Guerre de Crimée : résumé du conflit européen de 1853 à 1856
La guerre de Crimée (péninsule située sur la côte nord de la mer Noire) opposa, de 1853 à 1856, l'Empire russe à l'Empire ottoman, soutenu par le Royaume-Uni, l'Empire de Napoléon III et la Sardaigne.
Résumé de la guerre de Crimée - La guerre de Crimée est une guerre qui oppose d'un côté les Russes, qui veulent annexer Constantinople et les détroits reliant la mer Noire à la mer Méditerranée, à, d'un autre côté, une coalition formée par l'Empire ottoman, la France, l'Angleterre et le Royaume de Sardaigne. Dans ce conflit, en territoire ottoman, les Turcs cherchent également à défendre leur indépendance et l'intégrité de leur territoire. Parallèlement à ces enjeux géopolitiques, un conflit politico-religieux se joue en Palestine (sous domination ottomane) entre chrétiens occidentaux et orientaux pour le contrôle des lieux saints. La guerre débute le 4 octobre 1853. Elle tourne en faveur des alliés franco-britanniques à la bataille de l'Alma en septembre 1854, puis au siège de Sébastopol, et débouche finalement sur le traité de Paris, signé le 30 mars 1856.
Quelles sont les causes de la guerre de Crimée ?
En 1850, l'Empire russe veut prendre possession de l'Empire ottoman qui décline progressivement (depuis le début du XIXe siècle déjà, les Russes poursuivent la conquête du Caucase). Dans un premier temps, le tsar Nicolas Ier propose à l'Angleterre de se partager l'Empire ottoman : l'Egypte et la Crète pour les Britanniques, les Balkans pour les Russes. L'Angleterre de la reine Victoria refuse, car elle craint que la Russie n'acquière trop d'influence en Méditerranée et en Orient. Puis, en 1853, la Russie Nicolas Ier exige que le sultan de Constantinople redonne l'église de Bethléem à l'orthodoxie alors qu'elle a été cédée à l'Eglise catholique. Sous ce prétexte, les Russes souhaitent aussi annexer Constantinople et les détroits qui relient la mer Noire à la mer Méditerranée. Suite au refus des Ottomans, le tsar lance en juillet 1853 une offensive qui lui permet d'envahir les principautés roumaines de Moldavie et de Valachie ottomanes. La Palestine est par ailleurs théâtre de tensions, entre les chrétiens originaires de l'Orient, et ceux de l'Occident, qui souhaitent diriger les lieux. Le 4 octobre 1853, l'Empire ottoman, rejoint en mars 1854 par les Français et les Britanniques puis les Sardes, déclare la guerre à la Russie.
Qui a combattu lors de la guerre de Crimée ?
Les combattants dans la guerre de Crimée sont l'Empire russe et sa puissante armée dirigée par le général Menchikov d'un côté, l'Empire ottoman commandé par Omer Pacha de l'autre, soutenus par les Français et les Britanniques, puis rejoints par les Sardes. Si les Français interviennent aux côtés de l'Empire ottoman, c'est d'une part à cause du conflit politico-religieux. En effet, chaque empereur, Napoléon III en France et le Tsar Nicolas Ier en Russie, exige l'exclusivité de la protection des lieux saints en Palestine, pour les Catholiques pour le premier et pour les Orthodoxes pour le second. D'autre part, Napoléon III souhaite prouver ses bonnes intentions en s'alliant aux Anglais (contrairement à son oncle Napoléon Bonaparte). Les Anglais, eux, souhaitent s'opposer à la flotte russe qui constitue un danger pour leur route vers les Indes et empêcher une emprise sur l'Afghanistan où elle est dangereusement proche de ses territoires indiens. Les Sardes rejoignent les alliés pour montrer l'unité de l'Italie et son appui aux puissances occidentales.
Comment s'est déroulée la guerre de Crimée ?
L'entrée en guerre des Français et des Anglais face à la Russie intervient le 27 mars 1854 après que le tsar Nicolas Ier ait refusé, en janvier, d'évacuer les provinces danubiennes de Moldavie et de Valachie ottomanes qu'il venait d'annexer. En septembre 1854, les armées alliées débarquent à Eupatoria. La première grande victoire des Alliés, sous le commandement de Saint-Arnaud et de Lord Raglan, a lieu à l'Alma, le 20 septembre 1854. A Balaklava, Russes et Britanniques s'affrontent en octobre. Si les Russes sont chassés, ils restent maîtres des positions fortifiées. La bataille d'Inkerman a lieu le 26 octobre et se révèle particulièrement meurtrière dans les deux camps. Débute ensuite le siège du port russe de Sébastopol, le principal épisode de la guerre de Crimée. Ce siège dure 11 mois, du 27 septembre 1854 au 11 septembre 1855. C'est la prise de la position fortifiée de Malakoff le 8 septembre par les Français dirigés par le maréchal Mac-Mahon qui permet d'obtenir la reddition des Russes.
Que s'est-il passé lors de la bataille de l'Alma ?
Les troupes franco-britanniques ayant débarqué en Crimée courant septembre 1854 se trouvent confrontées aux Russes placés sur les hauteurs du fleuve Alma. Leur objectif est d'empêcher les alliés d'atteindre Sébastopol. Le 20 septembre, une offensive française est lancée au centre avec l'appui des zouaves qui prennent rapidement possession des positions russes à proximité de la côte. Les Britanniques tentent simultanément de traverser l'Alma, ce qu'ils parviennent à faire en deux temps tandis que les troupes françaises gagnent le point culminant du champ de bataille. Le bilan de la bataille de l'Alma est lourd : 5 700 Russes morts, 2 000 Britanniques, 1 340 Français et 500 Ottomans.
Qui a gagné la guerre de Crimée ?
Alexandre II, héritier du tsar Nicolas Ier qui vient de décéder, souhaite poursuivre la guerre, mais finit par céder en janvier 1856 sous la menace de sécession de l'Autriche. De leur côté, les Français, épuisés, souhaitent mettre fin à la guerre même si les Anglais veulent la poursuivre. Le tsar accepte finalement le traité de Paris le 30 mars 1856 qui entérine la défaite de la Russie. Ce texte prévoit la reconnaissance de l'indépendance de l'Empire ottoman, l'autonomie retrouvée des principautés de Moldavie et de Valachie, ainsi que la libre circulation sur le Danube. La guerre de Crimée est une indiscutable victoire à la fois militaire et politique pour la France et pour Napoléon III.
Combien de morts a engendrés la guerre de Crimée ?
En tout, la guerre de Crimée aura fait 700 000 morts, dont 460 000 morts de maladie (choléra, typhus, scorbut…). Rien qu'au premier trimestre 1856, près de 40 000 soldats français en sont morts. Les alliés ont engagé 220 000 hommes et dans les différents camps, on recense :
- 450 000 morts russes (soit près de deux tiers des victimes) ;
- 120 000 morts ottomans ;
- 100 000 morts français ;
- 21 000 morts britanniques ;
- 2 000 morts sardes.
Quelles furent les conséquences de la guerre de Crimée ?
Les conséquences politiques de la guerre de Crimée sont multiples :
- en Russie, le nouveau tsar Alexandre II est poussé à abolir le servage (en 1861) ;
- en France, Napoléon III restaure le prestige du pays sur la scène internationale avec la fin du Concert européen créé par le congrès de Vienne en 1815 (alliance entre l'Empire d'Autriche, le royaume de Prusse, l'Empire de Russie et le Royaume-Uni contre la France) ;
- l'Angleterre réussit à bloquer la progression russe vers les détroits ;
- l'Empire ottoman est contraint d'accepter l'émancipation des nations balkaniques (Bosnie, Bulgarie...) ;
- l'intervention des Sardes a permis de poser la question de l'unité italienne devant l'Europe ;
- l'Empire autrichien n'ayant pas participé à la guerre de Crimée est mal vu par les deux camps.
La guerre de Crimée fut-elle la première guerre moderne ?
Les historiens considèrent que la guerre de Crimée est la première guerre moderne à plusieurs titres. Elle a tout d'abord permis d'employer des fusils à canons rayés (fusils Minié) beaucoup plus mortels et des obus. Apparaissent aussi pour la première fois des navires cuirassés à vapeur, des mines sous-marines et des torpilles. Par ailleurs, le télégraphe électronique relié au réseau européen à Bucarest permet de suivre les combats, et des correspondants sur place réalisent les premiers reportages et photographies de guerre. De plus, la chirurgie a progressé avec l'emploi de produits anesthésiques. Notons également le développement du chemin de fer qui a permis un ravitaillement efficace des troupes.
La chronologie de la guerre de Crimée
- 29 septembre 1853 - L'Empire ottoman déclare la guerre à la Russie
- L'Empire russe envahit la Moldavie et la Valachie, territoires vassaux de l'Empire ottoman en juillet 1853. Les Turcs exigent alors le retrait des troupes, mais, devant le refus des Russes, l'Empire ottoman déclare la guerre à la Russie le 4 octobre 1853. Les Français, les Britanniques et plus tard les Sardes entreront eux aussi en guerre contre l'Empire russe aux côtés des Ottomans. C'est le début de la guerre de Crimée qui durera jusqu'au 30 mars 1856.
- 9 novembre 1853 - Combat de Pitsounda
- La bataille de Pistounda a lieu au cours de la guerre de Crimée qui oppose l'Empire ottoman et ses alliés à la puissance russe. Le 9 novembre 1853, au cœur de la mer Noire, une bataille navale a lieu entre une frégate russe et trois frégates à vapeur appartenant aux Turcs. Les Ottomans attaquent et après un affrontement entre les deux camps opposés, le combat est finalement remporté par la Russie.
- 30 novembre 1853 - Bataille de Sinop
- La bataille de Sinop qui se déroule le 30 novembre 1853 est une bataille navale au cours de laquelle la flotte turque est détruite par la marine russe dans le port de Sinop. Il s'agit du premier véritable affrontement de la guerre de Crimée après plusieurs semaines de petits combats en mer Noire entre les marines russe et ottomane. La flotte russe, composée entre autres de 3 navires de guerre à vapeur, s'est placée face aux Ottomans et a détruit tous leurs bateaux (sauf un) à l'aide d'obus. La bataille n'aura duré qu'une heure.
- 12 mars 1854 - Alliance franco-anglaise avec la Turquie
- La France et la Grande-Bretagne s'allient avec l'Empire ottoman contre la Russie. En contrepartie, le sultan turc accepte de pratiquer des réformes politiques et sociales dans son pays. Cette coalition précipitera l'Europe dans la guerre de Crimée à partir du mois de septembre jusqu'en mars 1856.
- 27 mars 1854 - La France s'engage dans la guerre de Crimée
- La France et la Grande-Bretagne déclarent la guerre à la Russie qui menace l'intégrité de l'empire Ottoman. Les forces franco-britanniques l'emporteront sur la Russie après le terrible siège de Sébastopol de septembre 1854 à septembre 1855. La paix sera signée à Paris le 30 mars 1856.
- août 1854 - Bataille de Petropavlovsk
- La bataille de Petropavlovsk a lieu durant la guerre de Crimée entre le 18 et le 27 août 1854. Trois navires franco-anglais se rendent dans la baie d'Avatcha. Ils tentent de faire débarquer 600 soldats, mais se confrontent à plus de 200 soldats russes. Les alliées doivent battre en retraite. Quelques jours plus tard, près de 1 000 soldats tentent une deuxième fois de débarquer, mais sont à nouveau vaincus. Ils perdent 500 hommes dans la bataille.
- 20 septembre 1854 - Bataille de l'Alma
- La bataille de l'Alma représente la première victoire de la guerre de Crimée. Remportée par les alliés franco-britanniques face aux Russes le 20 septembre 1854, 6 jours après leur débarquement en Crimée, elle se déroule à 10 kilomètres de l'embouchure du fleuve de l'Alma. C'est à l'occasion de cette bataille restée fameuse que les zouaves de la division Bosquet se sont illustrés. Cette victoire ouvre la voie vers Sébastopol, autre lieu central de la guerre de Crimée.
- 27 septembre 1854 - Début du siège de Sébastopol
- Après avoir remporté la bataille de l'Alma le 20 septembre 1854, les troupes franco-britanniques progressent jusqu'à Sébastopol, une forteresse russe devant laquelle elles vont établir un siège. Commencé le 27 septembre 1854, celui-ci durera 11 mois, jusqu'à ce que le général français Mac Mahon finisse par s'emparer de la position stratégique de la tour Malakoff. Le siège prendra fin 3 jours plus tard, le 11 septembre 1855.
- 25 octobre 1854 - Charge de la brigade légère à Sébastopol
- Les cavaliers britanniques de Lord Cardigan repoussent une contre-attaque russe devant Sébastopol pendant la guerre de Crimée. Les cosaques ne réussissent pas à s'emparer de la base anglaise de Balaklava. Le siège durera jusqu'au 10 septembre 1855.
- 5 novembre 1854 - Victoire franco-britannique à Inkerman
- D'octobre à novembre 1854 se déroulent les batailles de Balaklava et d'Inkerman. Elles ont lieu de l'autre côté de la ligne du siège de Sébastopol. La bataille d'Inkerman notamment a vu la victoire des troupes alliées. Pris par surprise par l'armée russe de Menchikov, les Britanniques ont été secourus le 5 novembre 1854 par les Français qui ont repoussé les Russes et pris possession du plateau d'Inkerman (dans l'actuelle Ukraine).
- 17 février 1855 - Victoire turque à la bataille d'Eupatoria
- L'assaut d'Eupatoria a lieu durant la guerre de Crimée en février en 1855. Le général Stepan Khroulev cherche à prendre par surprise l'armée ottomane dans la base d'Eupatoria, mais les alliés des Turcs avaient prévu les mouvements russes. Les troupes franco-britanniques attaquent l'armée du général qui perd de nombreux soldats. Il décide alors de battre en retraite. Après cette défaite, le commandant de l'armée russe Alexandre Sergueïevitch Menchikov est relevé de ses fonctions.
- 2 mars 1855 - Décès de Nicolas I, tsar de Russie
- Fils de Paul Ier, Nicolas Ier de Russie devient empereur en 1825. Son règne est marqué par son conservatisme et sa haine du libéralisme. Il tente de faire quelques réformes et entre en guerre contre les Perses. Il doit faire face à une insurrection dans le Caucase. En 1853, Il s'engage dans une guerre contre l'Empire ottoman. Après deux ans de conflit au cours duquel la France et l'Angleterre s'allient aux Turcs, il perd la guerre.
- 2 mars 1855 - Début du règne d'Alexandre II, tsar de Russie
- Après le décès de son père, Alexandre II prend le pouvoir en Russie le 2 mars 1855. Après sa défaite lors de la guerre de Crimée, il commence à prendre une série de mesures dans le royaume afin de moderniser la Russie. Il abolit le servage, crée des assemblées locales, réforme la justice. Il fait une réforme de l'enseignement afin de relever le niveau d'éducation. Il change le fonctionnement du service militaire ainsi que la censure.
- juillet 1855 - Début du siège de Kars en Turquie
- Alexandre II envoie ses troupes en Asie au cœur des territoires turcs. 40 000 soldats russes attaquent la forteresse de Kars. Le premier essai russe est repoussé par les Ottomans. Les Russes débutent alors le siège de la forteresse. A l'automne, les Ottomans commencent à manquer de provisions et l'arrivée de la neige empêche les renforts d'arriver. Les soldats de la forteresse voyant leur avenir compromis décident de se rendre le 26 novembre 1855.
- 8 septembre 1855 - Bataille de Malakoff
- Bataille emblématique de la guerre de Crimée, la bataille de Malakoff a été remportée par les troupes françaises emmenées par le général Mac Mahon. La tour Malakoff était un point de défense central du port de Sébastopol, et la fin du siège, 3 jours plus tard, n'a été possible que grâce à la prise de cette tour stratégique. C'est une fois victorieux que Mac Mahon aurait prononcé une phrase restée célèbre : "J'y suis ! J'y reste !"
- 25 février 1856 - Guerre de Crimée : l'épilogue
- Le Congrès de Paris, qui rassemble les principaux belligérants de la guerre de Crimée, s'ouvre. Il va consacrer la défaite de la Russie face à la coalition franco-britannique et turque. Le 30 mars, la France, l'Angleterre et la Russie signent le traité qui consacrera l'indépendance de l'Empire ottoman. La Russie renonce à ses prétentions sur la Moldavie et la Bessarabie, elle accepte la neutralisation de la Mer Noire et accorde la libre circulation des navires sur le Danube.
- 30 mars 1856 - Traité de Paris entre la Russie et l'empire Ottoman
- Le traité de Paris est le symbole de la fin de la guerre Crimée. Ce traité fait de la mer Noire un territoire maritime neutre où sont interdits les bateaux de guerres et la construction de fortifications. Cette mesure fait perdre à la Russie une grande partie de son influence dans cette région. Le traité met également en place la commission du Danube que régit la navigation sur le fleuve.
- 30 mars 1856 - Fin de la guerre de Crimée
- L'Angleterre, la France, la Turquie et la Russie signent la paix de Paris et mettent un terme à la guerre de Crimée. La fin du siège de Sébastopol en septembre 1855, a marqué la défaite de la Russie. Elle accepte sans condition de renoncer à ses prétentions sur la Turquie et reconnaît l'intégrité du territoire turc. La mer Noire et le Danube sont déclarés territoires neutres.