Grippe espagnole : date, origine, morts de la pandémie de 1918
GRIPPE ESPAGNOLE - Apparu aux États-Unis en 1918, un virus appelé à tort "grippe espagnole" devient la pandémie la plus meurtrière de l'histoire. En seulement deux ans, elle cause un nombre considérable de morts.
Résumé de l'épidémie de grippe espagnole - De 1918 à 1919, un virus de la grippe particulièrement virulent et contagieux appelé "grippe espagnole" se déclare aux États-Unis, puis en Europe, avant de se répandre sur tous les continents. Contrairement au nom qui lui est attribué, l'Espagne n'est pourtant pas à l'origine de la grippe espagnole. Le virus a été nommé ainsi car à cette époque, l'Espagne, qui n'est pas engagée dans la Première Guerre mondiale, n'est pas soumise à la censure. À l'inverse de ses voisins qui cherchent à cacher leurs morts, elle publie librement et publiquement des informations sur cette maladie, d'où le nom de "grippe espagnole". Véritable catastrophe humaine et sanitaire, la grippe espagnole va durer deux ans. Plus meurtrière que la peste noire du XIVe siècle, la grippe espagnole fait deux à cinq fois plus de victimes que la Première Guerre mondiale qui a lieu à la même époque.
D'où vient la grippe espagnole ?
Le virus grippal responsable de la grippe espagnole proviendrait des oiseaux qui sont des réservoirs naturels de bon nombre de virus. Ce virus aviaire aurait ensuite muté avant de contaminer l'homme. En effet, selon les travaux de certains chercheurs américains comme Michael Worobey, professeur de biologie à l'Université d'Arizona, le virus de la grippe espagnole serait né de la combinaison d'une souche humaine (H1), provenant de la grippe saisonnière H1N8, avec des gènes aviaires de type N1. De ce croisement aurait émergé entre 1917 et 1918 la souche à l'origine du virus de la grippe espagnole nommée H1N1. Les premiers cas de grippe espagnole sont signalés en mars 1918 dans des bases militaires de l'État du Kansas aux États-Unis. L'épidémie se serait ensuite propagée vers l'Europe avec l'arrivée de troupes américaines en France en avril 1918. De l'Europe, le virus se serait ensuite répandu jusqu'aux colonies par le biais des paquebots, gagnant ainsi l'ensemble des continents. La grippe espagnole était en effet caractérisée par une très forte contagiosité. Bien que ne présentant aucun symptôme lors des premiers jours de l'infection, les malades contribuaient tout de même à transporter et à propager le virus. Ces derniers étaient ensuite confrontés aux principaux symptômes de la maladie, un affaiblissement des défenses immunitaires, de la fièvre, de la toux et des difficultés respiratoires.
A quelle date a eu lieu la pandémie de grippe espagnole ?
La grippe espagnole apparaît en mars 1918 dans des bases militaires du Kansas aux Etats-Unis. A partir d'avril 1918, le virus qui n'était jusqu'alors présent que sur le continent américain s'étend en Europe avec l'arrivée des troupes militaires américaines alliés. Très vite, la maladie qui est extrêmement contagieuse gagne l'ensemble du territoire français, puis l'Angleterre, avant d'atteindre l'Espagne, l'Italie et les autres pays limitrophes. Toutefois, la grippe espagnole qui affaiblit beaucoup les personnes contaminées ne tue pas énormément. L'été 1918 marque la fin de la première vague de l'épidémie. A partir du mois de septembre de la même année, le virus mute et les premiers cas mortels de la grippe espagnole sont signalés au sein de la région de Boston. Commence alors la deuxième vague de l'épidémie qui sera particulièrement meurtrière. Le mois d'octobre 1918, marque le passage de l'épidémie en pandémie qui touche désormais tous les pays du globe. De mi-octobre à mi-novembre, la propagation du virus explose conduisant à un pic de mortalité, de novembre à décembre 1918. S'ensuite une période d'accalmie de deux mois de décembre 1918 jusqu'à janvier 1919. Toutefois, en début d'année 1919, la grippe espagnole connaît sa troisième vague et va continuer à emporter ses victimes jusqu'au printemps 1919. L'été de l'année 1919 marque la fin de la pandémie de la grippe espagnole qui décline fortement, après avoir contaminé près de la moitié de la population mondiale. La grippe espagnole aura en tout duré deux ans.
Comment la France a été touchée par la grippe espagnole ?
La grippe espagnole touche la France pendant un peu plus d'un an, d'avril 1918 à mai 1919. Propagée par l'arrivée de troupes américaines venues prêter main-forte aux soldats français, elle aurait débuté dans le Nord-Est de la France avant de conquérir l'ensemble du territoire français. La première vague de l'épidémie bien que très contagieuse fait peu de morts. Mais à la suite de la mutation du virus durant l'automne 1918, la France fait face à un pic de mortalité très important, notamment, chez les jeunes adultes. Les conditions d'hygiène déplorables des tranchées et les conditions de vie difficiles des Français durant la Grande Guerre, affaiblissent les organismes et participent à l'accroissement du nombre de malades. La ville de Paris, particulièrement touchée comptabilise alors 616 morts par grippe recensés pour la seule semaine du 6 au 12 octobre. Les services de santé qui manquent de lits, de médicaments et surtout de personnel sont très vite dépassés. La mise en place de la censure de guerre, empêche les Français d'être informés sur l'ampleur de la maladie. Le gouvernement, qui refuse de comptabiliser le nombre exact de morts pour ne pas nuire au moral de la population minimise la situation. Après une courte accalmie de deux mois en fin d'année, une troisième vague mortelle de l'épidémie débute. De février à mars 1919, la grippe espagnole touche les dernières régions de France qui étaient encore épargnées. Après plusieurs semaines, le gouvernement décide enfin de prendre des mesures et impose des quarantaines qui permettent de faire reculer l'épidémie.
Combien de morts a fait la grippe espagnole ?
La grippe espagnole est la pandémie la plus meurtrière de l'histoire. Elle devance la "peste noire" de 1348, pandémie jusqu'alors la plus violente jamais connue qui a elle seule aurait fait environ 34 millions de victimes. Cette "Grande Tueuse" fait aussi plus de victimes que la Première Guerre mondiale qui a provoqué 9 à 10 millions de morts en quatre ans. En France, le bilan de la grippe espagnole est estimé à plus de 400 000 morts dont la plupart sont décédés durant la deuxième vague de l'épidémie entre septembre et novembre 1918. Durant cette période la mortalité du virus est foudroyante et les personnes contaminées décèdent en quelques heures seulement. À l'échelle mondiale, la grippe espagnole aurait selon l'Institut Pasteur causée entre 20 et 50 millions de morts. Les Etats-Unis, premier pays touché par l'épidémie, comptabiliseraient 549 000 décès, contre 426 000 en Allemagne, et 153 000 au Royaume-Uni. Le bilan en Europe s'élèverait à 2,3 millions de morts, le reste concernant les autres pays du monde. L'Inde (18,5 millions de morts) et la Chine (4 à 9,5 millions de morts) semblent avoir été particulièrement touchées. Toutefois, aujourd'hui encore le nombre de mort de la grippe espagnole fait débat notamment du fait de la censure instaurée durant la Première Guerre mondiale, mais également des difficultés de recensement de certains pays à cette époque comme en Asie ou en Afrique. Parmi les victimes, certaines personnes étaient célèbres comme le poète Guillaume Apollinaire ou Edmond Rostand, l'auteur de Cyrano de Bergerac.
Quelles conséquences a eu la grippe espagnole ?
En 1918, la mort a pris deux visages : la guerre et celui d'un ennemi invisible : la grippe espagnole. L'hécatombe provoquée par cette dernière fait prendre conscience de la menace mondiale que représentent les épidémies et les maladies. Les gouvernements se rendent compte de la nécessité d'une médecine socialisée, mais également des impératifs de l'hygiène et d'un réseau de surveillance pour répondre à ces épidémies qui ne peuvent pas être traitées de façon individuelle. La préparation aux pandémies devient la nouvelle priorité des autorités sanitaires internationales. C'est ainsi qu'en 1922 la Société des Nations (SDN), décide de créer le Comité de la santé et de l'Organisation d'hygiène, prédécesseur de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), afin d'éviter le retour du virus H1N1. Destiné à combattre ce type de fléau, ce comité est l'un des premiers organismes de santé et de surveillance médicale mondiale. D'un point de vue scientifique le lourd bilan de la grippe espagnole a également conduit à la stimulation de la virologie et l'épidémiologie qui étaient jusqu'alors des sciences embryonnaires.