Les guerres napoléoniennes : batailles du Premier Empire
Prolongement de la Révolution française de 1789, les guerres napoléoniennes s'étendent jusqu'à la fin du règne de Napoléon Ier et la chute du Premier Empire.
La fin du XVIIIe siècle en France est marquée par la Révolution française, entamée en 1789 ; et par les guerres napoléoniennes (1803-1815) , qui durent jusqu'à la fin du Premier Empire. Si on a tendance à résumer cet événement à une seule date, la Révolution s'étend en réalité sur plusieurs années. Elle atteint son paroxysme en 1792, lorsque le peuple de Paris condamne à mort Louis XVI et sa femme, Marie-Antoinette. En tant que fille de l'empereur du Saint-Empire, son exécution déclenche les hostilités avec l'Autriche. Par effet domino, d'autres puissances européennes et soutiens du pouvoir monarchique s'unissent progressivement, pour former la Première Coalition. Les hostilités avec la France, alors menée par Napoléon Ier, sont déclarées. Le pays est désormais en proie à une guerre civile et à une invasion des puissances étrangères.
Quelles sont les causes des guerres napoléoniennes ?
Les guerres napoléoniennes naissent à la suite de la Révolution française, on parle d'ailleurs de prolongement. Autre élément déclencheur, le coup d'État du 18 Brumaire an VIII. Celui-ci marque la fin de la Révolution française, du Directoire, mais aussi le début du Consulat. La déclaration de guerre du Royaume-Uni à la France, en 1803, y joue également un rôle. En effet, le 28 mars 1802 est signé le traité d'Amiens entre ces deux derniers ainsi que l'Espagne et la Hollande. Cette paix, qui vise à mettre un terme à la Deuxième Coalition, et à restituer les territoires perdus, ne sera que passagère. En effet, le Royaume-Uni, privé d'importations face à la politique protectionniste de la France, décide, en s'alliant à la Russie, de déclarer la guerre au pays napoléonien, en 1803.
Comment se sont déroulées ces guerres ?
Sous fond de conflit économique, le traité d'Amiens est rompu en 1803, et la Troisième Coalition (1803-1805) se forme pour mettre un terme à l'embargo français, nuisant aux importations commerciales. Cette guerre est marquée par de nombreuses batailles navales, où les victoires de la France se font rares en raison de la puissance militaire navale anglo-saxonne. Elle s'achève par la paix de Presbourg, en 1805, après la victoire de Napoléon, durant sa campagne d'Allemagne.
Après la campagne d'Allemagne, Napoléon veut imposer une nouvelle organisation de l'Allemagne par la confédération du Rhin. En 1806, une nouvelle coalition se forme entre la Russie, la Prusse, la Suède et le Royaume-Uni pour s'opposer à ces exigences. Cette guerre est ponctuée de nombreuses victoires françaises, dont la célèbre bataille de Iéna. Après la défaite de la Prusse, les traités de Tilsitt, de 1807, mettent fin à la Quatrième Coalition.
La guerre de la Cinquième Coalition (avril à octobre 1809) réunit le Royaume-Uni et l'empire d'Autriche. Les affrontements se concentrent principalement en Europe centrale où se joue l'indépendance de l'Autriche. Après la victoire décisive de la France, durant la bataille sanglante de Wagram, un traité d'amitié franco-autrichien est signé : le traité de Schönbrunn.
La guerre de la Sixième Coalition (1812-1814) est enclenchée lorsque la France commence à annexer la Russie. Les puissances monarchiques européennes s'allient et forment cette coalition pour empêcher la France d'atteindre Moscou. Cette guerre se solde par l'abdication de Napoléon à Fontainebleau, en 1814, après la victoire de la Sixième Coalition, lors de la campagne de France.
Après son retour d'exil, Napoléon revient en France et s'apprête à rejoindre Paris. La Septième Coalition se forme en toute hâte, en mars 1815. La célèbre bataille de Waterloo consacre la défaite des armées napoléoniennes nouvellement formées, et aboutit au traité de Paris, en juillet 1815, qui place alors Louis XVIII au pouvoir.
Qui sont les combattants des guerres napoléoniennes ?
L'Empire français et la plupart des puissances monarchiques d'Europe de l'Ouest et d'Europe centrale sont les principaux belligérants de ces guerres. L'ennemi principal reste le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande, qui financera la plupart des coalitions. Après la politique d'annexion vers l'est, plusieurs autres puissances vont rejoindre les guerres napoléoniennes, comme l'Autriche, la Prusse ou encore la Russie.
Combien y a-t-il eu de morts ?
Les guerres napoléoniennes vont causer plus de 3 millions de morts au total. Il s'agit du conflit le plus meurtrier en Europe, après les deux guerres mondiales, concentré sur 15 ans de guerre. On compte 1 000 000 de décès chez les militaires français, 100 000 chez les Polonais, 100 000 chez les Italiens et 100 000 chez les soldats du Royaume de Naples. Du côté adverse, on compte plus de 2 200 000 morts ; dont 300 000 soldats du Royaume-Uni et presque 600 000 Espagnols.
Quelles sont les conséquences de ces conflits ?
Ces guerres ont eu de nombreuses conséquences. D'abord, la victoire de Napoléon en Prusse a conduit à la confédération d'Allemagne, aux prémices de l'Allemagne que nous connaissons aujourd'hui. La défaite de Napoléon, en 1815, a néanmoins abouti à la chute du Premier Empire, et à l'abdication de Napoléon Ier. Après cela, les puissances monarchiques ont réinstauré la Monarchie en France : c'est la Restauration. À cet événement s'ajoute le congrès de Vienne, qui remanie les frontières et forme de nouveaux États. Pour éviter de nouveaux conflits, la Sainte-Alliance est créée, réunissant les pays de l'Est. Le Royaume-Uni devient la principale puissance économique mondiale avec la Pax Britannica, qui place le livre sterling comme la monnaie internationale, au même rang que l'étalon-or.
les dates clés des guerres napoléoniennes
- 15 octobre 1805 - Bataille d'Ulm
- Pendant la campagne d'Allemagne, les troupes napoléoniennes s'emparent du village bavarois de Michelsberg. Situé au-dessus de la ville d'Ulm, le village de Michelsberg est un point stratégique, car il permet de prendre la ville d'assaut. Les 40 000 soldats autrichiens du général Mack, retranché à Ulm, devront se rendre, et capituler le 20 octobre.
- 21 octobre 1805 - Bataille navale de Trafalgar
- La bataille de Trafalgar est l'une des batailles les plus humiliantes pour le Premier Empire. Opposée au Royaume-Uni face à l'embargo maritime, la France fait face à la puissance navale de l'armée britannique. Le célèbre amiral anglais Nelson, mort durant la bataille, parvient à mettre en déroute l'armée franco-espagnole, et à mettre fin au blocage des importations commerciales par voie maritime. Tandis que l'armée napoléonienne est grandement affaiblie par cet échec, le Royaume-Uni renforce sa puissance économique et militaire.
- 14 novembre 1805 - Napoléon entre dans Vienne
- La grande armée conduite par le général Masséna entre dans la capitale autrichienne. Napoléon trouve la ville désertée par son souverain. L'empereur François II de Habsbourg est parti se réfugier auprès de son allié, le tsar Alexandre de Russie.
- 2 décembre 1805 - Victoire d'Austerlitz
- Le 2 décembre 1805, la France remporte une bataille décisive dans la guerre de la Troisième Coalition. C'est la célèbre victoire d'Austerlitz, aussi surnommée la "Bataille des Trois Empereurs". Malgré leur infériorité numérique, les armées napoléoniennes vainquent l'Empire russe et autrichien, qui sont obligés de battre en retraite. La Troisième Coalition est dissoute et les puissances ennemies sont contraintes de réfléchir à un traité de paix.
- 26 décembre 1805 - Signature de la paix de Presbourg
- Seulement 24 jours après la défaite à Austerlitz, l'Autriche se trouve abandonnée par ses puissances alliées, après la dissolution de la Troisième Coalition. Elle est contrainte de signer un traité de paix avec la France, pour éviter de se trouver annexée. Le 26 décembre 1805, le traité de Presbourg est signé entre Napoléon Ier et l'Empereur François Ier d'Autriche.
- 14 octobre 1806 - Victoire de Iéna
- Le début de la guerre de la Quatrième Coalition est marqué par une victoire éclatante et décisive de la France, à Iéna. Opposant les forces napoléoniennes face à la Prusse, aux ordres de Bismarck, cette bataille opère un tournant dans cette guerre, en obligeant la Prusse à admettre sa reddition. La Quatrième Coalition, perdant un allié de poids, est contrainte de songer à sa dissolution.
- 8 février 1807 - Bataille d'Eylau
- L'empereur Napoléon Ier affronte les Russes et les Prussiens, près de Königsberg, en Prusse Orientale. Sur le champ de bataille, emmenée par Davout, Soult, Augereau, Murat et Ney, la Grande Armée compte 55 000 hommes épuisés par onze jours de marche dans la neige. Face à eux, 60 000 Russes et Prussiens sous les ordres de Bennigsen, Bagration et Barclay de Tolly. Des deux côtés, les pertes sont considérables. Fait unique dans les batailles de l'Empire, l'empereur restera huit jours sur place pour évacuer les morts et les blessés. Il refusera qu'un "Te Deum" soit chanté pour la victoire et écrira, le 12, "un père qui perd ses enfants ne goûte aucun charme à la victoire.".
- 7 juillet 1807 - Traité de Tilsit
- La guerre de la Quatrième Coalition prend fin avec le traité de Tilsitt de 1807. Ce traité concède la victoire de la France sur la Prusse. Ilmet en place une amitié entre la France, la Prusse et la Russie. Les deux puissances perdantes concèdent également le partage du continent : l'Europe à la France, l'Orient au tsar russe.
- 22 avril 1809 - La bataille d'Eckmühl
- Les troupes de Napoléon Ier gagnent contre les Autrichiens, commandés par l'archiduc Charles, à Eckmühl (Bavière). Le maréchal Louis Nicolas Davout, qui s'est illustré lors de cette bataille, deviendra prince d'Eckmühl. Contrainte de s'intégrer au système napoléonien après la paix de Vienne en 1809, l'Autriche s'allie aux autres puissances européennes contre Napoléon Ier en 1813. Il sera vaincu à Waterloo (Belgique) en 1815.
- 6 juillet 1809 - Bataille de Wagram
- L'amitié entre la France, la Russie et la Prusse ne dure guère. L'Autriche étant menacée à son tour par l'arrivée des armées napoléoniennes, la Cinquième Coalition se forme. La bataille décisive de Wagram, le 6 juillet 1809 dans les plaines de Marchfeld, voit une nouvelle fois la France victorieuse. Il s'agit de l'une des batailles les plus sanglantes des guerres napoléoniennes, avec un bilan s'élevant à près de 70 000 morts et blessés dans les deux camps.
- 14 octobre 1809 - Le traité de Schönbrunn donne naissance aux Provinces Illyriennes
- Après la défaite Autrichienne, lors de la bataille de Wagram, les territoires couvrant une moitié de la Croatie sont cédés à la France et deviennent les Provinces Illyriennes. La réorganisation napoléonienne du pouvoir et la diffusion du concept de nation font naître une nouvelle période pour les descendants de Tomislav : l'affirmation d'une identité croate forte. Des mesures sont notamment prises pour formaliser et institutionnaliser la langue croate.
- 24 juin 1812 - Le début de la campagne de Russie
- Le 24 juin 1812 débute la campagne de Russie, qui ouvre les hostilités et la guerre de la Sixième Coalition. Napoléon vise alors à atteindre Moscou, pour s'emparer du continent eurasiatique. Cette campagne est déclenchée suite à la trahison du traité de Tilsit, par Alexandre Ier. Napoléon parvient à atteindre Moscou le 7 septembre 1812, mais découvre des conditions climatiques extrêmes, qui affaibliront bientôt l'élan napoléonien en Eurasie.
- 7 septembre 1812 - Bataille de la Moskova
- Il s'agit de la bataille la plus sanglante de la campagne de Russie. A la tête d'une Grande Armée de 600 000 soldats, Napoléon en sort victorieux. Les généraux russes ont en effet opté pour la politique de la terre brûlée, en vidant Moscou de ses habitants et en y mettant le feu. La retraite des Français tournera toutefois à la catastrophe. Lancée le 19 octobre, elle se termine en déroute hivernale avec, notamment, l'épisode du passage de la Bérézina (26-29 novembre). A son retour, l'armée ne compte plus qu'environ 50 000 hommes.
- 26 novembre 1812 - Désastre de la Bérézina
- Considérée injustement comme une défaite de la France, la bataille de la Bérézina est cependant un véritable désastre, qui mettra un coup de frein considérable à l'ascension napoléonienne. Les armées de Napoléon font face à un froid extrême en Biélorussie, près du fleuve gelé de la Bérézina, et sont acculées par les forces de l'Empire russe. Les troupes sont décimées face à ces conditions climatiques, et Napoléon est contraint de battre en retraite.
- 19 octobre 1813 - Fin de la bataille des Nations
- La bataille de Leipzig, plus connue sous le nom de la "bataille des Nations", est la bataille la plus sanglante des guerres napoléoniennes. Elle voit se confronter la quasi-totalité des armées européennes. La Sixième Coalition, revigorée après la débâcle de la Grande Armée en Russie, concentre toutes ses forces, pour tenter d'annihiler les élans de Napoléon. Vaincue, l'armée napoléonienne est contrainte de rentrer à Paris.
- 6 avril 1814 - Napoléon Ier abdique
- Alors que les forces napoléoniennes sont affaiblies après la débâcle de la campagne de Russie et la bataille des Nations, le Royaume-Uni apporte un contingent aux forces de la Sixième Coalition, et enclenche la Campagne de France. Le 6 avril 1814, la Sixième Coalition parvient à s'emparer de Paris et contraint Napoléon à abdiquer.
- 18 juin 1815 - "Waterloo, morne plaine !"
- Alors que Napoléon revient de son exil, il parvient à reformer l'armée napoléonienne, et s'apprête à réinstaurer l'Empire et la République en France. La Septième Coalition, alors constituée dans la précipitation, s'apprête à opérer un tournant décisif à Waterloo, près de Bruxelles, le 18 juin 1815. Les armées napoléoniennes sont décimées. La bataille de Waterloo met un terme définitif aux conquêtes napoléoniennes et à l'indépendance française. Dans Les Châtiments, Victor Hugo parlera de cet évènement, dont le célèbre vers : "Waterloo, morne plaine !".
- 15 octobre 1815 - Napoléon débarque à Sainte-Hélène
- Condamné à l'exil par le Royaume-Uni, Napoléon est contraint, le 15 octobre 1815, de vivre en proscrit sur l'île Sainte-Hélène, située à l'ouest des côtes africaines, en plein Atlantique Sud. Il y vivra les six dernières années de sa vie. Vivant à Longwood House, une habitation sommaire aux allures de ferme, Napoléon sera surveillé en permanence par des geôliers aux ordres du gouverneur Hudson Lowe. Il mourra le 5 mai 1821 d'un ulcère à l'estomac.