Libération de Paris : résumé d'une victoire française
La libération de Paris, en août 1944, s'inscrit dans la Libération de la France. Elle se déroule sur fond d'insurrection populaire. Résumé.
Résumé - Envisagée par le général de Gaulle davantage pour son importance symbolique que pour sa situation stratégique, la libération de Paris est confiée au général Leclerc. Toujours pour la symbolique, de Gaulle tenait à ce que ce soit des troupes françaises qui y pénètrent. Un jeu de négociations avec les Alliés s'avère incontournable. La colère des Parisiens, qui ne cesse de croître depuis le mois de juillet 1944 sous l'effet des privations toujours plus strictes, va hâter l'intervention alliée, afin de combiner forces armées et révolte populaire.
Menée sur plusieurs jours et officiellement proclamée le 25 août 1944, la libération de Paris donne lieu à des désordres qui ne s'apaiseront qu'à la fin du mois d'août 1944. Malgré les combats, la libération n'est pas une hécatombe et, bien que pesant peu lourd dans la défaite allemande, elle déclenche la joie dans le monde entier. Surtout, elle consacre de Gaulle comme chef de la Résistance.
Quel est le contexte historique de la libération de Paris ?
Au moment de la libération de Paris, l'attention des occupants comme des occupés est essentiellement tournée vers la progression des troupes alliées qui ont débarqué en Normandie en juin 1944, lançant ainsi la Libération. Cependant, les Alliés n'ont pas l'intention de faire un détour par Paris et souhaitent plutôt gagner au plus vite la région de la Ruhr. D'un point de vue militaire, l'ex-capitale française n'a en effet aucune importance stratégique, et ses habitants sont avant tout préoccupés par leur survie. En effet, les prélèvements et restrictions imposés par les Allemands durant l'occupation de Paris se font de plus en plus lourds. La nourriture est difficile à trouver, les prix flambent, il n'y a plus d'essence… Une situation que Paris subit depuis l'armistice de 1940, date à laquelle commence l'occupation de la ville. Les juifs sont spoliés de leurs biens et envoyés dans les camps de concentration, comme lors de la rafle du Vél d'Hiv, en juillet 1942, qui marque les esprits.
Bien que fasciné par Paris en zone occupée, qu'il visite à plusieurs reprises quoique très brièvement, Hitler avait prévu de faire de la ville une "Stalingrad" sur le front de l'Ouest. Il était donc envisagé de détruire les ponts et monuments de Paris, ainsi que d'écraser sans hésitation toute forme de résistance. Cependant, les Allemands ne sont pas vraiment en mesure de tenir cette ligne de conduite. En effet, même si Paris a été déchue de son statut de capitale de la France pour devenir le siège du commandement militaire allemand, les troupes ne sont pas suffisamment nombreuses, et les chars ainsi que l'artillerie sont anciens ou en mauvais état. Des renforts sont envoyés pour procéder à la destruction de la ville, mais une trahison dans le camp allemand évitera que l'ordre soit totalement mis à exécution.
En juillet 1944, le ras-le-bol des Parisiens se fait de plus en plus palpable. L'approche de la fête nationale du 14 juillet ne fait qu'exacerber les tensions, et toute manifestation festive est interdite par les Allemands. Des tracts distribués par le Comité parisien de la Libération incitent cependant près de 100 000 habitants à sortir tout de même dans les rues et à chanter la Marseillaise. La répression de la police se limite au minimum, ce que ne manque pas de remarquer le colonel Henri Tanguy, dit Rol-Tanguy, qui prépare la libération de Paris depuis des mois, et qui estime que le moment est venu de mettre fin à l'occupation subie par Paris durant la Seconde Guerre mondiale.
Comment se déroule la libération de Paris ?
Comme Rol-Tanguy, le général Chaban-Delmas pense lui aussi que l'insurrection est pour bientôt, mais qu'elle est vouée à l'échec sans un soutien de l'armée. Il s'en va alors en Angleterre pour plaider en faveur d'un détour des forces de Normandie, en vain. A son retour à Paris, il constate que les habitants sont allés encore plus loin : des affiches invitent à la bataille de Paris et le 18 août, une grève générale est décrétée, à laquelle se joignent des policiers résistants. Ce soutien majeur apporte avec lui des armes automatiques bienvenues contre les mitrailleuses allemandes.
Au lendemain de la grève générale commencent pendant 4 jours des querelles entre différents combattants : policiers (qui arborent désormais le brassard des Forces françaises de l'intérieur, ou FFI), résistants et forces allemandes. Les Parisiens prennent des lieux stratégiques comme les mairies des arrondissements, l'usine à gaz de la Villette ou encore la poste centrale. Les Allemands contre-attaquent dans l'après-midi. Les chars allemands s'opposent alors aux cocktails Molotov de la population, qui érige également des barricades et crée une véritable guérilla urbaine. Conscient de l'enjeu, de Gaulle insiste auprès d'Eisenhower pour que les troupes normandes interviennent, mettant en avant le risque que les communistes prennent le pouvoir ainsi que la faiblesse des Allemands et l'importance de l'insurrection. Eisenhower envoie alors l'appui des Alliés à travers un renfort américain (4e division d'infanterie) et l'armée du général Leclerc (2e division de blindés qui avait été créée en Afrique en prévision de la libération de Paris), qui comprend une division de républicains espagnols, appelée La Nueve. Ces Espagnols, qui ont gagné l'Afrique du Nord pour fuir Franco, sont totalement intégrés à l'armée française et seront les premiers à atteindre l'hôtel de ville de Paris.
La percée de la 2e division blindée française jusqu'à Rambouillet est rapide. La charge vers Paris devait donner lieu à la libération de la ville le 24 août, mais la résistance allemande est plus importante que prévu, notamment à Toussus-le-Noble ou à Arpajon. Chars français et Panzers allemands s'affrontent. Leclerc force von Choltitz à se rendre le 25 et à signer un cessez-le-feu. Sur le parvis de l'hôtel de ville, après la signature de la capitulation des troupes nazies, de Gaulle peut enfin prononcer un discours de victoire, dont une phrase en particulier est restée célèbre : "Paris ! Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! mais Paris libéré !".
Les véritables festivités se déroulent le lendemain, avec le défilé de la victoire du 26 août sur les Champs-Elysées. La réaction des Parisiens ne se fait pas attendre : la population est venue nombreuse et euphorique. La ville reste cependant dangereuse, avec la fusillade de Notre-Dame et des tirs isolés. Depuis l'aéroport du Bourget, les Allemands envoient même le dernier raid de la Luftwaffe dans la nuit du 26 août.
Quelles sont les conséquences de cette libération ?
Quelques combats sont encore nécessaires pour acter totalement la fin de la bataille de Paris, notamment pour reprendre l'aéroport du Bourget. Le nombre de victimes est estimé à 3 400 morts et 5 500 blessés (forces allemandes, Alliés, FFI et civils). Cette victoire est un symbole fort, car les Alliés ont laissé les Français pénétrer les premiers dans la ville. Les conséquences politiques sont particulièrement importantes, notamment pour la place de la France parmi les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale. Le sacre populaire du Général de Gaulle renforce la légitimité de l'Etat, qu'il faut rétablir rapidement pour signer la fin du régime de Vichy. Dans cette optique, de Gaulle met immédiatement en place le gouvernement provisoire de la République française, dont il est le président.
La libération de Paris était essentiellement politique, et les résultats ont été à la hauteur des attentes. Si l'événement est une victoire des Alliés, les Français sont mis en avant, et la libération entraîne une vague de joie de New York au Moyen-Orient en passant par Londres : elle fait partie des symboles forts, et représente une ouverture sur la libération de la France, commencée en juin 1944 et poursuivie jusqu'en mai 1945.