Printemps arabe : résumé, dates, pays, causes, conséquences
PRINTEMPS ARABE - Le mouvement de contestation qui a pris le nom de Printemps arabe a vu le jour en Tunisie à la fin de l'année 2010. Il s'est propagé à l'Egypte, au Maroc et au Moyen-Orient jusqu'en 2012.
Résumé du Printemps arabe - Le Printemps arabe sont un mouvement de contestation qui a agité le Maghreb et le Moyen-Orient pendant les années 2010, 2011 et 2012. Au cours de cette période, les populations de différents pays, à commencer par la Tunisie, se révoltent contre la pauvreté et le chômage qui sévissent, mais également contre la tyrannie et la corruption de leurs gouvernements qui occupent le pouvoir depuis plusieurs décennies. Le Printemps arabe tunisien a pris le nom de "révolution du jasmin" et il a contraint le président Zine El Abidine Ben Ali à quitter le pouvoir et à fuir le pays en janvier 2011. Les Egyptiens emboîtent alors le pas des Tunisiens et leur soulèvement entraîne le départ du président Hosni Moubarak en février. D'autres révoltes éclatent ensuite, courant 2011, notamment en Libye, au Yémen, au Bahreïn et en Syrie. Les autres manifestations qui ont lieu en Algérie, au Maroc, en Jordanie, à Oman et en Arabie saoudite mènent à des réformes destinées à répondre aux revendications.
Dans quels pays se sont déroulés le Printemps arabe ?
Le Printemps arabe voit le jour en décembre 2010 en Tunisie. La révolte se propage ensuite aux pays voisins (par ordre chronologique) : l'Algérie où la révolte populaire est massive, le Yémen où certains généraux se joignent à la contestation, la Jordanie, Oman et l'Arabie saoudite. Suivent l'Egypte où la révolte est massive et continue, la Syrie (où les révoltes débouchent sur une guerre civile en avril 2011), le Maroc, le Bahreïn, la Libye, le Koweït. En dehors du monde arabe, l'Iran est également affecté. Dans d'autres Etats comme le Liban, la Palestine, le Soudan, Djibouti, l'Irak et la Somalie, des manifestations éclatent, mais n'entraînent aucun changement majeur.
Quelles sont les causes du Printemps arabe ?
Le Printemps arabe est bien souvent initié par une population jeune et des étudiants. Les principales revendications ont une importante dimension sociale sur fond de problèmes économiques et de chômage de masse. Dans chaque pays qui se soulève les causes sont les mêmes :
- Un régime autoritaire voire tyrannique qui verrouille les libertés individuelles et publiques.
- La corruption des personnes à la tête de l'Etat, installées au pouvoir depuis des décennies.
- La pauvreté, le chômage et la misère qui en découle.
- L'absence de démocratie.
Quelle a été la chronologie du Printemps arabe ?
Tout débute par la révolution tunisienne qui mène à la fuite du président Ben Ali vers l'Arabie saoudite en janvier 2011. En Algérie, c'est en février 2011 que les manifestations et immolations ayant eu lieu les semaines précédentes dégénèrent. Début avril, la majorité des fonctionnaires font grève et, pour calmer la révolte, le président Bouteflika promet une réforme constitutionnelle. Au Yémen, le gouvernement du président Ali Abdallah Saleh est limogé le 20 mars. Après s'être exilé, il quitte finalement le pouvoir le 27 février 2012. En Jordanie, le gouvernement du Premier ministre Samir Rifaï démissionne le 1er février. C'est en Egypte que la révolte, massive, est violemment réprimée avec des centaines de morts. C'est finalement le Conseil suprême des forces armées qui assure la gestion du pays jusqu'au référendum du 19 mars 2011 qui approuve les amendements constitutionnels.
Le cas de la Tunisie : comment s'est déroulé le Printemps arabe en Tunisie ?
La révolution tunisienne fait suite à l'immolation de Mohamed Bouazizi, un maraîcher de 26 ans, le 17 décembre 2010. Ce suicide met le feu aux poudres et toute la région centre de la Tunisie s'embrase. Le président Ben Ali, qui est au pouvoir depuis 23 ans, finit par fuir en Arabie saoudite le 14 janvier 2011. Le 17 janvier, un gouvernement d'union nationale est créé et l'élection d'une Assemblée constituante (la première depuis 1956) a lieu le 23 octobre 2011 avec pour vainqueur le mouvement islamiste conservateur Ennahdha. Les manifestations qui ont lieu en mars, avril et mai 2012 contre les salafistes sont alors réprimées dans un bain de sang.
Quels ont été les moyens d'action des insurgés pendant le Printemps arabe ?
Les manifestations qui ont eu lieu pendant le Printemps arabe vont de celles prônant la non-violence (au Maroc par exemple) aux immolations (en Algérie), en passant par les affrontements armés (Egypte, Yémen…). L'armée joue toutefois un rôle variable : en Egypte et en Tunisie, elle reste neutre, tandis qu'en Syrie et en Libye par exemple, elles sont fortement répressives. Les réseaux sociaux ont joué un rôle majeur en permettant la diffusion de l'information à des milliers de personnes qui peuvent ainsi s'organiser et préparer leurs mouvements. On parle de "hacktivisme", d'autant que cette circulation d'informations permet d'attirer l'attention des médias internationaux.
Les femmes ont activement participé au Printemps arabe, notamment en Egypte, en Libye et au Yémen, et ce malgré la répression violente et les agressions dont elles ont été victimes. A noter que certains spécialistes estiment que les populations ayant mené les manifestations sont insensibles aux thèses de l'islam radical, bien qu'elles soient croyantes et pratiquantes.
Quel est le bilan humain pour le Printemps arabe ?
Le bilan humain du Printemps arabe est très élevé. On recense :
- 338 morts et 2 174 blessés en Tunisie ;
- 8 morts en Algérie ;
- au moins 2 000 au Yémen (dont 143 enfants) et 22 000 blessés ;
- 4 morts en Jordanie ;
- 6 morts à Oman ;
- 10 morts en Arabie saoudite ;
- 17 morts au Liban ;
- 846 morts en Egypte (et plus de 4 200 blessés), puis 133 après la révolution proprement dite ;
- plus de 2 000 (et 3 000 disparus) en Syrie et depuis avril 2011 avec une interminable guerre civile ;
- 10 morts au Maroc ;
- 92 morts à Bahreïn ;
- 35 morts en Irak ;
- 50 000 en Libye où la guerre civile fait des ravages.
Quelles sont les conséquences du Printemps arabe dans les pays concernés ?
Les conséquences du Printemps arabe sont multiples :
- politiques : les islamistes ont gagné du pouvoir, mais la démocratie a été instaurée en Tunisie (partage du pouvoir entre les partis politiques Ennahdha, le Congrès pour la république et Ettakatol), au Maroc, en Libye (suite au renversement de Mouammar Kadhafi) et en Egypte qui a changé de dirigeants ;
- sociales : réforme constitutionnelle au Maroc et en Jordanie, création d'emplois à Oman, réduction des prix des produits de première nécessité, mesures en faveur des fonctionnaires, des étudiants et des chômeurs en Arabie saoudite et en Algérie ;
- économiques : l'Egypte et la Tunisie ont été fortement impactées, car leurs revenus touristiques ont été nuls pendant cette période, par ailleurs, les investissements étrangers ont chuté de plus de 30 % et le chômage reste le même qu'avant la révolution ;
- migratoires : des Tunisiens affluent en masse vers l'Europe dans les semaines qui suivent la révolution, et notamment vers l'île de Lampedusa (Italie) ;
- militaires : des guerres civiles ont éclaté, notamment en Syrie depuis 2011 (avec pour conséquence la montée en puissance de l'Etat islamique à partir de 2014) et au Yémen (entre les rebelles chiites Houthis et le gouvernement d'Abdrabbo Mansour Hadi, vice-président élu après le départ d'Abdallah Saleh).
Quelles sont les conséquences du Printemps arabe dans les autres pays ?
En mars 2011, la France a envoyé une aide humanitaire en Libye via l'Egypte et apporte son aide à l'évacuation des réfugiés égyptiens à la frontière entre les deux pays. Plus généralement, la France soutient les vagues de démocratisation que porte le Printemps arabe. Les Etats-Unis, présidés par Barack Obama, ont eux aussi fortement œuvré dans le soutien aux mouvements pour la démocratie. Obama a par ailleurs précisé que l'Egypte et la Tunisie seraient les premiers pays concernés par les programmes d'assistance à la reconstruction que le FMI, la Banque mondiale et la Banque européenne mettaient en place. Le Qatar a aussi joué un rôle essentiel dans le Printemps arabe en permettant à sa chaîne al-Jazira de les soutenir et de se faire le relais des insurgés en exposant leurs revendications au monde entier. En avril 2012, le pape de l'époque Benoît XVI a demandé que les conflits cessent.