La Restauration : le retour de la monarchie en France de 1814 à 1830
Après l'abdication de l'empereur Napoléon Ier qui signe la fin du Premier Empire, la France décide de restaurer la monarchie : c'est la Restauration. A la suite des Cent Jours, une Seconde Restauration succède à la première.
Histoire de la Restauration - Napoléon Ier abdique le 6 avril 1814 suite à plusieurs défaites militaires. Il est envoyé sur l’île d'Elbe pour y finir ses jours. L’abdication de l'empereur marque le début de la Première Restauration en France et la fin du Premier Empire. Louis XVIII, frère de Louis XVI, monte sur le trône pour quelques mois. En effet, dès mars 1815, Napoléon regagne la France et rassemble ses hommes dans le but de reconquérir le pouvoir. Ce sont les Cent Jours de Napoléon. L'empereur reprend les rênes du pays avec la fuite de Louis XVIII. Mais la défaite de Waterloo met rapidement un terme à son retour au pouvoir et Louis XVIII entame la Seconde Restauration de juillet 1815 à sa mort en 1824. Son dernier frère, Charles X, lui succède. Plus radical, le nouveau roi prend des décisions impopulaires qui rappellent l'Ancien Régime. En juillet 1830, Charles X fait publié une série d’ordonnances qui provoquent la révolution de juillet dite des "Trois Glorieuses". Il est contraint à l'exil et c'est son cousin Louis-Philippe d'Orléans qui devient cette fois "roi des Français" lors d'un nouveau régime appelé la monarchie de Juillet.
La Première Restauration (1814-1815)
Après la défaite de Napoléon lors de la Bataille des Nations, l'Europe et les royalistes espèrent bien mettre un terme aux 25 années d'agitation française. Les spasmes de la Révolution française ont en effet parcouru le continent d'un bout à l'autre, notamment avec les guerres napoléoniennes. Ainsi, lorsque Louis XVIII est placé sur le trône, la noblesse Européenne espère que le calme reviendra. Napoléon a en effet largement contribué à la diffusion des idéaux républicains et des revendications nationalistes dans les pays qu'il a conquis. Or, les monarchies qui gouvernent l'Europe n'ont guère envie de voir à nouveau leur légitimité remise en question.
En somme, les yeux de l'Europe sont braqués sur le peuple français pour savoir si les Droits de l'homme et les volontés républicaines ne sont qu'une parenthèse destinée à se perdre dans la grande histoire royaliste. Cependant, Louis XVIII, conscient qu'il ne ramènera pas la France à la monarchie absolutiste de Louis XIV, octroie une Charte constitutionnelle dans laquelle il fait quelques concessions aux Libéraux : liberté de la presse, respect des biens nationalisés lors de la Révolution, égalité des droits. Quant au suffrage pour la Chambre des députés, il est censitaire, c'est-à-dire fondé sur la richesse. On est loin du suffrage universelle, mais cette concession à la bourgeoisie sera un des enjeux essentiels du régime par la suite.
La Seconde Restauration (1815-1830)
Toutefois, il ne faudra même pas un an avant que Napoléon fasse à nouveau trembler l'Europe : malgré la défaite de "l'aigle" à Waterloo, les Cent-Jours prouve que la loyauté du peuple envers la monarchie n'est qu'une façade bien fragile. Revenu dans les "fourgons de l'étranger", Louis XVIII reprend les rênes du pays en ayant bien conscience de souffrir d'un déficit de légitimité. Ainsi, craignant sans doute la guerre civile, il ne s'engage pas dans la politique de répression prônée par les Ultras. Plus royalistes que le roi, la "chambre introuvable" laisse en effet la Terreur blanche sévir et cautionne l'exécution du Maréchal Ney, si bien que Louis XVIII la dissout rapidement.
L'extinction du débat politique n'est cependant pas à l'ordre du jour. Au contraire, celui-ci va faire rage entre Ultraroyalistes et Libéraux dont les majorités alternent à la Chambre des députés. Les lois votées sont à l'image de leurs idéaux. Les Ultras cherchent à redonner pouvoir et biens aux "immigrés" (nobles qui se sont exilés pendant la Révolution) et à limiter le droit de vote. Quant aux Libéraux, ils tendent à réduire les privilèges et à tirer le régime vers plus de démocratie. Cette opposition se cristallise autour du suffrage, clé de la couleur de la Chambre, et autour de la liberté de la presse, symbole des aspirations des deux camps. Le camp libéral est en effet avant tout constitué de bourgeois marqués par les idéaux de la Révolution, tandis que les Ultras prônent un retour à l'Ancien Régime, fait d'un pouvoir fort concentré dans les mains du monarque et ne souffrant pas d'opposition, notamment dans la presse. Par ailleurs, la connotation religieuse de la monarchie n'est pas à négliger, comme le montrent les vifs débats entourant la loi sur le sacrilège.
Charles X succède à Louis XVIII en 1824
A la mort de Louis XVIII en 1824, il n'est plus question pour son successeur de faire preuve d'autant de souplesse. En effet, sous Charles X, les Ultras ne sont pas plus royalistes que le roi, ils partagent ses aspirations. Renforcés depuis l'assassinat du duc de Berry en 1820, les plus conservateurs ont le sentiment de détenir définitivement le pouvoir. La monarchie croit à nouveau à sa légitimité : le sacre de Charles X, exalté par les jeunes romantiques de l'époque, est l'occasion rêvée pour retrouver le faste de l'Ancien Régime. Mais Charles X et son entourage croient trop rapidement en la pérennité de cet état de grâce tandis que leur image se détériore peu à peu. En fait, dès 1825, les obsèques du général bonapartiste Foy avaient montré que le peuple ne partageait pas dans son ensemble l'enthousiasme de la Cour. Mais Charles X, sûr de son droit, continue à suivre sa route vers l'Ancien Régime, malgré une opposition de plus en plus marquée de la Chambre.
Les ordonnances de Juillet et les Trois Glorieuses
En juillet 1830, face aux élections des députés qui ne lui sont pas favorables, Charles X signe quatre ordonnances qui dissolvent la chambre tout juste élue, rendent encore plus restrictif le cens électoral et restreignent la liberté de la presse. La réaction est immédiate : les ordonnances, qualifiées de "scélérates" provoquent la colère du pays qui se soulève deux jours plus tard. Tout comme Louis XVIII face au retour de Napoléon en 1815, Charles X ne fait pas preuve d'une résistance héroïque et n'attend pas la guillotine pour s'enfuir. En trois jours, lors des "Trois Glorieuses", le régime de la Restauration tombe comme un château de carte, avec une certaine violence, mais sans provoquer de bain de sang. La France et l'Europe prennent conscience qu'un retour à l'Ancien Régime est impossible. La monarchie de Juillet est alors prête à être mise en place et elle deviendra également le symbole d'un siècle chaotique menant inéluctablement à la démocratie.
La Restauration : dates clés
- 6 avril 1814 - Abdication de Napoléon Ier
- L'Empereur Napoléon abdique le 6 avril 1814 au château de Fontainebleau. En signant le traité de Fontainebleau, il reçoit l'île d'Elbe, ainsi qu'une rente annuelle de 2 millions de francs. Après avoir voté la déchéance de Napoléon, le Sénat entérine une nouvelle constitution afin que Louis XVIII puisse monter sur le trône de France. Napoléon Ier fait ses adieux à la France le 20 avril suivant.
- 4 juin 1814 - La Charte constitutionnelle de Louis XVIII
- En raison de l'influence des Ultras et des violences de la "Terreur Blanche", Louis XVIII choisit de ne pas revenir entièrement à l'Ancien Régime. Le nouveau roi fait donc quelques concessions aux Ultras et leur accorde une "Charte" où les Libéraux auraient souhaité une "Constitution". Cependant, en substance, les concessions faites aux Libéraux sont plus significatives : liberté de la presse, respect de la propriété nationale, égalité devant la loi... La Restauration n'est pas un retour à l'Ancien Régime, mais l'intégration des principes de la Révolution dans un nouveau régime monarchique : c'est la monarchie constitutionnelle.
- novembre 1814 - Début du congrès de Vienne
- La France, l'Autriche, la Prusse et l'Angleterre se réunissent en Autriche afin de statuer sur le nouvel équilibre européen. Napoléon Ier ayant été évincé, il faut désormais régler le sort des territoires conquis par l'Empereur et établir une paix durable. L'acte final du congrès sera signé le 9 juin 1815.
- de mars à juillet 1815 - Les Cent-Jours de Napoléon
- Napoléon Bonaparte s'évade de l'île d'Elbe le 26 février 1815. Avec plusieurs centaines de ses anciens hommes et la garde corse, il marche sur Paris dans le but de reconquérir le pouvoir. Louis XVIII tente de le stopper, mais les soldats qu'il envoie se rallient à l'ancien empereur. Ce dernier atteint Paris le 20 mars et forme un nouveau gouvernement. Napoléon Bonaparte se maintiendra ainsi au pouvoir pendant cent jours.
- 5 mars 1815 - Le triomphe de Napoléon à Grenoble
- En arrivant sur Grenoble, Napoléon se retrouve face au cinquième régiment d'infanterie. La rencontre des deux armées ne débouche sur aucun combat. Le régiment fait en effet le choix de suivre l'empereur déchu et l'escorte pour une entrée triomphale dans la ville de Grenoble. Louis XVIII va fuir la capitale et Napoléon marchera sur Paris sans rencontrer de réelle résistance.
- 19 mars 1815 - Louis XVIII quitte la France
- Ne trouvant plus de soutien, ni dans son peuple, ni dans ses soldats (même le maréchal Ney va rejoint Napoléon), Louis XVIII décide de fuir la France pour rejoindre la ville de Gand, de l'autre côté de la frontière. Il faut attendre la défaite de Waterloo pour que Louis XVIII rentre en France "dans les fourgons de l'étranger".
- 22 avril 1815 - L'Acte additionnel de Napoléon
- S'inspirant de la Charte constitutionnelle accordée par Louis XVIII en 1814, Napoléon tente avec l'Acte additionnel de rallier massivement les Libéraux. Écrit par un ancien adversaire de l'Empereur, Benjamin Constant, le document ne convainc pas vraiment. Cependant, il obtient un nombre suffisant de votes pour être ratifié. L'une des principales critiques de ce texte est qu'il ne rétablit pas le suffrage universel.
- 9 juin 1815 - Fin du Congrès de Vienne
- Entre octobre 1814 et juin 1815, au congrès de Vienne, les puissances européennes victorieuses de Napoléon Ier, redessinent la carte de l'Europe en annulant la plus grande partie des transformations géopolitiques provoquées par les guerres révolutionnaires et napoléoniennes. Ce congrès consacre la défaite de la France, dont les frontières sont ramené à celles de 1792 et pose les bases d'un précaire équilibre européen. Une nouvelle Confédération germanique composée de 39 Etats est créée et l'Angleterre agrandit considérablement son empire colonial.
- 18 juin 1815 - La débâcle de Waterloo
- Face à Napoléon, les Britanniques et les Prussiens réunis remportent une victoire décisive à Waterloo, pas très loin de Bruxelles. Suites à de nombreuses erreurs tactiques, l'Empereur provoque lui-même sa chute par cette défaite. De retour à Paris, Napoléon Ier se prépare à de nouveaux affrontements. Mais face à l'opposition des Chambres, il abdique une seconde fois le 22 juin 1815.
- 2 août 1815 - Le maréchal Brune victime de la "Terreur blanche"
- Après la deuxième abdication de Napoléon, la deuxième Restauration s'installe dans un climat plus violent. La "Terreur blanche" connaît entre juillet et septembre une intensité jamais atteinte en 1814. Parmi les victimes, le maréchal Brune qui provoque par sa simple présence des émeutes royalistes à Avignon. Il est assassiné dans sa chambre d'hôtel avant d'être jeté dans le Rhône. Parmi les victimes de ces lynchages, on comptera aussi le général Ramel.
- 21 août 1815 - Election de la "Chambre introuvable"
- Alors que depuis la chute de Napoléon les royalistes exercent la Terreur blanche, l'élection des députés se transforme en plébiscite des Ultras. Ceux-ci obtiennent une large majorité et forment ainsi ce que Louis XVIII nommera la "chambre introuvable", manifestant ainsi son étonnement. Bien que le suffrage censitaire du régime ait pour fonction d'éviter l'arrivée au pouvoir des Républicains, la nouvelle chambre s'avère bien plus réactionnaire qu'attendu. Loin de dénoncer la "Terreur blanche" qui se traduit par les persécutions et les assassinats de Républicains, voire de protestants, celle-ci l'institutionnalisera en réclamant notamment le bannissement des régicides et l'exécution des "traîtres" des Cent jours.
- 26 septembre 1815 - Le duc de Richelieu devient Premier Ministre
- Loin d'avoir le soutien de la nouvelle Chambre des députés, l'Ancien révolutionnaire Talleyrand est poussé à la démission par Louis XVIII tandis que le ministre Fouché est contraint à l'exil comme l'ensemble des régicides. Le roi nomme alors le duc de Richelieu à la tête du gouvernement. En choisissant un émigré de 1789, Louis XVIII fait clairement une concession aux Ultras. Mais ni le duc de Richelieu ni le roi ne partagent en fait les convictions de la Chambre. Ce dernier reste en effet fidèle à sa conception d'une France qui ne peut revenir à l'Ancien Régime et sait que la Monarchie doit faire des concessions pour exister. Mais la volonté de réconciliation et d'amnistie du duc de Richelieu sera mise en échec par les Ultras.
- 27 septembre 1815 - Création de la Sainte Alliance
- Après la chute de Napoléon, les grandes puissances européennes se réunissent à Paris pour signer le "pacte de la Sainte Alliance". Le tsar de Russie Alexandre Ier, l'empereur d'Autriche François Ier et le roi de Prusse Frédéric-Guillaume Ier, se protègent ainsi de toute nouvelle offensive révolutionnaire ou libérale, au nom de "la Très Sainte et Indivisible Trinité des trois puissances orthodoxe, catholique et protestante". Le pacte va devenir une quadruple alliance lorsque l'Angleterre va s'y rallier. Puis ce sera au tour de la France en 1818. Grâce à cette entente, l'Europe va pouvoir vivre dans une paix relative pendant près de 50 ans.
- 20 novembre 1815 - Signature du second traité de Paris
- Suite au retour imprévu de Napoléon Ier au mois de Mars et sa défaite à Waterloo en juin, les alliés signent à Paris un traité visant à mettre un terme à l'impérialisme français. Il met fin à la guerre et crée une organisation chargée de veiller sur la paix européenne. Un premier traité avait déjà été signé en mai 1814 après l'abdication de l'empereur, mais sa fuite de l'île d'Elbe a changé la donne. La France est sanctionnée par les quatre grandes puissances (Angleterre, Autriche, Prusse, Russie) et doit payer une amende de 700 millions de francs. Elle perd certains de ses territoires tels qu'Annecy ou la Savoie. Napoléon est mis à l'écart par l'Angleterre. Il est emprisonné sur l'île de Sainte-Hélène depuis le mois d'octobre.
- 7 décembre 1815 - Exécution du maréchal Ney
- L'ancien maréchal napoléonien, Michel Ney, est condamné à mort par la Chambre des Pairs. La Restauration ne lui pardonne pas d'être allé vers l'Empereur après son évasion de l'île d'Elbe et l'accuse d'avoir favorisé son retour. Il est exécuté près de l'observatoire à Paris. Devant le peloton d'exécution Ney posera sa main sur son coeur en disant: "Soldats, hâtez-vous et tirez-là!
- 8 septembre 1816 - Dissolution de la "Chambre introuvable"
- Après un an passé à institutionnaliser la "Terreur blanche" et à tenter de forcer la marche du pays vers l'Ancien Régime, la "Chambre introuvable" est dissoute par Louis XVIII. Plus royaliste que le roi, cette chambre a prôné l'exécution ou l'exil des "traîtres" des Cent Jours, muselé la presse et surtout créé des tribunaux spéciaux : les Cours Prévôtales. Plus modéré et épaulé le Duc de Richelieu et Decazes, Louis XVIII mise sur l'élection d'une chambre plus modérée susceptible de ramener la sérénité en France.
- 4 octobre 1816 - Une chambre des députés plus modérée
- Elue au suffrage censitaire, la nouvelle chambre des députés voit la victoire des Libéraux. Sur quatre cents sièges, les Ultras n'en obtiennent que 150 contre 350 lors de la "Chambre introuvable". Cette élection ouvre une période de relative stabilité pour le régime. Decazes, conseiller du roi et membre du gouvernement, tente d'appliquer une politique de réconciliation. Selon ses propres termes, il souhaite "royaliser la nation et nationaliser le royalisme". Mais cette politique conforme aux vœux de Louis XVIII connaîtra un coup d'arrêt avec l'assassinat du duc de Berry en 1820 et la dégradation de la santé du roi.
- février 1817 - Loi sur le suffrage censitaire
- La Chambre des députés vote une nouvelle loi sur le suffrage. Le cens électoral sera désormais soumis à un calcul différent, ce qui permet d'intégrer plus d'électeurs chez les petits propriétaires et les industriels.
- 12 mars 1818 - Loi Gouvion-Saint Cyr sur la conscription
- La loi Gouvion-Saint Cyr réforme l'accès à l'armée selon un modèle plutôt démocratique. En effet, le principe révolutionnaire de conscription avait été aboli par la Charte de 1814. La nouvelle loi reprend ce principe d'égalité tout en y apportant des modifications majeures. Les conscrits sont en fait recrutés par tirage au sort tandis qu'il est possible d'acheter un " remplaçant " pour les fortunés qui ne souhaitent pas faire leur service. Mais cette loi met également fin aux privilèges de la noblesse concernant le recrutement et la promotion au sein de l'armée permanente.
- 21 novembre 1818 - Le congrès d'Aix-la-Chappelle met fin à l'occupation militaire de la France
- Le Congrès d'Aix-la-Chapelle s'achève sur un bilan plutôt positif pour la France. Celle-ci dépasse son statut de paria européen hérité de la Révolution et de l'Empire pour rejoindre le concert de l'Europe. Cette intégration à la Sainte Alliance négociée par le duc de Richelieu traduit un retour à la sérénité dans la politique intérieur française. Elle s'accompagne du retrait des troupes d'occupation installée en France.
- juin 1819 - Assouplissement de la liberté de la presse
- Les avancées libérales et la naissance de véritables débats parlementaires au sein de la Chambre des députés assouplissent le climat politique en France. C'est dans le cadre de cet apaisement et de stabilisation du régime que la loi De Serre restaure la liberté de la presse. Mise à mal lors de la "Terreur blanche", celle-ci ne sera désormais plus soumise à des règles spécifiques. Autrement dit, la loi De Serre supprime les délits propres à la presse, abolissant de fait la censure. Les journaux pourront ainsi être créés sur simple déclaration et versement d'une caution. Toutefois la presse reste soumise aux délits communs tels que la diffamation, l'outrage aux bonnes mœurs ou encore l'offense au roi.
- 13 février 1820 - Assassinat de duc de Berry
- Dans la nuit du 13 au 14, l'ouvrier sellier Louis-Pierre Louvel poignarde le duc de Berry alors qu'il sort de l'opéra avec son épouse. Fils du comte d'Artois et neveu du roi Louis XVIII, le duc de Berry est le seul prince royal susceptible de perpétuer la race des Bourbons. Il meurt à 6 heures du matin. Mais le geste de Louvel aura été inutile puisque la femme du duc, la duchesse de Berry est enceinte. Elle donnera naissance au duc de Bordeaux quelques mois plus tard qui assurera la continuité de la dynastie en devenant comte de Chambord. Louvel sera condamné à mort et guillotiné.
- 31 mars 1820 - Premières restrictions de la liberté de la presse
- L'assassinat du duc de Berry plonge la France dans une période de réaction et la première traduction de ce climat concerne la presse. Moins d'un an après sa libéralisation et moins de deux mois après la mort du duc, les Ultras deviennent très influents et obtiennent le musellement de la presse. Ainsi, avec la loi qui suivra en 1822, le "délit d'opinion" est créé tandis qu'il sera désormais possible de punir un journal pour son " esprit ". Il faudra également une autorisation préalable pour diffuser un journal.
- juin 1820 - Loi dite du "double vote"
- Le suffrage subit une nouvelle modification mais, contrairement à la loi de 1817, le changement se fait au détriment des Libéraux et en faveur des Ultras. Ainsi, alors qu'en 1817, le nombre d'électeur avait été étendu, la nouvelle loi étend la portée du vote des plus riches. En effet, ces derniers seront autorisés à voter deux fois. Cette loi, dite du double vote, permet l'élection d'une majorité ultraroyaliste qui va mettre fin aux avancées libérales et amorcer un nouveau tournant vers l'Ancien Régime.
- 14 décembre 1821 - Le comte de Villèle arrive à la tête du gouvernement
- Le comte Villèle, représentant des Ultras, est nommé à la tête du gouvernement. Son association avec une chambre qui lui est largement favorable et le pouvoir déclinant de Louis XVIII dû à son état de santé permettront la mise en place d'une politique particulièrement réactionnaire. Ainsi l'Etat donne son soutien à l'Église, finance ses missions et lui donne les rennes de l'enseignement tandis que la liberté de la presse disparaît. Alors que les cinq dernières années s'étaient déroulées sans troubles, les premiers soulèvements se produisent dans Paris et quelques grandes villes entre 1820 et 1822. Mais ils ne bénéficient pas d'un véritable soutien populaire.
- 22 septembre 1822 - Exécution des "quatre sergents de la Rochelle"
- Quatre militaires du 45eme régiment de ligne de la Rochelle sont guillotinés en place de Grève à Paris. Les sergents Bories, Goubin, Pommier et Raoulx sont arrêtés le 19 mars et condamnés à mort le 5 septembre. Ils sont accusés d'appartenir à une organisation politique secrète, la Charbonnerie, complotant contre le régime de Louis XVIII. Cette exécution provoque l'émoi de l'opinion publique, choquée par la sévérité des juges. Les journaux libéraux et les jeunes artistes romantiques dénoncent le sort fait à de simples militants devenus des martyrs.
- 31 août 1823 - Bataille du Trocadéro
- Le 31 août 1823 se déroule la bataille du Trocadéro. Elle fait suite à l'expédition menée en Espagne par les Français pour le compte de Louis XVIII. Les troupes sont sous le commandement du duc d'Angoulême. Elles traversent les Pyrénées, s'emparant de la ville de Madrid et écrasent Cadix. Les troupes françaises s'attaquent ensuite au Fort du Trocadéro et s'emparent tant bien que mal de celui-ci. Cette bataille marque la fin de l'expédition et la réussite française dans la restitution du roi Ferdinand VII d'Espagne.
- 6 mars 1824 - Election de la "Chambre retrouvée"
- Les élections au suffrage censitaire donnent à nouveau une large majorité aux Ultras. Les Libéraux sont réduits au nombre de 19 sur 430 députés. Cette nouvelle domination écrasante des royalistes est surnommée " la chambre retrouvée " en référence à la chambre de 1815 connue sous le nom de "Chambre introuvable" selon une expression de Louis XVIII. Ce dernier a d'ailleurs délaissé en partie son pouvoir pour des raisons de santé. Cette situation a permis au comte d'Artois, son frère cadet et futur Charles X, de s'affirmer sur le terrain politique.
- 16 septembre 1824 - Décès du roi Louis XVIII
- A 4h du matin, Louis XVIII s'éteint. Il était rongé par une gangrène infectieuse aux jambes. Son frère, le Comte d'Artois, prend sa succession sous le nom de Charles X.
- 23 mars 1825 - Loi du milliard des émigrés
- La chambre vote une loi en faveur des émigrés spoliés pendant la Révolution. Ainsi, une somme légèrement inférieure à un milliard de Francs doit être partagées entre cinquante milles nobles en l'espace de cinq ans. Toutefois, cette loi permet aussi de régler définitivement le problème des biens nationaux. Leur possession par l'Etat est de fait entérinée. Mais l'attribution d'une telle somme à une minorité reste révoltante aux yeux de la majorité de la population. Charles X et les Ultras, forts d'une période de grâce qui a suivi le sacre du roi, ne sont toutefois pas décidés à faire plus de compromis. Leur notoriété va alors aller décroissante.
- 20 avril 1825 - Loi du sacrilège
- Après avoir donné le contrôle de l'Université à l'Eglise, les Ultras poursuivent leur volonté de "re-chritianiser" la France. Ainsi, et malgré les protestations de grands noms tels Chateaubriand, la loi du Sacrilège érige au statut de crime le vol dans une Eglise ou la profanation des hosties. Puni par des travaux forcés, un tel acte devient l'équivalent d'un parricide. Mais cette loi, abrogée en 1830, ne sera en fait jamais appliquée. Le gouvernement perd progressivement son influence et les tentatives Ultras pour aller plus loin en rétablissant le droit d'aînesse ou pour réprimander plus durement la presse se soldent par des échecs.
- 29 mai 1825 - Couronnement de Charles X à Reims
- Le Comte d'Artois, dernier frère de Louis XVI et de Louis XVIII, se fait sacrer roi à Reims sous le nom de Charles X. C'est un tournant pour la deuxième Restauration qui voit le retour des coutumes de l'Ancien Régime. Son ignorance du monde politique conduit le nouveau roi à prendre un certain nombre de mesures impopulaires. Il abdiquera le 2 août 1830 suite à la révolution des "Trois Glorieuses" (27, 28 et 29 juillet 1830).
- 29 avril 1827 - Villéle conspué par la Garde Nationale
- Affaibli politiquement et cristallisant les mécontentements des citoyens, Villèle est conspué par la Garde nationale lors d'une revue. Corps militaire citoyen né lors de la Révolution et dédié à la défense de Paris, la Garde nationale joue un rôle important lors des différentes batailles, émeutes et révolutions au dix-neuvième siècle. Mais elle reste assez indépendante. Ce désaveu du ministre précipitera la chute des deux protagonistes. Mais si la garde est dissoute, personne ne songe à lui retirer les armes, ce qui ne sera pas sans conséquences pour le régime dans les années à venir.
- 24 juin 1827 - Rejet de la loi "Justice et amour"
- La loi "Justice et amour", destinée à définitivement museler la presse française est mise en échec par la Chambre des députés. Les royalistes modérés s'avèrent de plus en plus hostiles à un gouvernement qui refuse d'être en phase avec la société post-révolutionnaire et qui rêve encore au retour d'un régime digne de Louis XIV. Menée par Chateaubriand, qui ne partage pourtant pas tout à fait les aspirations des Libéraux, cette fronde achève de déstabiliser le pouvoir. Pour rétablir l'ordre, Charles X décidera de dissoudre la Chambre, mais cela ne sauvera pas Villèle qui ne lui survivra pas longtemps.
- 24 novembre 1827 - Retour des libéraux à la chambre des députés
- Après la dissolution de la Chambre par Charles X, les élections législatives de 1827 ont fait l'objet d'une campagne acharnée qui a vue gauche et droite s'allier contre les Ultras. Les Libéraux, réagissant à la loi de 1824 dite "du double vote", ont réussi à faire s'inscrire près de 15 000 votants supplémentaires. La "Chambre retrouvée" tombe pour faire place à un équilibre entre Libéraux et partisans du gouvernement. Les royalistes extrémistes ne conservent que 75 sièges. Privé de majorité, Villèle démissionnera au mois de janvier suivant.
- 4 janvier 1828 - Martignac remplace Villèle
- Face à la nouvelle situation politique qui ne lui est plus aussi favorable, Charles X approuve la démission de Villèle et appelle un modéré au gouvernement : le vicomte de Martignac. Faute de la comprendre lui-même, comme s'était efforcé de le faire Louis XVIII, le roi laisse son nouveau ministre tenter la réconciliation entre la royauté et la nation. Mais la rupture est consommée entre Libéraux et Ultras et les positions sont plus radicales. Durant un an et demi, Martignac sera pris en tenaille entre des Royalistes qui le jugent trop libéral et des Libéraux qui l'estiment trop royaliste. Quant au soutien de Charles X, il sera inexistant. Parmi ses mesures, Martignac parviendra à établir un retour aux dispositions de 1819 concernant la liberté de la presse.
- 8 août 1829 - Le nouveau gouvernement du prince de Polignac
- Le vicomte de Martignac, chef du gouvernement, est relevé de ces fonctions par Charles X. Pendant un an et demi, il s'est évertué à proposer des compromis qui ne satisfaisaient personne. Le roi, ne croyant pas en lui, résout cette crise sans écouter ni la Chambre, ni son peuple. Un gouvernement réactionnaire est donc formé où se côtoient des représentants de la "Terreur blanche" et d'anciens chouans. Le prince de Polignac, un ultra émigré, est placé à la tête de ce nouveau gouvernement. L'opposition se renforce avec La Fayette à sa tête. Les Orléanistes sont rejoint par Adolphe Thiers.
- 2 mars 1830 - Charles X prononce un discours devant la Chambre des députés
- Charles X qui n'avait déjà pas la confiance de la Chambre des députés, envenime les choses en prononçant un discours menaçant le 2 mars 1830. Quelques jours plus tard, l'adresse des 221 est énoncée pour répondre au roi.
- 18 mars 1830 - Adresse des 221
- 221 députés expriment leur défiance envers le gouvernement réactionnaire de Polignac en votant une adresse. Celle-ci rappelle à l'exécutif les droits de la Chambre et rend compte de l'absence de confiance des députés envers le gouvernement. Destinée à faire tomber Polignac, cette adresse vise indirectement le roi, unique responsable de l'existence d'un tel gouvernement contre l'avis de la Chambre et dont le discours du 2 mars n'a pas été à même d'effrayer les députés.
- 16 mai 1830 - Dissolution de la Chambre des députés
- En réponse à l'adresse des 221, Charles X décide de dissoudre l'Assemblée élue deux ans et demi plus tôt, celle-ci siégeant théoriquement pendant sept ans. Mais Charles X est isolé et, face au mécontentement général, une telle décision risque de ne pas jouer en sa faveur. En juillet suivant, lorsque la chambre est élue, le verdict est sans appel et sonne comme un désaveu des électeurs envers le gouvernement et donc indirectement envers le roi : les opposants ont en effet gagné de nombreux sièges et sont largement majoritaires.
- 25 juillet 1830 - Les "ordonnances scélérates" poussent Charles X vers la sortie
- N'approuvant pas le résultat des élections législatives de 1830 qui apportent de nouveaux sièges à l'opposition, Charles X ne cède pas et suit les conseils de Polignac. En vertu de l'article 14 de la Charte, il fait rédiger six ordonnances à Saint-Cloud dont quatre vont précipiter se chute. Deux d'entre elles proclament la dissolution de la Chambre qui vient tout juste d'être élue. Une troisième rétablit la censure et abolit la liberté de la presse. Quant à la quatrième, elle modifie le système de cens électoral afin d'exclure la bourgeoisie du suffrage. Charles X abdique moins de 10 jours après les ordonnances de Saint-Cloud.
- 27 juillet 1830 - Début de la révolution de Juillet
- Face aux ordonnances de Charles X, la réaction de la bourgeoisie et de la population s'est avérée très vive. Dès le lendemain, sous l'influence de Thiers, les journalistes rédigent des appels à l'insurrection. Le 27, les boutiques et ateliers sont fermés tandis que les rues se remplissent et que les barricades bloquent les petites rues.
- 29 juillet 1830 - Les "Trois Glorieuses"
- Après trois jours de combat lors des trois glorieuses, les défenseurs du roi se retranchent à Saint-Cloud autour de Charles X. Menée essentiellement par des Républicains et soutenue par la bourgeoisie amputée de son droit de vote par les ordonnances scélérates, la Révolution de Juillet met fin à la Restauration. Le roi abdique le 3 août. Mais dans les jours qui vont suivre, la bataille se déplace du côté des élites qui cherchent à décider du sort de la France. Les Républicains ne parviennent pas à s'imposer et c'est finalement le Duc d'Orléans qui obtient le pouvoir dans une solution de compromis. C'est la Monarchie de Juillet. Pour beaucoup, cette révolution n'est qu'une demie victoire. Elle annonce le retour d'une politique réactionnaire et de nouvelles émeutes, notamment en 1832. C'est pourquoi on parle parfois de "Révolution confisquée".
- 3 août 1830 : L'abdication de Charles X
- Barricadé à Saint-Cloud depuis le 29 juillet, Charles X avoue sa défaite lors de la mise en place d'un gouvernement provisoire composé de cinq membres en plus de La Fayette à la garde nationale. Ayant refusé toute concession, contrairement à son frère Louis XVIII, Charles X va payer son attachement à un régime anachronique. Il est banni de la France.