Opération Walkyrie : attentat contre Hitler du 20 juillet 1944

Opération Walkyrie : attentat contre Hitler du 20 juillet 1944 Le complot du 20 juillet 1944 est une tentative d'assassinat contre Adolf Hitler et de putsch contre le Troisième Reich. L'opération Walkyrie échoue de peu. La bombe n'atteint pas le Führer.

Résumé de l'opération Walkyrie - A partir de 1943, la situation militaire allemande commence à se dégrader durant la Seconde Guerre mondiale. Sur le front Est, les Soviétiques remportent une victoire cruciale à Stalingrad, tandis que les Alliés se préparent à libérer l'Italie. Les troupes allemandes perdent peu à peu du terrain. En 1944, après le débarquement de Normandie et l'offensive de l'Armée rouge, le régime nazi se durcit. Alors que la défaite paraît désormais inévitable, des membres de l'état-major allemand décident de passer à l'action. Ils mettent au point l'opération Walkyrie, c'est-à-dire l'assassinat d'Hitler et le renversement du Troisième Reich dans le but de négocier la paix avec les Alliés. Le complot du 20 juillet 1944 est ainsi la dernière tentative des résistants allemands d'abattre leur dictateur. Alors qu'Hitler n'est même pas blessé par la bombe, le coup d'Etat échoue, et les participants de la conjuration sont rapidement identifiés, puis exécutés. S'ensuit une violente vague de répression contre tous les opposants menée par Heinrich Himmler et la Gestapo…

Pourquoi l'opération Walkyrie est-elle mise en place ?

Fondé en février 1920, dans une période de trouble politique et économique, le parti nazi accède au pouvoir le 30 janvier 1933. Dans une Allemagne durement frappée par la Grande Dépression, son leader, Adolf Hitler, est nommé chancelier du Reich. Le 2 août 1934, il succède à l'illustre président Hindenburg qui vient de mourir. Il devient ainsi le nouveau chef d'Etat allemand sous le titre de "Führer". Cette nomination entraîne la fin de la République de Weimar et l'avènement du Troisième Reich. Le parti nazi devient alors la seule force politique autorisée dans le pays. En 1939, Hitler envahit la Pologne, et signe avec Staline le Pacte germano-soviétique, marquant le début de la Seconde Guerre mondiale. A partir de 1943, l'Allemagne subit une série de revers militaires qui fragilisent l'autorité du Führer. Après plusieurs projets d'attentats déjoués depuis 1938, Hitler est de nouveau pris pour cible le 20 juillet 1944. L'opération Walkyrie est la dernière tentative d'assassinat et de putsch visant Adolf Hitler. Les conspirateurs espèrent pouvoir renverser le régime nazi afin de rétablir un Etat de droit, mettre fin à la toute puissance du Führer,  faire cesser une guerre qui tourne à la défaveur de l'Allemagne et négocier rapidement la paix avec les Alliés.

Qui sont les organisateurs de l'opération Walkyrie ?

L'opération Walkyrie est fomentée par un collectif d'officiers de la Wehrmacht et d'intellectuels allemands. Après la bataille de Stalingrad, certains membres de l'état-major remettent en question les décisions du Führer. Tandis que la défaite du Troisième Reich paraît inéluctable, ces derniers veulent tenter de sauver ce qui peut l'être. Ils rejoignent bientôt le cercle de Kreisau, un groupe d'intellectuels créé dès 1938, et tous réfléchissent ensemble à une Allemagne post-nazie. La conjuration est alors constituée d'un certain nombre de hauts gradés, parmi lesquels les généraux Olbricht et Fromm. On peut également citer Henning von Tresckow, Rudolf-Christoph von Gersdorff ou encore Werner von Haeften et le comte Claus von Stauffenberg. Ces derniers joueront un rôle crucial dans l'opération Walkyrie, puisqu'ils seront chargés de l'assassinat d'Hitler. A ceux-ci s'ajoutent l'ancien chef d'état-major Ludwig Beck et l'ancien maire de Leipzig, Carl Goerdeler. D'autres membres de la résistance intérieure au nazisme participent au complot. On retrouve notamment Helmuth James von Moltke, Peter Yorck von Wartenburg ou Eugen Gerstenmaier…

Quels ont été les préparatifs de l'opération Walkyrie ?

Claus von Stauffenberg
Le colonel Claus von Stauffenberg, auteur de l'attentat. © MARY EVANS/SIPA (publiée le 12/09/2022)

La tentative de putsch du 20 juillet 1944 est pensée en deux étapes clés. La première consiste en l'assassinat d'Adolf Hitler, la seconde en la prise de pouvoir et en l'établissement d'un nouveau régime. A l'été 1943, le général von Tresckow et le comte von Stauffenberg décident de réutiliser un plan d'urgence datant de 1940 : l'opération Walkyrie. Ils prévoient d'employer l'armée de réserve du général Fromm pour prendre le contrôle des grandes villes. Le 1er juillet 1944, Claus von Stauffenberg est nommé chef d'état-major : il peut désormais côtoyer Hitler et ses plus proches conseillers. Les 6, 11 et 15 juillet, il participe à des réunions au Berghof et à la Wolfsschanze, les deux principaux QG du Führer. A trois reprises, il porte sur lui un explosif, mais il ne le déclenche pas, notamment en raison de l'absence d'Himmler. En amont de l'assassinat d'Hitler, les conspirateurs ébauchent un gouvernement provisoire censé succéder au régime nazi. Ludwig Beck et Carl Friedrich Goerdeler, respectivement président du Reich et chancelier, y occupent les postes clés. Le 19 juillet, le général Olbricht avertit les principaux conjurés de l'imminence du coup d'Etat.

Comment s'est déroulée la tentative d'assassinat du 20 juillet 1944 ?

Le 20 juillet 1944, le colonel von Stauffenberg et l'Oberleutnant von Haeften se rendent à la Wolfsschanze, à Rastenburg, en Prusse-Orientale. Arrivés à la "Tanière du Loup", ils apprennent que leur entrevue avec Hitler est avancée en raison d'une visite de Mussolini. Stauffenberg a alors le temps d'enclencher seulement l'une des deux bombes prévues pour l'attentat, et il remet celle non amorcée à Haeften. Entrant dans la salle de réunion, il place l'engin explosif sous la table, près des pieds du Führer. Cependant, la mallette piégée est malencontreusement repoussée par un officier, et finit derrière un épais pied de table. Le colonel s'éclipse rapidement, et à 12h42, la bombe explose. Elle tue quatre personnes, mais elle rate sa cible. Par un coup du sort, Adolf Hitler n'est que légèrement blessé, souffrant d'égratignures et de brûlures superficielles. Face à l'ampleur des dégâts, Stauffenberg et Haeften sont néanmoins persuadés, en quittant la Wolfsschanze, que l'attentat a réussi. A 13h15, pensant Hitler mort, ils s'envolent pour la capitale allemande afin de participer au déclenchement de l'opération Walkyrie.

Comment s'est déroulée la tentative de coup d'Etat du 20 juillet 1944 ?

A Berlin, tandis que certains membres de la conspiration se réunissent, la situation reste confuse durant une partie de l'après-midi. Il est en effet difficile de savoir si l'attentat a bien eu lieu et si Hitler a survécu ou non. Contre l'avis du général Fellgiebel, Friedrich Olbricht décide de retarder le passage à l'acte. Stauffenberg et Haeften les rejoignent vers 16h30, leur confirmant la mort du Führer. L'opération Walkyrie est finalement déclenchée. De Paris à Prague, les complices du coup d'Etat prennent possession de bâtiments officiels et arrêtent les membres de la SS. Cependant, l'entreprise connaît de nouveaux ratés quand certains officiers ne reçoivent pas les ordres. Les principaux conjurés se retrouvent au Bendlerblock, siège du commandement de la Wehrmacht. Toutefois, Hitler est mis au courant du complot, et la nouvelle de sa survie arrive rapidement jusqu'à Berlin. La confusion est totale alors qu'à Prague, Vienne ou Paris, les partisans du putsch militaire stoppent les opérations… Vers 23 h, le Bendlerblock est encerclé par des troupes loyales au Führer. Le coup d'Etat est terminé…

Dégâts de l'attentat
Hitler et Mussolini constatent les dégâts suite à l'explosion de la bombe. © MARY EVANS/SIPA (publiée le 12/09/2022)

Quelles sont les conséquences de l'opération Walkyrie ?

Dès qu'il apprend que Hitler a survécu, le général Fromm, qui dirige l'armée de réserve, se retourne contre la conspiration. Peu avant minuit, ses hommes entrent dans le Bendlerblock et arrêtent les conjurés présents. Pour éviter qu'ils le dénoncent, il fait exécuter sommairement ses anciens complices, dont Olbricht, Haeften, Stauffenberg et Beck. Le lendemain, le Führer s'exprime à la radio et promet d'anéantir les traîtres. L'échec de l'opération Walkyrie condamne ainsi la résistance allemande à une impitoyable répression. Celle-ci est organisée par Heinrich Himmler, alors chef de la SS et de la Gestapo. Dans les semaines qui suivent, près de 5 000 opposants supposés au régime sont arrêtés, torturés et jugés par les nazis. Beaucoup finiront pendus dans les prisons du Reich après leur procès. La majorité des conjurés sont condamnés à mort par le juge Roland Freisler et exécutés. Certains, comme Henning von Tresckow ou Günther von Kluge, préfèrent se suicider. La plupart des familles des conspirateurs sont déportées dans des camps de concentration. La terreur nazie atteint son paroxysme…

Quelles sont les réactions suite à l'opération Walkyrie ?

En voulant en finir avec le Troisième Reich, les conjurés ne réussissent qu'à le rendre davantage totalitaire, d'autant plus que l'échec de l'opération Walkyrie ne fait que consolider l'autorité d'Adolf Hitler auprès de l'opinion publique. Dans un climat de peur, renforcé par le rapprochement de l'Armée rouge, le peuple et son armée se rangent derrière leur Führer. La Wehrmacht est mise au pas, et le salut nazi y remplace le salut militaire classique. Un profond sentiment pro-hitlérien se développe en Allemagne, alors que l'endoctrinement politique et la propagande nazie atteignent des sommets. Du côté des Alliés et en Russie, l'événement est cependant observé avec une certaine distance. Une décennie plus tard, après le procès Remer en 1952, les auteurs de l'attentat contre Hitler sont réhabilités et considérés comme des héros. Le 28 juin 2014, Angela Merkel leur rend hommage avant d'inaugurer une nouvelle exposition permanente du Mémorial de la résistance allemande. Par leur sacrifice, les conjurés auront prouvé au monde que des officiers allemands se sont dressés face à l'horreur nazie.

Quels films traitent de l'opération Walkyrie ?

Le complot du 20 juillet 1944 a inspiré de nombreuses adaptations cinématographiques et télévisuelles. La plus connue, Walkyrie, est un long métrage américano-allemand réalisé par Bryan Singer sorti en salles en 2008. Claus von Stauffenberg est incarné à l'écran par Tom Cruise, tandis que Kenneth Branagh interprète le général Henning von Tresckow. En 2004, Opération Walkyrie, Stauffenberg de son titre original, racontait déjà pour la télévision cet épisode tragique. Enfin, en 2016, Opération Valkyrie : la peur au ventre, ou Beyond Valkyrie: Dawn of the 4th Reich, sort en direct-to-video. Mis en scène par Claudio Fäh, ce vidéofilm américain troque l'approche réaliste contre une démarche plus uchronique.

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