Conférence de Potsdam : résumé et décisions prises dès 1945
Résumé de la conférence de Potsdam - C'est le 17 juillet 1945 que commence la conférence de Potsdam, à proximité de Berlin. Alors que le Japon poursuit les combats, les puissances alliées se rendent dans cette commune allemande pour fixer le sort de leurs ennemis. Trois chefs d'Etat ont mené les débats jusqu'au 2 août 1945 : Winston Churchill, Premier ministre du Royaume-Uni, Harry Truman, président des Etats-Unis, et Joseph Staline, secrétaire général de l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). L'occupation et la dénazification de l'Allemagne est décidée à Potsdam, tandis qu'un ultimatum est envoyé au Japon pour mettre définitivement fin à la Seconde Guerre mondiale.
Quel est le contexte historique de la conférence de Potsdam ?
Mi-juillet 1945, les puissances alliées sont sur le point de remporter la Seconde Guerre mondiale. L'Allemagne, et plus précisément le Troisième Reich, ont capitulé le 8 mai 1945 : Adolf Hitler s'était suicidé quelques jours auparavant dans son bunker. De son côté, le Japon est toujours en guerre et continue de défendre ses territoires. Il ne capitulera que le 2 septembre 1945 après le largage des bombes atomiques sur les villes d'Hiroshima et de Nagasaki. La conférence de Potsdam fait suite à la conférence de Téhéran de 1943 (qui a notamment permis d'organiser le débarquement allié en 1944) et à celle de Yalta de février 1945, ainsi qu'à l'accord de Londres signé le 26 juin 1945. La conférence de Yalta visait à hâter la fin de la Seconde Guerre mondiale et à établir l'avenir de l'Europe après la défaite du Troisième Reich. L'objectif de ces conférences ? Garantir la stabilité du nouvel ordre mondial.
Qui était présent à la conférence de Potsdam ?
Seulement trois signataires ont été invités et donnent leur accord lors de la conférence de Potsdam.
- Les Etats-Unis sont représentés par Harry Truman, président démocrate ayant succédé à Franklin D. Roosevelt.
- L'URSS est incarnée par Joseph Staline, homme d'Etat soviétique à la tête de cette fédération depuis 1920.
- Enfin, le Royaume-Uni est présent avec Winston Churchill, Premier ministre (parti conservateur) depuis mai 1940.
La conférence de Potsdam est marquée par le triomphe de Staline qui plaide le cas de l'URSS en mettant en avant les 20 millions de soldats morts lors des combats contre l'Allemagne nazie. La France, qui n'est plus considérée comme une "grande nation", n'a pas été conviée à la conférence de Potsdam, mais elle a été tenue informée du déroulé de l'événement et des décisions qui ont été prises. Le général de Gaulle s'est d'ailleurs déclaré blessé de la situation. Pour l'anecdote, la conférence de Potsdam marque la seule et unique rencontre entre Truman et Staline. Dès 1946, les deux nations basculent dans la guerre froide.
Où et quand a eu lieu la conférence de Potsdam ?
La conférence de Potsdam a eu lieu au château de Cecilienhof, situé au sud-ouest de Berlin. L'occupante de ce château, la princesse Cecilie, a été contrainte de fuir devant l'avancée de l'Armée rouge. Les bâtiments ont été saisis par l'administration militaire soviétique. Alors que l'intérieur avait été pensé par Paul Troost, un architecte allemand, tous les biens ont été emportés pour pouvoir mettre en place la conférence de Potsdam. Une table ronde est amenée dans le hall du château. Les trois chefs d'Etat, Truman, Staline et Churchill, s'y sont installés du 17 juillet au 2 août 1945. L'accord de Potsdam a été officiellement signé le 26 juillet 1945. A noter que la conférence aurait dû avoir lieu à Berlin, mais les dommages causés par les bombardements y étaient trop importants.
Quelles sont les décisions prises concernant l'Allemagne ?
L'une des premières décisions prises est la séparation de l'Allemagne et de l'Autriche, qui composaient le Reich allemand. Le but est de rendre son indépendance à l'Autriche. Les deux pays sont divisés en quatre zones d'occupation. En Allemagne, les Etats-Unis occupent le sud, le Royaume-Uni occupe l'ouest, et l'URSS occupe l'est. Quid de la France ? Les Etats-Unis et le Royaume-Uni s'entendent pour lui concéder une zone d'occupation bordant ses frontières. En 1949, la République fédérale d'Allemagne (RFA) et la République démocratique allemande (RDA) sont fondées. Quant à la Pologne, elle obtient le droit de diriger les anciennes provinces allemandes qui la bordent. Désormais, il s'agit non plus de réussir à vaincre le nazisme, mais de préparer l'après-guerre et de se partager les biens et les territoires. Voici une carte de la BNF des zones d'occupation (en bas à droite, un zoom a été réalisé sur Berlin qui est elle-même découpée en quatre zones d'occupation) :
Parmi les autres décisions prises lors de la conférence de Potsdam, il y a les "cinq D" : le désarmement ou la démilitarisation, la dénazification (abolition de tous les éléments relatifs au nazisme), la décartellisation de l'industrie allemande contrôlée par des grandes entreprises, la démocratisation et la décentralisation. C'est dans le cadre de la dénazification que les procès de Nuremberg sont organisés de novembre 1945 à octobre 1946 pour juger les criminels de guerre. Ils sont accusés de complot, de crimes contre la paix, de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. La notion de "crime contre l'humanité" est nouvelle. Douze haut placés nazis sont condamnés à la pendaison, et des peines de prison à perpétuité sont prononcées.
En ce qui concerne le montant des réparations que l'Allemagne devra payer, les Etats-Unis et le Royaume-Uni sont en désaccord avec Staline dont la demande est jugée excessive. Un compromis est finalement trouvé. Cette question sera abordée lors de la Conférence des ministres des Affaires étrangères. En attendant, il est convenu que les Soviétiques peuvent prélever ce qu'ils souhaitent dans leur zone d'occupation.
Les décisions prises, et notamment la création des zones d'occupation, entraînent d'importants déplacements de population. Les Allemands et les Polonais sont chassés de l'est, les populations allemandes sont chassées de certains territoires comme la Silésie (région historique qui s'étend dans le bassin de l'Oder, la Pologne, l'Allemagne et la République tchèque), les Sudètes ou encore la Transylvanie.
Quelles sont les décisions prises concernant le Japon ?
Un ultimatum est signifié à l'Empire du Japon le 26 juillet 1945. Il exhorte le gouvernement japonais à prononcer sa capitulation sans quoi le pays subirait une "destruction rapide et totale". C'est pendant la conférence de Potsdam que Truman informe Staline de l'existence d'une nouvelle arme : la bombe nucléaire. Le 29 juillet 1945, le Japon annonce ne pas tenir compte du nouvel ultimatum des Alliés. En réponse, une première bombe atomique est larguée sur Hiroshima le 6 août de la même année. Une seconde est larguée sur Nagasaki le 9 août après un nouvel ultimatum resté sans réponse. Un jour avant, l'URSS déclare la guerre au Japon, conformément à ce qui avait été établi lors de la conférence de Yalta en février. Hirohito, empereur du Japon, accepte les accords de Potsdam le 15 août 1945. La capitulation japonaise est signée quelques semaines plus tard, le 2 septembre, à bord de l'"USS Missouri" dans la baie de Tokyo.
Quelles sont les conséquences pour les autres nations ?
Du côté des Alliés, la France et la Pologne sont également concernées par les décisions prises à Potsdam, sans oublier le dernier membre de l'Axe : l'Italie qui doit être sanctionnée pour son soutien apporté à l'Allemagne.
- Concernant la Pologne, le gouvernement provisoire pro-communiste est reconnu par les Etats-Unis et le Royaume-Uni le 5 juillet 1945. La frontière entre l'Allemagne et la Pologne est momentanément établie lors de la conférence de Potsdam. Elle est connue sous le nom de ligne Oder-Neisse.
- Concernant l'Indochine française, les forces alliées décident de confier le rétablissement de l'ordre au Royaume-Uni et à la Chine. Cette décision a été prise sans demander l'avis de la France. Alors que le pays était contrôlé par le Japon depuis mars 1945, la France réussit à réinvestir l'Indochine grâce à des négociations. La volonté d'indépendance du Viêt Nam entraîne la France dans la guerre d'Indochine en 1946.
- Concernant l'Italie, les sanctions tombent : le pays, dirigé par Benito Mussolini, perd ses colonies africaines. L'Erythrée et la Somalie italienne sont administrées par les Britanniques. Cependant, la Somalie sera de nouveau italienne entre 1950 et 1960 via un mandat des Nations unies. La Libye italienne est occupée par le Royaume-Uni et la France, avant son indépendance en 1951. L'Albanie retrouve son indépendance. Quant aux territoires français annexés pendant la guerre, ils sont rétrocédés à la France.