieux, civils et politiques, ainsi qu’une soixantaine de cités devant leur tenir lieu de refuge. Pour Richelieu, ces cités forment "un état dans l’état" et il s'emploie à rétablir la religion catholique comme religion officielle. En 1621, Louis XIII affronte une révolte huguenote. En mai, La Rochelle tente de se proclamer "Nouvelle République de La Rochelle". En juin, le roi assiège la ville de Saint-Jean-d’Angély, une zone particulièrement stratégique pour contrôler les abords de la cité. Il fait bâtir le fort Louis face à La Rochelle et décrète le blocus de la ville.
Cette première campagne finit par échouer devant Montauban en 1622. Face à un conflit qui s’éternise, Louis XIII et le duc de Rohan, chef des forces huguenotes, signent le traité de paix de Montpellier, qui met fin aux rébellions huguenotes le 18 octobre. La Rochelle demeure l’une des deux dernières places fortes protestantes, avec Montauban. Cette paix ne dure toutefois que deux ans. Lorsque les hostilités reprennent, La Rochelle reçoit un soutien financier de Hollande, ainsi qu’une aide de l’Angleterre.
Quel a été le rôle de Richelieu durant le siège de La Rochelle ?
Initialement destiné à une carrière militaire, Armand Jean du Plessis de Richelieu prend la robe pour conserver le bénéfice de l’évêché de Luçon. Bénéficiant d’abord de l’appui de Marie de Médicis, mère de Louis XIII et régente, il devient le principal ministre de Louis XIII, dès son accession au pouvoir.
L’une des principales préoccupations du cardinal de Richelieu est d’affermir l’autorité royale. Il jette ainsi les bases du pouvoir royal absolu. Il souhaite supprimer les privilèges des huguenots, en particulier les privilèges militaires. Il est particulièrement méfiant à l’égard du Languedoc, territoire du duc de Rohan, chef du parti protestant. Il est tout aussi inquiet des liens étroits que La Rochelle entretient avec les Pays-Bas et avec l’Angleterre. La cité menace de devenir un bastion indépendant, d’où les protestants pourraient étendre leur influence à l’ensemble du royaume de France et mettre en péril l’autorité de Louis XIII. Le cardinal de Richelieu considère alors qu’il est nécessaire de "couper la tête du dragon". Cette politique conduit à une véritable guerre en 1627.
Fort de son expérience militaire, Richelieu se rend lui-même à La Rochelle. Alors qu’une tranchée de 12 kilomètres ceinture la ville, il ordonne la construction d’une digue de 1 500 mètres de long pour 8 mètres de large, hérissés de pièces d’artillerie. L’objectif est d’empêcher les Anglais, positionnés sur l’île de Ré, de ravitailler la ville et d’y expédier des renforts. Ses vestiges de ces constructions sont toujours visibles de nos jours à marée basse.
Quelles sont les forces en présence lors du siège de La Rochelle ?
Outre le cardinal de Richelieu, le siège de La Rochelle met en présence plusieurs grandes figures de l'histoire. Plusieurs protestants rochelais se distinguent. Le plus fameux est Jean Guiton. Amiral de la flotte rochelaise en 1621, il devient maire de la ville pendant le siège, le 2 mai 1628, déclarant qu’il percerait le cœur du premier qui parlerait de se rendre.
A la tête des secours envoyés d’Angleterre, George Villiers, duc de Buckingham, tente de prendre l’île de Ré. Fort de 6 000 soldats, il y débarque le 12 juillet 1627, tentant de s’emparer de Fort La Prée et de la ville fortifiée de Saint-Martin-de-Ré. En dépit de plusieurs tentatives, il doit se replier. Il est assassiné par un fanatique, John Felton, en 1628, à Portsmouth, alors qu’il prépare une seconde expédition.
Du côté de la France, Jean de Saint-Bonnet de Toiras, gouverneur de l’île de Ré, se distingue particulièrement en repoussant Buckingham. Il s'illustre encore en Espagne, en 1630, lors de la guerre de succession de Mantoue.
Comment s’est déroulé le siège de La Rochelle ?
Ayant débuté le 10 septembre 1627, le siège de La Rochelle est marqué par trois expéditions anglaises de secours. Dès le 12 juillet 1627, Buckingham débarque sur l’île de Ré, à la tête d’une flotte de 80 navires. Son objectif est de maîtriser les abords de la cité, de briser le blocus afin de la ravitailler et de lui envoyer des renforts. Toutefois, la population de l'île demeure fidèle au roi de France et il se heurte à la résistance de Toiras, qui l’oblige à battre en retraite après avoir essuyé de lourdes pertes humaines.
Parallèlement au blocus maritime, Richelieu fait creuser des tranchées à terre. Il ordonne, en outre, la construction d'une digue, qui mobilise 4 000 hommes dès le 30 novembre 1627. L'ouvrage, gigantesque, repose sur des navires coulés et remblayés. Il s'avère déterminant pour repousser les Anglais. Une seconde expédition dirigée par William Feilding, comte de Denbigh tente à nouveau de porter secours aux Rochelais. Arrivant en mai 1628, la flotte de 60 navires et 6 remberges fait toutefois demi-tour sans combattre, car Denbigh juge l’issue du combat incertaine.
La troisième expédition, commandée par l’amiral Robert Bertie, alors comte de Lindsey, arrive en vue de la ville en septembre 1628. Elles se heurtent à la digue bâtie par Richelieu, qui parvient à la repousser. Italien au service de la France, l’amiral Marino Torre bloque le port. Dans la ville de la Rochelle, la famine rend la situation critique. En mai 1628, il est même décidé d’expulser les "bouches inutiles" : femmes, enfants et vieillards. Pris pour cibles par les troupes royales, ils périssent pour la plupart, sans ressources.
Comment se passe la capitulation des protestants lors du siège de La Rochelle ?
Nommé maire de La Rochelle au cours du siège, Jean Guiton se distingue d’abord par son énergie et sa capacité à galvaniser le moral des assiégés. L’échec des expéditions venues d’Angleterre et l’absence de ravitaillement condamne toutefois la population de La Rochelle à la famine. Les habitants en sont finalement réduits à abattre et manger chevaux, chiens et chats. Plutôt que de voir la population mourir de faim, Guiton décide de capituler le 28 octobre 1628. Richelieu reconnaît le courage de Guiton et ne le fait pas emprisonner : il est exilé en Angleterre. Il en revient en 1635, Richelieu lui confiant un commandement dans la flotte royale.
A la fin du siège de La Rochelle, Richelieu exige une capitulation sans condition. Un édit royal du 3 novembre 1628 va permettre l’autorisation d’exercer librement et publiquement un culte catholique, ainsi que le maintien du culte réformé. Le temple sera transformé en cathédrale. Par ailleurs, cet édit déclare que les rebelles sont pardonnés. Les huguenots perdront toutefois leurs droits politiques, militaires et territoriaux lors de la paix d’Alès, signée le 28 juin 1629. Ils ne conservent que la liberté de culte et l’égalité civique garantie par l’édit de Nantes.
Quelles sont les conséquences du siège de La Rochelle ?
Les conséquences de la famine sur la ville de La Rochelle sont désastreuses : sur une population de 28 000 habitants, 5 400 survivent, considérablement affaiblis. L’Angleterre essuie également des pertes conséquentes, principalement lors du siège de l’île de Ré : sur 7 000 soldats, 4 000 y laissent la vie. Le soutien de l’Angleterre à la cité protestante intervient dans le contexte de la guerre de Trente Ans, marquée par l’opposition religieuse et politique entre catholiques et protestants. Le siège de La Rochelle marque le début d'une nouvelle guerre entre la France et l’Angleterre (1627-1629). Les affrontements se poursuivent ensuite en Amérique du Nord, où David Kirke monte une expédition sur le Saint-Laurent pour s’emparer de Québec, ouvrant la voie de la conquête de la Nouvelle-France à l’Angleterre. L’Angleterre rend toutefois la colonie à la France par le traité de Saint-Germain en 1632, cessant dès lors sa participation à la guerre de Trente Ans, se désintéressant des affaires européennes.
Quels tableaux traitent du siège de La Rochelle ?
Plusieurs œuvres traitent de l’épisode. Visible au Louvre, Le siège de La Rochelle par Louis XIII peint par Claude Gellée, dit le Lorrain, met en scène le roi de France à cheval, dominant la ville encerclée de tranchées et assiégée. Entrée de Louis XIII à La Rochelle le 1er novembre 1628, exécuté par Pierre Courtilleau, met en scène Louis XIII, Richelieu, Michel de Marillac (garde des Sceaux) et le Maréchal de Schomberg face à Henri d’Escoubeau de Sourdis évêque de Maillezais, suivi de prêtres Suffen. Ils se trouvent devant le port et sont dominés par Sainte-Marguerite tenant la palme et la croix, assise sur l’hydre.
Toutefois, l’un des tableaux les plus célèbres traitant du siège de La Rochelle est une œuvre moderne. Le cardinal de Richelieu au siège de La Rochelle est réalisé en 1881 par Henri-Paul Motte. Ce peintre de l’école française est connu pour son goût des sujets historiques. Mettant en scène le cardinal en tenue de campagne face à la digue de La Rochelle, la toile est aujourd’hui conservée au Musée d’Orbigny-Bernon.
Les dates clés du siège de La Rochelle
- 11 juillet 1573 — Edit de Boulogne
- Mettant fin à la quatrième guerre de religion, cet édit qui confirme l’édit de Nantes permet aux protestants d’obtenir la liberté de conscience. Toutefois, la liberté de culte n’est autorisée que dans trois villes : La Rochelle, Nîmes et Montauban.
- 10 août 1627 — Richelieu entame le siège de La Rochelle
- Louis XIII et Richelieu accusent les protestants de troubler le royaume. Aussi, ils infligent une défaite aux huguenots et font en sorte de détruire les pouvoirs des protestants. Ces événements mènent à la famine.
- 28 octobre 1628 — Louis XIII prend La Rochelle
- La Rochelle subit une importante famine. Le siège y est pour beaucoup. La ville décide de capituler. Plusieurs milliers d’habitants sont décédés à la suite du siège de La Rochelle.
- 28 juin 1629 — Paix d’Alès
- La ville protestante d’Alès capitule face à l’armée du roi et le traité d’Alès est signé. Reconduisant l’édit de Nantes, il assure la liberté de culte et l’égalité civique, mais les places fortes et le pouvoir militaire des protestants sont anéantis.