Massacre de Mỹ Lai : crime de guerre américain au Viêt Nam
Pendant la guerre du Vietnam, des GI tuent plusieurs centaines de civils. Résumé de ce crime de guerre connu sous le nom de massacre de Mỹ Lai.
Résumé du massacre de Mỹ Lai - En 1968, les Etats-Unis sont enlisés dans la guerre du Vietnam. En janvier, le Nord Vietnam lance une grande offensive. Les Américains doivent mener des opérations pour libérer les zones contrôlées par le Việt Cộng dans le Sud Vietnam. Le 16 mars 1968, des soldats américains reçoivent l’ordre d’éliminer tous les ennemis retranchés dans la zone de Sơn Mỹ. Arrivés sur place, ils ne rencontrent aucune résistance : seulement des femmes, des enfants et des vieillards. Encouragés à la violence par leurs supérieurs, les soldats commettent le massacre de Mỹ Lai, faisant environ 500 victimes.
Quel est le contexte du massacre de Mỹ Lai ?
Le 16 mars 1968, des soldats de l’armée de terre américaine perpètrent le massacre de Mỹ Lai, au Vietnam. Chargés d’éliminer une unité Việt Cộng, les soldats de la compagnie Charlie, 1er bataillon, 20e régiment d’infanterie, 11e brigade, 23e division d’infanterie, tuent plusieurs centaines d’hommes, femmes et enfants. Ce crime de guerre, souvent désigné comme l’épisode le plus choquant de la guerre du Vietnam, a eu lieu dans plusieurs hameaux du village de Sơn Mỹ, dont Mỹ Lai, situé dans la province de Quảng Ngãi.
Quelles sont les causes du massacre de Mỹ Lai ?
Après la défaite de la France en Indochine en 1954, le Vietnam est scindé en deux Etats : le Nord Vietnam, sous régime communiste, et le Sud Vietnam, régime autoritaire soutenu par les Etats-Unis. Dirigé par Hô Chi Minh, le Nord Vietnam lance des opérations vers le Sud Vietnam dès 1957. Dans le contexte de la guerre froide, les Etats-Unis souhaitent empêcher l’expansion du communisme en Asie. Alliés au Sud Vietnam, ils envoient des troupes dès le milieu des années 1950. En 1965, les troupes américaines sont déployées massivement au Sud Vietnam pour combattre l’armée nord-vietnamienne et les guérilleros du Front national de libération du Sud Vietnam (Việt Cộng). En janvier 1968, le Nord lance l’offensive du Tết, avec pour objectif de prendre les principales villes du pays. Le commandement américain contre-attaque avec des opérations de "recherche et destruction". L’une de ces opérations est confiée à la Task Force Barker. Le but est d’éliminer le 48e bataillon de l’armée du FNL, qui, selon les renseignements américains, occupe le hameau de Mỹ Lai.
Comment s’est déroulé le massacre ?
Dans le cadre de l’opération de recherche et destruction, les soldats de la compagnie Charlie reçoivent pour ordre de tuer les guérilleros Việt Cộng, mais aussi tous les individus suspects, même s’il s’agit de femmes et d’enfants. Le 16 mars 1968, vers 7h30, les GI (soldats américains), commandés par le capitaine Ernest Medina, se posent en hélicoptère à Sơn Mỹ. Deux pelotons entrent dans le village, mais ne trouvent que des villageois sans armes. Persuadés que ces derniers sont hostiles, les Américains décident de les éliminer. Ils mettent le feu aux maisons pour faire sortir les habitants puis leur tirent dessus. Femmes, enfants, vieillards : les soldats tuent sans distinction. Certains civils sont tués à la baïonnette, d’autres sont regroupés pour être exécutés à coup de mitrailleuse ou de lance-grenade. Pendant les tueries, des femmes et des jeunes filles sont violées. Un troisième peloton est envoyé pour achever la tâche des deux premiers : les blessés sont achevés. Le bétail et les animaux domestiques n’échappent pas à la mort. Au même moment, la compagnie Bravo de la Task Force Barker atterrit quelques kilomètres plus loin et commet d’autres massacres de civils.
Dans la matinée, le Warrant Officer Hugh Thompson Jr., qui survole la zone en hélicoptère, aperçoit des blessés vietnamiens. Il ne sait pas que ce sont les victimes de ses propres compagnons d’armes. Avec ses coéquipiers Glenn Andreotta et Lawrence Colburn, Thompson est témoin de plusieurs meurtres et comprend que les GI sont en train de massacrer les civils. Aidés de deux autres équipages d’hélicoptères, Thompson et ses collègues menacent les GI d’ouvrir le feu s’ils ne les laissent pas venir en aide aux blessés. Finalement, ils parviennent à sauver la vie de 12 personnes qui s’étaient cachées. De retour à la base vers 11 h, Thompson avertit ses supérieurs du massacre. Le lieutenant-colonel Barker, commandant de l’opération, contacte Medina par radio pour connaître la situation. Ce dernier demande alors à ses hommes de cesser le feu. Le bilan est alors d’environ 500 victimes.
Quelles sont les retombées juridiques ?
Officiellement, l’armée américaine parle d’une victoire militaire : 128 combattants ennemis tués et 20 victimes civiles collatérales. Pour avoir tenté d’aider des Vietnamiens, Thompson, Andreotta et Colburn sont considérés comme des traîtres par certains députés américains. Quelques mois après l’opération, les militaires Tom Glen puis Ronald Ridenhour dénoncent des massacres de civils au Vietnam. En novembre 1969, la presse américaine révèle le massacre de Mỹ Lai au public. Plusieurs rapports de l’armée ainsi que des témoignages confirment l’ampleur du massacre. En novembre 1970, une cour martiale inculpe 26 GI ayant participé au massacre. Les soldats se justifient en expliquant qu’ils ne faisaient que suivre les ordres. Le lieutenant William Calley, accusé du meurtre de plus de 20 personnes, est condamné à la prison à vie. Grâce à plusieurs remises de peine, il est libéré après trois ans et demi en résidence surveillée. Les autres accusés se voient seulement retirer leurs décorations ou sont déchus de leurs postes.
Quelles sont les retombées médiatiques ?
En septembre 1969, un reportage diffusé sur NBC évoque la mort de nombreux civils vietnamiens. Le militaire Ronald Ridenhour tente alors d’alerter la presse américaine sur l’existence du massacre de Mỹ Lai. Néanmoins, la plupart des journaux ne souhaitent pas en parler. C’est finalement le journaliste Seymour Hersh qui s’empare du sujet. L’affaire est ensuite dévoilée dans une trentaine de journaux américains. Le journaliste du New York Times Henry Kamm se rend sur place pour mener une enquête approfondie. Dans son article, il avance le chiffre de 567 victimes. A partir de novembre 1969, des photos du massacre prises par Ronald Haeberle sont publiées dans de grands magazines comme Time et Life. Le massacre de Mỹ Lai contribue à renforcer l’opposition à la guerre du Vietnam. Les soldats américains sont alors souvent traités de "tueurs de bébés" par les militants pacifistes. D’autre part, l’opinion publique est scandalisée par la réduction de peine dont bénéficie le lieutenant Calley, suite à l’intervention de Richard Nixon.