Siège d'Arras : une bataille clé de la guerre de Trente Ans

Siège d'Arras : une bataille clé de la guerre de Trente Ans Le siège d'Arras est une bataille opposant le Royaume de France et les Provinces unies aux Pays-Bas espagnols, en 1640 à Arras. Résumé.

Résumé du siège d'Arras - Le siège d’Arras est une des célèbres batailles de la guerre de Trente Ans. Elle débute le 13 juin 1640. Arras, alors occupée par une garnison des Pays-Bas espagnols, est assiégée par les troupes françaises. Ces dernières souhaitent libérer la ville pour obtenir un avantage stratégique sur les Espagnols, qui seraient alors pris en tenaille dans la Picardie occidentale. Le 9 août 1640, la ville d’Arras est reprise et libérée, offrant une véritable opportunité au Royaume de repousser l’envahisseur espagnol. Cet événement a eu un tel impact qu’il sera repris dans de nombreuses oeuvres littéraires, dont la pièce de théâtre Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand.  

Dans quel contexte le siège d’Arras a-t-il eu lieu ?

En 1618, le Saint-Empire, dirigé par la maison de Habsbourg, est fracturé par une guerre civile intestine, sur fond de divergences religieuses. La révolte des sujets tchèques protestants met le feu aux poudres : la violente répression de la maison de Habsbourg et son désir d’asseoir l’hégémonie catholique dans le Saint-Empire vont causer une longue guerre européenne. D’un côté, les Etats allemands du Saint-Empire soutenus par les puissances européennes protestantes  ; de l’autre, le Saint-Empire, les Pays-Bas espagnols et la papauté : c’est la guerre de Trente Ans. La France est alors dirigée par le roi Louis XIII, mais surtout par le cardinal Richelieu. Ce dernier, bien que catholique, voit dans ce conflit un moyen d’affaiblir la maison des Habsbourg, dont l’influence en Europe ne cessait de croître. La campagne lancée par Louis XIII au printemps 1638 fait officiellement entrer en guerre la France contre le Saint-Empire et les Pays-Bas espagnols, en vue d’affaiblir la maison de Habsbourg.

Comment s’est déroulé le siège d’Arras ?

Arras, département du Pas-de-Calais
Arras est aujourd'hui la préfecture du Pas-de-Calais. © artalis/123RF
Le siège d’Arras oppose deux puissances belligérantes :
  • Les Pays-Bas espagnols composés d’une garnison et d’un corps armé sous les ordres du colonel O’Neill.
  • Le Royaume de France, composé de deux corps d’armée, l’un commandé par le maréchal de Chaulnes, le second par le maréchal de Châtillon.

La France est également aidée par deux corps d'armée des Provinces-Unies, dirigés principalement par Charles de La Porte. Ayant échoué à récupérer la Meuse, le maréchal de La Porte est rappelé à Arras, où il prend position avec ses hommes dès le 13 juin. Il est rejoint quelques jours plus tard par Châtillon et Chaulnes depuis la rive nord de la Scarpe : les abords est et sud de la ville sont ainsi investis par les troupes françaises et des Provinces-Unies, soit à peu près 31 000 soldats.

Pendant ce temps, les troupes en garnison du colonel O'Neill, au nombre de 2000, préparent leur défense. Elles mettront près d'un mois pour construire leurs fortifications de siège. Le 9 juillet 1640, les Espagnols organisent la riposte : un contingent de 32 000 hommes vient renforcer les effectifs défensifs, sous les ordres de Ferdinand d'Autriche. Les troupes n'attaquent pas, mais s'installent à Avesnes-le-Comte, à quelques kilomètres d'Arras, pour couper les ravitaillements des Français et les contraindre à rompre leur siège.

Mais Richelieu et Louis XIII organisent eux-mêmes un nouveau convoi de ravitaillement protégé par dix-huit mille soldats. Ce nouveau convoi ne rencontre aucune opposition et renforce les troupes françaises. Le gros de la bataille se déroule au fort d'Arras, qui ne cesse d'être pris puis repris, tantôt par les Français, tantôt par les Espagnols. Une charge des cavaliers du maréchal Chaulnes finit par mettre les Espagnols en retraite. Les Espagnols sont contraints de signer leur capitulation le 9 août 1640, deux jours après que les Français ont ouvert une brèche dans les remparts d'Arras.

Quelles sont les conséquences du siège d’Arras en 1640 ?

Après la victoire du Royaume de France et des Provinces-Unies, Arras est rendue aux Français et réaffirme son catholicisme. Malgré cela, Richelieu choisit d’être clément. Ainsi, elle conserve la plupart de ses privilèges, comme le maintien du parlement d’Artois tout en l’adaptant au Droit français. L’ensemble de l’Artois dispose donc toujours de ses propres prérogatives, règles, lois et finances, ce qui permet à la province de conserver son autonomie. Les Français ont également été revigorés par cette victoire : plus confiantes après plusieurs défaites, les troupes françaises parviennent successivement à reprendre d’autres places fortes tombées aux mains des Pays-Bas espagnols : Aire-sur-la-Lys, Lens, La Bassée… En seulement un an, l’ensemble de l’Artois est repris par les Français. Le prince Thomas de Savoie, de la maison de Savoie normalement alliée des Espagnols, est placé sous la protection de la France, ce qui offre au Royaume des possibilités de négociations et un champ diplomatique élargi.

Combien d’autres sièges de la ville d’Arras y a-t-il eu ?

Avant le siège de 1640, la ville d’Arras en a connu bien d’autres. Il y eut tout d’abord le siège de 1194. Arras était en effet le centre d’un conflit de territoire, dans le Comté de Flandre de l’époque, entre Richard Cœur de Lion (du côté du Royaume d’Angleterre) et Philippe II Auguste (du côté du Royaume de France). A l’époque déjà, le Royaume de France était parvenu à conserver la ville en se défendant du siège établi par les Anglais. En 1414, Arras est assiégée par les Français qui veulent reprendre la ville aux Bourguignons, alliés des Anglais, durant la guerre de Cent Ans. Une fois de plus, le siège sera un succès. En 1712, Arras est à nouveau le théâtre d’un siège durant la guerre de Succession d’Espagne. La ville, libérée par les Français, permettra de signer le traité d’Utrecht, qui amène la paix entre l’Espagne et la France. Enfin, Arras se retrouvera encore au centre des affrontements durant les deux guerres mondiales. Elle sera perdue par les Français en 1914, puis reprise par les forces de l’Alliance en 1917. En 1940, les Allemands réussissent à prendre Arras et à renforcer leur invasion du nord de la France.

En quoi la pièce "Cyrano de Bergerac" s’est-elle inspirée du siège d’Arras ?

Le siège d'Arras dans Cyrano de Bergerac
Le siège d'Arras dans le film Cyrano de Bergerac de Michael Gordon (1950) © RONALDGRANT/MARY EVANS/SIPA (publiée le 18/10/2022)

Créée en 1897, la pièce de théâtre Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand est l’une des plus célèbres œuvres du théâtre français. Pour écrire sa pièce, le dramaturge s’appuie sur des faits historiques et sur la vie de l’écrivain Savinien de Cyrano de Bergerac. Ce dernier aurait notamment fait partie de la compagnie des régiments des Gardes françaises, qui a participé au siège d’Arras en 1640.

La pièce de Rostand se situe durant la première moitié du XVIIe siècle, et consacre un acte entier au siège d’Arras de 1640, à savoir l’acte IV. Cyrano et Christian, les deux personnages principaux de la pièce, font partie des soldats qui doivent résister à la contre-attaque espagnole. Pour cet acte, le dramaturge s’est inspiré des véritables événements de ce siège. Il y évoque la fatigue et la faim ressenties par les soldats français au fort d’Arras, tout en narrant les sentiments des soldats par le truchement des lettres que Cyrano signe du nom de Christian.

Le personnage de Roxane vient avec des victuailles par le convoi de Richelieu, qui a réellement existé. La contre-attaque espagnole est également représentée sur scène, durant laquelle le personnage de Christian meurt au combat. Certains théoriciens de la littérature voient dans cette mort le suicide de Christian qui comprend que Roxane est tombée amoureuse de Cyrano sans le savoir, par ses lettres qu’il signait du nom de Christian.

Autour du même sujet

Temps modernes