Opération Serval : l'intervention française au Mali en 2013

Opération Serval : l'intervention française au Mali en 2013 Annoncée en 2013 par François Hollande, l'opération Serval, renommée opération Barkhane en 2014 lors de son extension à quatre pays supplémentaires, est une intervention de l'armée française au Mali.

Résumé de l'opération Serval - L'objectif de l'opération Serval pour l'armée française est de stopper la progression des djihadistes qui gagnent du terrain au Mali en soutenant les troupes locales. Elle est lancée en janvier 2013, en réponse à l'appel des autorités maliennes. En effet, des groupes terroristes progressent depuis le nord du Mali et attaquent les régions de Kidal, Gao et Tombouctou. En 2014, l'opération Serval prend fin avec son extension sur quatre autres pays : le Tchad, le Niger, le Burkina Faso et la Mauritanie. Son nom change, elle devient alors l'opération Barkhane.

Pourquoi l'opération Serval a-t-elle été lancée ?

Si la France se préoccupe de la progression djihadiste au Mali, c'est qu'elle y voit plusieurs enjeux majeurs. Le Mali est d'abord une ancienne colonie française, qui a obtenu son indépendance en 1960. La France cultive donc avec ce pays des relations étroites depuis des décennies et c'est pourquoi les autorités ont demandé en premier lieu un soutien des troupes maliennes à la France. En aidant les Maliens à protéger Bamako, capitale du pays, la France cherche également à se protéger elle-même. Au Mali, les rebelles souhaitent notamment l'indépendance de l'Azawad, une région désertique située dans le nord. Elles cherchent également à renverser le gouvernement du président Amadou Toumani Touré. Le djihadisme est une menace qui pèse également sur la France. Les tueries de Toulouse et Montauban par Mohammed Merah en 2012, qui seront suivies par d'autres événements marquants, traduisent la tension qui règne en effet en France face à l'islamisme intégriste. La France cherche donc à préserver l'intégrité du Mali tout en anticipant les menaces qui pourraient arriver jusqu'à elle.

L'opération Serval contribue également à protéger des intérêts privés. Le commandement des forces spéciales (COS) a pour mission de sécuriser des mines d'uranium toutes proches exploitées par l'entreprise française Areva. Il s'agit là d'une innovation, le COS français n'ayant habituellement pas pour vocation à participer directement à la sécurité d'intérêts privés. L'uranium extrait dans le secteur est crucial pour alimenter les centrales nucléaires françaises, mais aussi pour l'exportation.

Qui sont les combattants de l'opération Serval ?

Des forces de diverses origines sont engagées dans l'opération Serval. Ce sont d'abord les forces spéciales du COS qui sont déployées dans le cadre du dispositif Sabre. Elles avaient été précédemment positionnées au Sahel. Elles jouent un rôle majeur de renseignement. Des gendarmes du GIGN, une unité d'élite, sont également envoyés afin de protéger diplomates et ambassadeurs français présents à Bamako. Des pilotes, des compagnies parachutistes et des forces marines sont sollicitées, portant jusqu'à 4 500 le nombre d'hommes mobilisés par la France dans l'opération Serval. Les hélicoptères Gazelle, les Mirage (de reconnaissance et chasseurs-bombardiers), des Rafales et des avions de patrouille maritime Atlantique 2 sont les principaux équipements employés. Les troupes françaises sont soutenues par des renforts africains venus du Niger, du Burkina Faso, du Togo et du Sénégal, qui ont chacun fourni environ 500 hommes. Les renforts du Nigeria se portent au nombre de 600 et ceux du Bénin à 300. L'Occident est également de la partie avec un soutien logistique britannique et dans le domaine du transport et de la communication par l'armée américaine.

Les cibles sont notamment l'AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique), le groupe salafiste Ansar Dine et le Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao). Quoique distincts et concurrents, ces groupes islamistes ont formé une alliance pour mieux renverser le gouvernement malien et préparer une nouvelle répartition du territoire.

Comment s'est déroulée cette opération ?

L'opération Serval a été officiellement lancée le 11 janvier 2013, suite à l'appel du président malien après la prise de la ville de Konna dans la nuit du 9 au 10 janvier. Elle a duré jusqu'au 1er août 2014, date à laquelle elle est remplacée par l'opération Barkhane. La lutte contre le djihadisme dans le Sahel a été marquée par plusieurs événements majeurs. Dès les premières heures, un combat contre une colonne djihadiste cause un premier mort : le pilote d'hélicoptère de combat Damien Boiteux.

rencontre François Hollande Ibrahim Boubacar
Rencontre entre le président français François Hollande et le président malien Ibrahim Boubacar © SIPA (publiée le 03/03/2023)

Après plusieurs opérations de sécurisation et la reprise de contrôle de certaines lignes stratégiques, la reconquête de Gao compte parmi les premières victoires majeures, essentiellement dues aux forces du COS. La ville était alors aux mains des terroristes du Mujao. Cette étape mène à la prise de Tombouctou via Léré le 27 janvier 2013, qui implique près de 800 hommes, le parachutage de 250 légionnaires, plusieurs patrouilles de chasse, des hélicoptères et des moyens de surveillance. Trois jours plus tard, le 30 janvier 2013, c'est la prise de Kidal grâce à un raid héliporté et un posé d'assaut via avion de transport. L'opération est rendue particulièrement difficile en raison d'une tempête de sable, mais la zone est sécurisée dans un rayon de 100 km par des frappes aériennes. François Hollande est ensuite accueilli en libérateur à Tombouctou le 2 février. Un mois plus tard, les troupes françaises sont progressivement retirées de la région et en juillet, la Minusma (mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali) prend le relais.

Quels liens entre l'opération Serval et l'opération Barkhane ?

En août 2014, l'opération Serval devient l'opération Barkhane. Sa principale différence est son changement d'échelle. Désormais, le Mali n'est plus le centre des opérations, qui est étendu à une région internationale comprenant le Tchad, le Niger, le Burkina Faso et la Mauritanie, des pays du Sahel, où se concentrent les efforts. En effet, malgré les succès de l'opération Serval, la menace djihadiste n'est pas éliminée et en mai 2014, des groupes rebelles arabes et touaregs reprennent la ville de Kidal. Le 14 juillet, un pick-up piégé attaque une patrouille blindée française, faisant sept blessés. Si l'opération Serval a permis de répondre à l'appel au secours du président malien, l'opération Barkhane élargit la lutte contre le djihadisme. Le déploiement de troupes en fait l'une des plus importantes opérations extérieures de la France, avec près de 4 000 hommes, 8 avions de chasse, 300 blindés, 17 hélicoptères et 300 véhicules logistiques. Elle se présente ainsi comme une extension de l'opération Serval.

Quel est le bilan de l'opération Serval ?

L'opération Serval peut être considérée comme un succès dans la mesure où elle est parvenue à protéger Bamako et à faire reculer les forces djihadistes par une reconquête du nord du Mali. L'opération Serval a prouvé l'efficacité de la chaîne décisionnelle de la France ainsi que l'utilité du pré positionnement de troupes en Afrique. En effet, la proximité de troupes dans des pays voisins a permis une intervention rapide au Mali, ce qui a joué un rôle majeur dans ses succès. Mais si l'armée française a bien réussi à protéger Bamako, elle n'est pas parvenue à éradiquer totalement la menace. Les groupes terroristes se sont repliés, mais n'ont pas disparu, comme l'a prouvé la reprise de Kibal.

D'un point de vue diplomatique, l'opération Serval est plutôt un succès. La population malienne approuve l'intervention française, ce qui sera moins le cas pour l'opération Barkhane, qui a commencé à provoquer certains sentiments anti-français dans certains secteurs. En effet, l'opération Serval a répondu à un besoin urgent, tandis que la présence française s'est enlisée dans le Sahel avec l'opération Barkhane.

Pour le côté négatif, l'opération Serval a mené à la mort de 9 soldats français entre janvier 2013 et juillet 2014. Le bilan de l'opération compte également 300 blessés. Le ministère de la Défense a alloué un budget de 630 millions d'euros (soit 2 % de son budget global). En moyenne, le coût est d'environ 100 000 euros par homme et par an pour une opération de cette envergure. A la fin de l'année 2013, la Cour des comptes estimait le coût de l'opération à 647 millions d'euros.

Durant l'opération, l'armée française a mis la main sur 220 tonnes de munitions ennemies, ainsi que près de 300 armes, 12 tonnes de nitrate d'ammonium (nécessaire à la confection de bombes artisanales) et 9 000 litres de gasoil. Près de 17 millions de litres de carburant aéronautique et 3 millions de litres d'essence et gasoil ont été consommés.

Autour du même sujet

XXIe siècle