Guerre du Liban : résumé de la guerre civile de 1975 à 1990
De 1975 à 1990, la guerre civile libanaise voit s'affronter différentes milices pour le contrôle du pays, mais aussi des armées étrangères, comme celle d'Israël, qui intervient en 1982. Voici le résumé :
Résumé de la guerre du Liban - Dans les années 1970, le Liban connaît une croissance économique malgré des tensions entre les communautés musulmanes et chrétiennes. L'arrivée de milliers de Palestiniens bouleverse le fragile équilibre du pays, qui se divise alors en deux : les musulmans pro-palestiniens et les chrétiens nationalistes. En 1975, commencent les premiers affrontements armés entre les deux communautés, organisées en milices. Les interventions de la Syrie en 1976, puis d'Israël en 1982 ne font qu'aggraver la situation. A partir de 1982, différentes factions se disputent le contrôle du pays : Amal, Hezbollah, Forces libanaises… Le conflit prend fin en 1990 avec l'accord de Taëf, une nouvelle intervention syrienne et la déposition du général Aoun. Néanmoins, le pays reste menacé par les tensions entre le Hezbollah et Israël, qui provoquent notamment le conflit israélo-libanais de 2006.
Pourquoi y a-t-il eu la guerre au Liban ?
Pendant la Première Guerre mondiale, le territoire du Liban est sous contrôle de l'Empire ottoman, allié à l'Allemagne. Après la victoire de la Triple-Entente (France, Royaume-Uni et Russie) et le découpage de l'Empire ottoman, le Liban se retrouve dans la zone d'influence française, définie lors des accords Sykes-Picot (1916). En 1920, l'Etat du Grand Liban est proclamé, puis, en 1926, la République libanaise. En 1943, le pays déclare son indépendance. Le Liban se distingue alors par sa multiculturalité. Il compte officiellement 17 communautés, dont les musulmans sunnites et chiites, les maronites (chrétiens catholiques), les Druzes, les Grecs orthodoxes et les juifs. Pour limiter les tensions, le Pacte national est créé : il répartit les fonctions de l'Etat entre les différentes communautés selon leur poids démographique.
Membre de la Ligue arabe, le Liban s'engage dans la guerre israélo-arabe de 1948-1949. La victoire d'Israël entraîne l'arrivée de 140 000 réfugiés palestiniens au Liban et l'accroissement soudain de la communauté musulmane. En 1958, le Liban connaît une première crise politique importante. Les musulmans souhaitent une fusion du pays avec la République arabe unie, ce que refusent les maronites. D'autre part, le président Camille Chamoun, un maronite, refuse de rompre les relations avec la France et le Royaume-Uni en pleine crise de Suez. Il décide en plus de se représenter à la présidence, ce qui est contraire à la constitution libanaise. Dans les rues, les partisans du président s'opposent aux milices arabes. Chamoun obtient l'intervention de troupes américaines pour mettre fin à ces violences.
Comment débute la guerre au Liban en 1975 ?
Les années 1960 sont marquées par une croissance économique sur fond de tensions intercommunautaires. Les différents mouvements se radicalisent, en particulier les Phalanges libanaises chrétiennes (Kataëb), et les clans musulmans pro-arabes, soutenus par les Palestiniens. Depuis les camps de réfugiés palestiniens situés près de la frontière, les fedayins (combattants en guerre contre Israël), mènent des opérations contre les villages israéliens. En représailles, Israël envoie régulièrement des troupes dans le sud du Liban. En avril 1969, des manifestants pro-fedayins affrontent la gendarmerie libanaise. L'armée libanaise tente de prendre le contrôle des camps palestiniens, sans succès. En novembre, le Liban demande la médiation du président égyptien Nasser. Les accords du Caire sont signés entre Yasser Arafat, le chef de l'OLP (Organisation de libération de la Palestine) et le représentant libanais, Emile Boustany. Le texte prévoit que les Palestiniens de l'OLP ont le droit de s'armer au Liban dans le cadre de leur lutte armée contre Israël. En échange, l'OLP doit reconnaître la souveraineté du Liban.
En 1975, les tensions s'intensifient avec une nouvelle incursion israélienne au Liban et des affrontements entre Palestiniens et militaires libanais. Le 13 avril 1975, des fedayins tentent d'assassiner Pierre Gemayel, chef du parti des Kataëb. Le même jour, à Beyrouth, un commando de Kataëb tire sur un bus de militants palestiniens, faisant 27 morts. C'est le début officiel de la guerre au Liban. Phalangistes et Palestiniens s'affrontent ensuite dans une guérilla urbaine. En 1976, la Syrie impose un cessez-le-feu et envoie des troupes, officiellement pour faire respecter ce dernier. Les forces syriennes affrontent l'OLP avant de s'allier avec celui-ci. Cette première vague de violences prend fin avec les accords de Riyad. Un cessez-le-feu s'accompagne de l'envoi de la FAD (Forces arabes de Dissuasion) pour faire respecter la trêve. La guerre reprend en 1978. Les milices chrétiennes affrontent l'armée syrienne, tandis que l'armée israélienne entre dans le sud du Liban pour repousser les Palestiniens. En 1981, la FAD combat les Kataëb, puis l'armée israélienne, qui soutient ces derniers.
Pourquoi Israël a envahi le sud du Liban en 1982 ?
Le 3 juin 1982, l'ambassadeur israélien à Londres, Shlomo Argov est grièvement blessé lors d'un attentat. Israël accuse l'OLP et bombarde les camps palestiniens en représailles. Ces derniers répliquent par des tirs de roquettes. Le 6 juin, Israël lance l'opération Paix en Galilée et avance vers Beyrouth. L'armée israélienne met en déroute l'armée syrienne, puis assiège les quartiers sud de la capitale libanaise. Suite à un accord avec les Etats-Unis, l'OLP évacue la ville. Bachir Gemayel, chef des Forces libanaises et allié des Israéliens, est élu président, mais assassiné en septembre 1982. L'armée israélienne surveille les camps de réfugiés palestiniens et permet aux phalanges d'y pénétrer pour y traquer les fedayins. Elle quitte le Liban en septembre 1983, sous surveillance de la FINUL (Force intérimaire des Nations Unies au Liban), mais confie le contrôle du sud du pays à l'ALS (Armée du Liban Sud).
Comment se termine la guerre du Liban en 1990 ?
De 1982 à 1985, la ville de Tripoli, occupée par l'armée syrienne, est le théâtre d'affrontements entre plusieurs milices : le Mouvement d'unification islamique (Tawhid) s'oppose à une coalition composée du Parti communiste libanais (PCL), du Parti du travail arabe, du Parti social nationaliste syrien (PSNS) et des Chevaliers rouges (Fursan al-Homor) alaouites. En 1983, les Palestiniens viennent soutenir le Tawhid. Les combats prennent fin en 1985, avec un accord entre le Tawhid et les milices adverses.
Pendant la même période, Druzes et phalangistes s'affrontent dans les montagnes situées au sud-est de Beyrouth. Après le bombardement de l'aéroport par les Druzes, l'armée libanaise rejoint les phalangistes. Avec le soutien de l'URSS, les Druzes remportent la victoire, ce qui entraîne l'exode des populations chrétiennes. Mais l'armée américaine bombarde les positions druzes pendant la bataille de Souk El Gharb et impose un cessez-le-feu. Refusant la présence des armées étrangères, les milices musulmanes organisent des attentats contre les ressortissants étrangers, comme ceux du 23 octobre 1983. De son côté, la milice chiite Amal, soutenue par la Syrie, attaque les camps palestiniens pour éradiquer l'OLP. Le Hezbollah, une autre milice chiite consacrée à la lutte contre Israël, s'oppose à Amal pour le contrôle du sud du Liban. Les deux partis trouvent un accord en 1990.
En 1988, le président Amine Gemayel nomme Michel Aoun président du Conseil. Ce dernier est chrétien et chef d'état-major. Les musulmans réagissent en nommant leur propre président du Conseil, Salim el-Hoss. Michel Aoun souhaite le départ des troupes syriennes et lance la "guerre de libération". En novembre 1989, est signé l'accord de Taëf, dont le but est de restaurer la paix au Liban. Une coalition syro-libanaise, soutenue par les Etats-Unis, parvient à chasser le général Aoun, le 13 octobre 1990. Cette date marque la fin de la guerre du Liban.
Qui sont les belligérants lors de la guerre au Liban ?
La guerre du Liban voit s'affronter plusieurs milices libanaises, mais aussi des armées étrangères. Deux principaux camps s'opposent :
- Les chrétiens des Forces libanaises, avec une coalition de plusieurs milices, dont les Phalanges libanaises (Kataëb) : partisans d'un Liban souverain, ils sont hostiles à la présence des Palestiniens, au panarabisme, mais aussi des armées étrangères, y compris occidentales, sur le sol libanais.
- Les pro-Palestiniens, avec une coalition de plusieurs factions, dont l'OLP, le parti socialiste progressiste et le parti Baas : ils sont hostiles à Israël et pro-arabes. Le camp est rejoint plus tard par le Hezbollah, un parti islamiste chiite.
La Syrie et Israël jouent aussi un rôle important dans la guerre du Liban. Israël intervient au sud du Liban, dès les années 1950, en représailles contre les attaques. Les Israéliens soutiennent les Forces libanaises. La Syrie entre au Liban en 1976 pour combattre les pro-palestiniens avant de s'allier avec l'OLP. Les forces syriennes occupent le nord du pays et affrontent différentes milices à Tripoli, au début des années 1980. A la fin de la guerre, la Syrie aide l'armée libanaise à chasser le général Aoun.
Combien de massacres ont été perpétrés lors de la guerre au Liban ?
Les combats ont fait entre 130 000 et 250 000 victimes civiles. De nombreux massacres ont eu lieu lors de ce conflit. Le massacre de Damour, le 20 janvier 1976, est l'un des premiers du conflit. Les Palestiniens massacrent 150 à 582 chrétiens de la ville de Damour, en représailles à un massacre de Palestiniens perpétré par les phalanges libanaises, deux jours plus tôt. Les phalangistes se vengent le 12 août 1976 en massacrant 2 000 Palestiniens dans le camp de Tel al-Zaatar. En septembre 1982, le massacre de Sabra et Chatila fait entre 460 et 3 500 morts, selon les sources. Il est perpétré par les milices phalangistes sur les Palestiniens vivant dans le quartier de Sabra et le camp de Chatila. La guerre du Liban est aussi marquée par de nombreux attentats meurtriers. Le 14 septembre 1982, une bombe explose au quartier général du président Bachir Gemayel, tuant ce dernier ainsi que 60 de ses partisans. Le 23 octobre 1983, deux attentats-suicides du Hezbollah ciblent les soldats américains et français de la Force multinationale de sécurité. Le bilan est de 241 morts chez les Américains et 58 morts chez les Français.
Quelles sont les conséquences de la guerre du Liban ?
Au lendemain de la guerre, la Syrie met en place un gouvernement pro-syrien au Liban. De nombreuses infrastructures sont à reconstruire. L'exode de la bourgeoisie et l'effondrement de la classe moyenne privent le pays de ressources humaines et financières. Dans le Sud, le Hezbollah continue à harceler Israël, provoquant en 1996 l'opération Raisins de la colère. A l'issue de cette intervention, Israël retire ses troupes du pays. Néanmoins, les tensions sont toujours vives : en juillet 2006, Israël bombarde le Liban pour éradiquer le Hezbollah, qui a capturé deux soldats israéliens. Les raids font près de 1 200 victimes civiles libanaises. Le 14 août 2006, le conflit s'achève avec un cessez-le-feu et un renforcement de la FINUL.
Les dates clés de la guerre au Liban
- 21 novembre 1936 - Création des Phalanges libanaises
- Créées le 21 novembre 1936, les Phalanges libanaises (connues aussi sous le nom de parti Kataëb) sont un parti politique libanais essentiellement composé de chrétiens. Emmenés par leur fondateur, Pierre Gemayel, les phalangistes s’opposaient au mandat français sur le Liban. Prônant un nationalisme libanais et chrétien, ils devront faire face à la création de scouts par les musulmans de Beyrouth, qui débouchera sur de lourdes pertes de chaque côté, durant la guerre civile, en 1975.
- 22 mars 1945 - Fondation de la Ligue Arabe
- L’Egypte, l’Arabie Saoudite, le Liban, la Syrie, l’Irak, le Yémen et l’actuelle Jordanie créent au Caire une organisation commune : la Ligue Arabe. L’association veut affirmer l’union de la Nation arabe et l’indépendance de chacun de ses membres. Au fur et à mesure de leur accession à l’indépendance, les autres Etats du monde arabe vont adhérer à cette organisation qui comptera de plus en plus de pays. La Ligue arabe s’opposera ouvertement à la création de l’Etat d’Israël.
- 7 octobre 1947 - Pacte national au Liban
- Le Liban adopte le Pacte national qui définit les partages de pouvoir entre les différentes communautés. Les chrétiens maronites obtiennent la présidence de la République tandis que les musulmans sunnites reçoivent la tête du gouvernement et les chiites la direction de l’Assemblée. Cette répartition communautaire est destinée à enrayer les risques de guerre civile et s’accompagne de l’abandon des ambitions panarabes du côté musulman. Quant aux chrétiens, ils doivent renoncer à la protection occidentale. Dans les relations extérieures, arabes et Occidentaux seront ménagés. Toutefois, la rigueur et les concessions de ce pacte n’empêcheront pas la guerre civile d’éclater vingt ans plus tard.
- 5 juin 1967 - Guerre des Six jours
- Après que tous les efforts diplomatiques pour désamorcer le conflit entre Israël et ses voisins arabes aient échoué, la troisième guerre israélo-arabe éclate. L’armée israélienne, menée par le général Moshe Dayan, prend l’offensive et s’empare en quelques jours de nombreux territoires : le Sinaï égyptien, le plateau syrien du Golan, la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem-Est. Israël quadruple ainsi son territoire et commence l’implantation des colonies. L’ONU demandera le retrait des troupes israéliennes des territoires occupés, tout en reconnaissant le droit à l’existence et à la sécurité d’Israël.
- 3 novembre 1969 - Les accords du Caire permettent aux fedayins et Libanais de s’entendre
- Sous la médiation du président égyptien Nasser, l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) de Yasser Arafat, et l’armée libanaise, représentée par Emile Boustany, se rencontrent au Caire. Leur objectif est de régler la question des camps de fedayins palestiniens présents au Liban. Les deux parties trouvent un compromis : le Liban reconnaît l’extra-territorialité des camps et leur droit à s’organiser militairement, tandis que l’OLP reconnaît la souveraineté du Liban.
- 6 octobre 1973 - La guerre du Kippour
- Pendant la fête juive du Yom Kippour, Israël est attaquée par l’Égypte et la Syrie. Dotée d’une armée réorganisée et bénéficiant de l’effet de surprise, l’Égypte ne tarde pas à franchir le canal de Suez et à percer dans le Sinaï, territoire israélien depuis 1967. La Syrie, quant à elle, tente de récupérer le plateau du Golan, mais se voit rapidement freinée par les troupes israéliennes. Celles-ci répliquent rapidement, avançant sans trop de difficultés vers Damas, Le Caire et Suez. Les Etats-Unis et l’URSS font pression pour que cesse le conflit, jusqu’au cessez-le-feu définitif adopté par l’ONU le 25 octobre. L’Égypte ne sort pas vainqueur de cette guerre, mais elle redore son blason par le simple fait d’avoir infligé des pertes à l’armée israélienne. De même, les Etats arabes, qui, dans un acte solidaire, imposent un embargo pétrolier aux Occidentaux, démontrent leur détermination et leur poids dans le monde.
- 13 avril 1975 - La guerre civile éclate au Liban
- Après l’assassinat d’un garde du corps du phalangiste Pierre Gemayel, les milices de ce dernier provoquent l’incident d’Aï Remmaneh : 27 palestiniens sont massacrés dans un bus. Déjà victime d’un climat de violence quasi-quotidienne, le Liban s’enfonce à partir de cette date dans la guerre civile. Créés par Gemayel en 1936, les Kataëb - phalanges armées maronites d’inspiration franquiste - s’opposent aux nationalistes et aux progressistes arabes. Le territoire se partagera rapidement entre les deux camps qui s’affrontent dans les rues et multiplient les massacres. L’Etat libanais, dont la crédibilité a été déjà affectée ces dernières années par des crises internes, n’est pas en mesure de réagir : une barrière est-ouest va alors s’ériger entre chrétiens et arabes.
- 16 octobre 1976 - Conférence de Riyad
- Le Liban, l’OLP et les principales nations arabes tiennent une conférence à Riyad pour régler la guerre civile libanaise. Après l’appel du président libanais Frangié, l’armée syrienne est intervenue pour occuper le Liban et soutenir les chrétiens. La Syrie joue en fait le statu quo, ce qui n’arrêtera pas les violences. En 1978, les relations entre maronites et Syriens seront interrompues.
- 14 mars 1978 - Israël lance l’opération Litani pour occuper le Sud-Liban
- Alors qu’arabes et chrétiens s’entredéchirent, Israël décide de mettre en place une zone tampon au Sud-Liban pour se protéger des attaques des fedayins palestiniens. L’opération prend le nom de Litani, car Jérusalem veut occuper et contrôler les terres qui se situent au sud du fleuve et en faire une zone de sécurité. Les réactions internationales sont vives et le Conseil de sécurité de l’ONU réclame dès le 19 mars le retrait des troupes israéliennes dans la résolution 425. Finalement, Tsahal se retirera en juin pour laisser place à la FINUL.
- 13 juin 1978 - Attentat contre le fils de Soleiman Frangié
- Si le Liban souffre de la guerre entre arabes et maronites, ces derniers se scindent également en deux mouvements qui multiplient les attentats. Ainsi, le fils de l’ancien président Soleiman Frangié est assassiné lors d’un attentat perpétré par des phalangistes de Pierre Gemayel. Ces derniers s’opposent aux négociations avec la Syrie prônées par les premiers. Tandis que les grandes puissances occidentales et l’ONU cherchent à rétablir la paix, la Syrie prend le parti d’un jeu ambigu et finit par occuper une partie plus importante du Liban.
- 7 septembre 1978 - Cessez-le-feu proclamé par la Syrie
- Suite aux différentes propositions de paix proposées par les grandes puissances occidentales et au cessez-le-feu immédiat demandé par l’ONU, c’est finalement la Syrie qui décrète la fin des combats. En fait, cette proclamation devient lettre morte, car aucun des camps n’est vraiment disposé à cesser le combat, et les successions d’attentats et actions militaires ne permettent pas l’existence d’une situation "lisible".
- 18 avril 1979 - Saad Haddad proclame l’Etat du Liban-Sud
- Le général chrétien Saad Haddad décrète la création de l’Etat libre du Liban-Sud. Saad Haddad et sa milice, l’Armée du Liban Sud (ALS), se sont vus confier par Israël une des positions acquises par cette dernière lors de son intervention de mars 1978. Accusé de trahison par le gouvernement Libanais, le général rebelle prolongera sa coopération avec Israël jusqu’à sa mort en 1984. Quant à l’ALS, elle gardera le contrôle de ce territoire jusqu’à sa dissolution lors du retrait des troupes israélienne en 2000.
- 25 avril 1982 - Israël restitue le Sinaï à l’Egypte
- 3 ans après le traité de paix israélo-égyptien et 15 ans après son occupation par Israël lors de la guerre de Six Jours, la péninsule montagneuse du Sinaï revient aux Egyptiens. Les soldats ont dû évacuer par la force les colons juifs de la région. Parallèlement, les implantations de colonies dans les autres territoires arabes occupés par Israël depuis 1967 s’intensifient.
- 6 juin 1982 - Déclenchement de l’opération "Paix en Galilée"
- L’armée israélienne lance l’opération "Paix en Galilée" contre la présence palestinienne au Liban. Elle envahit le Liban et fait le siège de Beyrouth. Vaincue, l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) doit quitter le pays et s’installer en Tunisie. Les troupes israéliennes se retireront du Liban en 1985, tout en maintenant une "zone de sécurité" au sud jusqu’en mai 2000.
- Juin 1982 - Fondation du Hezbollah
- En retrait dans la guerre civile et dans la politique du Liban en général, partagés entre sunnites et maronites, les chiites forment un nouveau parti avec le Hezbollah. Créé en réaction à l’invasion israélienne, celui-ci se pensera avant tout comme une organisation militaire de résistance au pays hébreu. Soutenu par l’Iran et la Syrie, le "parti de Dieu" s’imposera assez rapidement dans la région comme une force avec qui compter. Il sera considéré comme une organisation terroriste par certaines puissances occidentales, notamment parce que sa stratégie est faite d’attentats et de prise d’otages.
- 14 septembre 1982 - Assassinat de Bachir Gemayel
- Alors que les Etats-Unis ont obtenu un cessez-le-feu entre Israël et l’OLP et qu’une force multinationale contrôle le départ des Palestiniens, les Libanais voient leur nouveau président de la République assassiné trois semaines après son élection. Immédiatement, Israël réagit en occupant une partie de Beyrouth, rompant ainsi le cessez-le-feu. La responsabilité est certainement syrienne, mais les Palestiniens paieront cet acte lors du massacre de Sabra et Chatila. Bachir Gemayel, dirigeant phalangiste intransigeant, fils de Pierre Gemayel, mais aussi homme fort du pays qui a su négocier le départ des Palestiniens, est alors remplacé par son frère Amine, moins connu, mais plus modéré.
- 16 septembre 1982 - Massacre de Sabra et Chatila
- Deux jours après l’assassinat de Béchir Gemayel, les phalanges chrétiennes pénètrent le 16 septembre dans les camps palestiniens et Sabra et Chatila. Pendant trois jours, les "forces libanaises" se livrent à des exactions sans être inquiétées. Le bilan s’élèvera à 3 000 morts. Le rôle de Tsahal est d’ailleurs ambigu : les soldats qui stationnaient à proximité ont laissé les mains libres aux phalangistes. L’armée se défendra d’avoir su ce qui se passait alors dans les camps, mais beaucoup accuseront les chefs militaires, et notamment Ariel Sharon, d’avoir facilité ces crimes.
- 17 mai 1983 - Accord de paix israélo-libanais
- Israël et le Liban concluent un accord de paix, notamment grâce à l’action diplomatique menée par les Etats-Unis en la personne de George Schultz. Mais cet accord n’est reconnu ni par l’OLP, ni par la Syrie, ni par l’URSS. En fait il n’aura aucun effet, et sera annulé par le gouvernement libanais le 5 mars 1984. Quant aux troupes israéliennes, elles quitteront le Liban en 1985 et stationneront encore dans le sud jusqu’en 2000.
- 23 octobre 1983 - Attentats à Beyrouth
- A 6h20 du matin un camion-suicide palestinien frappe le quartier général des forces américaines à Beyrouth, tuant 241 soldats américains. Deux minutes plus tard, c’est au tour de l’immeuble abritant des parachutistes français le Drakkar, d’exploser: Bilan: 58 morts. Mandatés par l’ONU, les marines américains et les parachutistes français devaient faire respecter la paix civile au Liban. Devant les difficultés à remplir leur mission, ils quitteront le pays en février 1984.
- 8 mars 1986 - Des journalistes français otages au Liban
- Une équipe de journalistes de la chaîne Antenne 2 est enlevée par le Jihad islamique à Beyrouth. Le groupe justifie le rapt de Philippe Rochot, Georges Hansen, Aurel Cornéa et Jean-Louis Normandin en évoquant l’expulsion de France de deux Irakiens opposés au régime de Bagdad. A quelques jours des élections législatives, le Premier ministre Laurent Fabius déclare: "Nous ne céderons pas au chantage. Céder signifierait mettre en péril des Français partout dans le monde." Le 6 mars, le Jihad avait annoncé l’exécution du chercheur au CNRS Michel Seurat.
- 4 mai 1988 - Le Liban libère les otages français
- Marcel Carton, Marcel Fontaine et Jean-Paul Kauffmann, les 3 otages séquestrés depuis 3 ans par l’organisation pro-iranienne du Jihad Islamique, sont libérés à Beyrouth. Les relations diplomatiques entre la France et l’Iran reprendront le mois suivant. Beaucoup se sont interrogés sur les conditions de cette libération, intervenue très opportunément entre les 2 tours de l’élection présidentielle.
- 22 septembre 1988 - Michel Aoun Premier ministre du Liban
- Alors que, incapable de désigner un nouveau Président, le Liban traverse une crise institutionnelle, Amine Gemayel désigne Michel Aoun au poste de Premier ministre et lui demande de réaliser un gouvernement de coalition. Mais le poste de Premier ministre est normalement réservé à un sunnite alors qu’Aoun est maronite. La majorité des arabes se range alors derrière un deuxième gouvernement prosyrien, celui de Selim Hoss. Michel Aoun s’engage alors dans une guerre de libération contre la Syrie. Voir aussi : Guerre du Liban - Michel Aoun - Histoire des Guerres
- 23 octobre 1989 - Accord de Taëf
- Les députés libanais signent en Arabie Saoudite l’accord de Taëf qui doit mettre fin à la guerre civile qui fait rage depuis 1975. Les diplomaties syrienne, jordanienne et américaine supervisent cet accord qui redéfinit en partie la répartition des pouvoirs entre les différentes communautés du Liban. Toutefois, chiites et Druzes ne sont pas convaincus, pas plus que Michel Aoun qui poursuit sa guerre de libération contre la Syrie. Toutefois les deux communautés minoritaires accepteront cet accord, tandis que Michel Aoun sera battu un an plus tard. Le Liban retrouve la paix, même s’il reste occupé par la Syrie et par Israël tandis que le Hezbollah et l’ALS ne sont pas désarmés.
- 11 avril 1996 - Israël lance l’opération Raisins de la colère
- Suite à des échanges de tir de missiles et de roquettes entre Israël et le Hezbollah, Tsahal lance une offensive sur le Liban pour briser ce dernier. Occupant encore le sud du pays, Israël décide de bombarder la région est de Békaa et la banlieue sud de Beyrouth. Les combats dureront seize jours, tueront 176 personnes et en déplaceront 300 000. Ils seront marqués par le bombardement de Cana qui fera fortement réagir la communauté internationale, l’incitant à demander un cessez-le-feu. Finalement, un accord sera signé le 27 avril.
- 18 avril 1996 - Le camp de réfugiés de Cana bombardé par Tsahal
- En pleine opération Raisins de la colère, l’armée israélienne procède pendant vingt minutes au bombardement d’un camp de réfugiés de l’ONU à Cana. Le bilan s’élève à 104 morts et la communauté internationale exige des explications tandis que Bill Clinton dépêche le secrétaire d’Etat Warren Christopher en Israël. Tsahal affirme que le camp est situé à proximité de la base du Hezbollah et qu’il s’agit d’une erreur. Toutefois, quelques contradictions, notamment à propos de présence de drones jetteront le doute sur les intentions de l’armée israélienne. Le Hezbollah ayant également visé des populations civiles, l’accord de cessez-le-feu signé le 27 avril insistera sur la nécessité, pour les deux camps, de se cantonner aux objectifs militaires.
- 23 mai 2000 - Israël se retire du Sud-Liban
- Le Premier ministre israélien Ehud Barak annonce le retrait de ses troupes du Liban sud. Ce départ a été précipité par l’effondrement de l’Armée du Liban sud (armée libanaise supplétive des troupes israéliennes) sous la pression des forces armées du Hezbollah (Parti de Dieu). Israël avait sécurisé sa frontière nord avec l’annexion du plateau du Golan en 1967 et avec l’occupation du Liban sud en 1978.
- 12 juillet 2006 - Le Hezbollah enlève deux soldats israéliens
- Le Hezbollah, mouvement politique et militaire chiite libanais, attaque une troupe de l’armée israélienne au niveau des frontières. Selon Israël, les soldats se trouvaient en Israël, tandis que pour le Liban, ceux-ci avaient franchi les frontières libanaises. Quoiqu’il en soit, trois d’entre eux sont tués tandis que deux autres sont enlevés. Une tentative pour libérer les hommes est lancée par l’armée israélienne, mais échoue et conduit à la mort de huit autres soldats israéliens. Le conflit israélo-libanais éclate, des échanges de roquettes et de missiles ravageront les deux territoires et les populations civiles. Un cessez-le-feu sera établi le 14 août.
- 30 juillet 2006 - Bombardement de Cana
- L’armée israélienne et le Hezbollah s’affrontent depuis plusieurs jours déjà lorsque des avions israéliens bombardent la ville de Cana. Le but du raid est d’anéantir l’une des bases du Hezbollah. Mais un immeuble de civils est touché et s’effondre, faisant plusieurs dizaines de victimes, dont des enfants. Alors que les souvenirs du bombardement de Cana de 1996 sont encore vifs, la communauté internationale est totalement scandalisée par l’événement.
- 14 août 2006 - Cessez-le-feu dans le conflit israélo-libanais
- Selon la résolution 1701 du conseil de sécurité des Nations unies, un cessez-le-feu entre l’armée israélienne et le Hezbollah entre en vigueur. La résolution prévoit notamment l’arrêt définitif des hostilités, le désarmement du Hezbollah, le retrait total de l’armée israélienne du territoire libanais et le déploiement de la FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban). Mais dès le 19 août, le Liban dénoncera une violation du cessez-le-feu par Israël, dont l’armée vient d’attaquer au Hezbollah à l’est du Liban. Israël accusera le Liban de fournir des armes au Hezbollah.