Jean-Paul Marat : biographie de "l'Ami du peuple"

Jean-Paul Marat : biographie de "l'Ami du peuple" BIOGRAPHIE JEAN-PAUL MARAT - Médecin, journaliste et homme politique, Jean-Paul Marat est un personnage central de la Révolution française. Réputé pour ses prises de positions extrêmes, celui que l'on surnomme "l'Ami du peuple" est assassiné à son domicile par Charlotte Corday le 13 juillet 1793.

Biographie courte de Jean-Paul Marat - Né en 1743 dans l'actuel canton de Neuchâtel (Suisse), Jean-Paul Marat arrive à Paris en 1762. Il y apprend la médecine en autodidacte avant de partir exercer en Angleterre. Il revient en France en 1775 où il se livre à des expériences en médecine et en physique. De 1777 à 1784, il rentre au service du comte d'Artois, frère du roi Louis XVI et futur Charles X. Lorsque la Révolution éclate, Marat observe les événements avec attention. Il consacre une grande partie de son temps à l'écriture et à la publication de son journal, L'Ami du peuple, dans lequel il défend ses convictions politiques. Réputé pour ses prises de position fortes et controversées (insultes, incitation au meurtre…), il appelle régulièrement les Français à se défendre contre les opposants à la Révolution. Cela lui vaut un certain nombre de condamnations et de détracteurs. Dans le même temps, sa côte de popularité auprès de certains révolutionnaires ne cesse de croître.

Jean-Paul Marat est élu député de la Seine au sein de l'Assemblée nationale législative en 1792. Il est réélu à la Convention nationale lors de la promulgation de la Première République. En janvier 1793, Marat vote en faveur de l'exécution de Louis XVI. Proche de personnalités politiques comme Robespierre ou Danton, il est considéré comme l'un des membres les plus éminents de la Montagne. Il s'oppose de ce fait au camp de la Gironde et considère ses membres comme les véritables ennemis de la France. Il est assassiné à son domicile par Charlotte Corday le 13 juillet 1793 et est élevé au rang de martyr par ses partisans.

Jean-Paul Marat : son rôle pendant la Révolution

Jean-Paul Marat tient un rôle de premier plan du début de la Révolution jusqu'à son assassinat en 1793. Il se distingue dès le mois de juillet 1789, un peu plus d'un mois après la formation de l'Assemblée constituante. Il tire profit de son expérience passée en Angleterre et leur envoie par écrit ses conseils, notamment sur la mise en place du nouveau gouvernement et les réformes qu'il estime nécessaires. En septembre 1789, Marat publie le premier numéro de son journal, Le Publiciste parisien, qu'il renomme en L'Ami du peuple. C'est d'ailleurs ce nom qui sera employé par les partisans de Marat pour le désigner. Il y fait part de ses réflexions sur l'actualité, sur les personnes qu'il apprécie ou à l'inverse qu'il juge néfastes pour le bien commun. Il n'hésite pas à insulter et à choquer pour faire entendre sa voix. Il est opposé au colonialisme et est favorable à une libération des peuples opprimés sans distinction de leur couleur de peau.

Jean-Paul Marat est particulièrement hostile aux idées des girondins menés par Jacques Pierre Brissot, favorables à la guerre contre les États européens qui souhaitent remettre Louis XVI sur le trône. Marat se rapproche tout naturellement des montagnards comme Robespierre, Danton ou Desmoulins. Beaucoup d'historiens ont jugé Marat seul responsable des massacres de septembre 1792 à cause de la rédaction d'une circulaire incitant au meurtre d'opposants politiques à la Première République. Cette affirmation est depuis tombée en désuétude. En tant que député de la Seine, Jean-Paul Marat s'oppose de manière virulente au camp de la Gironde. Il est d'ailleurs victime d'accusations calomnieuses de leur part, avant d'être acquitté. On retrouve plusieurs gravures de Marat, porté en triomphe par la foule de Paris suite à cet acquittement, ce qui témoigne de sa grande popularité à cette époque.

L'assassinat de Jean-Paul Marat par Charlotte Corday

Jean-Paul Marat mort
L'arrestation de Charlotte Corday après l'assassinat de Marat © Juulijs - stock.adobe.com

Jean-Paul Marat est handicapé par plusieurs problèmes de peau qui l'empêchent parfois de se rendre aux réunions de la Convention nationale. Plusieurs hypothèses ont été formulées, comme de l'herpès, de l'eczéma, voire même la lèpre. Or, les dernières recherches semblent confirmer que Marat souffrait d'une dermite séborrhéique, qui lui cause des démangeaisons très douloureuses. C'est pourquoi il prend régulièrement des bains afin de diminuer les symptômes de sa maladie. Le 13 juillet 1793, une jeune révolutionnaire originaire de Normandie, Charlotte Corday, demande à voir Marat. Elle prétexte un entretien avec lui afin de le prévenir d'un complot contre sa personne. Marat se trouve dans sa baignoire et écrit des lettres destinées à être envoyées à la Convention. Il est poignardée par la jeune femme et succombe très rapidement après.

Charlotte Corday explique ses raisons dans une lettre retrouvée dans ses vêtements. Pour elle, Marat est un tyran responsable des atrocités commises au nom de la Révolution. Elle tient en mépris les montagnards, mais elle juge que le plus dangereux, Marat, doit payer pour ses crimes. Elle est arrêtée le jour même et guillotinée quatre jours plus tard. Du sang de Marat présent sur des papiers a pu être analysé par des chercheurs espagnols en 2018 pour déterminer les maladies de peau dont il souffrait. L'hypothèse de la dermite séborrhéique est validée par la présence d'un agent fongique à l'origine de la maladie. Selon l'un des scientifiques, même si Marat n'avait pas été assassiné, il ne lui restait que quelques semaines à vivre tout au plus. Les traitements de l'époque contre cette maladie étaient insuffisants pour garantir une guérison, et Marat aurait succombé d'une septicémie à cause de son sang infecté.

Marat assassiné par Jacques Louis-David

Marat assassiné tableau
Marat assassiné. Huile sur toile de Jacques-Louis David, 1793. © Juan Aunion - fr.123rf.com

A l'annonce de la mort de Marat, la Convention nationale charge le peintre Jacques-Louis David de réaliser le portrait du défunt. L'artiste est un ami proche de Marat et l'une des dernières personnes à l'avoir vu quelques jours avant son assassinat. Il s'occupe d'organiser ses funérailles. Son tableau La Mort de Marat (1793), aussi appelé Marat assassiné, représente "l'Ami du peuple" à l'agonie dans sa baignoire. La plume encore à la main, il était en train d'écrire une lettre destinée à la Convention. Cette huile sur toile élève Marat au rang de martyr de la Révolution, le présentant à certains égards comme une figure christique. La toile est accrochée dans la salle des séances de la Convention aux côtés d'un autre tableau peint également par David en 1793 et célébrant un autre martyr. Il s'agit des Derniers Moments de Michel Lepeletier. Les deux toiles sont récupérées par Jacques-Louis David en 1795. De par sa popularité, Marat assassiné a fait l'objet de plusieurs copies, au moins quatre. L'une d'entre elles est exposée au musée du Louvre et aurait été réalisée par le peintre italien Gioacchino Serangeli. L'originale est exposée aux musées royaux des Beaux-Arts de Belgique à Bruxelles.

Jean-Paul Marat : dates clés

24 mai 1743 : Naissance de Jean-Paul Marat
Jean-Paul Marat naît le 24 mai 1743 à Boudry, dans la principauté de Neuchâtel en Suisse. Il est le fils de Jean-Baptiste Marat (1704-1799), un ancien membre de l'ordre des capucins originaire de Sardaigne, et de Louise Cabrol (1724-1782). Sa famille du côté de son père possède des ancêtres espagnols et était connue sous le nom Mara, patronyme qui a été francisé en Marat. Il possède un demi-frère, David de Boudry (1756-1821), qui devient un linguiste et un professeur de littérature respecté dans l'Empire de Russie. Le jeune Marat est élevé selon les préceptes de la foi calviniste.
13 juillet 1793 : Mort et assassinat de Jean-Paul Marat
Dès 1793, les problèmes cutanés de Marat sont tellement désagréables qu'il ne participe plus aux réunions de la Convention nationale. Il reste enfermé chez lui à prendre des bains curatifs pour soigner ses douleurs. Il continue néanmoins d'écrire ses revendications et les fait parvenir aux autres députés de la Seine. Le 13 juillet 1793, il reçoit la visite d'une jeune femme, Charlotte Corday. Cette dernière souhaite s'entretenir avec lui de toute urgence en prétendant qu'on complote contre lui. Alors qu'il est dans sa baignoire pour son traitement, la révolutionnaire le poignarde à la poitrine. Il décède dans la journée. Son ami Jacques-Louis David lui rend hommage en peignant Marat assassiné. La rue des Cordeliers où il habitait porte son nom. En 2012, une sculpture le représentant est inaugurée devant le musée de la Révolution française situé à Vizille dans le département de l'Isère.