Salah Abdeslam : biographie du terroriste du 13 novembre 2015

Salah Abdeslam : biographie du terroriste du 13 novembre 2015 Salah Abdeslam. Arrêté en 2016, Salah Abdeslam, coauteur des attentats de Paris, a été condamné en juin 2022 à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible.

Salah Abdeslam a été le seul survivant parmi les organisateurs de l'attentat du 13 novembre 2015 à Paris. Ce musulman radicalisé de nationalité française avait 26 ans lorsqu'il a pris part au commando armé qui a semé la mort aux abords du stade de France, sur des terrasses de café de la capitale, ainsi que dans la salle de spectacle du Bataclan. Lui-même équipé d'une ceinture d'explosifs, Salah Abdeslam avait pour mission de se faire exploser dans un bar du 18e arrondissement, mais ne l'a finalement pas fait, pour des raisons incertaines. L'attentat a été revendiqué par l'Etat islamique. Arrêté en 2016 en Belgique, Salah Abdeslam a été jugé lors d'un procès qui s'est tenu du 8 septembre 2021 au 29 juin 2022 devant la Cour d'assises spéciale de Paris. Il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible, une décision dont il n'a pas fait appel.

Le terroriste, bien que né en Belgique, dispose de la nationalité française par attribution car ses deux parents ont été naturalisés Français. Il a grandi dans la commune belge de Molenbeek-Saint-Jean avec sa famille dont Brahim Abdeslam, également terroriste impliqué dans les fusillades des terrasses parisiennes le 13 novembre 2015. Dans sa jeunesse en Belgique, Salah Abdeslam a rencontré Abdelhamid Abaaoud et Bilal Hadfi. Le premier tué par la police après les attentats meurtriers en Seine-Saint-Denis ; le second kamikaze du Stade de France. Début 2015, Salah Abdeslam avait tenté de se rendre en Syrie mais avait été intercepté avec son frère Brahim par les autorités turques et renvoyé en Belgique, où ils ont été fichés comme radicalisés. La même année, il a réalisé plusieurs aller-retours entre l'Allemagne et la Hongrie vers la Belgique pour y acheminer des terroristes incriminés dans les attentats français mais aussi dans ceux du 22 mars 2016 à Bruxelles. 

Le rôle de Salah Abdeslam dans les attentats du 13 novembre

Salah Abdeslam a participé à la série d'attentats perpétrés le 13 novembre 2015 à Paris. C'est lui qui a loué la voiture utilisée par les terroristes du Bataclan. Il a également déposé en voiture les trois kamikazes qui se sont fait exploser aux abords du Stade de France. Son frère Brahim Abdeslam a participé aux fusillades des terrasses parisiennes avant de se faire exploser dans un bar. Salah Abdeslam a indiqué lors de son procès qu'il avait lui-même pour ordre de se faire exploser dans un café du 18e arrondissement de Paris. "Je vais rentrer dans ce café, je vais commander une boisson, je vais regarder les gens autour de moi et je me suis dit : 'Non, je vais pas le faire.'", a-t-il expliqué devant la Cour.

Le seul terroriste encore en vie n'a pas précisé la cible qui lui avait été indiquée, mais un ordre de se faire exploser dans le 18e lui avait bel et bien été donné. À tel point qu'au lendemain des attaques, le communiqué de revendication envoyé par l'État islamique faisait mention du quartier comme ayant été attaqué, alors qu'il avait été finalement épargné. Lors du verdict, il a cependant été reconnu par la Cour que le gilet explosif de Salah Abdeslam était dysfonctionnel. Un fait qui a sérieusement remis en doute les déclarations de l'unique survivant des attentats du 13-Novembre sur son renoncement volontaire.

Au procès, les explications et excuses de Salah Abdeslam

La tenue du procès des attentats du 13-Novembre, du 8 septembre 2021 au 29 juin 2022 devant la Cour d'assises spéciale de Paris, a permis de donner la parole à Salah Abdeslam. Ses propos ont alterné entre provocations à l'ouverture des débats, puis excuses et défense au fil des semaines, lui qui s'était enfermé dans le mutisme tout au long de l'enquête.

Début septembre 2021, Salah Abdeslam avait tenté de justifier l'entreprise terroriste, expliquant : "On a combattu la France, on a visé la population, des civils mais on n'a rien de personnel à leur égard." Des propos réitérés lors d'une nouvelle prise de parole le 9 février 2022, mettant la faute sur François Hollande, qui était alors président de la République : "C'était pour faire cesser les bombardements de la coalition sur le sol de l'État islamique." Car le terroriste entendait défendre cette idéologie, comme il l'a lui-même expliqué : "Dans beaucoup de pays arabes, musulmans, les valeurs occidentales prennent le dessus sur les valeurs islamiques. Et pour nous musulmans, c'est une humiliation. L'État islamique combat dans le sentier d'Allah pour que sa parole soit la plus haute, pour que l'ordre soit rétabli sur la terre. Et moi, ce combat-là, je le légitime."

Pourtant, Salah Abdeslam a toujours tenté de minimiser son rôle. "Je n'ai tué personne et je n'ai blessé personne. Même une égratignure, je ne l'ai pas faite", avait-il lancé en février 2022, avant de marteler le 27 juin 2022, avant la fin des débats : "L'opinion publique pense que j'étais sur les terrasses, occupé à tirer sur des gens, l'opinion publique dit que j'étais au Bataclan. Vous savez que la vérité est à l'opposé. […] Je suis rentré en prison à l'âge de 26 ans, je ne suis pas parfait, j'ai fait des erreurs, c'est vrai. Mais je ne suis pas un assassin, je ne suis pas un tueur." Les déclarations du terroriste avaient toutefois permis de confirmer un élément : il était bien en possession d'une ceinture explosive le 13 novembre 2015, lui qui a dit "présenter [s]es condoléances et [s]es excuses à toutes les victimes", ajoutant : "Je sais que la haine subsiste [...], je vous demande aujourd'hui de me détester avec modération. [...] Je vous demande de me pardonner."

Où Salah Abdeslam est-il incarcéré ?

Salah Abdeslam a été condamné à la perpétuité incompressible, conformément aux réquisitions du parquet, mercredi 29 juin 2022. Mais le terroriste vivait déjà derrière les barreaux depuis son arrestation en 2016. Il avait été placé dans une cellule de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, dans l'Essonne, en avril 2016, un mois après sa capture en Belgique.

Salah Abdeslam a été transféré le 13 juillet 2022 à la prison belge d'Ittre, afin d'être jugé dans le cadre du procès des attentats de Bruxelles du 22 mars 2016, qui s'ouvrait en décembre 2022. La date du verdict a été programmée en juin 2023. Salah Abdeslam avait déjà été condamné en Belgique à 20 ans de réclusion pour sa participation à une fusillade avec des policiers, en mars 2016, lors de son arrestation.

Salah Abdeslam, un mariage en prison

La presse révélait en novembre 2022 que Salah Abdeslam s'était marié depuis sa cellule de prison de Fleury Mérogis, dans l'Essonne. Un mariage religieux, scellé par téléphone, avec une femme qu'il ne connaissait pas, choisie par son père et identifiée par les services de renseignement. Ce mariage a eu lieu avant qu'il ne soit transféré à la prison d'Ittre, en Belgique, dans le cadre du procès des attentats de Bruxelles du 22 mars 2016, dont il est accusé d'être l'un des organisateurs.

Qui sont les deux avocats de Salah Abdeslam ?

Maître Olivia Ronen avait été choisie par Salah Abdeslam pour assurer sa défense pendant dix mois de procès. L'avocate était une habituée des affaires de terrorisme pour avoir représenté un des individus mis en examen après l'attentat du 14 juillet 2016 à Nice sur la promenade des Anglais. Me Ronen avait également défendu Erwan Guillard, un ancien militaire français qui avait rejoint l'État islamique. Sans le dédouaner, Me Olivia Ronen a défendu son client, Salah Abdeslam, et a insisté durant les audiences pour faire entendre au jury que l'accusé n'avait tué personne le soir du 13 novembre 2015.

Salah Abdeslam a misé sur deux avocats pour défendre son cas durant le procès des attentats du 13-Novembre. Maître Martin Vettes a donc travaillé à la défense de l'accusé avec Olivia Ronen, avocate avec qui il avait déjà collaboré sur des dossiers jugés aux assises. En décembre 2017, les deux magistrats avaient fait acquitter un sans domicile fixe jugé pour des violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner dans un refuge du 13e arrondissement et qui avait, par la suite, passé près de trois ans et demi derrière les barreaux. L'avocat au Barreau de Paris est titulaire d'une licence en sciences politiques et d'une autre en philosophie, il a effectué un Master II en droit pénal et politique criminelle en Europe à l'Université Panthéon-Sorbonne (Paris I).

Biographie