Bataille d'Eylau : résumé de la victoire de Napoléon
La bataille d'Eylau s'est déroulée le 8 février 1807 dans un froid hivernal. Napoléon Ier gagne cette bataille contre la Russie et la Prusse grâce à sa cavalerie, mais au prix de nombreux morts.
Résumé de la bataille d'Eylau - La bataille d'Eylau a eu lieu sur une seule journée, celle du 8 février 1807. Plus de 160 000 soldats prussiens, russes et français s'y sont affrontés dans la boue et en plein hiver. Cette bataille est restée dans les mémoires grâce à la cavalerie française, mais également en raison des pertes importantes. Si la victoire est au rendez-vous pour Napoléon Bonaparte, elle n'est pas totale : il faudra d'ailleurs attendre la bataille de Friedland, le 14 juin 1807, pour confirmer la supériorité de l'Empire français sur l'Empire russe. La bataille d'Eylau a été immortalisée par un tableau de Antoine-Jean Gros, mais également par Honoré de Balzac dans son roman Le colonel Chabert.
Quelles sont les causes de la bataille d'Eylau ?
Napoléon est l'empereur des Français depuis le 2 décembre 1804. La guerre de la Troisième Coalition débute en 1805. Elle oppose la France et ses alliés (royaume d'Italie, Royaume d'Espagne…) à l'Empire russe, le Royaume-Uni, l'Empire d'Autriche, le Royaume de Suède et le royaume de Naples. Après des mois de guerre (dont un triomphe à Austerlitz et la signature du traité de Presbourg le 26 décembre 1805), la victoire française est décisive et aboutit notamment à la création de la Confédération du Rhin. En effet, Napoléon va signer un traité directement avec les princes allemands de cette confédération. Le dernier empereur du Saint-Empire abdique dans la foulée et une Quatrième Coalition se forme contre la France. L'Empire français sort vainqueur de la bataille d'Iéna, du siège de Stralsund ou encore de la bataille de Pultusk et d'Auerstaedt durant cette guerre de la Quatrième Coalition. Les Prussiens ayant subi de lourdes défaites, Alexandre Ier (empereur de Russie) envoie 80 000 hommes en soutien. Au total, le général russe Bennigsen dispose de 140 000 soldats et passe à l'offensive. Le 8 février 1807, Napoléon se dirige vers Königsberg, où se trouvent les munitions russes. C'est finalement à Eylau que Bennigsen tente d'arrêter les forces françaises.
Qui fait face à Napoléon lors de la bataille d'Eylau ?
La bataille d'Eylau est l'un des événements clés de la guerre de la Quatrième Coalition, formée le 1er octobre 1806 par le Royaume-Uni, la Russie, la Suède et la Prusse contre l'Empire français. La Quatrième Coalition refuse la nouvelle organisation de la Confédération du Rhin imposée par Napoléon. La bataille d'Eylau du 8 février 1807 implique :
- Napoléon Ier, le commandant en chef des forces françaises, soit 75 000 hommes. Parmi les protagonistes les plus connus, on trouve la garde impériale (commandée par le maréchal Jean-Baptiste Bessières), la cavalerie de réserve (sous les ordres du roi-maréchal Joachim Murat), le 4e corps d'armée (dirigé par le maréchal Jean-de-Dieu Soult) ou encore le 6e corps d'armée (dirigé par le maréchal Michel Ney).
- L'armée prussienne, soit 5 500 hommes, et l'armée russe, soit 63 500 hommes. Celle-ci est commandée par le général Bennigsen.
En ce qui concerne les munitions, l'armée française dispose de 300 canons, contre 400 canons pour l'Empire russe et le royaume de Prusse.
Comment s'est déroulée la bataille d'Eylau ?
Les combats ont lieu à Preussisch-Eylau, un village situé au nord de la Prusse qui porte désormais le nom de Bagrationovsk. Il se trouve à 40 km au sud de Kaliningrad et à 1 100 km à l'ouest de Moscou. La veille, le 7 février, alors que Soult et Murat attaquent l'avant-garde russe commandée par Bagration (l'un des généraux russes les plus réputés), l'arrivée de la division Leval et du corps d'Augereau force les Russes à se replier sur Eylau. Napoléon se rend sur les lieux à 23 h. L'artillerie russe lance les hostilités le 8 février 1807 à 7 h du matin. L'artillerie française riposte, et Davout (responsable du 3e corps d'armée) attaque par le sud à 9 h, soutenu par Augereau (7e corps d'armée) et Saint-Hilaire (division du 4e corps d'armée). Le général de division Desjardins est tué. Le 14e régiment d'infanterie est ensuite anéanti sous les yeux de Napoléon. Malgré une attaque générale russe, Napoléon ne recule pas et ordonne à la Vieille Garde de tirer à la baïonnette. Dans le même temps, les grenadiers du général Dorsenne et les chasseurs à cheval du général Dahlmann stoppent les grenadiers adverses. Pendant l'après-midi, Murat commande 12 000 hommes : il s'agit de l'une des plus grandes charges de la cavalerie de l'histoire. A la nuit tombée, les troupes russes n'ont plus de munitions et se replient vers Königsberg.
La carte détaillée de la bataille d'Eylau
Qui a gagné la bataille d'Eylau ?
Les forces françaises ont remporté la bataille après avoir réussi à rester sur le terrain du village. Or, cette bataille est connue pour être une victoire "à la Pyrrhus", soit obtenue au prix de très lourdes pertes qui auraient pu compromettre les chances de victoire finale. Au total, plus de 5 000 soldats sont morts, et plus de 24 000 ont été blessés du côté des troupes françaises. Entre 7 000 et 9 000 soldats sont morts, et 20 000 ont été blessés du côté des troupes prussiennes et russes. Le lendemain de la bataille d'Eylau, le maréchal Ney parcourt le terrain à cheval et parle de massacre.
Quelles sont les conséquences de la bataille d'Eylau ?
Si l'armée française a gagné sur le papier, cette victoire n'est pas décisive. Un autre événement contraindra les Russes à la paix. Pour comprendre, direction Pravdinsk, une ville russe qui fut le théâtre de la bataille de Friedland. Le 14 juin 1807, l'Empire français et ses 65 000 hommes s'offrent une victoire décisive contre l'Empire russe et ses 84 000 hommes. Cependant, les pertes sont énormes : Napoléon reste huit jours sur place pour superviser les secours aux blessés, chose qu'il n'avait jamais effectuée auparavant. De nombreux historiens estiment que la bataille de Friedland est similaire à celle d'Austerlitz en matière de victoire triomphale. C'est dans ce contexte que sont conclus les traités de Tilsit, début juillet 1807 : ils mettent fin à la guerre de la Quatrième Coalition contre la France. En novembre de la même année, Napoléon envahit le Portugal, ancien allié du Royaume-Uni. L'empereur voulait asphyxier le commerce britannique en imposant un blocus continental. Le Portugal refusant de respecter le blocus, l'invasion eut lieu le 20 novembre 1807. L'objectif de Napoléon ? Dominer la péninsule Ibérique. C'est le début de la Guerre d'Espagne.
Comment analyser la bataille d'Eylau dans les arts et la littérature ?
Plusieurs œuvres d'art ont pour thème principal la bataille d'Eylau. Antoine-Jean Gros a peint "Napoléon sur le champ de bataille d'Eylau" entre 1807 et 1808. Peint à l'huile, ce tableau représente l'empereur qui visite le champ de bataille le lendemain de sa victoire. Il est entouré de médecins et de maréchaux. Son bras est tendu et semble bénir les blessés. Un soldat ennemi embrasse la jambe de Napoléon Ier. Antoine-Jean Gros illustre à la fois le massacre et la brutalité dans une œuvre réaliste. La toile est exposée au Musée du Louvre, au sein du département des peintures.
La littérature s'est également approprié la bataille d'Eylau. C'est le cas du roman Le colonel Chabert d'Honoré de Balzac, publié en 1832. Cet ouvrage traite des ambitions personnelles de plusieurs personnages lors de la transition entre l'Empire et la Restauration. Hyacinthe Chabert, colonel au sein de l'armée de Napoléon Ier, est déclaré mort pendant la bataille d'Eylau, mais réapparaît dix ans après, en 1817. Il désire récupérer tous ses biens, liquidés par sa femme. Celle-ci doit-elle rendre publique la résurrection de son mari ou garder le secret ?
D'autres œuvres ont choisi pour thématique la bataille du 8 février 1807. Dans le poème "Le cimetière d'Eylau" (figurant dans le recueil La Légende des siècles), Victor Hugo choisit de mettre à l'honneur son oncle, Louis-Joseph Hugo, capitaine au 55e de ligne. L'écrivain montre la dureté des conditions dans lesquelles la bataille a eu lieu : "De la glace, et partout l'hiver et la bruine." Enfin, Jacques Sudre écrit Le matin d'Eylau en 2015, et les lecteurs découvrent cette bataille à travers le regard du colonel de Sallanches, le personnage principal.