Attentat du Petit-Clamart : tentative d'assassinat sur de Gaulle
Le 22 août 1962, à Clamart, l'OAS qui souhaite le maintien d'une Algérie française tente d'assassiner le général de Gaulle, alors président de la République. Sa voiture est visée alors qu'il s'y trouve avec sa femme.
Résumé de l'attentat du Petit-Clamart - C'est un événement important dans le parcours du général de Gaulle. Le 22 août 1962, alors qu'il se trouve sur le trajet menant à la base aérienne de Villacoublay où l'attend un avion, le général de Gaulle est la cible d'une tentative d'assassinat. En dépit d'un nombre important de balles tirées sur sa voiture par le commando de l'OAS (Organisation de l'armée secrète), le président de la République et sa femme Yvonne, présente à ses côtés, ne sont pas blessés. Cet évènement a lieu quelques semaines après la proclamation de l'indépendance de l'Algérie, le 5 juillet 1962. Les membres de l'OAS n'acceptent pas la décolonisation entamée par la France après la guerre d'Algérie et le terrorisme est l'une de leurs armes. Par son ampleur, par sa gravité et par les rumeurs qui l'entourent, la tentative d'assassinat du général de Gaulle du 22 août 1962 a marqué l'histoire de la vie politique française.
Pourquoi l'attentat du Petit-Clamart a-t-il eu lieu ?
L'attentat du Petit-Clamart (aussi appelé "opération Charlotte Corday") s'inscrit dans un contexte de reconnaissance, par le général de Gaulle, de l'indépendance de l'Algérie. Le 5 juillet 1962, à travers les accords d'Evian, Charles de Gaulle met un terme à la guerre d'Algérie en reconnaissant officiellement l'indépendance du pays. Cette décision ne convainc pas les défenseurs de la présence française en Algérie, regroupés au sein de l'Organisation de l'armée secrète (OAS). Créée en 1961, cette organisation clandestine assimilée à l'extrême droite multiplie les actions pour faire entendre sa position. Au-delà de la tentative d'assassinat du général de Gaulle à Clamart, l'OAS est également responsable de la mort de plus de 2 200 personnes sur le sol algérien.
Qui sont les auteurs de l'attentat du Petit-Clamart ?
L'Organisation de l'armée secrète (OAS) est à l'origine de l'attentat du Petit-Clamart. L'OAS créée en 1961 tend vers l'extrême droite. Un personnage en particulier est associé à cette tentative d'assassinat du général de Gaulle : Jean Bastien-Thiry. C'est à lui, ancien ingénieur militaire au grade équivalent de lieutenant-colonel, que l'on attribue l'organisation de cet attentat contre le président de la République. Pour mener son action, Jean Bastien-Thiry s'entoure d'un commando de type militaire d'une douzaine d'hommes, parmi lesquels se trouve Alain de La Tocnaye. Militant d'extrême droite assumé, l'homme politique ouvertement opposé au général de Gaulle durant la guerre d'Algérie se trouve dans l'une des voitures qui attaquent la DS présidentielle à l'aide de pistolets et de fusils mitrailleurs. Aux côtés de Jean Bastien-Thiry et Alain de La Tocnaye, d'autres militants de l'OAS seront également identifiés : Pascal Bertin, Gérard Buisine, Alphonse Constantin, Pierre-Henri Magade, Etienne Ducasse, Jacques Prévost, Laszlo Varga ou encore Louis de Condé.
Comment s'est déroulé l'attentat du Petit-Clamart ?
En début de soirée le 22 août 1962, le général de Gaulle quitte l'Elysée pour se rendre à la base aérienne de Villacoublay où l'attend l'avion présidentiel. C'est sur le trajet entre ces deux destinations que l'OAS décide d'attaquer. Jean Bastien-Thiry et ses hommes ont préparé un guet-apens et attendent le convoi. Posté à proximité d'un carrefour, Jean Bastien-Thiry donne le signal (il agite un journal), et le commando ouvre le feu sur la voiture présidentielle. Au total, on dénombre plus de 187 balles tirées dans la direction de la DS du président de la République, à l'intérieur de laquelle se trouvent le général de Gaulle et sa femme Yvonne. Sur la quinzaine de balles ayant atteint leur cible (la voiture), aucune n'a de conséquence physique. L'attentat fait toutefois un blessé, un civil circulant dans le sens opposé essuie une partie des coups de feu.
Le lieu de l'attentat du Petit-Clamart
Valéry Giscard d'Estaing est-il impliqué dans l'attentat du Petit-Clamart ?
Pour beaucoup d'observateurs, il est impossible que la tentative d'assassinat du général de Gaulle ait pu être organisée sans la complicité d'une personne influente au sein de l'Elysée. Rapidement, les soupçons se portent sur le commissaire Jacques Cantelaube. Un temps directeur de la sécurité du président, ce dernier démissionne quelques semaines avant l'attentat. Dans les couloirs de l'Elysée, tout le monde est par ailleurs au courant de l'inimitié qu'éprouve Jacques Cantelaube envers Charles de Gaulle. Cependant, Jacques Cantelaube n'est pas le seul visé par ces accusations. Lajos Marton, membre du commando, évoque en effet l'implication de Valéry Giscard d'Estaing. Le ministre des Finances à l'époque des faits aurait informé les membres de l'OAS des faits et gestes du président de Gaulle sous le nom de code "B12". Aucune preuve ne permet toutefois de confirmer cette hypothèse.
Comment ont été retrouvés les auteurs de l'attentat du Petit-Clamart ?
Dès le soir de l'attentat du Petit-Clamart, de nombreux effectifs des forces de police sont mobilisés et se lancent dans une chasse à l'homme. Arrêté par hasard à un barrage de contrôle routier, l'un des membres du commando exprime son appartenance à l'OAS. Interrogé, il livrera les noms des autres individus impliqués. Quinze jours après ces révélations, une quinzaine d'individus suspectés d'avoir participé à l'attentat du Petit-Clamart contre le général de Gaulle sont interpellés. Le 15 septembre 1962, soit trois semaines après la tentative d'assassinat du président de la République, Jean Bastien-Thiry est à son tour arrêté devant son domicile de Bourg-la-Reine. Au cours des différentes interpellations, les policiers et gendarmes découvrent qu'une nouvelle opération visant le général de Gaulle était en cours de préparation.
Comment ont été jugés les auteurs de l'attentat du Petit-Clamart ?
Le procès de l'attentat du Petit-Clamart débute le 28 janvier 1963 au fort de Vincennes. Les accusés comparaissent devant la Cour militaire de justice dont le pouvoir de jugement est prolongé exceptionnellement par le général de Gaulle lui-même pour cette affaire (dans un arrêt du 19 octobre 1962, le Conseil d'Etat avait déclaré illégale la Cour militaire de justice). Jean Bastien-Thiry est reconnu coupable et condamné à mort. Il est exécuté le 11 mars 1963. Son nom s'inscrit sur la dernière ligne de la liste des condamnés à mort fusillés en France. Condamnés à mort, Alain de La Tocnaye et Jacques Prévost parviennent à éviter la peine capitale. Les membres du commando considérés comme de "simples exécutants" sont de leur côté condamnés à différentes peines de prison. Tous bénéficieront, quelques années plus tard, de la grâce présidentielle.
Pourquoi Jean Bastien-Thiry est-il condamné à mort ?
De l'ensemble des personnes impliquées dans l'attentat du Petit-Clamart, seul Jean Bastien-Thiry sera amené devant un peloton d'exécution. Dans son jugement, la Cour militaire de justice reconnaît l'accusé comme le principal planificateur et organisateur de l'opération Charlotte Corday. Sa condamnation à la peine de mort est justifiée par les motifs de complot contre la sûreté de l'Etat et de tentative d'assassinat contre le président de la République. La présence de la femme du général de Gaulle dans la voiture constitue par ailleurs un élément accablant supplémentaire, Jean Bastien-Thiry étant accusé d'avoir menacé la vie d'une femme. Le 11 mars 1963, Jean Bastien-Thiry est donc exécuté, à l'âge de 35 ans, au fort d'Ivry. Son corps est inhumé au cimetière parisien de Thiais avant d'être transféré au cimetière de Bourg-la-Reine.
Quel lien entre l'attentat du Petit-Clamart et le suffrage universel direct ?
Engagé dans une évolution de la Ve République à travers une modification de la Constitution, le général de Gaulle profite de l'émotion suscitée par la tentative d'assassinat à son encontre pour soumettre aux Français, en septembre 1962, le référendum sur l'élection présidentielle. Avec 62 % des suffrages exprimés en faveur du "oui", les Français adoptent l'élection du président de la République au suffrage universel direct, et ce contre l'avis de la majorité des personnalités politiques de l'époque. Auparavant, avec la constitution de la Ve République, le président de la République était élu par un collège de plus de 79 000 grands électeurs, c'est-à-dire tous les élus de la République, des maires aux sénateurs, en passant par les députés ou les conseillers…