Choc pétrolier : 1973 et 1979, résumé, causes, conséquences
Le premier choc pétrolier survient en 1973 lorsque l'OPEP décide d'augmenter le prix du baril après la guerre du Kippour. Le deuxième choc pétrolier de 1979 est lié à la révolution iranienne.
Résumé des chocs pétroliers de 1973 et 1979 - De la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu'au début des années 1970, les pays industrialisés connaissent une période de croissance économique, les Trente Glorieuses. Cette croissance est facilitée par une source d'énergie peu onéreuse à l'époque : le pétrole. Le pétrole utilisé en Europe est principalement extrait au Moyen-Orient. Cependant, fin 1973, les pays du Moyen-Orient membres de l'OPEP (organisation des pays exportateurs de pétrole) décident, en rétorsion au soutien de certains pays occidentaux à Israël pendant la guerre du Kippour, d'augmenter les prix du baril de pétrole.
En 1979, après une période de stabilisation du prix du pétrole, qui a été multiplié par quatre en comparaison à son cours d'avant 1973, une nouvelle période de tension débute dans les pays du golfe Persique. Les prémices de la révolution iranienne, qui aboutit à la destitution du Shah, encouragent les compagnies pétrolières à augmenter la demande de pétrole auprès des pays du Moyen-Orient, ce qui fait augmenter le prix du baril. Le prix atteint des sommets par la suite, avec la chute du Shah et l'arrivée au pouvoir des islamistes en Iran qui mène à la guerre Iran-Irak, deux importants pays exportateurs de pétrole.
Qu'est-ce qu'un choc pétrolier ?
Voici une explication simple d'un choc pétrolier. Il s'agit d'une hausse importante et rapide du prix du pétrole, ayant des conséquences négatives sur l'économie mondiale. Les historiens et les économistes estiment que les trois chocs pétroliers de 1973, 1979 et 2008 ont eu un effet sur la croissance économique globale. L'impact important du prix du baril de pétrole sur l'économie mondiale s'explique par le fait que la production industrielle et les transports sont fortement dépendants de cette matière première depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Premier choc pétrolier de 1973
Quelles sont les causes du premier choc pétrolier de 1973 ?
Dans le contexte de la guerre froide, la guerre du Kippour (guerre israélo-arabe du 6 au 24 octobre 1973) a été un élément fondamental dans le premier choc pétrolier. Toutefois, selon de nombreux économistes, le premier choc pétrolier a avant tout été causé par la réponse de l'OPEP à la chute du cours du dollar après les accords de Bretton Woods. Les Etats-Unis ont alors mis fin à la convertibilité du dollar en or, ce qui permit au dollar de "flotter" et donc de perdre de sa valeur. Les prix du pétrole étant fixés en dollar, les producteurs de pétrole perçoivent des recettes inférieures. Une autre cause du premier choc pétrolier est un discours de Nixon indiquant que la production intérieure des Etats-Unis de pétrole ne suffit plus pour couvrir la demande locale. Les USA voyaient d'ailleurs d'un bon œil la montée des prix du pétrole qui allait leur permettre d'ouvrir de nouvelles exploitations pétrolières qui n'étaient pas rentables auparavant.
Quelles sont les conséquences du premier choc pétrolier dans le monde ?
Compte tenu de la forte dépendance de l'économie mondiale vis-à-vis du pétrole, l'augmentation brutale du prix du baril de pétrole a un impact immédiat sur l'économie, à tous les niveaux. Entre fin 1973 et début 1974, le prix du baril de pétrole est multiplié par quatre. Cela a pour effet un coup de frein brutal de la croissance économique mondiale et une montée de l'inflation. Les pays occidentaux, et notamment les Etats-Unis, très dépendants du pétrole pour la production industrielle, les transports et l'énergie, voient leurs déficits commerciaux extérieurs augmenter fortement, ce qui fait augmenter en parallèle les déficits budgétaires et donc l'endettement. Les pays du Moyen-Orient sont moins touchés, car ils bénéficient toujours de la production intérieure de l'"or noir". À plus long terme, des politiques d'amélioration pour le rendement énergétique se mettent en place. On cherche aussi à diversifier les sources d'énergie.
Quelles sont les conséquences du premier choc pétrolier en France ?
En France, le premier choc pétrolier marque la fin de la période faste, d'un point de vue économique, des Trente Glorieuses. Le premier choc pétrolier se traduit par un effondrement de la croissance et une augmentation du chômage. Mais rapidement, les gouvernements successifs mettent en œuvre les investissements nécessaires pour diversifier les sources d'énergie (notamment en créant des centrales nucléaires) et pour remplacer les centrales qui utilisaient du pétrole dans le but de fournir de l'électricité aux habitants et aux entreprises.
Second choc pétrolier de 1979
Quelles sont les causes du deuxième choc pétrolier de 1979 ?
Fin 1978, la révolution iranienne débute, elle s'achève en 1979 à la destitution du souverain en place en Iran, le Shah. La chute du dirigeant iranien aura pour conséquence la détérioration des relations entre l'Iran et son voisin le plus proche, l'Irak. Cette situation conduira à une guerre entre ces deux grands pays producteurs et exportateurs de pétrole de 1980 à 1988. Cette guerre amplifie la hausse des prix du pétrole, déjà amorcée quelques mois plus tôt du fait de l'agitation en Iran.
Quelles sont les conséquences du second choc pétrolier ?
Ce deuxième choc pétrolier provoque une nouvelle augmentation du coût de l'énergie dans les pays industrialisés, ce qui les incite de nouveau à trouver d'autres sources d'énergie et à améliorer le rendement énergétique des installations. Dans les pays producteurs, et en particulier en Arabie saoudite, l'augmentation du prix du baril se traduit par des recettes importantes, qui permettent de moderniser les infrastructures, mais aussi d'investir dans le tourisme et le secteur financier partout dans le monde. Toutefois, la baisse de la consommation de pétrole dans les pays occidentaux provoque un contre-choc pétrolier dans les mois qui suivent.
Y a-t-il eu d'autres chocs pétroliers depuis les années 1970 ?
Au milieu des années 1980, une nouvelle expression voit le jour : le contre-choc pétrolier. Il s'agit d'une période où le prix du baril de pétrole est revenu à son niveau d'avant 1973. En 1990 et en 2003, les deux guerres menées en Irak par les Etats-Unis entraînent une baisse de la production dans ce pays, ce qui provoque une légère hausse du prix du baril. Cependant, le troisième choc pétrolier a véritablement lieu en 2008, conséquence de l'explosion de la demande mondiale de pétrole depuis plusieurs années. Il ne s'agit pas d'une hausse brutale, mais d'une hausse continue, jusqu'à atteindre un record de 147 dollars pour un baril de brut en 2008. Pour finir, la crise énergétique mondiale de 2021 - 2022 a entraîné un nouveau choc pétrolier que certains considèrent comme le quatrième.
Chocs pétroliers : dates clés
- 6 octobre 1973 - La guerre du Kippour
- Pendant la fête juive du Yom Kippour (en hébreu "jour du pardon"), l'Egypte et la Syrie attaquent par surprise Israël. L'armée israélienne lancera une contre-offensive victorieuse du 11 au 15 octobre et une résolution américano-soviétique de cessez-le-feu sera adoptée dans l'urgence par l'ONU le 22 octobre. En 1979, Israël et l'Egypte signeront un traité de paix qui mettra fin à plus de trente années de guerre.
- 3 mars 1974 - La France choisit le nucléaire
- Pour diversifier ses sources d'énergie, la France se tourne vers le nucléaire civil. Le 3 mars 1974, le Premier ministre de l'époque, Pierre Messmer, annonce le lancement d'un programme de construction de centrales nucléaires pour remplacer le fioul par l'atome dans la production d'électricité nationale. Ainsi, treize centrales fournissant 900 mégawatts sont prévues dans ce plan ambitieux. Quelques mois plus tard, Valéry Giscard d'Estaing, devenu président de la République, lance la construction de treize autres centrales nucléaires.
- 4 novembre 1979 - Prise d'otage de Téhéran
- Quatre cent étudiants iraniens prennent d'assaut l'ambassade américaine de Téhéran pour réclamer l'extradition du Shah, exilé au Mexique après sa destitution, pour qu'il soit jugé en Iran. Ils parviennent à retenir 63 personnes en otage. Jimmy Carter, qui refuse de céder à leurs revendications, met en place des sanctions économiques, et notamment la fin de l'importation de pétrole iranien aux Etats-Unis. Seuls quelques otages sont libérés dans les semaines qui suivent : les 52 autres n'obtiendront la liberté qu'après l'élection de Ronald Reagan, 444 jours plus tard.