Construction du Colisée : le plus grand amphithéâtre romain
De 70 à 80 de notre ère, la construction du Colisée est un événement notable de l'histoire de Rome. Au cours de l'antiquité romaine, il s'agit du plus grand amphithéâtre jamais érigé.
Résumé de la construction du Colisée - Autrefois connu en tant qu’amphithéâtre de Flavien, le Colisée commence à être construit vers l’an 70 pour s’achever vers 80. L’un des plus grands monuments de l’histoire de Rome a tout d’abord une vocation de divertissement. Pendant plus de 500 ans, il abrite des combats de gladiateurs et d’animaux sauvages. Des reconstitutions historiques et des exécutions de condamnés à mort sont également des spectacles publics appréciés des citoyens de Rome.
A partir du VIe siècle, le Colisée connaît plusieurs fonctions : habitation, cimetière dans l’arène ou forteresse. On l’utilise même comme carrière pour y extraire des matériaux destinés à la construction d’autres édifices et monuments historiques. L’amphithéâtre devient aussi un lieu saint où sont vénérés les martyrs de l’Eglise catholique. Puis, il est progressivement laissé à l’abandon au Moyen Age. Plusieurs projets de restauration sont menés depuis le XIXe siècle jusqu’à nos jours. A Rome, le Colisée attire des millions de visiteurs tous les ans.
Dans quel contexte le Colisée s’est-il construit ?
Tout d’abord connu sous le nom d’amphithéâtre Flavien, le Colisée a été construit de 72 à 80 après Jésus-Christ. Certaines sources affirment que le projet a débuté en l’an 70. Il se situe à l’est du forum romain, plus précisément entre les collines du Capitole et le mont Palatin. Pour rappel, il s’agit d’un des sites archéologiques les plus importants de Rome. D’un point de vue symbolique et littéral, le Colisée est érigé au centre de Rome.
De nombreuses activités de la vie romaine se greffent autour de l’amphithéâtre. On peut notamment évoquer des écoles de gladiateurs, ainsi que des commerces et une caserne militaire. A l’époque, le Colisée est perçu comme un symbole de rassemblement du peuple à travers le jeu et le divertissement. Après une dizaine d’années de construction, en 80, il est inauguré par l’empereur Titus, le fils de Vespasien.
Pourquoi cet amphithéâtre romain a-t-il été édifié ?
En 64, Néron décide d’interdire une partie du centre de Rome aux citoyens afin d’y faire édifier son propre palais, la Domus aurea. A sa mort, l’empereur Vespasien le détruit et souhaite faire de l’endroit un lieu de rassemblement pour le peuple. Au-delà du caractère politique et symbolique du projet, le Colisée avait une vocation de divertissement à travers l’organisation de nombreux spectacles publics, jeux et autres festivités.
On peut notamment évoquer les venationes et les munera. On pouvait ainsi assister à des combats d’animaux sauvages (parfois avec des hommes), des affrontements entre gladiateurs, des présentations d’œuvres d’art et même des reconstitutions de célèbres batailles, dont les naumachies, des reconstitutions de batailles navales. Certains événements proposaient des spectacles centrés sur la mythologie romaine. Le Colisée était aussi un lieu de premier choix pour les exécutions de condamnés à mort.
Comment se sont déroulés les travaux de construction du Colisée ?
La construction du Colisée s’est étendue sur une dizaine d’années, au premier siècle de notre ère. Le projet se démarque tout d’abord par une structure ovoïde, parfaitement autonome. Cette caractéristique demeure unique en comparaison d’autres amphithéâtres romains situés entre deux collines. Il couvre une superficie de 2,4 hectares et mesure 189 mètres de long pour 156 mètres de large. Par ailleurs, il s’élève à 50 mètres de hauteur. On peut y observer trois styles architecturaux selon les étages : dorique, ionique et corinthien.
Afin d’accéder aux gradins, le Colisée bénéficie d’un système complexe d’escaliers, avec près de 80 arches et colonnes qui le parcourent. L’organisation générale permettait de bien distinguer les classes sociales amenées à assister aux spectacles et représentations. Les passages et les accès sont savamment étudiés pour que la hiérarchie de la société romaine soit respectée. A titre d’exemple, les gradins inférieurs étaient réservés aux aristocrates et magistrats. La partie supérieure (la plus haute) était prévue pour les femmes.
Si l’on peut apprécier l’arc de triomphe de l’entrée principale ou encore le velarium (pour abriter les spectateurs du soleil), le Colisée dispose également d’un hypogée. Ces caves souterraines ont fait l’objet d’un aménagement ultérieur à la cérémonie d’inauguration, vers l’an 90, sous le règne de Domitien. Lors de l’inauguration, l’empereur Titus annonce 100 jours de jeux au cours desquels 5 000 animaux et 2 000 gladiateurs périssent. A cette occasion, on peut aussi évoquer la naumachie de Titus, qui reconstitue la bataille navale de Corinthe contre Corcyre. On doit les principaux témoignages de ces festivités au poète Martial, à l’historien Suétone et au politicien Dion Cassius.
Comment l’amphithéâtre du Colisée a-t-il évolué au fil des époques ?
Au fil des siècles, le Colisée a continué d'évoluer. Domitien entreprend de nouveaux travaux d’aménagement. Il ajoute une galerie au sommet de l’amphithéâtre. On lui doit également l’hypogée, par lequel les gladiateurs et les animaux parvenaient au sein de l’arène. On peut aussi évoquer l’intégration de boucliers de bronze sur l’attique. Au troisième siècle de notre ère, vers 217, des travaux de réparation sont effectués suite à l’incendie de Rome. Ceux-ci portent essentiellement sur les gradins de bois des étages supérieurs. Près de 25 années sont nécessaires. Pendant plus de 300 ans, le Colisée continue à remplir ses fonctions de divertissement. Plusieurs chantiers de réfection s’enchaînent jusqu’au VIe siècle.
Au cours de la période médiévale, on fait construire une église dans l’enceinte du Colisée. Par ailleurs, l’arène est transformée en cimetière. Certains espaces voûtés deviennent des habitations et des ateliers. Cet usage perdure du VIe jusqu’au XIIe siècle. Par la suite, la famille des Frangipani l’aménage pour en faire une forteresse. Si le Colisée a connu plusieurs tremblements de terre, le séisme de 1349 a fait s’effondrer un pan du mur sud de l’amphithéâtre. On se sert aussi de ses matériaux pour la construction de nouveaux monuments, comme le palais de Venise. En ruine, le Colisée accueille un ordre religieux entre le XIVe et le XIXe siècle.
L’histoire du Colisée est également marquée par la sanctification de Benoît XIV, en 1749. Le pape envisage, en effet, d’en faire un symbole des martyrs des premiers siècles. Il aménage un chemin de croix. "Imprégné du sang des martyrs", l’amphithéâtre devient un lieu consacré à la Passion du Christ. A partir de 1807, Napoléon Bonaparte organise des travaux de stabilisation au cours desquels des fouilles archéologiques sont entreprises par près de 1 800 hommes. Napoléon III poursuit le travail de son prédécesseur. Des travaux de déblaiement sont réalisés dans les années 1930. Depuis 1995, un important chantier de restauration est mené pour préserver le monument et ouvrir une majeure partie de l’amphithéâtre au public.
Quelles ont été les différentes fonctions du Colisée ?
Au fil des évolutions du Colisée, l’amphithéâtre connaît de nombreuses fonctions d’occupation. Comme évoqué précédemment, il sert à l’organisation de jeux et de spectacles publics dans l’Antiquité. Pendant près de 500 ans, soit de l’an 80 jusqu’au VIe siècle, on y organise des chasses d’animaux sauvages, principalement des fauves et des ours. Les affrontements de gladiateurs sont également très populaires, tout comme les naumachies et les exécutions de condamnés à mort. Plus insolite, on peut même y apprécier la reconstitution d’espaces forestiers. Cela permettait d’accentuer le réalisme des combats d’animaux avec l’imitation d’un environnement naturel.
Par la suite, certaines parties du Colisée sont utilisées en tant qu’ateliers et habitations. Puis on y édifie une église. L’arène devient un cimetière. On lui connaît différents rôles. Il est le lieu privilégié des Frangipani pour en faire une forteresse. Au Moyen Age, il fait office de carrière d’où l’on extrait des matériaux au bénéfice d’autres monuments en cours de construction. C’est notamment le cas de la basilique Saint-Pierre. Tandis qu’un ordre religieux s’y établit pendant six siècles (du XIVe au XIXe), la papauté en fait un sanctuaire catholique chrétien à la suite de sa sanctification.
A l’heure actuelle, le Colisée est un monument historique de renommée internationale. On compte plus de 7 millions de visiteurs par an. Les chantiers de restauration se poursuivent. En 2001, on y ouvre un musée sur Eros, le dieu de l’amour. Par ailleurs, le Colisée est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1980. Il fait également partie intégrante des 7 nouvelles merveilles du monde depuis 2007. Le monument doit aussi son succès à ses représentations dans la culture populaire. A titre d’exemple, on peut évoquer les films Vacances romaines et Gladiator, le jeu vidéo Assassin’s Creed Brotherhood, sans oublier les tableaux du peintre Corot que l’on retrouve dans les collections du Louvre : Le Colisée, vu à travers les arcades de la basilique de Constantin et Le Colisée vu des jardins Farnèse.