Opération Barkhane : l'armée française au Mali et au Sahel

Opération Barkhane : l'armée française au Mali et au Sahel En 2014, la France lance l'opération Barkhane. Cette opération militaire, menée entre autres par l'armée française, a pour but de lutter contre la menace djihadiste au Mali et dans les pays du Sahel.

Résumé de l'opération Barkhane - Au début des années 2000, des groupes salafistes djihadistes tentent de prendre le contrôle du Sahel, région désertique qui traverse plusieurs pays dont le Mali, le Niger, la Mauritanie, le Tchad et le Burkina Faso. En 2012, ces groupes armés terroristes mènent des offensives dans le centre du Mali. Dirigée par le président François Hollande, la France lance l'opération Serval, qui a pour objectif d'aider l'armée malienne à repousser les djihadistes. A la suite du succès de l'opération, la France décide en 2014 de poursuivre la lutte contre la menace djihadiste dans toute la région du Sahel. Cette opération militaire, baptisée "Barkhane", est menée par l'armée française en collaboration avec les armées locales et des forces armées européennes. En 2021, la fin de l'opération Barkhane au Mali est annoncée. L'influence djihadiste est réduite dans la région, mais pas éradiquée. D'autre part, le Sahel est toujours en proie à l'insécurité et à l'instabilité politique. En 2022, l'opération se poursuit depuis Niamey au Niger.

Quelles sont les origines de l'opération Barkhane ?

 Djihadistes d'Ansar Dine
Djihadistes d'Ansar Dine à Tombouctou © STR/AP/SIPA (publiée le 17/10/2022)

Depuis 2003, les Etats du Sahel (Mali, Niger, Mauritanie, Tchad, Burkina Faso) sont en guerre contre des mouvements salafistes djihadistes. Ayant fait allégeance à des organisations comme l'Etat islamique et Al-Qaïda, ces groupes armés (AQMI, Ansaru, GSPC, Ansar Dine…) conduisent des actions de terrorisme et de guérilla. En 2011, la guerre civile libyenne éclate. Après la chute de Mouammar Kadhafi, des islamistes s'emparent de stocks d'armes et fuient vers le désert. Parallèlement, des mercenaires touaregs anciennement au service de la Libye rejoignent les groupes armés menant la guerre au Sahel. En 2012, les rebelles touaregs du MNLA et d'Ansar Dine s'allient avec les groupes djihadistes d'AQMI et du MUJAO pour mener une rébellion contre l'Etat malien, déclenchant ainsi la guerre du Mali. Profitant de la désorganisation et des divisions au sein de l'armée malienne, les rebelles s'emparent de villes comme Tombouctou, Kidal et Gao, et proclament l'indépendance du territoire de l'Azawad. A la suite des offensives rebelles contre le centre du Mali, la France lance l'opération Serval, le 11 janvier 2013, dans le but d'aider l'armée malienne à reprendre le contrôle du pays. Avec la reconquête du nord du Mali et la sécurisation de Bamako, l'opération est considérée comme un succès. Le 1er août 2014, commence l'opération Barkhane. Son but est de lutter contre les groupes armés salafistes djihadistes qui se trouvent dans la région du Sahel.

Qui sont les combattants de l'opération Barkhane ?

L'opération Barkhane compte 3 000 hommes. Ces effectifs atteignent 5 100 hommes en 2020. La base de l'état-major et des forces aériennes est installée à N'Djamena, au Tchad. La France dispose aussi de bases à Gao (Mali), Niamey (Niger) et Ouagadougou (Burkina Faso). Les forces françaises sont épaulées par des forces américaines et surtout européennes : le Royaume-Uni (90 soldats), l'Estonie (95 soldats), le Danemark (70 soldats) et la République tchèque (60 soldats). Les Etats-Unis, qui disposent de nombreux drones d'observation, fournissent également une aide sous forme de renseignements. Parallèlement, la France collabore avec les armées régulières des pays du Sahel. En mars 2020, 10 pays européens rejoignent la France pour créer la Task Force Takuba, dont le but est de conseiller, assister et former l'armée malienne. Face aux forces françaises et européennes, les islamistes alignent environ 3 000 combattants, répartis dans plusieurs groupes armés : Ansar Dine, AQMI, Al-Mourabitoune, Ansarul Islam, Etat islamique dans le grand Sahara et le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans.

Formation d'un soldat malien
Base militaire française de l'opération Barkhane à Gao. Zone vie. Un soldat français forme un Malien. © GEAI LAURENCE/SIPA (publiée le 17/10/2022)

Quels sont les objectifs de l'opération Barkhane ?

Le principal objectif de l'opération Barkhane est la lutte contre les groupes armés salafistes djihadistes dans la région du Sahel, en coopération avec les armées des Etats du Sahel. En effet, les groupes armés terroristes souhaitent prendre le contrôle de la région pour y appliquer la charia (loi musulmane). Dans les territoires contrôlés, les djihadistes commettent des exactions sur les populations locales (châtiments corporels, exécutions, lapidations, mutilations). Ils détruisent également des sites historiques comme les mausolées de Tombouctou, au Mali. Pour contrer les djihadistes, les soldats de l'opération Barkhane bombardent leurs camps. Ils les empêchent de se fournir en matériel en détruisant les convois et les caches d'armes. L'opération Barkhane doit aussi mettre fin aux actions des djihadistes dans la région pour lutter contre le terrorisme. Les groupes armés djihadistes se livrent notamment à des prises d'otages (avec généralement une demande de rançon), des attaques à la bombe, des attaques de kamikazes et des embuscades.

Comment se déroule l'opération Barkhane ?

Patrouille Franco-Nigérienne
Patrouille franco-nigérienne dans le désert autour de Madama dans le cadre de l'opération Barkhane © SIPA (publiée le 17/10/2022)

L'opération Barkhane commence le 1er août 2014. Les forces françaises et leurs alliés installent des bases militaires dans les pays du Sahel : Mali, Niger, Burkina Faso, Mauritanie et Tchad. Dès le mois d'août 2014, les militaires français procèdent à des arrestations de terroristes et bombardent des camps de djihadistes. L'armée française lance plusieurs attaques, à l'Ametettaï et Tabankort. En avril 2015, les forces spéciales françaises délivrent un otage néerlandais. En 2017, elles remportent plusieurs victoires à Gourma-Rharous, dans la forêt de Foulsaré, dans la forêt de Serma ou encore à Tin Biden. Au cours de l'année 2018, l'opération Barkhane se poursuit avec les combats d'Inaghalawass, d'Akabar, d'Inabelbel, de Ndaki et de Farimaké. L'année suivante, les djihadistes sont battus une nouvelle fois dans la forêt de Serma puis à Elkala, à Dialloubé et à Gorom-Gorom. A l'été 2019, la France lance l'opération Aconit, dans la forêt d'Azambara, qui se solde par une défaite des djihadistes. En novembre, l'opération Bourgou IV est également un succès. Néanmoins, les Français perdent 13 hommes et deux hélicoptères quelques jours plus tard. En décembre, ils remportent le combat de Wagadou et éliminent 40 djihadistes. L'année 2020 est marquée par les combats de Talahandak, Boulikessi et Niaki. En janvier 2021, l'opération Eclipse permet de neutraliser environ 100 djihadistes. En août, 10 djihadistes trouvent la mort lors du combat de Dangarous. L'opération Laabingol, en janvier 2022, met une soixantaine de terroristes hors de combat.

Combien y a-t-il eu de morts dans le cadre de l'opération Barkhane ?

49 militaires français sont décédés dans le cadre de l'opération Barkhane, ce qui porte à 58 le nombre de morts pendant les guerres du Mali et du Sahel. En effet, 9 soldats français avaient été tués au cours de l'opération Serval. La plupart sont des militaires du rang de l'armée de terre. Parmi ces morts, le plus jeune était âgé de 19 ans (Mickaël Poo-Sing). Une femme, la sergente Yvonne Huynh, fait partie des victimes. Elle était âgée de 33 ans. L'année 2019 est la plus meurtrière pour l'armée française, avec 17 morts. Le 25 novembre, 13 militaires sont morts dans la collision de deux hélicoptères, lors du combat de la vallée d'Eranga. Du côté des djihadistes, on estime les pertes à environ 2 000. Plusieurs centaines de terroristes ont été faits prisonniers. Un certain nombre de chefs djihadistes ont été éliminés, parmi lesquels : Abdelmalek Droukdel, Djamel Okacha, Yahia Djouadi, Ibrahim Ag Inawalen, Esse Ag Warakoule, Abdelkrim al-Targui, Ahmed al-Tilemsi, Abou Iyadh, Adnane Abou Walid al-Sahraoui et Ibrahim Malam Dicko.

Quand a été stoppée l'opération Barkhane ?

L'opération Barkhane a coûté à la France entre 600 millions et 1 milliard d'euros par an. Elle a permis de réduire l'influence des djihadistes au Sahel. En coopération avec les armées malienne, nigérienne et burkinabé, les forces françaises ont neutralisé un grand nombre de terroristes et détruit d'importantes quantités de matériel et de drogue. La plupart des opérations ont été des succès. Néanmoins, le but de l'opération Barkhane n'était pas pour la France de se substituer à l'autorité des Etats du Sahel. La fin de l'opération devait avoir lieu lorsque les armées régulières de ces pays seraient en mesure de contrôler leurs territoires sans aide extérieure. En 2022, ce n'est toujours pas le cas. Alors que les djihadistes progressent vers le golfe de Guinée, l'instabilité politique et l'insécurité règnent au Sahel. D'autre part, le sentiment anti-français se développe dans la région. Le 24 mai 2021, le militaire Assimi Goïta renverse le pouvoir malien en place, alors qu'un coup d'Etat avait déjà eu lieu en 2020. Des tensions s'installent : la France accuse le Mali de se rapprocher de la Russie en faisant appel au groupe Wagner, une société militaire privée russe. Le 10 juin 2021, le président français Emmanuel Macron annonce un retrait de l'opération Barkhane du nord du Mali. Les forces françaises commencent à se retirer dès octobre. En février 2022, les autres pays européens de la Task Force Takuba annoncent leur départ du Mali. Depuis le Niger, la France ouvre la porte à une nouvelle opération de soutien et de coopération avec les forces armées des pays du Sahel.

Opération Barkhane
Réarticulation de l'opération Barkhane hors Mali © Etat-major des armées
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