Bataille de Sedan : résumé de la défaite française de 1870
La bataille de Sedan, qui s'est déroulée un 1er septembre, entraîne la fin de la guerre franco-allemande de 1870 de manière radicale pour la France et marque durablement son histoire.
Résumé de la bataille de Sedan - La bataille de Sedan est le dernier combat de la guerre franco-allemande de 1870. Elle porte le nom de la ville où Napoléon III s'est retranché après avoir été isolé de ses maréchaux Bazaine et Mac Mahon. C'est une défaite française humiliante qui clôt un mois de désastres militaires. Les conséquences sont lourdes : Paris est assiégée, les Prussiens occupent l'Alsace et une partie de la Lorraine, Napoléon III est fait prisonnier et le peuple réclame la République. La bataille de Sedan marque ainsi la fin du Second Empire, qui avait débuté en 1852 avec le neveu de Napoléon Ier.
Quelles sont les causes de la bataille de Sedan ?
En cette seconde moitié du XIXe siècle, l’empire de Prusse est en pleine expansion. Les Etats du nord de la confédération allemande se sont unis officiellement et Bismarck, le dirigeant de la Prusse, a signé des accords secrets avec ceux du sud afin de s’en faire des alliés militaires. Les Prussiens ont également vaincu l’Autriche lors de la bataille de Sadowa. Pour Bismarck, la France est le prochain ennemi à abattre, d’autant que le trône d’Espagne se libère, ce qui permettrait de prendre le pays en tenaille. La France obtient le retrait de la candidature au trône d’Espagne du cousin de Guillaume Ier, empereur de Prusse. Pourtant, bien que Napoléon III soit conscient de la faiblesse de son armée, il déclare la guerre à la Prusse le 19 juillet 1970 à la suite d'une ruse de Bismarck par l'intermédiaire de la dépêche d'Ems.
En dépit de sa maladie urinaire qui l’invalide et de son âge (il a 62 ans), Napoléon III décide de prendre le commandement de cette campagne militaire. La première bataille de cette guerre franco-prussienne a lieu le 2 août. Elle est menée contre Sarrebruck et la France obtient une victoire facile. Les difficultés commencent quelques jours plus tard. La défaite à Woerth du maréchal Mac Mahon désorganise les troupes et fait perdre l’Alsace à la France. Le 11 août, Napoléon III décrète l’état de siège et remet le commandement au maréchal Bazaine et se replie à Châlons-sur-Marne avant de suivre Mac Mahon vers Metz. Les Français ne parviennent pas à franchir la Meuse. A Sedan, Napoléon III s’arrête pour du ravitaillement.
Comment s’est déroulée la bataille de Sedan ?
Les Allemands ont commencé à encercler Sedan dès le 31 août et poursuivent leur manœuvre. Les Français n’ont en effet pas pris la peine de faire sauter les ponts, ce qui permet aux Prussiens de franchir la Meuse et d'atteindre Bazeilles, à seulement 5 kilomètres au sud de Sedan, la veille de la bataille. La bataille de Bazeilles est héroïque, mais se solde par un désastre et la destruction quasi complète du village. Ce schéma représente les positions françaises (rouge) et allemandes (bleu) le 31 août au soir :
La bataille de Sedan a éclaté le 1er septembre dans la ville du même nom. Une ancienne citadelle remaniée par Vauban en occupe le cœur, mais ses défenses ne sont plus adaptées aux canons longue portée actuels. Les canons Krupp des Prussiens font des ravages contre la ville. Mac Mahon est rapidement blessé, ce qui entraîne la désorganisation de l'armée française, le commandement étant repris d'abord par Ducrot puis par de Wimpffen, qui donnent chacun des ordres opposés.
A Donchery, Frédéric de Prusse traverse la Meuse et fait la jonction avec l’armée allemande déjà présente. Les troupes françaises sont encerclées sur le plateau d’Illy. Il n’est plus possible de fuir vers Mézières ou la Belgique. L’armée française se replie dans la citadelle de Sedan dans un grand désordre. Les hommes sont exténués et menacent les officiers. Napoléon III décide alors de hisser le drapeau blanc. Il espère pouvoir négocier et sauver l’honneur de ses généraux en se constituant prisonnier. La capitulation française a officiellement lieu le 2 septembre, dans le château de Bellevue.
Qui sont les combattants de la bataille de Sedan ?
La bataille de Sedan voit s’opposer environ 120 000 hommes du côté de l’Empire français et environ 200 000 du côté prussien. Le royaume de Prusse s’est adjoint le soutien du royaume de Bavière ainsi que des Etats allemands du sud. Son armée est divisée en deux grandes troupes : la IIIe armée, fournie par Frédéric-Guillaume de Prusse et la IVe armée, qui répond aux ordres d’Albert de Saxe. Les Etats allemands se sont unis dans cette guerre. A sa tête se trouve le général Helmuth von Moltke, chef du Grand Etat-Major général de l’armée prussienne, qui s’est déjà distingué par sa victoire sur les Autrichiens à Sadowa.
De leur côté, les Français sont sous les ordres de Mac Mahon, général de Napoléon qui s’est déjà illustré en Algérie et en Crimée. Il deviendra ensuite président de la République de 1873 à 1879 après la capitulation de Sedan et l'effondrement du Second Empire. Blessé, il est relayé par Ducrot, puis par de Wimpffen. Ce dernier signera la reddition. Les Français disposent de 560 canons contre 780 modèles Krupp pour les Allemands qui sont d’une modernité supérieure. Les cavaliers français se distinguent par leur courage, arrachant même une exclamation admirative de la part de Guillaume de Prusse : "Oh les braves gens !". Si Napoléon III, empereur français, prend activement part à la bataille, le roi Guillaume de Prusse ainsi que son chancelier Otto von Bismarck se contentent de l’observer depuis une colline du côté de Frénois, au sud-ouest de Sedan.
Qui a gagné la bataille de Sedan ?
La bataille de Sedan est une défaite française et une victoire allemande. En effet, face à la situation désespérée, Napoléon III décide de lever le drapeau blanc. Son objectif est de négocier directement avec Guillaume de Prusse, qu’il connaît bien, mais Bismarck l’en empêche et ne l’autorise à voir le roi qu’une fois la capitulation signée. Napoléon III fait alors partie des prisonniers de la bataille, comme l’ensemble des survivants. C’est donc une victoire décisive allemande, qui va permettre à l’empire de Prusse d’étendre son territoire.
Les causes de la défaite française sont nombreuses. La désorganisation de l’armée compte parmi les plus importantes : les précédentes défaites en Alsace ont disséminé des soldats épuisés et affamés. A Sedan même, la blessure de Mac Mahon entraîne des conflits dans le commandement, avec l’intervention de Ducrot, puis de De Wimpffen, dont les ordres se révèlent tout à fait opposés. En outre, Sedan est particulièrement difficile à défendre, avec sa citadelle située dans une cuvette et non adaptée aux armes de l’époque.
Combien y a-t-il eu de morts lors de la bataille de Sedan ?
Au cours de la bataille de Sedan, les Français perdent près de 3 000 hommes. Les blessés se portent au nombre de 14 000, auxquels s’ajoutent près de 21 000 disparus. Dans l’armée allemande, le nombre de blessés, tués et disparus s’élève à 9 000 hommes.
La reddition de l’armée française se fait sans condition. Par conséquent, l’ensemble des survivants est constitué prisonnier, soit environ 90 000 soldats et officiers. Les Allemands s’emparent en outre de tout le matériel des Français, essentiellement 6 000 chevaux et plus de 400 canons. Environ 550 officiers sont cependant libérés en échange de la promesse qu’ils ne contribueront plus aux combats contre les Allemands pour toute la durée de la guerre.
Fait notable, l’empereur français Napoléon III fait partie des prisonniers. Il est détenu au château Wilhelmshöhe, à Cassel, tandis que le reste de l’armée est d’abord conduit sur la presqu’île d’Iges, dans une boucle de la Meuse. Les conditions de détention catastrophiques entraîneront des milliers de morts supplémentaires.
Quelles sont les conséquences de la bataille de Sedan ?
La reddition de Sedan marque un tournant décisif dans la guerre de 1870, mais aussi dans l’histoire de France. En effet, la capitulation de l’armée entraîne directement la fin du Second Empire. A Paris, la colère gagne les habitants et le corps législatif finit par céder sous la pression : Napoléon III est déchu, ce qui est officiellement annoncé par Léon Gambetta le 4 septembre 1870. Dans la même journée, il proclame l’instauration de la République, même si le gouvernement ne croit pas encore tout à fait à une défaite totale malgré Sedan.
Cependant, l’arrivée des troupes allemandes aux portes de la Capitale met fin aux velléités françaises : elles dressent en effet le siège de Paris le 20 septembre 1870, qui prend fin le 28 janvier 1871. Les préparatifs sont d’autant plus hâtifs que nul n’avait prévu la défaite de Sedan. C’est à la fin du siège que la France est définitivement défaite. Guillaume de Prusse est alors proclamé empereur du IIe Reich et les Etats allemands sont unis, selon le plan de Bismarck. Au contraire, les Français sont extrêmement divisés, comme le prouvera l’épisode de la Commune, entre mars et mai 1871, qui s’apparente à une guerre civile au cœur de Paris.
En outre, la défaite à la bataille de Sedan entraîne une modification du territoire français. Lors de la signature du traité de paix de Francfort le 10 mai 1871, les Allemands annexent en effet l’Alsace (à l’exception de Belfort), une partie de la Lorraine et des Vosges. La France doit également verser 5 milliards de francs-or.
Les dates clés de la bataille de Sedan
- 13 juillet 1870 — Fâcheuse dépêche d’Ems
- Bismarck retire son soutien à la candidature du cousin de roi de Prusse au titre de prétendant au trône d’Espagne. Mauvaise traduction et orgueil français créeront un imbroglio diplomatique à l’origine de la guerre franco-allemande de 1870.
- 19 juillet 1870 — La guerre de 1870 éclate
- Napoléon III finit par déclarer la guerre à la Prusse, tombant dans le piège diplomatique fomenté par Bismarck. Il forme l’armée du Rhin, qui s’opposera aux Etats alliés d’Allemagne et ira de défaite en défaite.
- 2 septembre 1870 — Napoléon III vaincu à Sedan
- Napoléon III décide d’éviter un massacre inutile et de se rendre. Comme toutes ses troupes, il est fait prisonnier. Il est détenu au château de Wilhelmshöhe à Cassel, avec toutes les considérations dues à son rang.
- 19 septembre 1870 — Début du siège de Paris par les Prussiens
- Après leur victoire à Sedan, les troupes allemandes déferlent sur Paris, qu’elles choisissent d’assiéger pour éviter le combat de rue. Pour les Parisiens, le quotidien est très difficile. L’armistice est signé le 28 janvier 1871.