Guerre du Kosovo : résumé de la guerre contre la Serbie

Guerre du Kosovo : résumé de la guerre contre la Serbie La guerre du Kosovo a opposé la Serbie aux Albanais du Kosovo, soutenus par la force alliée de l'OTAN. Voici les explications sur ce conflit qui compte parmi les guerres de Yougoslavie.

Résumé de la guerre du Kosovo - En 1998, les forces serbes bombardent le Kosovo pour contrer le mouvement contestataire de l'Armée de libération du Kosovo (UÇK) et tenter de contrôler cette province, jadis autonome. L'opinion internationale réagit, et une force alliée intervient diplomatiquement, puis militairement. La guerre du Kosovo (de mars 1998 au 11 juin 1999) a de fait entraîné un bombardement des troupes de Serbie par l'OTAN pendant plus de 70 jours. Cette guerre de territoires, de communautés et de religions différentes reste marquée par un nombre majeur de crimes de guerre et de violences de part et d'autre. Les procès, controverses et conséquences de la guerre du Kosovo ont marqué les esprits durant de nombreuses années.

Quelles sont les causes de la guerre du Kosovo ?

Carte des Balkans
Carte des Balkans © dikobrazik - 123RF

Un premier conflit éclate entre le Kosovo et la Serbie lors de la guerre russo-turque (1877-1878), remportée par les Kosovars, et qui conduit à des exactions contre les Serbes du Kosovo, qui fuient le pays. En 1912, la Première Guerre balkanique voit les Serbes triompher et le Kosovo devenir une province de la Serbie. Le Kosovo, territoire des Balkans, fait partie intégrante de la Yougoslavie après la Seconde Guerre mondiale, qui comprend six républiques : Bosnie-Herzégovine, Croatie, Macédoine, Monténégro, Serbie et Slovénie. Dans les années 1970, le Kosovo lutte pour son indépendance face aux velléités serbes de reconquête de ce territoire, considéré comme un berceau historique et religieux de la Serbie. En 1974, le Kosovo devient finalement une province autonome de la Serbie. Il est alors composé pour une majorité d'Albanais de confession musulmane et pour une minorité de Serbes chrétiens.

Slobodan Miloševic
Le président yougoslave Slobodan Miloševic © Darko Vojinovic/AP/SIPA (publiée le 30/09/2022)

A la veille de l'éclatement de la Yougoslavie, qui sera marqué par différents conflits comme des guerres en Croatie et en Bosnie, le nouveau président serbe Slobodan Miloševic réduit nettement l'autonomie du Kosovo en 1989. Le Kosovo était de fait une province autonome, qui bénéficiait de son propre gouvernement et gérait l'éducation, la sécurité et la justice sur son territoire. Cette décision provoque des manifestations massives, fortement réprimées. Un mouvement politique pacifiste voit alors le jour, mené par Ibrahim Rugova, le chef de l'Union des écrivains du Kosovo, qui fonde un gouvernement parallèle et clandestin. En 1997, l'UÇK, un réseau politique séparatiste armé, se détache du mouvement pacifiste. Les Serbes s'attaquent à l'UÇK dans la région indépendantiste de Drenica. La guerre du Kosovo débute avec le massacre du village de Prekaz, qui fait 80 morts.

Comment s'est déroulée la guerre au Kosovo ?

En 1996, l'UÇK est créée et prône une rébellion violente contre les Serbes, qui mène à une véritable guerre d'indépendance. Un an plus tard, l'effondrement de l'Albanie entraîne le pillage massif d'arsenaux, dont les armes sont envoyées aux Albanais de l'UÇK au Kosovo. Après l'intervention de Miloševic et de ses troupes dans la région de Drenica en 1998, les protestations venues de la communauté internationale sont vives. La Serbie refuse l'intervention d'un médiateur étranger, mandaté par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). L'UÇK occupe alors un tiers du territoire du Kosovo, ce qui conduit à une forte répression des Serbes en mai 1998. Des sanctions économiques sont lancées contre la Serbie par le groupe de contact (Etats-Unis, Russie, Grande-Bretagne, France, Italie, Allemagne). Cet embargo est suivi d'un rapport de l'ONU, affirmant que les Serbes ont commis des atrocités au Kosovo. L'ONU intervient et demande aux forces serbes de se retirer. Miloševic joue alors une stratégie de repli, pour repartir au front à la fin de l'année.

Arrivée des troupes de l'OTAN
Arrivée des troupes de l'OTAN au Kosovo © SIPA (publiée le 30/09/2022)

En février 1999, la conférence de Rambouillet, près de Paris, est un échec diplomatique. Les Kosovars refusent l'autonomie partielle proposée par les Serbes, tandis que ces derniers s'opposent à l'intervention de l'OTAN. En mars 1999, les frappes militaires conduites par l'OTAN interviennent contre les forces serbes, et mènent à des répressions sévères des Serbes et à un exode massif des Albanais. Une force civile et militaire conduite par l'OTAN est envoyée, officiellement pour secourir les civils en fuite. Les frappes aériennes continuent pendant 78 jours. La situation semble bloquée, quand finalement un accord politique est conclu entre la Yougoslavie, l'OTAN et la Russie. Le 10 juin, les troupes serbes se retirent du Kosovo et laissent la place à la Force de paix menée par l'OTAN. Le 12 juin, l'OTAN met en place la Force pour le Kosovo, ou KFOR. Miloševic est accusé de crimes contre l'humanité, même si de graves exactions ont eu lieu dans les deux camps, avec des meurtres et viols perpétrés autant par les forces serbes que par l'UÇK. Le 10 juin 1999, les frappes aériennes sont stoppées, et la guerre du Kosovo prend fin.

Qui a gagné la guerre entre la Serbie et le Kosovo ?

L'issue de la guerre est donc une victoire de l'ONU et de l'UÇK au Kosovo, avec le retrait des forces serbes du pays. La situation politique du pays reste encore fragile à la fin de la guerre, et le Kosovo reste sous le contrôle de l'ONU, avec une administration internationale jusqu'en 2008. Les tensions subsistent durant des années au Kosovo entre la majorité albanaise et la minorité serbe. Le 17 février 2008, le Parlement du Kosovo déclare l'indépendance du pays. Cette décision est soutenue par les Etats-Unis et par de nombreux pays européens. Elle est totalement rejetée par la Serbie, qui reste hostile à l'indépendance du Kosovo. La Russie et l'Espagne, quant à elles, ne reconnaissent pas l'Etat du Kosovo.

Quelles sont les conséquences de la guerre du Kosovo ?

R2fugiés kosovars
Des milliers de réfugiés kosovars fuient vers la Macédoine © BOULAT ALEXANDRA/SIPA (publiée le 30/09/2022)

Les conséquences de la guerre au Kosovo sont multiples. Les mouvements de populations sont nombreux à cette période, avec des réfugiés de tout le pays. Plus de 200 000 Serbes et non-Albanais ont quitté le Kosovo à la fin de la guerre. Les pertes humaines et les traumatismes liés aux violences sexuelles sont nombreux. Des crimes de guerre ont été perpétrés dans les deux camps, avec des assassinats commis à la fois par les militaires serbes contre les Albanais, et par l'UÇK contre les Serbes kosovars. Slobodan Miloševic n'est pas réélu en Serbie. Le 31 mars 2001, il est arrêté et jugé au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie : il est accusé de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et de génocide. Il meurt avant la fin de son procès en 2006. Dans les Balkans, les guerres se sont multipliées à la suite de l'éclatement de la Yougoslavie, avec des conflits en Bosnie ou en Croatie. La situation reste instable dans ces régions. Les coûts financiers de la guerre du Kosovo au niveau militaire sont importants pour l'OTAN, mais aussi pour les Etats-Unis, avec des millions de dollars dépensés sur deux ans. La guerre du Kosovo a entraîné nombre de controverses et de réflexions sur les agissements des uns et des autres.

Quel est le nombre de morts durant la guerre du Kosovo ?

Le nombre de morts durant la guerre du Kosovo s'élève à plus de 13 000, dont 9 000 Albanais (des civils en majorité). La Croix-Rouge estimait en 2000, un an après la fin du conflit, que plus de 3 000 personnes restaient introuvables. De fait, de nombreux charniers ont été découverts après la guerre, afin de camoufler le meurtre de soldats ou de civils. La plupart des fosses se trouvent au Kosovo, mais certaines se situent sur le territoire serbe. Les pertes civiles causées par les bombardements alliés sont difficiles à estimer, et peuvent varier de 500 victimes selon le rapport de l'Human Rights Watch à 5 000 selon la République fédérale de Yougoslavie. Les pertes de l'OTAN sont nulles, tandis que les pertes militaires de la Serbie sont estimées à environ 450 soldats. Il est difficile de comptabiliser les pertes militaires de l'UÇK, la différence entre civils et révolutionnaires n'étant pas toujours claire. Les crimes de guerre ont été nombreux durant la guerre du Kosovo : meurtres, viols, prélèvements d'organes… Les Serbes ont été accusés d'épuration ethnique par l'OTAN, tandis que l'UÇK a commis de nombreuses exactions contre les Serbes à la fin de la guerre. Les bombardements alliés ont provoqué des dégâts, avec de nombreuses substances toxiques qui se sont échappées des complexes industriels serbes. L'OTAN a bombardé le Kosovo, une partie de la Serbie et du Monténégro, avec des projectiles en uranium appauvri. Les conséquences de l'utilisation de ces armes sont difficiles à établir, mais les cas de cancers et de leucémies se sont multipliés après la guerre. On parle même de "syndrome des Balkans".

Quartier yougoslaves en ruine
Quartiers yougoslaves en ruine à la suite des bombardements alliés. © VUK/SIPA (publiée le 30/09/2022)

Quelles sont les controverses liées à la guerre du Kosovo ?

Il existe de multiples controverses sur la guerre du Kosovo, et notamment sur l'intervention de l'OTAN. Selon de nombreux observateurs, le droit international n'a pas été respecté, et les accusations d'épuration ethnique commise par les Serbes semblent ne pas avoir eu lieu au début de la guerre. Les motivations des alliés et la campagne de bombardements "Operation Allied Force", qui s'est déroulée du 24 mars au 8 juin 1999, sont sujettes aux questionnements. L'opinion publique des pays de l'OTAN est en majorité favorable à la guerre, mais certains font état d'une réelle désinformation durant cette période. Les médias ont en effet largement répandu la notion de "guerre juste" ou de "guerre humanitaire". L'OTAN a également camouflé de nombreuses bavures militaires conduisant à la perte de civils par erreur. La France est intervenue au Kosovo en mettant à disposition plus de 8 000 militaires de son armée, et ne déplore pas de pertes humaines.

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