Bataille de Leipzig : la défaite de Napoléon en 1813

Bataille de Leipzig : la défaite de Napoléon en 1813 La bataille de Leipzig (1813), ou bataille des Nations, est l'une des plus importantes guerres napoléoniennes. Opposant la Grande Armée à la Sixième Coalition, elle se solde par une défaite de Napoléon.

Résumé de la bataille de Leipzig - La bataille de Leipzig (Allemagne) se déroule du 13 au 19 octobre 1813. Connue aussi comme la "bataille des Nations", elle survient après la catastrophique campagne de Russie de 1812. Comptant parmi les plus importantes guerres napoléoniennes, elle oppose la Grande Armée impériale de Napoléon à la Sixième Coalition, initiée par la Grande-Bretagne, l'Empire russe et renforcée par plusieurs pays. A l'issue de la défaite, l'armée de Napoléon parvient à regagner la France, en dépit de ses pertes importantes.

Quelles sont les causes de la bataille de Leipzig ?

En 1812, Alexandre Ier, tsar de Russie, cesse de coopérer avec Napoléon pour appliquer le blocus continental devant porter un coup fatal au Royaume-Uni. Fort d'une armée de 600 000 hommes, Napoléon envahit la Russie. La campagne de Russie se solde par une défaite catastrophique. Plusieurs pays humiliés par Napoléon se joignent à la Sixième Coalition, formée par la Grande-Bretagne et la Russie, bientôt rejointes par la Prusse. Les Etats allemands sont partagés, le nord soutenant majoritairement la coalition. Alors que la guerre d'indépendance espagnole (1808-1814) tourne au désastre, Bernadotte, ancien maréchal de Napoléon, devenu souverain de Suède, s'allie à la Russie. Napoléon décrète la mobilisation de 1813 et lève 350 000 soldats, qui rejoignent les restes de la Grande Armée en Saxe pour faire face à la Sixième Coalition. La campagne d'Allemagne débute par deux victoires : Lützen (2 mai) et Bautzen (20 et 21 mai). Au terme du congrès de Prague (12 juillet – 10 août), l'Autriche déclare à son tour la guerre à la France (11 août).

Comment la bataille de Leipzig s'est-elle déroulée ?

carte bataille de Leipzig
Carte de la bataille de Leipzig © ABECASIS/SIPA (publiée le 09/03/2023)

Après une victoire lors de la bataille de Dresde (26 – 27 août), la Grande Armée essuie un échec à Kulm. Les alliés entreprennent alors d'éviter Napoléon pour affronter ses maréchaux. La stratégie, payante, affaiblit considérablement l'armée française, prise en tenaille alors que la population allemande devient hostile. La bataille de Leipzig se déroule du 16 au 19 octobre 1813. La bataille débute par l'attaque conjointe de 78 000 alliés par le sud et 54 000 par le nord. La journée du 16 octobre est marquée par plusieurs assauts :

  • Les attaques du 2e corps autrichien sur Dölitz.
  • L'attaque du village de Markkleeberg, défendu par le maréchal Poniatowski et le maréchal Augereau.
  • L'attaque de Wachau par les Russes et les Prussiens, repoussés par les Français.
  • Les combats de Liebertwolkwitz, sauvé de justesse par la cavalerie française.

L'ouverture du front nord-est marquée par l'attaque de Blücher contre le centre des lignes françaises, défendues par les maréchaux Ney et Marmont. La bataille de Möckern fait 9 000 morts chez les alliés, 7 000 morts et 2 000 prisonniers côté français.

En dépit de quelques actions, la journée du 17 octobre est marquée par l'arrivée de renforts : 14 000 côté français et 145 000 pour les alliés. Le 18 octobre, les alliés attaquent le front sud (Wachau, Lößnig, Dölitz). Le combat dure 9 heures, infligeant de lourdes pertes de part et d'autre. Alors que les Français sont repoussés vers Leipzig, la fin de la journée est marquée par la trahison des Saxons à Paunsdorf : ils changent de camp, retournant leurs canons contre les Français.

Au soir, 320 000 soldats coalisés convergent autour de 170 000 Français quasiment à court de munitions. L'avant-garde alliée entre dans Leipzig. Napoléon décide de retirer ses troupes et de leur faire traverser la rivière Elster. Commandés par Schwarzenberg, les coalisés attaquent Leipzig en cinq colonnes. Le 19 octobre, la retraite se poursuit jusqu'à ce que le pont soit détruit, condamnant 1/3 de l'armée à risquer la noyade ou à se rendre.

Pourquoi la bataille de Leipzig est-elle appelée la bataille des Nations ?

La bataille de Leipzig met en présence des combattants de nombreuses nationalités. La Sixième Coalition, composée du Royaume-Uni, de l'Irlande et de l'Empire russe, est renforcée progressivement par le royaume de Prusse, la Suède, l'Empire d'Autriche. La Grande Armée compte, quant à elle, des Etats allemands, l'Italie et le Danemark dans ses rangs. Elle marque un tournant dans l'histoire : fini les guerres dynastiques de l'Ancien Régime, et ce sont désormais les peuples qui s'affrontent.

Qui sont les combattants de la bataille de Leipzig ?

portrait Metternich
Portrait du chancelier Metternich © MARY EVANS/SIPA (publiée le 09/03/2023)

La bataille de Leipzig oppose l'Empire français de Napoléon Ier aux forces de la Sixième Coalition. La Grande Armée est renforcée par ses alliés :

  • le Duché de Varsovie,
  • le Royaume d'Italie ,
  • le Royaume de Naples.

Au début de la bataille, elle bénéficie également du soutien du royaume de Saxe. Toutefois, les Saxons changent de camp le 18 octobre.

Figure majeure de la Sixième coalition, Alexandre Ier, tsar de l'Empire russe, compte pour sa part sur le Royaume de Prusse, qui a rejoint la coalition au lendemain de l'échec de la campagne de Russie. Il compte, en outre, sur le soutien de la Suède, emmenée par Bernadotte. Ce militaire français, élevé à la dignité de maréchal d'Empire en 1804, est en effet brouillé avec Napoléon. Choisi par le Parlement suédois comme héritier du roi Charles XIII, vieux, âgé, malade et sans enfants, il rejoint la Coalition en 1813 et prend personnellement le commandement de l'armée du Nord à Leipzig.

Au lendemain de l'Armistice de Pleiswitz, signé le 4 juin 1813, à la demande de la Prusse et de la Russie entre Napoléon et la Coalition, l'Empire d'Autriche offre sa médiation. Lors du Congrès de Prague, le chancelier Metternich propose la paix générale à Napoléon s'il abandonne les territoires à l'est du Rhin, la Hollande, la Suisse, les Provinces illyriennes, l'Espagne et une grande partie de l'Italie. Face à son refus, l'Autriche rejoint à son tour la Coalition, jouant un rôle déterminant dans l'issue de la bataille des Nations.

Qui a gagné la bataille de Leipzig ?

La bataille des Nations est une défaite pour les Français. Si la mobilisation de 1813 a permis de reconstituer une partie de la Grande Armée, la majorité des nouvelles recrues sont jeunes et inexpérimentées. Dans le même temps, la guerre d'indépendance s'enlise en Espagne, mobilisant une partie des forces armées. L'armée pâtit également d'une logistique défaillante, les Français se retrouvant à court de munitions au soir du 18 octobre. Ils sont alors incapables d'envoyer une dépêche aux garnisons françaises de Dresde, Torgau et Wittenberg pour qu'elles se rassemblent sous le commandement du maréchal Gouvion-Saint-Cyr, comme le souhaitait Napoléon. La destruction du pont sur l'Elster divise : s'il semble s'agir d'une destruction accidentelle, elle pourrait résulter d'ordres contradictoires pour tenter de ralentir les alliés.

Quoique Marie-Louise, nièce de Marie-Antoinette et archiduchesse d'Autriche, ait épousé Napoléon quelques années plus tôt, en 1808, l'Autriche finit par se joindre à la Sixième Coalition, ce qui marque un tournant dans le conflit. Si les coalisés remportent la bataille de Leipzig, ils ne parviennent pas à remporter une victoire décisive. Bien que les Français doivent affronter les Austro-Bavarois qui tentent de leur couper la route au cours de la bataille de Hanau (30 – 31 octobre), ils parviennent à se replier jusqu'au Rhin. Napoléon perd son contrôle sur plusieurs pays allemands et plusieurs places fortes (dont Dantzig, Glogau, Stettin, Dresde), mais les alliés sont trop éprouvés eux-mêmes pour le poursuivre.

Combien y a-t-il eu de morts lors de la bataille de Leipzig ? 

bataille de Hanau
La garde impériale française charge la cavalerie bavaroise le 30 octobre 1813 pendant la bataille de Hanau. © MARY EVANS/SIPA (publiée le 09/03/2023)

Les pertes ont été estimées à 60 000 hommes morts, blessés ou prisonniers, côté français, et à 90 000 hommes du côté de la coalition. Au nombre des disparus : Joseph Poniatowski, qui était le neveu du dernier roi de Pologne, Stanislas II. Ce dernier avait reçu le bâton de maréchal la veille. On compte également les généraux Aubry, Camus de Richemont, Rochambeau et Couloumy. Environ 10 000 soldats français auraient été faits prisonniers durant la retraite.

Quelles sont les conséquences de la bataille de Leipzig ?

Membre de la Confédération du Rhin et alliée de la France, la Bavière adhère à la Sixième Coalition par le traité de Ried, conclu le 8 octobre avec l'Autriche. Au terme de la bataille de Leipzig, la Grande Armée se replie, suivie de près par les coalisés. Le 30 octobre, les corps austro-bavarois commandés par Wrede atteignent Hanau, lui coupant la route. La cavalerie lourde de la Garde impériale enfonce toutefois les Austro-Hongrois, décidant du sort de la bataille.

Outre le territoire allemand, Napoléon laisse Davout à Hambourg, considéré comme l'un de ses meilleurs maréchaux, dont il devra se passer en 1814. La Sixième Coalition n'ayant pas permis de remporter de victoire décisive, la guerre se conclut cette année-là par une ultime phase : la campagne de France, au cours de laquelle les coalisés entrant par le nord, l'est et le sud-ouest convergent vers Paris. Les troupes prussiennes et russes entrent dans la capitale et Napoléon abdique le 6 avril 1814, avant d'être exilé à l'île d'Elbe.

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