Sandrine Rousseau : biographie express de la députée écoféministe
SANDRINE ROUSSEAU. La carrière politique de Sandrine Rousseau a décollé lors de sa participation à la primaire du parti EELV en 2021. Qui est l'élue écoféministe ?
Dans les médias comme à l'Assemblée, Sandrine Rousseau s'est fait connaitre pour ses déclarations choc et sa radicalité assumée. Cette grande promotrice du concept d'écoféminisme a commencé sa carrière politique en s'engageant chez Les Verts au début des années 2000. Elle était alors maîtresse de conférences en économie à l'université de Lille.
Candidate aux élections européennes, puis régionales, elle devient vice-présidente du Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais en 2010, chargée de l'enseignement supérieur et de la recherche. En mai 2016, alors qu'elle est porte-parole nationale d'EELV, elle est l'une des quatre élues à accuser à visage découvert le député Denis Baupin de harcèlement et d'agressions sexuelles, dans une enquête publiée par France Inter et Mediapart. L'affaire est classée sans suite en 2017, date à laquelle Sandrine Rousseau décide de faire une pause politique.
En 2020, Sandrine Rousseau réintègre la vie politique et profite de l'élection présidentielle qui approche pour faire son retour en devenant candidate à la primaire écologiste. Si elle accède au second tour du scrutin face à Yannick Jadot, elle est battue de peu avec 49,78% des voix. Elle rejoint l'équipe de campagne de son adversaire avant d'en être exclue pour des désaccords politiques. Après la présidentielle et le score décevant d'EELV (4,7% des voix), Sandrine Rousseau s'investit dans la mise en place d'une alliance des gauches autour de Jean-Luc Mélenchon en vue des législatives. Elle est élue députée de la 9e circonscription de Paris et entre à l'Assemblée le 22 juin 2022.
Jeunesse, famille et formation de Sandrine Rousseau
Sandrine Rousseau nait en 1972. Elle grandit entre Paris et La Rochelle, dans une famille engagée à gauche. Ses parents sont inspecteurs des finances publiques. Son père, Yves Rousseau, a été maire socialiste de Nieul-sur-Mer (Charente-Maritime). Sa mère est "très impliquée à la Confédération française démocratique du travail (CFDT)", puis dans le réseau Artisans du Monde.
Sandrine Rousseau part faire ses études dans le Nord-Pas-de-Calais. En 2002, elle obtient brillamment un doctorat de sciences économiques relatif à l'économie et à l'environnement. L'année suivante, elle devient maître de conférence à l'université de Lille, où elle occupe également des responsabilités administratives. Elle donne plus tard des cours à Sciences Po Lille.
En 2013, la mère de Sandrine Rousseau, atteinte d'un cancer en phase terminale, décide de mettre fin à ses jours en absorbant des médicaments. Sa fille, impuissante, publie sur son blog de l'époque une tribune dans laquelle elle demande la "légalisation du suicide assisté". "Rien de tout cela n'a été digne en réalité. Ni pour elle, contrainte à l'indignité de devoir mourir devant sa fille et son mari, de se vider, d'étouffer, d'agoniser en mille et une souffrances. Ni pour nous, ses proches, contraints de subir une des plus dures épreuves qu'il nous ait été donné de traverser", écrit-elle, demandant "que l'agonie de (sa) mère serve à faire avancer le débat".
Carrière politique de Sandrine Rousseau à EELV
Sandrine Rousseau rejoint les Verts au début des années 2000. Elle adhère dès 2009 à la formation issue de son parti précédent, Europe Ecologie Les Verts. Installée à Lille, elle progresse rapidement dans les instances locales du parti. Elle se présente sur la liste écologiste du Nord-Ouest aux élections européennes de 2009 mais n'est pas élue. Sandrine Rousseau remporte son premier poste d'élue l'année suivante, aux élections régionales du Nord-Pas-de-Calais, où elle est nommée vice-présidente du Conseil régional, chargée de la Recherche et l'Enseignement supérieur. Elle est candidate aux législatives de 2012, soutenue par EELV et les socialistes, mais est éliminée au premier tour.
Sandrine Rousseau intègre le bureau exécutif d'EELV en 2011. A l'approche de l'élection présidentielle 2012, elle est en charge du programme et des négociations avec le PS. Elle devient porte-parole d'EELV en 2013. En 2014, lorsque les écologistes quittent le gouvernement socialiste, elle s'oppose à cette décision. Candidate aux municipales à Villeneuve-d'Ascq en 2014, puis aux régionales en 2015, elle perd ses deux scrutins. En juin 2016, Sandrine Rousseau devient secrétaire nationale adjointe d'EELV.
L'affaire Denis Baupin
En mai 2016, Sandrine Rousseau est l'une des figures à l'origine de l'affaire Denis Baupin. L'homme, ancienne figure d'EELV, est mis en cause par plusieurs femmes pour des faits d'agressions et de harcèlement sexuel datant de la fin des années 1990 à fin 2013. Alors député, Denis Baupin conteste des faits qui "lui sont totalement étrangers", mais démissionne tout de même de la vice-présidence de l'Assemblée et se met "en retrait" du groupe écologiste. Lors du procès, Sandrine Rousseau livre son témoignage : "À l'occasion d'une pause, je suis allée aux toilettes. Il [Denis Baupin] m'attendait, il m'a plaquée contre le mur, a cherché à m'embrasser, m'a mis les mains sur les seins, raconte-t-elle. C'était extrêmement furtif, je me suis dégagée, je suis partie aux toilettes flageolante. Je me suis passée de l'eau sur le visage puis je suis revenue à la réunion". L'affaire est classée sans suite pour prescription. Denis Baupin attaque ensuite ses accusatrices pour dénonciation calomnieuse. Le tribunal correctionnel les relaxe et condamne le député à verser des dommages et intérêts pour procédure abusive. A la suite de cette affaire, Sandrine Rousseau, après une nouvelle défaite aux législatives en 2017, quitte la coordination d'EELV et se met en retrait de la vie politique. Elle s'investit dans une association de lutte contre les violences faites aux femmes, "Parler", devenue "En parler".
Sandrine Rousseau revient en politique pour la primaire écologiste
A l'automne 2020, Sandrine Rousseau revient chez EELV et annonce sa candidature à la primaire écologiste pour la présidentielle 2022. Elle construit cette candidature autour du concept d'écoféminisme, opérant un parallèle entre la domination des humains sur la nature et la domination des hommes sur les femmes. Dans son programme, elle défend plusieurs mesures écologiques ambitieuses, telles que la création d'un droit pour la nature ou la sortie du nucléaire, mais aussi des mesures sociales telles qu'un "revenu minimal d'existence", la semaine de travail de quatre jours, ou encore une réforme des institutions donnant plus de poids au Parlement. Pendant la campagne, elle s'illustre par des déclarations féministes radicales, s'en prenant régulièrement à Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur accusé d'agression sexuelle. Une partie de la presse se fait très virulente à son égard, de même que les réseaux sociaux.
Sandrine Rousseau se qualifie au second tour de la primaire, face à Yannick Jadot. Elle perd cependant ce second tour, où elle obtient tout de même 48,97% des voix. Elle rejoint alors l'équipe de campagne présidentielle de Yannick Jadot, mais en est exclue après des propos rapportés par Le Parisien sur Jadot, qu'elle dément avoir prononcés. Sandrine Rousseau laisse ensuite planer le mystère sur ses intentions de vote au premier tour de la présidentielle, alors que de nombreux électeurs de gauche se reportent sur Jean-Luc Mélenchon par vote utile. Quelques semaines plus tard, elle indiquera avoir voté pour Yannick Jadot.
Sandrine Rousseau aux législatives 2022
Au lendemain du premier tour de la présidentielle, la gauche se projette déjà vers les législatives et des négociations s'ouvrent autour du mouvement de Jean-Luc Mélenchon, La France insoumise, en vue d'un accord électoral. Sandrine Rousseau soutient vigoureusement ces tractations, qui aboutissent à la création de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), rassemblant LFI, EELV, le PS et le PCF. Sandrine Rousseau obtient l'investiture de la Nupes dans la 9e circonscription de Paris. Elle arrive en tête du premier tour et remporte le siège le 19 juin 2022, avec 58,05% des suffrages. Elle fait son entrée à l'Assemblée avec 22 autres candidats écologistes, et 150 autres députés Nupes.
"Homme déconstruit", barbecue, Bayou... Sandrine Rousseau au cœur des polémiques
Connue pour sa radicalité et son franc-parler, Sandrine Rousseau voit souvent ses propos faire l'objet de controverses. En septembre 2021, pendant la primaire écologiste, elle déclare par exemple vivre avec "un homme déconstruit". Ce concept, qui renvoie aux travaux sur la construction sociale de l'identité de genre, lui vaut de nombreuses moqueries et critiques. En août 2022, dans un échange sur la consommation de viande à l'université d'été d'EELV, Sandrine Rousseau appelle à un "changement de mentalité [...] pour que manger une entrecôte cuite sur un barbecue ne soit plus un symbole de virilité". La petite phrase, reprise par les médias, fait l'objet de nombreuses réactions, notamment de la part du communiste Fabien Roussel, qui ironise sur "le sexe des escalopes". Les déclarations répétées de Sandrine Rousseau sur le "droit à la paresse" lui valent également de fréquentes critiques.
Sandrine Rousseau charge Julien Bayou
En septembre 2022, des médias apprennent que Julien Bayou, secrétaire national d'EELV et président du groupe écologiste à l'Assemblée, a fait l'objet d'un signalement en interne du parti pour violences psychologiques sur son ex-compagne. Interrogée sur le sujet sur le plateau de France 5, Sandrine Rousseau charge son collègue : elle raconte avoir eu l'ex-compagne au téléphone, déclare que celle-ci aurait fait une tentative de suicide et assure que Bayou a des "comportements de nature à briser la santé morale des femmes". Le lendemain de la diffusion de ces déclarations, Julien Bayou démissionne de la présidence du groupe.
Qui est le compagnon de Sandrine Rousseau ?
Sandrine Rousseau a été mariée à l'économiste François-Xavier Devetter, avec qui elle a eu trois enfants, et dont elle a divorcé. En 2021, elle déclarait vivre avec un homme, tout en restant discrète sur son identité.